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4,13

sur 1371 notes
Bouleversant. Difficile de mettre un adjectif sur ce livre , mais bouleversant est peut être celui qui me semble le plus adapté.
Un jour ordinaire, un homme perd subitement la vue au volant de sa voiture . Rapidement, tous ceux qui s'approchent de lui perdent aussi la vue. Mais la cécité n'est pas noire , c'est une lumière blanche . Subitement, c'est la panique, et l'état décide d'interner les aveugles afin d'éviter la contagion. La femme d'un ophtalmologue devenu aveugle (tragique clin d'oeil du destin pourrait dire l'auteur qui truffe son livre de tels sarcasmes) réussit à suivre son mari. Pourtant , elle n'est pas contaminée mais feint de l'être. Mais dans un monde amené à se dégrader rapidement, ne vaudrait il mieux pas ne pas voir ?

Avant de poursuivre, un petit sur le style de l'auteur qui peut décontenancer avec ses dialogues imbriqués dans la phrase et sa ponctuation exotique. Finalement, pas si déroutant, on s'habitue, certes le confort de lecture eut pu être amélioré mais on l'(a bien compris , on n'est pas ici pour se la couler douce.
Ce livre qui peut se voir comme une métaphore est d'une puissance rare. L'auteur va faire construire à ses personnages une société d'aveugles, où les travers de notre monde seront exacerbés par les contraintes visuelles. On retrouvera la cupidité, l'égoïsme, l'absurde attachement aux objets, l'ignominie des hommes en manque de sexe et bien sur l'instinct de survie , entraînant des actes dénués d'humanité. Tout est sombre ici , sauf la vision des aveugles . La société se déshumanise, le personnage le plus humain étant, presque , finalement un chien !
Pour autant, le petit groupe sur lequel a décidé de se focaliser l'auteur, malgré ses travers, recèle encore un once d'humanité, petite flamme vacillante dans une société sans repère, privée de lumière (trait d'humour pour détendre le lecteur) où la survie débouche sur l'écoeurant.
Devant la désorganisation , l'auteur stigmatise le manque d'ordre et sous entend souvent qu'ici le politique fait défaut. Pas de chef , chaos assuré.
C'est un livre marquant, dont on ne sort pas indemne, sans doute comme doit l'être "La route" si le film rend bien compte du livre.
Chef d'oeuvre, je ne sais pas , tout ça est subjectif. Comme la vue, dirait l'auteur. Est souvent plus aveugle celui qui ne veut pas voir que celui qui ne peut pas voir.
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Si je perds la vue brutalement, en quoi mes perceptions altérées du monde affecteront-elles mes valeurs, ma manière d'être au monde ?
Si nous perdons tous la vue, tous, serions-nous capables, au vu du chaos qui s'ensuivrait, de rester « humains » ?

Tel est l'objet de cette histoire dérangeante, dans laquelle l'auteur interroge, avec un humour étonnant et décalé qui m'a rappelé Charles Dickens, la brèche ténue qu'une épidémie de cécité pourrait ouvrir entre l'humanité organisée des hommes et leur bestialité congénitale.

Une lecture qui va me poursuivre, découverte par hasard ici-même sur Babelio grâce aux critiques de Andman et Nastasia-B, que je remercie d'ores et déjà pour leurs critiques qui me l'ont fait connaître, et par avance pour les cauchemars utiles que cette lecture ne manquera pas de m'apporter !

« Il y a en chacun de nous une chose qui n'a pas de nom, et cette chose est ce que nous sommes ».

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Waouh.
C'est du brutal. Très sombre.
Et encore, Saramago a eu pitié de nous, pauvres lecteurs, en nous rendant à nos occupations sur une fin miraculeusement heureuse, même si convenue.

Pourtant j'ai adoré ce livre.

D'abord le style : les dialogues ne sont pas marqués par des apostrophes et tirets, ce qui donne une belle fluidité. Et aussi le mélange réussi dans beaucoup de phrases entre la narration proprement dite et les commentaires, généralement plaisants, de l'auteur au lecteur. Tout cela donne la belle impression de se faire raconter l'histoire plutôt que de la lire.

La première partie raconte comment la maladie survient. Elle est rapide, enjouée, empreinte d'humour. On est immédiatement embarqué et on y croit parce qu'à l'exception de ce symptôme invraisemblable au possible (devenir subitement aveugle), les événements se déroulent de façon très realiste.

