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4,13

sur 1370 notes
Comme beaucoup j'ai d'abord feuilleté le livre avant de le lire, et là, surprise mais surtout désespoir: pas de retour à la ligne, des phrases à rallonge (il doit y en avoir deux par page), ça paraît lourd et illisible, mon dieu!
Mais dès les premières pages, on est happé par le style de Saramago, et malgré les préjugés, c'est fluide!

Le speech? Une épidémie de cécité nommée mal blanc, qui poussent les autorités à enfermer les contaminés dans un asile, en espérant que ces mesures barrière suffiront à endiguer ce nouveau fléau.
Imaginez donc un monde rempli d'aveugles, où chaque tâche, comme celle de se déplacer ou d'aller aux toilettes, est une épreuve. C'est déconcertant, et surtout angoissant, tout est compliqué. A travers les lignes, le lecteur non plus ne voit pas les couloirs de l'asile, effrayant, déstabilisant! Et parfois, à l'apogée de la peur, la situation devient ridicule, cocasse, absurde.
Mais surtout le livre parle de la fragile distinction entre humain et animal.
A lire!
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Un immense roman emballé dans une langue riche, qui déferle comme une vague, ne nous laissant qu'à peine le temps d'une respiration avant de nous emporter plus avant.
A la fois dystopie, parabole et conte moral,
Que devenons nous sans nos yeux, « des sortes de miroirs tournés vers le dedans » face à l'effondrement de notre société « Si nous ne sommes pas capables de vivre entièrement comme des êtres humains, au moins faisons de notre mieux pour ne pas vivre entièrement comme des animaux »
Quel est notre rapport à la mort « Je pense que nous allons tous mourir, c'est une question de temps, Mourir a toujours été une question de temps »
à l'art, à la littérature, « Vous voulez dire que nous disposons de trop de mots, Je veux dire que nous ne disposons pas d'assez de sentiments »
à la violence, la bestialité, ou à l'amour.
Est-ce que je n'existe que dans le regard de l'autre ?
« Chaque jour je verrai moins, même si je ne perds pas la vue je deviendrais plus aveugle chaque jour parce qu'il n'y a plus personne pour me voir »
Pour conclure, l'épigraphe qui résume bien la morale de cette fable :
« Si tu peux regarder, vois. Si tu peux voir, observe. »
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Un homme devient brutalement aveugle, arrêté à un feu rouge, et c'est le début d'une épidémie de cécité. Les contaminés sont placés en quarantaine et les pires travers de l'humain sont débridés.
J'ai trouvé ce livre très compliqué, tant sur le fond que sur la forme.
La syntaxe est assez alambiquée, les dialogues n'étant pas ponctués, simplement tous à la suite dans une même phrase, ce qui donne donc des phrases très longues un peu difficiles à appréhender.
Mais on finit par s'y faire, comme aux horreurs décrites, la pestilence, les violences, la descente aux enfers, quand l'humain perd son humanité et devient un monstre.
Malgré tout, dans cet univers abject survit un tout petit peu de bienveillance, d'amour et d'entraide.

J'ai eu un peu de mal avec cet étalage d'ignominies, me faisant l'impression d'être un voyeur, complètement hypnotisée et aspirée dans ce tourbillon d'horreurs.

Forcément, ce livre marque et ne laisse pas indifférent, certainement de ceux que l'on n'oublie pas, que l'on ait aimé ou pas.
Pour ma part j'ai un peu trop subi cette lecture pour dire que j'ai aimé, mais je ne peux pas affirmer non plus que je l'ai détestée. Un ressenti compliqué.
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On ne va pas faire durer le suspens plus longtemps : oui j'ai adoré cette lecture.
Pourquoi me direz-vous ? Et bien pour plein de points qui en font un livre hors des standards de la SF et des histoires de fin du monde, dont regorgent les rayons des librairies. Pas facile de sortir des sentiers battus me direz-vous, et bien figurez-vous que l'aveuglement y parvient de fort belle manière et qui plus est en restant tranquille et sans chichi.
Ici, rien de spectaculaire, pas d'épidémie zombies ou d'attaque nucléaire, non simplement une épidémie de cécité qui se répand à grande vitesse puis une gestion de crise catastrophique et inhumaine des autorités. L'histoire nous fait suivre la survie d'un groupe de survivants emmené par un médecin et sa femme.
Perdre la vue, perdre ses repères, quoi de plus tragique pour les hommes et leurs technologies qui nécessitent un oeil avisé pour pouvoir fonctionner ?
Ce roman est aussi rempli de clins d'oeils, de dictons, de petites morales, d'analyse philosophique. C'est enrichissant à tout point de vue.
Les personnages n'ont pas de noms et sont volontairement désincarnés, avec des dialogues littéralement insérés dans le récit sans aucune ponctuation. Troublant de prime abord, ce style fini par faire corps avec le livre, et tout prend place parfaitement.
Un de mes coups de coeur des livres lus cette année, c'est une certitude.
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~ Dystopie de la cécité ~

