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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un des livres à lire si l'on veut comprendre, essayer de comprendre les Algériens et l'Algérie vis à vis de la France et de l'Occident.
Un gamin utilisé de manière passive puis active, par le FLN puis les islamistes.
La rue Darwin est un quartier, une favela, de Belcourt à Alger. La misère y est reine, gouverne et unit. Les puissants peuvent être algériens ou français.
Le gamin, devenu adulte se retrouve seul responsable de sa vieille mère rue Darwin à Belcourt. Et en même temps en contact avec les puissants algériens. Ses frères et soeurs, eux, ont choisi (et réussi) l'exil.
La rue Darwin s'ajoute aux dossiers de l'exil et des doubles cultures.
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Ce roman très autobiographique entraîne le lecteur dans l'enfance assez surréaliste du jeune Yazid en Algérie, plus précisément dans le quartier Belcourt, celui de Camus, dans une petite rue, la rue Darwin, où l'enfant avait trouvé un refuge familial protecteur durant son enfance bahutée. Ce livre est l'histoire de cinquante ans d'Algérie, d'un pays agricole, riche, aux traces encore bien vives de l'ottoman, jusqu'à nos jours et aux ravages désastreux de l'après décolonisation, immédiatement consécutifs à ceux de la guerre des années soixante puis des guerres civiles qui ont touché ce pays depuis lors.
Le fil d'Ariane de cette évocation est le destin complexe de ce jeune Yazid, échouant à Paris pour les raisons de santé affaiblissant sa mère, puis revenant chercher rue Darwin, la clé de toute son histoire.
Le livre vaut bien sûr par cette intrigue quasi autobiographique, mais à mon sens il vaut surtout par le style superbe de l'auteur. de la façon la plus positive qui soit certaines des phrases du livre sont réellement proustiennes, c'est un vrai compliment de ma part, tant elles sont ciselées, pesées, articulées, et construites dans une vision de la littérature faisant tout particulièrement honneur à la langue française. Ailleurs les mots sont rares, recherchés, ici et là une phrase courte que l'on note tant son poids sémantique est fort.
Enfin pour tous ceux qui croient connaître nos frères du nord de l'Afrique, abandonnez l'espace de ces pages tous vos préjugés, tout le passé sédimenté de l'histoire entre la France et l'Algérie, et vous découvrirez combien il y a d'humanité, la plus profonde, dans cet ouvrage, dans les personnages si réels qui y sont évoqués.
Je ne peux achever ces lignes sans saluer le courage de l'auteur n'hésitant pas à afficher clairement ses opinions politiques et religieuses.
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Yazid, tel est le nom du narrateur, raconte les souvenirs de son enfance en Algérie. Yazid est un enfant sans mère, du moins ne l'a-t-il jamais vu, enlevé dès sa naissance à sa mère biologique, il s'est retrouvé chez Djéda, la maîtresse d'un immense domaine hérité de sa tribu dont la fortune provenait d'une maison de tolérance implantée sur le domaine où elle accueillait les jeunes filles en détresse.
A travers Yazid, c'est l'auteur que l'on entend nous parler de la vie en Algérie pendant les différentes périodes de son histoire depuis les années 1950, de ses réflexions sur l'Islam et les religions en général, sur la mort, sur la vie. La lecture n'est pas aisée, en raison notamment des sauts que le narrateur effectue au grès des souvenirs qu'il évoque et aussi parfois de termes dont la compréhension nécessite le recours à un dictionnaire (ce fut mon cas pour quelques mots, somme toute pas trop nombreux) ainsi que le défilé de personnages que l'on a parfois du mal à rapporter à la vie de Yazid. le style de l'écriture de Boualem Sansal est brillant, comme à l'accoutumé. Il serait tout de même dommage de renoncer à la lecture de ce livre trop tôt si l'on rebuté d'entrée.
La fin du livre donne enfin la clé de la naissance de Yazid par sa propre mère sur le point de mourir, mais c'était un secret qu'elle se devait de garder. Je garde de ce livre l'écho d'une grande tristesse, de beaucoup de nostalgie et des cris de révolte du narrateur et de l'auteur.