Et puis c'est l'internement en quarantaine, et tout bascule très vite dans l'horreur. le même style décrit maintenant l'abjection, et l'humour des commentaires devient noir ou dérisoire. Les degrés de l'enfer sont franchis un à un, rien ne nous est épargné. Plus tard, avec la sortie dans la ville ravagée, le sentiment de libération est immédiatement annihilé par la dévastation qui règne. Bref, dedans ou dehors, ce monde est dur, très dur. Et Saramago ne nous épargne surtout pas à coup d'euphémismes. C'est cru, très cru.

La seule touche romanesque, la nouvelle petite famille constituée des protagonistes principaux, permet d'entretenir un peu d'humanité, faite de solidarité et de sentiments. Elle nous rattache encore au monde d'avant, malgré les horreurs ou "seulement" les mesquineries qu'ils commettent et les changent. Ainsi que quelques moments d'accalmie, notamment la visite à l'écrivain (je soupçonne l'auteur d'avoir un peu prêché pour sa paroisse, là).

C'est donc un livre dur, nos petits travers exagérés par la situation y sont méchamment décrits dans toute leur abjection, et ce n'est pas beau à voir. Manque la critique sociale, mais là n'est pas l'objet, Saramago tape au coeur de l'humain. Il faut se blinder pour en sortir indemne, mais il produit une très forte impression. Un grand livre.
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J'ai énormément apprécié ce roman symbolique et d'anticipation dans lequel tous les habitants d'un pays plongent dans une brutale cécité, avec une seule exception.
Les hommes deviennent aveugles à la beauté du monde et la nature humaine - et animale (à une seule exception près, là encore) reprend le dessus.
Dure est la chute, nombreux seront les morts et les blessés. Les survivants sauront-ils tirer les leçons du passé ?
Ce roman, quand on y réfléchit, à beaucoup à nous apprendre.
J'ajoute que le début du récit m'a fait penser à l'actualité, avec la mise en quarantaine de nombreuses personnes, dans des conditions éprouvantes.
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Je continue de découvrir les écrits de Saramago et après La lucarne, je me suis plongée dans L'aveuglement. J'en ressors assez retournée pour être honnête.

J'ai retrouvé la plume de l'auteur toujours aussi agréable, le scénario est juste génial, quelle imagination il faut pour inventer une histoire pareil et bien sur c'est si réaliste que ça fait forcement froid dans le dos puisqu'on a affaire ici a une épidémie qui touche le monde et ou tout le monde devient aveugle, sauf une femme. J'ai aimé aussi la construction du roman, ou tout le monde est anonyme et ou au final on se reconnaît forcement. Personne n'a de nom, et les personnage sont "le docteur", "la femme du docteur".....

Par contre, comme je disais je ne sors pas indemne de cette lecture qui est parfois extrêmement dure. L'auteur ne nous épargne pas. Tous les détails même les plus sordides sont la : mort, viol, famine, excréments, vomis..... Bref, il faut avoir le coeur bien accroché mais l'on prend conscience de la bassesse des hommes face a leur instinct de survie.