La littérature a ceci d'incroyable qui fait que, pendant la lecture de certains détails & par le recours à l'imagination, elle peut rendre celle ci insupportable, perturber & empêcher d'aller plus loin.
Elle entre par des raccourcis, s'invite dans le corps & en tire des émotions qu'on ne croit pouvoir éprouver, les fuyant comme la peste, intolérables, menaçantes & lancinantes.

Aujourd'hui, par cette lecture déconcertante & improbable, ce chef-d'oeuvre est parvenu à me briser le coeur, de la manière la plus violente & inattendue possible.

Un homme au volant de sa voiture, devant un feu rouge, devient subitement aveugle. C'est le début d'une épidémie qui se propagera à une vitesse fulgurante, forçant le gouvernement à placer les malades en quarantaine dans un ancien hôpital psychiatrique. Une ville innomée, des personnages sans nom, l'inconfort total, l'écriture est dérangeante, et les descriptions hors norme, on baigne dans la merde jusqu'à cou !

Saramago, démontre avec brio comment l'homme revient à l'état primaire & cède à ses pulsions les plus vils, un roman qui va au coeur même de la noirceur, le but ultime est de survivre, par conséquent tous les bas instincts sont réactivés !

Je pensais en avoir mangé par tous les orifices, vu de films en livres, de chansons en poèmes, et pourtant me voici sur le bord, retournée par la poignance irréelle de cette cécité, les joues couvertes de larmes ...

Il est des livres ainsi, qui vous laissent un plaisir plus sensuel qu'intellectuel, dans Soie, Baricco sollicite votre sens du toucher.
Dans le Parfum de Süskind, le souvenir est restitué surtout par votre odorat tout comme il l'est dans l'Aveuglement, à défaut de yeux, mais pour des raisons de désagrément !