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Alors que le narrateur Yazid a rassemblé ses frères et soeurs autour de sa mère mourante à Paris, une voix lui murmure de retourner rue Darwin. Rue Darwin à Alger c'est la rue de son enfance après qu'il a quitté le village et le clan de la grand-mère Djéda, maîtresse femme qui régnait sur des bordels aux quatre coins de l'Algérie et d'ailleurs et autour de laquelle grouillait tout une population de prostituées et de bâtards…A la fois mère maquerelle au grand coeur et femme d'affaire intraitable, elle avait bâti un empire menacé aujourd'hui par l'hypocrite religion…A Alger il a retrouvé une famille, sa mère adoptive, son beau-père et les petits. Mais le secret a été bien gardé, seules quelques paroles entendues ont fait leur chemin. Et devant cette femme qu'il est resté seul à soigner au pays, ses autres enfants étant parti en France, au Canada ou ayant cédé aux sirènes de l'islamisme, il s'interroge sur ses origines. Et se lance sur les traces du passé.

Et il va découvrir ce qu'au fond de lui il savait déjà…Issu de deux univers incompatibles que seule l'amitié de sa mère et de Farroudja a tenu unis par un fil ténu, né dans un monde disparu, il analyse avec amertume la dérive de son pays après l'indépendance. Loin de gagner en liberté, ce dernier s'est au contraire enlisé dans les voies du marxisme puis de la religion, la guerre civile en permanence, laissant partir ses enfants vers des destinations plus attractives et patauger les autres dans la misère et le ressentiment. Avec une lucidité non dépourvue d'humour, Boualem Sansal nous conte le périple de cette famille atypique mais révélateur de l'évolution d'une Algérie qui s'est peu à peu fermée à toute ouverture, toute forme de tolérance, se repliant sur ses archaïsmes et la corruption. Mais malgré un constat plutôt pessimiste, on sent son attachement pour cette terre qui possède une histoire plus riche et cosmopolite que certains voudraient le faire croire.
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Sentiment étrange que procure cette lecture. Emballé par le fond et impressionné par le style très châtié (gardez le Littré à portée de main pour revoir les définitions de : amphigourique, aboucher, térébrant, mutique, irréfragable, etc), je n'ai pourtant jamais été totalement transporté par ce récit qui gagnerait beaucoup à se conclure plus rapidement : c'est dans les dernières pages que les questions trouvent des réponses, que les hypothèses sont vérifiées, que le style devenu moins diffus permet enfin à l'histoire moins confuse de donner vie aux personnages. Et jusqu'à ce dénouement, on se demande bien où l'auteur veut nous amener et si ce ne sont pas là que les élucubrations plus ou moins métaphysiques d'un djédi (un grand-père). le contexte politique, important dans cette histoire de "Mafiosa" transposée à Alger, est supposé connu, ce qui peut laisser le lecteur novice sur le sujet (Alger avant et après la guerre) un peu incrédule et renforce ce sentiment d'imprécision, d'un récit flou et vague. Restent tout de même quelques belles pages, comme celles-ci : "De ton Islam tout blanc, très vénérable et festif, ils ont tiré un breuvage de sang et d'amertume et s'en soûlent comme jamais mécréant ne l'a fait avec son impiété" (page 35) ou "C'est peut-être une loi essentielle de la vie qui veut que l'homme efface son histoire première et la reconstitue de mémoire comme un puzzle impossible, dans le secret, à l'aune de son expérience et après bien des questionnements et des luttes, ainsi et seulement ainsi il peut faire le procès du bien et du mal, ces forces qui le portent dans la vie sur le chemin de son origine" (page 225).
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Ce roman de Boualem Sansal Rue Darwin ne manque pas de nourrir d'intéressants débats sur le concept de l'illégitimité vu à travers le terme de "pupille" qui désigne son héros, Yazid, dont les origines remontent à une "grande maison" (euphémisme de "maison close") et "pupille de la nation" référant aux enfants victimes des guerres et donc à l'Histoire.
Thématiquement proche de harragas par la construction de ses personnages féminins hors des repères culturels traditionnels, est une dés origine littéraire du mâle de la tribu confiée à une jeune adolescente, Sadia, devenue "Djeda" qui règne sans partage sur la tribu des Kadri, du début du vingtième siècle aux premières années de l'indépendance de l'Algérie. Mais son royaume, qui s'étend du village de Ouled Abdi en contrebas des monts du Zaccar jusqu'en France, à Paris, Vichy et d'autres capitales de l'Occident est bâti sur la mystérieuse "grande maison", "la citadelle" vers laquelle affluent, des villages, de pauvres jeunes filles, abusées, trompées, engrossées, battues, atteintes de maladies dont on tait les noms et l'origine.
