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Marie-Claire Bancquart (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070371396
527 pages
Gallimard (05/10/1979)
4.06/5   117 notes
Résumé :
Né du drame de 48, Les Maîtres Sonneurs est celui des romans champêtres qui évoque avec le plus d'ampleur les trésors des sociétés rurales, leurs croyances occultes, leurs rites d'initiation, leurs traditions secrètes. Deux pays, deux cultures : le Berry et le Bourbonnais, le chêne et l'épi, la plaine et la forêt. Ici la sagesse des paysans de la Vallée Noire, là, chez les "bûcheux" et les muletiers de Combrailles, le don de l'imaginaire et le risque du rêve. Roman ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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De la lecture de ‘'François le Champi'' il y a longtemps, j'avais gardé le souvenir d'une histoire intéressante, mais prenant en cours de route une orientation fleur bleue un peu niaise qui la gâchait passablement. Cela ne m'avait pas donné plus que ça envie d'explorer Georges Sand, et j'en étais resté là jusqu'à ce que l'on m'offre ‘'les maitres sonneurs''.

Impressionnant contraste. On trouve un peu les mêmes ingrédients dans les deux romans : romance, observation d'un phénomène social rural, peinture de la vie paysanne. Mais l'assemblage qui m'avait paru maladroit dans les aventures du pauvre champi est ici impeccable comme une queue d'aronde. Les histoires d'amour sont adroitement menées, sans empiéter sur la trame de fond. L'analyse, si elle est poussée jusqu'à avoir une véritable dimension ethnologique, est bien dosée par touches au fil de l'histoire, sans s'imposer par gros pavés descriptifs indigestes.

Curieusement, le récit est à la première personne, et Georges Sand n'hésite pas – avec brio – à prendre la voix d'un homme. le jeune Tiennent nous raconte donc son amour pour sa belle cousine, Brulette, et l'amitié que celle-ci porte envers et contre tout à son frère de lait, Joseph. Rêveur, taciturne, ce dernier a mauvaise réputation. Il passe pour paresseux, renfrogné, voir à moitié idiot. C'est que dans cette tête s'agitent des idées qui ne sont pas celles d'un simple paysan ! Des musiques et des airs y virevoltent sans trêve, et son ambition n'est pas de se fixer à quelques arpents de terre. L'irruption d'un robuste muletier va bouleverser leur vie quotidienne. Il faut dire que les muletiers sont une caste à part, à la fois estimée et crainte, capable de faire souffler comme un vent de folie sur la vie paisible des paysans ! Peut-être l'occasion pour Joseph…

Bien entendu, cette lecture est déformée par notre prisme moderne, et les cent cinquante ans de littérature qui se sont accumulés depuis Georges Sand. Pour un intellectuel de l'époque, les romances paysannes de ‘'François le Champi'' ou ‘'la petite Fadette'' étaient d'une force et d'une nouveauté séduisante, alors que ‘'les maitres sonneurs'' paraissait probablement plat et sans caractère. Les temps changent, et avec eux les goûts.
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Un roman "pastoral" de 1853 dont l'action se situe dans les années 1770-80. Il s'agit des amours compliqués de cinq jeunes gens dont l'un connaîtra le destin tragique de l'artiste "maudit" (tel qu'il est issu de la pensée romantique plus tardive). On ne s'ennuie pas un instant dans ce récit et c'est bien là tout le génie de l'autrice qui nous enfile cependant les bons sentiments comme des perles (vertu, honneur, honnêteté, sens du sacrifice, religiosité...). Une prose riche et un vocabulaire du terroir savoureux. Une belle échappée sur la vie des ménétriers et des musiciens itinérants de l'Ancien Régime. Un excellent classique !
Lien : https://www.babelio.com/list..
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George Sand ressuscite la parole paysanne du vieil Étienne Depardieu qui, de part le récit de ses naïves aventures de jeunesse, meublait les veillées d'hiver à broyer le chanvre.

