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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sentiment étrange que procure cette lecture. Emballé par le fond et impressionné par le style très châtié (gardez le Littré à portée de main pour revoir les définitions de : amphigourique, aboucher, térébrant, mutique, irréfragable, etc), je n'ai pourtant jamais été totalement transporté par ce récit qui gagnerait beaucoup à se conclure plus rapidement : c'est dans les dernières pages que les questions trouvent des réponses, que les hypothèses sont vérifiées, que le style devenu moins diffus permet enfin à l'histoire moins confuse de donner vie aux personnages. Et jusqu'à ce dénouement, on se demande bien où l'auteur veut nous amener et si ce ne sont pas là que les élucubrations plus ou moins métaphysiques d'un djédi (un grand-père). le contexte politique, important dans cette histoire de "Mafiosa" transposée à Alger, est supposé connu, ce qui peut laisser le lecteur novice sur le sujet (Alger avant et après la guerre) un peu incrédule et renforce ce sentiment d'imprécision, d'un récit flou et vague. Restent tout de même quelques belles pages, comme celles-ci : "De ton Islam tout blanc, très vénérable et festif, ils ont tiré un breuvage de sang et d'amertume et s'en soûlent comme jamais mécréant ne l'a fait avec son impiété" (page 35) ou "C'est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l'homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l'aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine" (page 225).
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Après "2084", j'ai eu envie de lire un autre roman de cet auteur algérien, Boualem Sansal. : "Rue Darwin" qu'il a publié en 2011 et que je ne connaissais pas encore.
Un roman imprégné de son histoire personnelle et de celle de sa famille. Une langue chamarrée et chatoyante comme l'enfance qu'il décrit auprès de la tonitruante grand-mère Djéda, à la fois tenancière de bordel et chef de clan toute-puissante. Pendant ma lecture, j'étais aux côtés du narrateur dans cette Algérie cosmopolite qu'il décrit sans complaisance mais avec tant d'amour enfoui.
Mais ce roman c'est aussi une quête d'identité, celle du narrateur, que l'on suit avec empathie et qui, au fur et à mesure du roman, s'approche de sa Vérité, celle du secret enfin dévoilé de ses origines.
J'ai aimé infiniment aussi cette écriture pleine d'humour, malgré une gravité que l'on ressent en profondeur, notamment à l'évocation de ce jeune frère perdu parce que saisi par les griffes du fanatisme.
Un roman drôle, tendre et clairvoyant.
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Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur décide de retourner rue Darwin,à Alger, dans le quartier Belcourt où il est né.
Roman foisonnant où le personnage de Lalla Sadia, dite Djéda domine le récit. À travers l'histoire d'une famille, c'est l'histoire de l'Algérie des années 50 à nos jours qui est racontée ici.
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Venu d'Algérie et France pour offrir à sa mère de mourir entourée des siens, Yazid retrouve ses frères et soeurs, dispersés aux quatre coins du monde, Karim (le Marseillais), Nazim (homme d'affaires à Paris), Souad (l'universitaire américaine,) et Mounia (consultante en communication au Canada), seul manque le dernier frère, Hédi, qui est tombé sous la coupe des imans et prépare le djihad.

Yazid est le seul enfant à être resté en Algérie auprès de "sa mère", tous les autres, dès qu'ils ont pu, ont fui.

Lorsqu'il se penche pour un dernier baiser à sa mère sur son lit d'hôpital, il croit l'entendre dire "Va, retourne à la rue Darwin". Et retourner dans cette rue, c'est se pencher sur son passé, faire revivre les vieux fantômes, sortir les squelettes des placards de la famille... c'est aussi, accepter ses origines.

Lala Sadia, Djeda, sa riche et puissante grand-mère, chef de clan de Kadri, ayant bati sa fortune comme propriétaire des plus grands bordel du pays et d'Europe, qui décide, à la mort de son père de faire de Yazid, l'héritier.

Karima, l'épouse du fils décédé, la mère de Yazid et Ferroudja, la prostituée, qui se sont échappées, puis ont repris Yazid au clan.

En 1957, Yazid à 8 ans, il retrouve Karima et sa famille rue Darwin. le "petit prince" va vivre dans une famille pauvre, dans une pièce avec sa fratrie, sa mère et le nouvel époux de celle-ci.

Yazid, au gré de sa quête de ses origines, (est-il réellement le fils de Karima ou plutôt celui d'une prostituée du bordel de sa grand-mère ?) nous conte l'Algérie de son enfance, celle de la guerre d'indépendance, celle des frontières, la sale guerre de 1991, la guerre contre les pauvres des bidonvilles.

Peu de personnage masculin dans ce roman, dominé par les femmes.

Le rabbin Simon, qui raconte aux enfants du quartier les contes de la Bible, et qui n'a jamais accepter de partir d'Algérie, mais qui ne parle pas de la Shoah.