Là, derrière, son palais où activent ses fidèles servantes, ses confidents, ses fondés de pouvoir, ses courtiers, ses scribes, ses cadis, ces jeunes filles vivent un autre monde, dans l'autre monde, insoupçonné, inimaginable dans les us et coutume de la tribu sans mâle. Elles y font des "pupilles" comme l'indépendance du pays aura ses "pupilles de la nation".
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Après "2084", j'ai eu envie de lire un autre roman de cet auteur algérien, Boualem Sansal. : "Rue Darwin" qu'il a publié en 2011 et que je ne connaissais pas encore.
Un roman imprégné de son histoire personnelle et de celle de sa famille. Une langue chamarrée et chatoyante comme l'enfance qu'il décrit auprès de la tonitruante grand-mère Djéda, à la fois tenancière de bordel et chef de clan toute-puissante. Pendant ma lecture, j'étais aux côtés du narrateur dans cette Algérie cosmopolite qu'il décrit sans complaisance mais avec tant d'amour enfoui.
Mais ce roman c'est aussi une quête d'identité, celle du narrateur, que l'on suit avec empathie et qui, au fur et à mesure du roman, s'approche de sa Vérité, celle du secret enfin dévoilé de ses origines.
J'ai aimé infiniment aussi cette écriture pleine d'humour, malgré une gravité que l'on ressent en profondeur, notamment à l'évocation de ce jeune frère perdu parce que saisi par les griffes du fanatisme.
Un roman drôle, tendre et clairvoyant.
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Rue Darwin de Boualem Sansal est une oeuvre intimiste. En effet, l'auteur dans des interviews a confié que ce roman est en partie sur sa famille et donc son roman le plus intimiste. L'auteur est né en 1949, dans un petit village d'Algérie tout comme Yazid, le personnage principal, le narrateur, ils ont connu les mêmes événements du pays, notamment la guerre d'indépendance de 1954 à 1962, le départ des pieds-noirs et la prise de pouvoir des religieux cherchant à créer un citoyen nouveau au service d'Allah, vidant les favelas d'Alger, expédiant les "pauvres en enfer", les nationalisations de biens privés... Ses 5 frères et soeurs ont été autorisés à quitter l'Algerie, leur terre natale pour faire des études principalement en Europe pour doter le pays d'une élite au service des autorités. Ensuite à partir de 1991, la guerre civile opposant le gouvernement aux islamistes. Mais à l'opposé des attentes des autorités, aucun ne reviendra, échappant délibérément au service militaire et donc se positionnant dans l'illégalité. La fratrie s'est disséminée en Europe et en Amérique, fondant, pour la plupart, une famille avec des résidents et ils y ont réussi de belles carrières professionnelles, certains récompensés de distinctions pour leurs contributions au pays d'accueil. Tout comme l'auteur, Yazid est resté au pays. Pour l'auteur c'est un choix assumé bien que ses oeuvres critiquent le pouvoir religieux et civil mais aussi les déviances islamistes et s'expose de fait à un vrai danger au regard des méthodes tant des uns que des autres. Yazid, a choisi de rester auprès de sa mère et là on ne sait pas si on est dans la pure fiction ou s'il s'agit aussi d'une motivation supplémentaire pour l'auteur. Tous ces événements représentent le décor pour l'histoire intime de Yazid qu'il nous fait revivre depuis sa naissance jusqu'à maintenant où il comprend des énigmes qui lui étaient cachées. C'est un très beau roman, un chef d'oeuvre qui livre d'innombrables réflexions philosophiques, sociétales et politiques. On peut là supposer sans trop se tromper que l'auteur et le narrateur fusionnent. L'auteur nous livre ses pensées, analyses, critiques par la voix de son personnage. J'aime beaucoup cet auteur, son personnage, ce roman qui nous fait aimer l'Algérie, les algériens si souvent dominés par des pouvoirs bien éloignés des intérêts du peuple. Une des dernières réflexions nous attriste de savoir que l'Algerie reste très éloignée d'un possible état démocratique tant l'islam et les religieux ont de l'influence sur les êtres. Finalement malgré tous les avatars cette oeuvre est une belle leçon de vie, tous les espoirs sont permis même aux plus démunis...