Il remonte au temps de sa communion, en 1770, là où les faits sont ancrés dans sa souvenance comme il dit. Il habitait non loin de sa petite cousine que l'on appelait la Brulette. Orpheline, elle vivait avec son grand-père et a été élevée par une brave femme qui louait une partie de la maison et qui avait un fils à peu près du même âge, Joseph.
Dans ce monde de paysans qui n'allaient point à l'école, les compagnons d'enfance étaient ceux rencontrés lors du catéchisme. Ces trois jeunes s'y voyaient donc jusqu'à leur communion.
Joseph était alors distrait, taciturne, frêle de constitution, sans aucune expression et toujours dans ses rêveries. Il goûtait peu l'enseignement disant que « les mots ne se mettent point en ordre dans ma souvenance ; je n'y peux rien. » La Brulette et Étienne se devaient de le protéger des railleries et bagarres des autres galopins.
Pendant ce temps, Étienne racontait à l'assemblée que sa tête partait dans des folletées d'amour pour sa belle cousine.
Tout ce petit monde grandit et arrive à l'âge des demandes en mariage et la Brulette, dansant la bourrée les dimanches, se faisait manger des yeux par beaucoup de prétendants. Mais elle se refuse, jouant un peu la coquette en enflammant les coeurs tout en attendant sagement que le sien palpite réellement pour s'engager vraiment.
Joseph, à la nuit tombée, se réfugie auprès du grand chêne de Nohant pour aller flûter des airs de musique qui le métamorphosent. Pas besoin de paroles, la musique dit tout et véhicule tout ce qu'il ne sait pas dire par des mots. Dès lors, son souhait est de devenir cornemuseux. Il décide alors de rejoindre le Bourbonnais, pays voisin de leur Berry, afin d'apprendre à sonner la musette pour rentrer dans la confrérie des maîtres sonneurs.
Se rajoutent alors à ce singulier trio, un jeune muletier et sa soeur, pour emmêler quelques fils amoureux qui viennent tisser leur toile au-dessus de ces cinq jeunes têtes.

Deux mondes si proches géographiquement et pourtant si dissemblables dans leur tempérament s'affrontent dans ce roman. le Berrichon apparaît ici comme l'homme attaché à sa terre, franc et aimant le confort de son chez-soi, alors que le Bourbonnais, homme des bois, se complait à vivre et respirer sous la feuillée des arbres, aime à vagabonder à travers les corporations nomades de muletiers et de bûcheux.
Même les sonneurs diffèrent dans leur art ; ceux de la plaine se contentent de jouer en reproduisant les anciens airs alors que ceux des forêts mettent toute leur passion dans leur musique.

Si ces veillées traînent parfois en longueur, elles sont tellement riches en expressions oubliées, en verbes inusités de nos jours, en adjectifs naïfs et délicieusement désuets qu'elles ont eu le mérite de me faire sourire tout au long de leur lecture. Qui dépeint aujourd'hui un physique avec « une clarté dans la figure » et « de la belle gaité dans le rire » ?
Le dépaysement temporel dans le XIXe siècle de George Sand est absolument permanent. Ce langage mais aussi tous les grands emportements d'honnêteté, de vertu, de complaisance, de confiance et de bon coeur semblent si loin de notre époque !
Enfin, jalousies et médisances avaient aussi leur place et il ne suffit pas d'exceller en musique pour musiquer à son aise et faire danser dans les noces des villages.

Toute l'évolution des ces jeunes, tant physique que caractérielle et amoureuse, est décrite minutieusement et celui qui semblait le plus éteint des cinq devient fougueux par l'amour de la musique.

C'est un joli roman pour garder en mémoire la musicalité des mots d'un autre temps sur fond sonore des cornemuses.

Challenge XIXe siècle 2020
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Quelle belle histoire que voici ! le plus beau roman de George Sand que j'ai lu jusqu'à présent.

On en parle souvent comme l'un de ses romans de terroir, et c'est effectivement ce qu'il est, mais il ne serait pas juste de s'en tenir là. Les maîtres sonneurs est tout à la fois un roman de deux terroirs, Berry et Bourbonnais, un roman sur la musique et une romance.

J'aime tout particulièrement me replonger au XVIII siècle français avec George Sand, qui emploie le patois berrichon et arrive particulièrement bien à rendre vie à ses paysans. Mais y replonger par le biais de corporations qui nous semble d'un autre âge a été particulièrement dépaysant et instructif.
La corporation des cornemuseux ne paraît pas bien sympathique au final, tout comme celle des muletiers. Elles sont cependant contrebalancées par les très beaux personnages qui sont au coeur de ce roman : Huriel est de loin mon préféré mais chacun est si bien caractérisé que tous laisseront leur marque dans mon esprit.