Lugubre & barbare, cependant, je suis enchantée d'avoir pu éprouver ça avec un prix Nobel de littérature, et étonnée de lire qu'il n'est venu à l'écriture qu'à 58 ans...
Non, vraiment, pas commun !!
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Je ressors de ce roman ravi et époustouflé par le thème choisi par l'auteur. Quel chef-d'oeuvre ! Alors là, chers lecteurs, quel chef-d'oeuvre ! Ce livre vous glace le sang en même temps qu'il vous donne une perspective plutôt pessimiste sur l'être humain.
Quand des gens deviennent aveugles du jour au lendemain, le gouvernement décide de les enfermer dans un hospice sans aucune aide hospitalière. Ils doivent se débrouiller par eux-mêmes hormis des box de nourriture déposés à l'entrée. Dans cet endroit, les règles ne sont plus les mêmes : comment rester propre ? Comment continuer à vivre normalement alors qu'on ne voit plus rien ? Comment faire lorsque d'autres individus imposent leur loi et que plus personne n'est là pour protéger vos droits ?
Dans ce microcosme qu'est l'asile de fous se crée de nouvelles conditions sociales, de nouvelles situations effrayantes de réalisme. Je me suis dit : ça ne peut pas se passer ainsi ! Mais à bien y réfléchir, je me suis dit : ça ne peut que se passer ainsi ! Une fois la vue perdue, l'homme devient rapidement une bête sauvage. La civilisation, qu'on prône avec tellement de fierté, n'est plus qu'un tas de merde (pardonnez-moi le terme mais ce mot résume tout l'esprit de ce livre !).
Le style d'écriture est assez particulier. Il est fluide, très agréable mais les dialogues se font sous formes de successions de virgules. Au début c'est assez déroutant mais on s'y habitue bien vite. Les descriptions restituent bien l'ambiance d'apocalypse : on visualise avec acuité les tas d'immondices disséminés partout (âmes sensibles, accrochez-vous !), le chaos et l'anarchie qui règnent.
Personne ne peut sortir indemne de ce livre. C'est intelligent, addictif et brillamment construit ! Un chef-d'oeuvre que je recommande à tous !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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On m'a dit "Tu es malade de lire ce livre en période de confinement" !
Oui je le suis ! Malade de lecture, malade à l'idée de rester sans lire.
Il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir que nous serions confinés du fait de cette épidémie de Coronavirus.
Alors j'ai cherché des livres qui avaient évoqué de telles pandémies, et je les ai trouvés quelques heures avant la fermeture de la médiathèque.....
Un homme est au volant de sa voiture, il attend à un feu rouge. le feu passe au vert, il ne démarre pas, tout le monde s'énerve derrière lui...il voit tout en blanc, "je suis entré une mer de lait" dit-il : il est devenu subitement aveugle
Un gentil passant prend les choses en main, déplace sa voiture et le raccompagne chez lui. Notre homme consulte un ophtalmo...Qui lui aussi devient aveugle, comme le chauffeur qui a l'a aidé à déplacer sa voiture et l'a raccompagné chez lui, avant de lui voler sa voiture....
Et d'autres encore...des dizaines, des centaines d'autres. Toute la ville est touchée.
La seule solution prise par les pouvoir publics est de confiner, de mettre ces malades en quarantaine, dans des bâtiments désaffectés et de les abandonner à leur triste sort, de leur laisser de la nourriture et de les barricader en postant l'armée pour empêcher toute idée de prendre le large et toute propagation. Malgré tout le nombre des aveugles croît.
Premières pages presque en miroir de notre actualité !
Dans ces bâtiments désaffectés vite devenus sordides et repoussants de crasse et de merde, un petit monde s'installe, des chefs apparaissent, des clans se forment, la violence s'installe. Les plus violents trouvent ou bien se créent des armes, exploitent les plus faibles et les femmes ..la nature humaine se révèle : bons d'un coté, méchants de l'autre, violence exactions contre les faibles, viols, abus sexuels.
Les ravitaillements, presque jetés par les soldats qui se tiennent éloignés de tout risque de contagion, sont sources de trafics, de vols, de stocks au détriment des autres...ça ne vous rappelle rien ?
Les soldats en arrivent à tirer pour protéger le monde des hommes sains. Un monde qui se réduit comme peau de chagrin.
Manger devient pour certains une préoccupation permanente. Manger et donc accumuler, le devient pour d'autres, au risque de voir périr leurs stocks, au risque de rien laisser aux autres. Plus, toujours plus !
Les malades sont écartés, les morts sont enterrés puis, plus tard, jetés dehors. Heureusement, la femme d'un médecin lui aussi aveugle cache à tous qu'elle n'est pas contaminée. Elle sera utile à tous.
Le réalisme des scènes est violent et perturbant, il faut l'admettre, surtout parce que ce livre fut lut en période d'épidémie de coronavirus et de confinement. Faisant écho à cette actualité et aux violences dans les grandes surfaces, il n'en est que plus fort.
Saramago sait nous remuer en dépeignant la nature humaine, ses bons et pires côtés!
Chacun de nous n'est-il pas parfois, aveugle face à notre monde, aveugle face aux exactions, à la violence, à la pauvreté, aux inégalités, aux différences.
Cette épidémie du chacun pour soi, de l'accumulation, de l'aveuglement aux autres dans lequel nous vivons, dans laquelle nous nous complaisons souvent, n'est-elle pas un risque pour notre société, ne risque-t-elle pas de tuer notre monde et l'humanisme dont chacun devrait faire preuve....
Ne devrions nous pas écouter, ceux qui ont conservé une part de clairvoyance?
C'est la lecture que je fis de cette parabole dérangeante et donc source d'interrogation et de remise en cause.
Une lecture qui peut toutefois perturber le lecteur du fait de la mise en forme propre à José Saramago, qui n'utilise pas de guillemet pour les conversations, ni les points d'exclamation ou d'interrogation. Toutes les phrases se suivent, toutes identiques dans la forme.Mais c'est un écueil auquel on s'habitue en quelques pages, et qu'on surmonte du fait de l'intensité des propos.
Un coup de poing salutaire! Indispensable !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Drôle de coïncidence ! alors que je termine "L'Aveuglement" de José Saramago, ouvrage où il est question de l'enfermement de personnes devenues brutalement aveugles suite à une épidémie appelée "la blancheur lumineuse", se déclenche l'épidémie de coronavirus en Chine. Heureusement, selon les information dont on dispose, les conditions de confinement plutôt inhumaines décrites dans le livre et celles appliquées pour le coronavirus ne sont pas comparables.