Daoud, l'ami d'enfance du phalanstère, exilé par la terrible grand-mère, parce qu'il n'est pas comme les autres... et qu'il faut soigner, allant jusqu'aux électrochocs... Yazid le recherchera lors de son passage à Paris, mais bien trop tard, Daoud est mort. Son ami Jean lui parle de lui et lui révèle son homosexualité, sa mort du sida, et son changement de nom de Daoud en David, en référence au juif errant.


excellent - Roman du mensonge et du silence, mais aussi une grande fresque historique sur l'Algérie des années 50 à nos jours.
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Un des livres à lire si l'on veut comprendre, essayer de comprendre les Algériens et l'Algérie vis à vis de la France et de l'Occident.
Un gamin utilisé de manière passive puis active, par le FLN puis les islamistes.
La rue Darwin est un quartier, une favela, de Belcourt à Alger. La misère y est reine, gouverne et unit. Les puissants peuvent être algériens ou français.
Le gamin, devenu adulte se retrouve seul responsable de sa vieille mère rue Darwin à Belcourt. Et en même temps en contact avec les puissants algériens. Ses frères et soeurs, eux, ont choisi (et réussi) l'exil.
La rue Darwin s'ajoute aux dossiers de l'exil et des doubles cultures.
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Yazid, tel est le nom du narrateur, raconte les souvenirs de son enfance en Algérie. Yazid est un enfant sans mère, du moins ne l'a-t-il jamais vu, enlevé dès sa naissance à sa mère biologique, il s'est retrouvé chez Djéda, la maîtresse d'un immense domaine hérité de sa tribu dont la fortune provenait d'une maison de tolérance implantée sur le domaine où elle accueillait les jeunes filles en détresse.
A travers Yazid, c'est l'auteur que l'on entend nous parler de la vie en Algérie pendant les différentes périodes de son histoire depuis les années 1950, de ses réflexions sur l'Islam et les religions en général, sur la mort, sur la vie. La lecture n'est pas aisée, en raison notamment des sauts que le narrateur effectue au grès des souvenirs qu'il évoque et aussi parfois de termes dont la compréhension nécessite le recours à un dictionnaire (ce fut mon cas pour quelques mots, somme toute pas trop nombreux) ainsi que le défilé de personnages que l'on a parfois du mal à rapporter à la vie de Yazid. le style de l'écriture de Boualem Sansal est brillant, comme à l'accoutumé. Il serait tout de même dommage de renoncer à la lecture de ce livre trop tôt si l'on rebuté d'entrée.
La fin du livre donne enfin la clé de la naissance de Yazid par sa propre mère sur le point de mourir, mais c'était un secret qu'elle se devait de garder. Je garde de ce livre l'écho d'une grande tristesse, de beaucoup de nostalgie et des cris de révolte du narrateur et de l'auteur.

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Une belle écriture avec beaucoup d'aller retour dans le temps (ce qui m'a un peu dérangé mais chacun son style....), une histoire qui se dessine au fur et à mesure comme un ravaudage qui tournerait à la dentelle.
Un homme dans un colonialisme finissant, un empire "bordélique", aimé par ses trois mères sans avoir jamais pu dire "Maman" à une seule d'entre elles.
Trois familles, trois héritages quelle vie pour un seul homme....
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Ce roman très autobiographique entraîne le lecteur dans l'enfance assez surréaliste du jeune Yazid en Algérie, plus précisément dans le quartier Belcourt, celui de Camus, dans une petite rue, la rue Darwin, où l'enfant avait trouvé un refuge familial protecteur durant son enfance bahutée. Ce livre est l'histoire de cinquante ans d'Algérie, d'un pays agricole, riche, aux traces encore bien vives de l'ottoman, jusqu'à nos jours et aux ravages désastreux de l'après décolonisation, immédiatement consécutifs à ceux de la guerre des années soixante puis des guerres civiles qui ont touché ce pays depuis lors.
Le fil d'Ariane de cette évocation est le destin complexe de ce jeune Yazid, échouant à Paris pour les raisons de santé affaiblissant sa mère, puis revenant chercher rue Darwin, la clé de toute son histoire.
Le livre vaut bien sûr par cette intrigue quasi autobiographique, mais à mon sens il vaut surtout par le style superbe de l'auteur. de la façon la plus positive qui soit certaines des phrases du livre sont réellement proustiennes, c'est un vrai compliment de ma part, tant elles sont ciselées, pesées, articulées, et construites dans une vision de la littérature faisant tout particulièrement honneur à la langue française. Ailleurs les mots sont rares, recherchés, ici et là une phrase courte que l'on note tant son poids sémantique est fort.
Enfin pour tous ceux qui croient connaître nos frères du nord de l'Afrique, abandonnez l'espace de ces pages tous vos préjugés, tout le passé sédimenté de l'histoire entre la France et l'Algérie, et vous découvrirez combien il y a d'humanité, la plus profonde, dans cet ouvrage, dans les personnages si réels qui y sont évoqués.
Je ne peux achever ces lignes sans saluer le courage de l'auteur n'hésitant pas à afficher clairement ses opinions politiques et religieuses.
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