C'est un peu la bourrée des amours que nous joue George Sand, car ses personnages dansent, tournent et virevoltent et, si l'on sent bien où elle veut nous mener, le chemin n'en est pas moins passionnant de bout en bout.
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Un roman régional de Georges Sand que j'ai lu avec plaisir.
Deux univers, celui du Berry et ses paysans et celui du Bourbonnais avec ses forestiers et ses muletiers. Deux mondes différents donc vu à travers les amours de cinq jeunes et la passion de la cornemuse que partagent deux de ces jeunes gens.

Outre l'histoire, j'ai eu plusieurs sources de satisfaction. J'ai découvert non seulement la confrérie des sonneurs mais aussi celle des muletiers.

Le style m'a également séduite. Si ses paysans ne parlent pas patois, Sand a su intégrer la dimension régionale et campagnarde. Ce français courant agrémenté de mots du cru et de tournures particulières m'a tout de suite plu : “Et cependant, j'étais toujours jaloux de lui, parce que Brulette lui marquait toujours une attention qu'elle n'avait pour personne et qu'elle m'obligeait d'avoir aussi. Elle ne le taboulait plus et marquait de vouloir accepter son humeur telle que Dieu l'avait tournée, sans se fâcher ni s'inquiéter de rien.”

Malgré une foi très présente, un peu des croyances quasi de sorcellerie habitent aussi ce roman. “Ce n'était point seulement par ma grand-mère que je m'étais laissé conter que les gens qui ont la figure blanche, l'oeil vert, l'humeur triste et la parole difficile à comprendre, sont portés à s'accointer avec les mauvais esprits, et, en tout pays, les vieux arbres sont mal famés pour la hantise des sorciers et des autres.”

De plus j'ai trouvé dans les lignes suivantes un modèle de vie qui me semble tout à fait d'actualité. “...dansant vos bourrées traînantes dans des chambres ou dans des granges où l'on étouffe, vous faites, d'un jour de liesse et de repos, une pesanteur de plus sur vos estomacs et sur vos esprits ; et la semaine entière vous en paraît plus triste, plus longue et plus dure. Oui, Tiennet, voilà la vie que vous menez. Pour trop chérir vos aises, vous vous faites trop de besoins, et pour trop bien vivre, vous ne vivez pas.”
Le même personnage, un Bourbonnais, explique un peu plus loin ce qui lui semble être une vie riche. “Toujours sur pied, mangeant sur le pouce, buvant aux fontaines que je rencontre, et
dormant sous la feuillée du premier chêne venu, quand, par hasard, je trouve bonne table et bon vin à discrétion, c'est fête pour moi, ce n'est plus nécessité. Vivant souvent seul des semaines entières, la société d'un ami m'est tout un dimanche, et dans une heure de causette, je lui en dis plus que dans une journée de cabaret. Je jouis donc de tout, plus que vous autres, parce que je ne fais abus de rien.”

Enfin à l'encontre de certains romans qui mettent en scène des paysans à l'esprit lourd, ceux de Sand réfléchissent. “Dans les plaines, le bien et le mal se voient trop pour qu'on n'apprenne pas, de bonne heure, à se soumettre aux lois et à se conduire suivant la prudence. Dans les forêts, on sent qu'on peut échapper aux regards des hommes, et on ne s'en rapporte qu'au jugement de Dieu ou du diable, selon qu'on est bien ou mal intentionné.”

Je reviendrai donc à Georges Sand mais j'ignore si j'aurai la même impression d'oeuvre aboutie.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de l'avant propos, dans lequel Sand explique comment il convient, selon elle, d'utiliser les parlers locaux :

