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3,95

sur 356 notes
"Nous ne sommes jamais très loin de ceux que nous détestons. Pour cette même raison, nous pourrions donc croire que nous ne serons jamais au plus près de ceux que nous aimons."
Voici comment commence ce livre qui transporte le lecteur dans une petite île isolée de l'Atlantique sud, où se dressent en tout et pour tout deux bâtiments : une station météorologique et un phare. le narrateur, orphelin irlandais, a lutté pour son pays, et, déçu par la spirale de violence qui perdure après l'accession à l'indépendance, préfère tout quitter pour une mission dans un îlot abandonné. Seul un gardien de phare est là lors de son arrivée, et son accueil manque pour le moins de chaleur.
Quant à la première nuit, elle est digne d'un film d'horreur. Reste au héros à imaginer comment passer un an dans un îlot envahi chaque nuit de créatures agressives, avec un compagnon qui dérive vers la folie, et heureusement, une cargaison suffisante de munitions et de nourriture. Les deux hommes se rapprochent, s'allient, s'opposent, s'affrontent, se craignent. Au début du roman, c'est la lutte contre les monstres, nuit après nuit, qui importe, puis c'est le conflit entre les deux « humains » qui prend le dessus.
Les pages de ce roman fantastique, horrifique et humaniste à la fois tournent à toute vitesse, ce qui ne les empêche pas d'être empreintes de réflexions tout à fait passionnantes sur ce qu'est l'humanité. Une belle découverte pour moi que cet auteur catalan, je le relirai à l'occasion.
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Le narrateur participe à une mission internationale en Antarctique : pendant un an, il doit étudier les vents sur un îlot perdu. Sa seule compagnie est le gardien du phare, homme taiseux et peu accueillant. « L'air n'était pas glacial, mais désagréable. S'il régnait une sorte de désolation, elle n'était pas identifiable. le problème n'était pas tant ce qu'il y avait que ce que nous ne voyions pas. » (p. 6) Chaque nuit, retranché dans sa cabane, l'homme est attaqué par des créatures à la peau de squale. « La nuit venait et je savais, de source atavique, que l'obscurité est l'empire des carnassiers. » (p. 40) Pour survivre, il doit s'allier avec le gardien. Les deux hommes sont frères d'armes par nécessité dans une guerre interminable et insensée, car chaque créature tuée semble remplacée par dix autres. Dans ce Fort Alamo polaire, le narrateur n'attend qu'une chose : le bateau qui passe une fois par an pour la relève. « Je médite sur les attentes qui m'ont conduit sur l'île. Je recherchais la paix du néant. Et, au lieu du silence, je trouve un enfer peuplé de monstres. » (p. 90) Et entre les deux hommes, il y a une créature femelle soumise à toutes leurs exigences domestiques.

J'ai ouvert ce roman sans rien en savoir, seulement poussée par la recommandation d'une amie, et je suis tombée tout entière dans ce récit angoissant, halluciné, putride et désespéré. L'histoire d'amour est des plus dérangeantes, entre dégoût et obsession. Je suis surtout frappée par la boucle narrative, car tout s'achève par un retour au commencement, dans un douloureux écho. Avec ce roman, Albert Sanchez Pinol poursuit la même réflexion humaniste que celle à l'oeuvre dansJe suis une légende de Richard Matheson. Il s'agit de savoir à quel moment c'est l'homme qui devient le monstre, l'anomalie. Et, au-delà des différences, il faut apprendre à identifier les ressemblances pour tenter la cohabitation. Attention, si vous vous lancez dans cette lecture, préparez-vous à des sueurs glacées !
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Étrange lecture que voici !

Robinsonnade à la sauce fantastique, ce récit est assez original. Voyez plutôt : le narrateur, climatologue cherchant à fuir quelques temps l'Irlande, est envoyé par la Marine internationale sur une île perdue en Antarctique afin d'étudier les vents polaires. Sauf qu'une fois seul, il va faire la connaissance de monstres amphibiens qui ne rêvent que de le manger ! Pour survivre, une seule option : réussir à se faire accepter dans le phare où se barricade le seul autre être humain de l'île, Battis Caffo, un vieil ours mal léché.