Bref c'est un roman a lire mais que je suis contente d'avoir fini. Je pense qu'après ça, chaque lecteur aura besoin d'une lecture un peu plus légère, voir même plusieurs pour digérer ce roman.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Lu il y a bien longtemps avec des décennies après toujours cette même sensation : l'éblouissement.
Ébloui, évidemment, par ce regard si éclairé sur la nature humaine. Une fable certes, mais tant de vécu en même temps, un tel rendu de l'émotion humaine.
Saramago serait-il un écrivain réaliste, lui qui se promène entre utopie et dystopie dans chacun de ses récits ?
Et l'on ne sait, à la fin de la lecture, du borgne ou de l'aveugle, à qui on devrait s'identifier.
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Voilà un scénario digne des gros blocksbusters américains, friands d'épidémies aussi subites qu'apocalyptiques: le livre s'ouvre sans prémices sur le cas zéro d'un malade, l'une des, ou la première victime d'une cécité visuelle générale, aussi subite que l'est l'incipit du roman, nous mettant directement au coeur de l'action. Tel le caillou qui roule à flanc de falaise et provoque l'avalanche, nous assistons à celle de ce "mal blanc", car les aveugles n'ont pas sensation d'être face aux ténèbres mais plutôt à une blancheur immaculée, qui enfle de façon incompréhensible et à grande vitesse, touchant quelques heures plus tard le docteur qui a ausculté ce "premier aveugle", tous les patients présents dans la salle d'attente, ainsi que celui qui en a profité pour lui voler sa voiture.
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Voilà un scénario digne des gros blockbusters américains, qui se regardent nerveusement avec le paquet XL de pop corn, d'ailleurs le film tiré du livre existe. Mais avec la langue de Saramago, nous sommes dans une dimension toute autre.
Je découvre cet auteur portugais, j'ai été particulièrement sensible à sa plume. Une véritable démonstration stylistique, faite de longues phrases, mêlant dialogues sans les ponctuations de rigueur (tirets, guillemets, retour à la ligne) et réflexions philosophiques, éthiques, diverses et variées, souvent surprenantes bien que toujours à propos, issues de l'esprit fort sarcastique et rigoureux de l'auteur. Ainsi, je saisis dès le départ de ses développements vers quelle conclusion il veut me mener par une certaine rigueur, et je reste admirative du chemin pris par le talent des mots pour y parvenir. Je relis certaines de ses phrases plusieurs fois, je savoure. L'on se dit de suite que le scénario catastrophe n'est pas le but ultime à nous conter cette histoire, qu'il n'est même peut-être qu'un effet cachant la profondeur allégorique de ses propos.
Alors que l'on a plutôt tendance de nos jours à saluer des plumes "alertes et fluides", celle de Saramago m'a semblé un peu "old school" par rapport à celles-ci. Mais ce n'est pas un défaut, car les phrases de cet auteur ne manquent pas pour autant de rythme ou d'être percutantes, bien au contraire, mais elles sont appliquées, c'est une lecture qui se déguste, qui demande de prendre son temps, des qualités qui sont peut-être moins louées de nos jours, jours où rapidité-efficacité sont de maîtres mots.
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J'ai adoré que cette plume d'orfèvre contraste avec un thème en apparence plutôt grand spectacle.
En apparence seulement car après les dernières pages il paraît clair que cet aveuglement est loin de ne faire référence à qu'à une subite cécité visuelle, il s'agit d'une fable satirique, sur ce que nous sommes, êtres humains dans la dérive organisée de la collectivité. "Il y a en chacun de nous une chose qui n'a pas de nom, et cette chose est ce que nous sommes." (p 257, éditions du Seuil) autant dire que nous sommes au travers de cet aveuglement projettés dans l'inconnu de "cette chose qui n'a pas de nom" handicapés car loin de tout repère, de tout ce que l'on nous a appris à prendre pour comptant, nos désirs, nos besoins, jusqu'à nos pensées.
Les personnages attisent cet effet de fable satirique car nous n'entrons pas réellement dans leurs pensées, nous restons extérieurs à eux, ils demeurent uniquement désignés par les premiers qualitatifs qui nous les présentent: "le premier aveugle", "le médecin", ou "le garçonnet louchon", et il en va de même pour les animaux avec le touchant "chien des larmes". L'auteur nous prend parfois à part, comme si nous visionnions ensemble une histoire "nous avons vu que..." ou "nous connaissons déjà...". L'humour caustique est bien présent, je me suis fendue d'un sourire, voire d'un rire à quelques reprises (avant que la tournure des évènements ne devienne vraiment trop noire).
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Certes, la plume talentueuse à la tournure un brin "old school" d'un auteur né en 1922, âgé de 73 ans quand il a écrit ce livre, m'a totalement convaincue sur la forme, j'ai un peu tiqué, de temps à autre, de part les idées un tantinet d'un autre temps qu'elles véhiculent. Telles des considérations sur certains personnages, la fille aux lunettes teintées, par exemple, qui a des moeurs légères et couche avec qui et quand bon lui semble, et parfois contre rétribution, dans des hôtels, et que l'on doit s'étonner de voir, tout de même, porter un amour sincère à ses parents. Je fus portée à chercher le rapport, né sans doute dans un esprit tout de même un peu mysogine, ou tout simplement, de son temps.
D'autre part, comme je cherche là "la petite bête", j'ai trouvé dans le développement du "scénario catastrophe" que l'on passait un peu vite à la case "internement des malades" avec des restrictions radicales dictées au haut parleur du vieil asile désaffecté dans lequel se retrouvent enfermés nos pauvres protagonistes. Comme si dans l'avalanche on passait direct du caillou qui roule à l'ensevelissement de la ville sans passer par une boule de neige de taille alarmante.
Mais ce sont de petits chichis. C'est une lecture tragi-comique, philosophique et scatologique (et oui, les excréments, une sacrée affaire), les deux parfois, une bulle puante et lumineuse à fois, dont j'ai adoré les contrastes et la plume acerbe.