"Il y a déjà longtemps que le père Depardieu dort du sommeil des justes, et il était assez vieux quand il me fit le récit des naïves aventures de sa jeunesse. C’est pourquoi je le ferai parler lui-même, en imitant sa manière autant qu’il me sera possible. Tu ne me reprocheras pas d’y mettre de l’obstination, toi qui sais, par expérience de tes oreilles, que les pensées et les émotions d’un paysan ne peuvent être traduites dans notre style, sans s’y dénaturer entièrement et sans y prendre un air d’affectation choquante. Tu sais aussi, par expérience de ton esprit, que les paysans devinent ou comprennent beaucoup plus qu’on ne les en croit capables, et tu as été souvent frappé de leurs aperçus soudains qui, même dans les choses d’art, ressemblaient à des révélations. Si je fusse venue te dire, dans ma langue et dans la tienne, certaines choses que tu as entendues et comprises dans la leur, tu les aurais trouvées si invraisemblables de leur part, que tu m’aurais accusée d’y mettre du mien à mon insu, et de leur prêter des réflexions et des sentiments qu’ils ne pouvaient avoir. En effet, il suffit d’introduire, dans l’expression de leurs idées, un mot qui ne soit pas de leur vocabulaire, pour qu’on se sente porté à révoquer en doute l’idée même émise par eux ; mais, si on les écoute parler, on reconnaît que s’ils n’ont pas, comme nous, un choix de mots appropriés à toutes les nuances de la pensée, ils en ont encore assez pour formuler ce qu’ils pensent et décrire ce qui frappe leurs sens. Ce n’est donc pas, comme on me l’a reproché, pour le plaisir puéril de chercher une forme inusitée en littérature, encore moins pour ressusciter d’anciens tours de langage et des expressions vieillies que tout le monde entend et connaît de reste, que je vais m’astreindre au petit travail de conserver au récit d’Étienne Depardieu la couleur qui lui est propre. C’est parce qu’il m’est impossible de le faire parler comme nous, sans dénaturer les opérations auxquelles se livrait son esprit, en s’expliquant sur des points qui ne lui étaient pas familiers, mais où il portait évidemment un grand désir de comprendre et d’être compris.
Si, malgré l’attention et la conscience que j’y mettrai, tu trouves encore quelquefois que mon narrateur voit trop clair ou trop trouble dans les sujets qu’il aborde, ne t’en prends qu’à l’impuissance de ma traduction. Forcée de choisir dans les termes usités de chez nous ceux qui peuvent être entendus de tout le monde, je me prive volontairement des plus originaux et des plus expressifs ; mais, au moins, j’essayerai de n’en point introduire qui eussent été inconnus au paysan que je fais parler, lequel, bien supérieur à ceux d’aujourd’hui, ne se piquait pas d’employer des mots inintelligibles pour ses auditeurs et pour lui-même."
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- Tous les pays sont beaux, disait-il, du moment qu'ils sont nôtres et il est bon que chacun fasse estime particulière de celui qui le nourrit. C'est une grâce du bon Dieu sans laquelle les endroits tristes et pauvres seraient laissés à l'abandon. J'ai ouï dire à des gens qui ont voyagé au loin, qu'il y avait des terres sous le ciel que la neige ou la glace couvraient quasiment toute l'année, et d'autres où le feu sortait des montagnes et ravageait tout. Et cependant, toujours on bâtissait de belles maisons sur ces montagnes endiablées, toujours on creusait des trous pour vivre sous ces glaces. On y aime, on s'y marie, on y danse, on y chante, on y dort, on y élève des enfants tout comme chez nous. Ne méprisons donc la famille et le logement de personne. La taupe aime sa noire caverne, comme l'oiseau aime son nid dans la feuillée, et la fourmi vous rirait au nez, si vous vouliez lui faire entendre qu'il y a des rois mieux logés qu'elle en leurs palais.
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Quelques expressions et passages illustrant la manière dont Sand s'y prend pour faire parler ses personnages ou pour donner à la langue de son narrateur une authenticité locale. Ces exemples sont extraits du seul premier chapitre, les mêmes procédés se retrouvant dans tout le roman, de manière beaucoup plus systématique que dans ses autres romans champêtre.
Afin de "rendre" ces parlers locaux, elle s'y prend, je crois, quatre manières différentes :

A) La plupart du temps, le lecteur comprend très bien ce qui est dit, l'écart lexical ou syntaxique par rapport à une norme "nationale" ou "littéraire" si l'on veut, produisant un effet de naïveté et d'exotisme tout à fait charmant à mon avis :
- "n’ayant pas grande souvenance de mes premiers ans"
- "je me sentais déjà d’aimer Brulette"
- "Voici comment le grand-père à Brulette et la mère à Joseph demeuraient sous même chaume"
- "elle s’estimait heureuse de ne pas payer gros pour sa locature"
- "et, si elle s’oubliait à gaminer au catéchisme.."
- "tous tant que nous étions de gars assez diversieux au catéchisme,"
- "mêmement"
- "à fine force d’écouter de leurs oreilles."
- "quand je venais à bout de tenir mon corps tranquille et de rasseoir mes esprits grouillants."
- "les mots ne se mettent point en ordre dans ma souvenance"
- "C’est de là que commencent les grandes amitiés de jeunesse, et quelquefois aussi des haïtions qui durent toute la vie.."
- "Quand on s’arrêtait pour quelque amusette, il s’en allait seoir ou coucher à trois ou quatre pas des autres"
B) Parfois, assez rarement enf ait, une note de bas de page explique un terme qui ne serait pas compris par un lecteur étranger au terroir :
"rhabillant1 les nippes" => reprisant
" emmi1 les filles" => parmi
- "en l’appelant Joset l’ébervigé1, d’où le nom lui resta" => littéralement l’étonné, celui qui écarquille les yeux
- "Nous partions en bande, le matin, à travers les prés et les pâtureaux, par les traquettes1, par les échaliers, par les traînes2" =>
1 Petits sentiers qui longent les champs.
2 Petits chemins encaissés.