Plusieurs approches de lecture sont possibles avec ce récit. Comme dans toute robinsonnade, il est d'abord question de survie. Mais il ne s'agit pas ici de se nourrir ou de s'abriter mais de combattre des monstres marins qui attaquent invariablement la nuit venue. Un vrai siège se met en place et le phare est pris d'assaut de manière très régulière. Le narrateur parviendra-t-il à attendre la relève, dans un an ?

L'auteur met également l'accent sur le rapport entre les "naufragés volontaires". Les relations entre le narrateur et Batis Caffo sont très tendues, les deux hommes n'ayant aucun point commun. Là ou Caffo est passionné et bestial, le narrateur est réfléchi et civilisé. Pour leur survie, ils vont devoir apprendre à communiquer.

Mais, pour moi, le thème principal de la Peau froide reste la confrontation à l'autre, à la différence, à l'inconnu. Les citaucas, ces monstres amphibiens, sont-ils réellement des monstres ? Ne défendent-ils pas simplement leur territoire face aux envahisseurs ? Ne sont-ils pas doués également de raison, de sentiments à l'instar de tout être humain ? C'est la vie quotidienne auprès de la Mascotte Aneris, monstre apprivoisé, qui va ouvrir les yeux et l'esprit du narrateur.

Si le récit m'a beaucoup plu, j'ai été toutefois déçue par les cinquante dernières pages qui tombent, à mon sens, dans la facilité et l'invraisemblance. Je n'ai pas du tout compris la réaction du narrateur, ni celle des citaucas.

Je reste cependant persuadée que cette robinsonnade fantastique, qui confronte l'être humain à la solitude, la peur, la folie, l'inconnu, saura vous embarquer vers le lointain Antarctique. Mais attention : couvrez-vous car le froid est partout ! Dans les relations humaines, sur la peau de la Mascotte, sur la neige qui recouvre l'île et surtout...aux côtés de la Mort qui rôde.
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Une île perdue dans l'océan, un phare, deux hommes... le décor est planté, et il est plus que particulier... D'autant plus que chaque nuit, des créatures fantastiques s'invitent pour faire passer d'étranges moments à nos personnages principaux. C'est très immersif... et quelque peu angoissant. Une expérience de lecture, que j'ai énormément apprécié. C'est très bien écrit. Une très bonne découverte.
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Un ilot isolé, au plus profond de l'Atlantique sud, dans une époque mal déterminée (semble-t-il au début du XX-ème siècle), las, deux hommes luttent, armes à l'épaule, chaque nuit contre d'étranges humanoïdes amphibiens à la peau froide dans un phare aux allures de forteresse assiégée. Voilà pour le tableau. Un tableau terrible et épique qui pourrait se suffire à lui-même mais c'est surtout son envers, ce qui se cache derrière les apparences qui se révèlera le plus intéressant.

Albert Sànchez Piñol, auteur espagnol de langue catalane, reprend en 2002 les codes du huis clos, des récits fantastiques et du roman d'aventure maritime des XVIIIème et XIXème siècle pour nous raconter l'histoire d'un météorologue irlandais (ancien activiste pour l'indépendance), notre narrateur, qui se retrouve isolé pour une année dans une maisonnette sur cet ilot désert et déjà peu hospitalier avec pour seule compagnie un homme apathique, Batís Cafó, vivant dans le phare surplombant l'île.

Ce qui était déjà une retraite plutôt sinistre loin du monde, vire au cauchemar lorsque le narrateur s'aperçoit que des monstres amphibiens, étranges et menaçants humanoïdes à la peau grise et froide, tentent de pénétrer de nuit dans sa demeure. Bien vite, c'est une guerre qui s'engage entre d'un coté les deux hommes unis par la promiscuité et l'infortune et les hordes de « peaux froides ». Ces dernières s'échouent, vague après vague, chaque nuit contre les défenses des deux humains, harassant peu à peu le narrateur et son compagnon et diminuant leur réserve de munitions.