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Yaz, accompagne sa mère à Paris, elle vient faire soigner son cancer. Elle arrivé épuisée et dans le coma. Ses enfants sont venus des 4 coins du monde où ils ont émigré et réussi. Tous sont là pour l'accompagner sauf Heti, qui lui a choisi de vivre un islam intégriste avec les talibans..Malheureusement so état ne lui permettra pas de voir une dernière fois ses enfants réunis.
Quand Yaz s'est penché pour l'embrasser une dernière fois "une voix, comme un écho venant de loin a résonné dans ma tête : "Va retourne à la rue Darwin"".
Quelques jours après, Yaz revient en Algérie avec le cercueil de sa mère, morte sans être sortie du coma, il l'enterre obsédé par cette dernière demande..
Et Yaz raconte son enfance, sa quête d'identité, la recherche de ses racines... tiraillé entre deux familles, une riche et l'autre très modeste voire pauvre.
Une famille riche, celle de sa grand mère, mère maquerelle qui a su créer et gérer des bordels dans toute l'Afrique et l'Europe! L'un d'entre eux jouxte le palais familial. Elle a même profité de la bénédiction de Vichy et de Pétain, et a placé sa fortune en Suisse. Il a vécu auprès d'elle, c'était l'héritier désigné de sa fortune, son père était mort prématurément. Il vivait dans un palais, aux cotés de cette grand-mère toute puissante, entourée de serviteurs, presque esclaves et côtoyait les gamins nés des amours des prostituées, ces gamins qu'elles n'avaient pas pu faire passer...des pages dérangeantes sur la vie de ses femmes-bétail dans les bordels...Mais qui était sa mère? et sa grand-mère était-elle réellement sa grand-mère...?
Et une famille pauvre, auprès de laquelle il passa 7 ans de 1957 à 1964, Rue Darwin à Belcourt, dans un tout petit deux pièces entouré de son père de sa demi-soeur et de sa mère..un père qui n'était pas son père et cette mère était elle sa mère?
Une recherche permanente menée par le gamin et l'adulte Yaz pour connaître la vérité sur ses origines.
Et Yaz, gamin et adulte en nous décrivant sa vie, et la quête de ses origines, ses frères et sœurs qui ont réussi, nous décrit cette Algérie et ses bouleversement, la crasse, la misère entourant ces palais, cette richesse opulente, et la religion omniprésente, cet islam rigoriste, cet islamisme qui gangrène la société, et régit le mode de vie des algériens.
Yaz a connu au cours de sa vie, la guerre d'indépendance de l'Algérie, ses assassinats, ses charniers, les discours guerriers de ses leaders, la guerre des 6 jours, son matraquage guerrier et la défaite, la déroute et l'humiliation du monde musulman, la religion et la corruption, la crasse, la faim, les rationnements, la pauvreté...Yaz qui dénonce et démontre la corruption de Abdelaziz 1er, futur président de la République algérienne et de toute la société algérienne actuelle.
Yaz amoureux de la paix décrivant avec horreur la Guerre...pourquoi les homme se font la guerre...C'est quoi une bonne guerre?...Des pages également dérangeantes....
Un Yaz dont les combats visent l'intégrisme, Yaz qui souhaite une Algérie propre, Yaz qui dénonce les élites de tout temps de l'Algérie, mais Yaz qui ne peut quitter son pays, et rejoindre ses frères à l'étranger..
Avec noirceur et réalisme sans oublier l'ironie et l'humour, Yaz a écrit le roman des combats de toujours de Boualem Sansal, amoureux de l'Algérie et déchiré face à cette Algérie qu'il aimerait bien différente, débarrassée de ses maux, de la corruption, de l'intégrisme, de la pauvreté..Une Algérie qui le rejette, compte tenu des prises de position, mais qu'il ne peut quitter
Un roman dense qui mérite d'être relu....même quand on connaît la fin

Lien : https://mesbelleslectures.wo..
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Une belle écriture avec beaucoup d'aller retour dans le temps (ce qui m'a un peu dérangé mais chacun son style....), une histoire qui se dessine au fur et à mesure comme un ravaudage qui tournerait à la dentelle.
Un homme dans un colonialisme finissant, un empire "bordélique", aimé par ses trois mères sans avoir jamais pu dire "Maman" à une seule d'entre elles.
Trois familles, trois héritages quelle vie pour un seul homme....
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