Je ne dépouillerai pas les lecteurs du plaisir de la découverte en leur racontant l'histoire. Celle-ci se passe à Rome, l'atmosphère entre ombre et lumière et les lieux sont là, palpables : ou plutôt nous y sommes. Voici notre héros à Rome, il porte en lui un passé complexe (seuls quelques détails le font affleurer, odeurs, fleurs… on les devine merveilles et vénéneuses.
Entre un travail qu'il prend avec détachement et ses balades dans la ville éternelle, le héros est victime d'un accident de la circulation. Banal, dirait-on. Prémédité, calculé ? Oh, mais non ! le héros semble s'en relever aisément. La vie continue… ou plus exactement elle se déploie comme un éventail où tantôt, la mémoire remonte le temps, et tantôt se fait errance, rencontres, mystères de boutiques obscures au plus près des sens et sensations. La fin est stupéfiante de surprise et de logique. Chut ! Lisez plutôt.
D'abord au plus près des détails d'espace, de temps, puis, passé l'événement susnommé, au fil des sensations, rêves, mots et merveilles. Réel, imaginaire ? Cet entre-deux à ne pas nommer, fil ténu ou no man's land entre vie et mort, est aussi celui de la création pour ce roman. En quelque sorte, au fil des boutiques obscures et des scènes flamboyantes, le lieu où tituber, aller, venir, se souvenir (odeurs, images, scènes), errer, choisir. Vivre ? Mourir ? En tout cas aimer qui on aime, et pas, s'y faire, s'y laisser aller (celle qui a donné la vie, peut aussi donner la mort, si froide, cette reine des neiges)
Est-ce qu'il y a d'autre choix dans un roman – je ne le crois pas.
J'ai aussi u en arrière-plan de la Signora W. (ou le souvenir d'enfance, façon Perec) une machine -terme non péjoratif- de création littéraire. Au fil de la lecture, une énergie s'est donnée à voir, et un mode de progression. D'abord au plus près des détails d'espace, de temps, puis, passé l'événement, au fil des sensations, rêves, mots et merveilles. Réel, imaginaire ? Cet entre-deux à ne pas nommer, fil ténu ou no man's land, est aussi celui de la création pour ce roman.
Une citation extraite de la p. 113 (éd. Actes sud) :
« - Comment es-tu entré ? Tu as une clé ?
– Je n'ai pas besoin de clé.
Oui, évidemment, des ces conditions et devant cet argument, toute discussion est inutile. Personne n'a besoin de clefs dans cette histoire, sauf moi. »
Autrement dit, le héros est objet, et le sujet est une reine froide,
la signora Wilson, c'est elle qui donne la vie - et la mort. Pour des motifs dérisoires et dramatiques, que le lecteur découvrira...