Tout cela ferait déjà un huis clos fort convenable servi par l'écriture de Sànchez Piñol, mais bien sûr, ce n'est que la partie la plus superficielle du roman. Car La peau froide, emprunte au fantastique et au roman d'aventure leurs ambiances pour mieux les pasticher et il laisse peu à peu apparaitre au lecteur ses vrais sujets : la condition et nature humaine et surtout la notion d'altérité. En effet, l'auteur nous parle de la rencontre de l'autre (et surtout de sa non-rencontre) d'empathie et de rejet. La politique n'est pas tout à fait en reste et la volonté d'indépendance de l'Irlande, évoquée en début de roman via le passé du narrateur, n'est pas sans lien avec la situation des « monstres » indigènes de l'île. Difficile également de ne pas faire un troisième parallèle avec la situation de la Catalogne chère à l'auteur.

Si j'ai peut-être trouvé le dernier tiers du livre, un brin trop explicite, j'ai beaucoup aimé ce roman. Sànchez Piñol gère magistralement le rythme de l'ouvrage et réussi à nous immerger dans l'ambiance oppressante de l'ile, dans la tête de nos héros qui se vivent comme des assiégés. Surtout, il joue avec brio sur les codes du fantastique et du roman d'aventure pour mieux les détourner. Empruntant à différents genres et à différentes époques, intéressant et très accessible, La peau froide est un excellent roman que vous pourrez aisément dévorer en quelques heures ou laisser infuser jour après jour pour mieux en apprécier l'ambiance.
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"La petite sirène" gone wrong! Un huis clos alliant aventure, action, épouvante et fantastique, dans lequel deux hommes aux caractères incompatibles sont forcés de s'allier pour se défendre contre des sirènes horrifiques sorties des profondeurs de la mer glacée. C'est une prémisse originale, et surtout le point de départ permettant à l'auteur d'élaborer des réflexions philosophiques sur la guerre, la peur de l'autre et la nature humaine.

J'aime bien ces romans qui permettent à la fois de se divertir et de réfléchir. Dans celui-ci, les rebondissements s'enchaînent, précipitant les personnages vers leur perte et le lecteur, vers une conclusion percutante. Sans que je sache trop pourquoi, j'ai eu un peu de mal à m'intéresser au personnage principal. C'était un peu moins captivant que ce à quoi je m'attendais, mais ça ne m'a pas empêchée de passer un bon moment de lecture.
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En acceptant les fonctions de climatologue pour une année sur un îlot perdu au milieu de l'Atlantique sud, le narrateur espère trouver la paix et oublier son ancienne vie. Il emménage dans une petite cabane. Mais sur l'île, un autre homme nommé Batis Caffo se calfeutre dans un phare car nuit après nuit, des monstres affamés, mi-humain, mi-poisson sortent de l'océan pour attaquer le phare et dévorer ses occupants.

La présence dérangeante, sensuelle et même attirante de « Mascotte », spécimen femelle de ces créatures, devenue servante et esclave sexuelle de Caffo n'est pas pour calmer les esprits. Elle va ébranler les convictions initiales du narrateur et dévoiler petit à petit l'humanité de ces sirènes à la peau froide et bleutée. Très vite, entre les deux hommes, les points de vue sur la vraie nature de ces étranges créatures marines et l'attitude à adopter vis à vis d'elles va différer radicalement. L'incipit résume bien le conflit qui va naître entre les deux hommes.

« Nous ne sommes jamais très loin de ceux que nous détestons. Pour cette même raison, nous pourrions donc croire que nous ne serons jamais au plus près de ceux que nous aimons. »

L'atmosphère devient progressivement irrespirable dans ce huit-clos, l'auteur décrivant parfaitement l'évolution psychologique entre les deux hommes, leur antagonisme, jusqu'à leur affrontement. Il en ressort que ces deux hommes sont autant prisonniers de l'île que de leurs peurs.