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Saramago, j y colle un cinq étoiles direct sans réfléchir plus avant. Pour son style, très original, proche du lecteur, qui mêle au récit ses avis et un certain humour, l histoire d une pandémie de cécité qui débute dans un cabinet d ophtalmo (!) et qui va peu à peu contaminer tout le monde. seule une femme, la compagne de l ophtalmo échappe à l aveuglement.
Le livre comprend deux phases, la première, la plus dure, la plus difficile, la plus crue, la plus bestiale, celle du confinement forcé et des conséquences brutes qu engendrent l enfermement d un groupe de personnes, aveugles de surcroît, et soumis à un manque criant de nourriture. Rien de tel pour réveiller certains instincts qui nous définissent aussi.
La seconde, plus " lumineuse" raconte la sortie du confinement et la recherche dans la ville des appartements des membres du groupe (tjrs le même ou quasiment depuis le début de l histoire) et celle de nourriture et d eau dans cette anarchie aveugle.
Livre philosophique, livre qui fait réfléchir, livre qui demande " et moi, j aurai agit comment" ? livre qui ne fait pas de cadeau sur ce que nous sommes, avec tjrs la bonne distance de l auteur.
Mais, je garde le meilleur pour la fin, la Femme y tient une place centrale, fondamentale, action, réflexion, coeur, empathie, altruisme.
le plus beau passage, celui qui, loin des horreurs qui parsèment cette histoire, me restera, ce sont les qq pages sur un balcon, la nuit, sous la pluie, ou La femme se lave, deux autres la rejoignent, font de même et décident de laver chaussures et vêtements de tout le groupe. Ça met des frissons partout.
Saramago, et j ai trouvé cela assez génial, ne met pas de tiret lors de dialogues, non, tout est à la suite, comme le reste du roman d'ailleurs, pas de blanc (!) Ça coule comme une évidence pourtant, et la lecture en devient même plus plaisante, plus " instantanée.
Depuis j ai regardé le soleil bien en face qq secondes. Car l aveuglement de Saramago ne plonge pas dans le noir, mais dans l éblouissement permanent. Parce que c est un livre lumineux....

à Paul, à Chrystelle

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Si ce roman n'est pas un coup de coeur comme l'aura été "Le dieu manchot", il n'en reste pas moins que j'ai apprécié ce livre, qui est une oeuvre particulière et très sombre, montrant tous les travers et faiblesses de l'être humain. Défauts qui sont plus faciles à détecter dans une société, où, victimes d'une épidémie, tous les gens deviennent aveugles à l'exception d'une femme. Les bas-instincts et la nature imparfaite de l'homme se révèle alors, dans ce qu'ils ont de plus abjects et laids parfois. Et les immondices dans lesquels pataugent les aveugles, ne sont pas pires parfois que la nature de leurs âmes. Dans ce roman, les femmes paraissent d'ailleurs bien plus dignes et plus fortes que les hommes, plus courageuses aussi, même si elles sont souillées et avilies.
Une oeuvre très sombre... Je me demandais quelle pourrait en être l'issue...
Le texte est très dense, et comme toujours sa lecture est rendue compliquée à cause du style de José Saramago, qui se défie de la ponctuation... Un livre qu'il faut mériter, qui ne se lit pas en quelques heures... Un excellent roman.
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Drôle de temps, me direz-vous, pour lire ce bouquin... Bien que moi, je l'ai trouvé très d'à propos !!! Lire un livre sur une étrange maladie qui se repends, en pleine pandémie... J'aurais pas pu trouver meilleur moment. Cette maladie : un virus qui rend aveugle et qui touche toute la population, sauf une femme. Elle deviendra nécessaire, plus qu'à l'ordinaire... Elle guidera, aidera, soignera... Tout le monde erre, tente de survivre à la noirceur... C'est une atmosphère particulièrement oppressante, étouffante, noire... Mais que c'est bon et tellement bien écrit... Un p'tit bijou de SF, qui n'est peut-être pas si SF que ça au final !
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