C) Le plus souvent, les particularismes locaux sont utilisés dans le cazdre d'une syntaxe soutenue. C'est ce qui fait l'originalité de ce roman par rapport aux autres romans champêtres de Sand, où les empruns au dialecte sont bien moins importants :
- "Ce n’est pas qu’il fût bien riche et que le vivre fût bien conséquent"
- "Comme cette femme aimait la propreté et se tenait toujours aussi brave1 que son moyen le lui permettait.."
- "celle-ci était si sage, si ragoûtante et si coquette dans toute son habitude, que chacun la voulait embrasser"
- "elle m’a tant enchargée de penser pour deux, que je tâche de n’y point manquer."

D) L'expression est parfois en italique, et expliquée dans le corps du texte lui-même :
"il avait l'air d’écouter ou de regarder quelque chose que les autres ne saisissaient point : c’est pourquoi il passait pour être de ceux qui voient le vent
- "j’en augurai qu’il écoutait gros, comme nous disions dans ce temps-là, pour signifier une personne dure de ses oreilles."
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(Un mystère entoure l'existence d'un enfant dont on ne connaît pas l'origine dans la famille de Brulette)
La demoiselle dame de Saint-Chartier, qui avait remarqué Brulette dans les danses sur la place, l'année d'auparavant, et qui était curieuse d'amener des jolies filles à ses bals de jour, la fit demander, et, par mon conseil, elle s'y rendit une fois. Je crus bien faire, car je m'imaginais qu'elle se faisait trop rabaisser, en ne voulant pas tenir tête aux méchants esprits. Elle avait toujours si bon air et un langage si à propos, qu'il ne me paraissait point possible qu'on n'en revint pas sur son compte, en la voyant si belle et si bien tenue.
Son entrée à mon bras fit d'abord chuchoter, sans qu'on osa davantage. Je la fis danser le premier, et, comme elle avait une grâce dont personne ne se pouvait défendre, d'autres vinrent l'inviter, qui peut-être furent tentés de lui dire quelque joyeuseté, mais n'osèrent point s'y risquer. Tout allait en douceur quand des bourgeois arrivèrent dans la salle où nous étions ; car les paysans avaient leur bal à part, et ne se confondaient avec les riches que sur la fin (...) Brulette fut d'abord guignée comme la plus fine pièce de l'étalage, et les bas de soie lui firent tant de fête que les bas de laine n'en pouvaient plus guère approcher ; et par esprit de contradiction, après l'avoir bien déchirée pendant six mois, redevinrent tous jaloux en une heure, c'est-à-dire plus amoureux qu'auparavant ; si bien que ce fut comme une rage à qui l'inviterait, et on se serait quasi battu pour lui donner le baiser de l'entrée en danse.
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Mais Brulette comprit fort bien, se troubla un peu, emporta la lettre et l'examina souvent, je peux croire, d'un œil moins indifférent qu'elle ne le prétendait : car il lui poussa dans la tête l'idée de savoir lire, et bien secrètement elle s'y mit, avec l'aide d'une ancienne fille de chambre de noble, qui était retirée mercière en notre bourg, et qui venait souvent babiller en une maison si bien achalandée de monde, comme était celle de ma cousine.
Il ne fallut pas grand temps à une tête si futée pour en savoir long, et, un beau jour, je fus bien étonné de voir qu'elle écrivait des chansons et des prières qui paraissaient moulées finement. Je ne pus m'empêcher de lui demander si c'était pour correspondre avec Joseph ou avec le beau muletier qu'elle s'apprenait des malices au-dessus de son état.
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Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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