*
Un auteur que je ne connaissais pas, et une belle découverte. Un roman étrange, troublant, qui amène à réfléchir sur la nature humaine, le rapport à l'autre, la solitude, l'amour.
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Il y a des livres mystérieux qui vous attirent comme des aimants sans que vous ne puissiez vraiment savoir pourquoi.
La peau froide fait partie de ceux-là. de ces livres que j'ai désiré pendant longtemps avant de pouvoir les lire.
Si parfois je peux être déçue, emportée par mon imagination et une attente trop grande, ce n'est pas le cas ici.

Je crois pouvoir identifier dans ce récit des ingrédients qui font mouche à chaque fois me concernant.
La solitude d'une île déserte inconnue, des aventures marines et un mystère fantastique.

Si l'histoire est ici prétexte à une réflexion sur l'humanité ( qu'est-ce qu'un humain, quelles en sont les limites?), elle n'en reste pas moins extrêmement bien construite et plaisante à lire.

C'est une oeuvre complète, riche de tout ce qu'on peut attendre d'un très bon roman.
Une magnifique découverte que je ne regrette pas!
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Albert Sanchez Pinol traduit par Marianne Millon Edition Actes Sud

J'ai lu ce livre grâce à un libraire qui m'a donné envie de le lire, je le remercie car c'est vraiment le plus grand roman d'aventure que j'ai lu, et c'est d'ailleurs bien plus que cela, mais ce roman n'est pas facile à raconter aussi le seul conseil que je peux donner c'est le lire, vous pouvez profiter de sa sortie en poche. Ce roman n'a pas eu beaucoup de publicité mais heureusement quelque chose de plus fort à marché : le bouche à oreille. Ce livre je l'ai lu en 3 jours je ne pouvais pas le poser. Il paraît que c'est le 1er d'une trilogie, la fin me convient mais si l'histoire continue tant mieux, j'attend la suite avec impatience.

Sur un îlot perdu de l'Atlantique sud, deux hommes barricadés dans un phare repoussent les assauts de créatures à la peau froide.
Ils sont frères par la seule force de la mitraille, tant l'extravagante culture humaniste de l'un le dispute au pragmatisme obtus de l'autre. Mais une sirène aux yeux d'opale ébranle leur solidarité belliqueuse. Comme les grands romanciers du XIXe siècle dont il est nourri - Conrad, Lovecraft ou Stevenson -, l'auteur de la Peau froide mêle aventure, suspense et fantastique. Et, dans la droite lignée de ses prédécesseurs, c'est l'étude des contradictions et des paradoxes du comportement humain qui fonde ce roman, véritable jeu de miroir aux espaces métaphoriques.
Les protagonistes pensent être au " coeur des ténèbres " quand les ténèbres sont dans leur coeur. Civilisation contre barbarie, raison contre passion, lumière contre obscurité : autant de pôles magnétiques qui s'attirent et se repoussent dans une histoire parfaitement cyclique, car l'homme toujours obéit aux mêmes craintes, aux mêmes désirs ataviques. Et depuis la nuit des temps, c'est, à la vérité, la peur de l'autre - plutôt que l'autre - qui constitue la plus dangereuse des menaces, le plus monstrueux des ennemis.
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du conte traditionnel l'auteur a conservé l'univers imaginaire et la présence du merveilleux. Mais c'est bel et bien un conte philosophique que l'on pourrait qualifier de voltairien que Albert Sanchez Pinol nous propose ici car il est question de dénoncer la peur de l'autre en la présentant sous son jour le plus vil et le plus absurde. Ce qui brouille le message d'humanisme et le teinte d'un pessimisme grinçant c'est le renversement final des valeurs: le "méchant" de ce curieux huis-clos, mort juste avant l'épilogue, est remplacé, sans autre forme de procès, par le "gentil" du début de ce roman qui devient le "méchant" à son tour. Arrive alors un nouveau protagoniste et l'on devine que cette histoire se répétera en boucle sans espoir de progrès des valeurs humanistes.
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