Kourroglou était un Turkoman de la tribu de Tuka ; son véritable nom était Roushan, et celui de son père Mirza-Serraf. Ce dernier était au service du sultan Murad, gouverneur d’une des provinces du Turkestan, en qualité de chef des haras de ce prince.
Un jour que les cavales paissaient dans les prairies qui s’étendent le long du Jaïhoun (l’Oxus), un étalon sortit de la surface des eaux, gagna la rive, courut vers la troupe des cavales, et après s’être accouplé à deux d’entre elles, il se replongea dans le fleuve, où il disparut pour jamais. Cette étrange nouvelle ne fut pas plus tôt rapportée à Mirza-Serraf, qu’il se rendit à la prairie, et ayant fait des marques distinctes aux deux juments désignées, il recommanda aux gardiens d’en avoir un soin particulier ; puis, de retour chez lui, il consigna sur ses livres les détails de l’apparition de l’étalon, et enregistra la date précise de cet événement.
On sait qu’une jument donne toujours naissance à son poulain étant debout ; quand le terme fut arrivé, Mirza-Serraf, qui était présent à leur naissance, reçut les jeunes poulains dans le pan de sa robe, afin qu’ils ne fussent point blessés par leur contact avec la terre.
Il dirigea lui-même avec le plus grand soin leur première éducation pendant les deux années suivantes, et surveilla les progrès de leur croissance. Malheureusement leur mauvaise mine n’était pas propre à inspirer beaucoup d’espoir pour l’avenir. Ils paraissaient laids à la première vue, et leur robe épaisse semblait être de crin plus que de poil.
Un des devoirs de la charge de Mirza-Serraf était de visiter, à tour de rôle, tous les haras confiés à ses soins, afin de mettre à part les meilleurs poulains pour les écuries du prince. Dans cette occasion, les deux poulains merveilleux furent au nombre de ceux qu’il choisit. Quand le prince vint en personne visiter ses écuries, il examina attentivement les chevaux amenés par Mirza-Serraf, et approuva tous ses choix, à l’exception des deux poulains en question.
Plus il les regardait, plus ils lui semblaient hideux. Il fit amener en sa présence le chef de ses haras, et s’adressant à lui d’une voix courroucée : « Vassal, lui dit-il qu’est-ce que cela signifie ? me crois-tu donc dépourvu d’instruction ou d’intelligence, ou bien es-tu devenu si vieux que tu ne puisses plus distinguer un bon cheval d’un mauvais ? Que prétends-tu en m’amenant ces deux misérables haquenées ? »
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel !
Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de
George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart,
du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent
s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on
ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la
première fois.
Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont
représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly,
Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor
Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la
Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes
et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes,
hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes
d'affaires...
On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de
l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876,
quelques jours avant sa mort.
Les auteurs :
George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps.
Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses
travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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