Alors que j'appréhendais un peu la lecture de cet ouvrage - au programme du café littéraire - et craignant un genre plutôt essai philosophique, j'ai découvert avec plaisir un roman très intéressant, compréhensible.

J'ai apprécié la réaction de " la femme du médecin", non touchée par l'épidémie, qui s'implique immédiatement dans l'organisation de la salle commune de l'asile d'aliénés, où sont notamment regroupés d' anciens patients de son époux ophtalmologue puis, alors que l'épidémie frappe l'ensemble de la population, dans la ville où erre une population sans repère. Malgré leurs conditions souvent dégradantes, elle leur permet de conserver de la dignité et surtout de l'humanité.
Mais j'ai été également troublée et bouleversée devant des comportements de certaines personnes, parfois très violents et par l'absence de compassion et de fraternité les uns vis à vis des autres.
L'auteur ne pose pas directement la question, mais le lecteur/trice se la pose : quel serait ma réponse devant une situation similaire ?

Un peu de gène, vite oublier, à la lecture des premières pages du fait d'une ponctuation plutôt minimaliste. L'absence de nom pour les principaux protagonistes ne m'a pas perturbée. Ils sont identifiés et identifiables..
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Ce roman est très intéressant, tant par l'histoire que par son aspect narratif.

Saramago nous offre une vision ici quelque peu apocalyptique d'un monde où les gens seraient touchés par une cécité soudaine. J'ai trouvé glaçant la première partie dans l'asile où ont été littéralement parqués les premières personnes atteintes. Nous y découvrons les instincts les plus vils de la nature humaine et la loi du plus fort. Saramago nous montre ici des personnes cruelles prêtes à retirer le pain de la bouche des autres et nous décrit la mise en place rapide d'un système inégalitaire basé sur la peur et la violence. Mais il reste malgré tout un peu d'espoir et d'humanité, notamment avec la femme du médecin et le petit groupe que nous suivons de près.
L'auteur nous raconte aussi la saleté, la difficulté à satisfaire les besoins essentiels, la laideur et la puanteur. Certains détails sont décrits avec minutie, mais cela nous permet de mieux nous rendre compte des choses auxquelles nous avons accès sans même plus être conscient de la chance que nous avons (l'eau potable par exemple).

La plume de Saramago est intéressante et la narration sort un peu des sentiers battus : nous n'y verrons aucun nom, les personnes étant appelées par leur métier ou des choses les caractérisant (la femme du médecin, le petit garçon louchon, le premier aveugle, la femme aux lunettes teintées, le vieillard au bandeau noir etc.)
Nous ne voyons également pas de dialogue avec des sauts à la ligne ou des guillemets. Ils sont tous insérés à même la narration, dans le corps du texte, sans distinction particulière du locuteur, ce qui demande une lecture un minimum attentive pour ne pas se perdre.

Je me suis attachée à ce groupe étrange formé par des personnes qui ne se seraient peut-être jamais parlé dans d'autres circonstances. J'ai aimé voir l'entraide qui régnait entre eux et leur reste d'humanité (prendre le temos et avoir la force d'enterrer les morts etc.).

Je suis intriguée par le ou les message(s) que souhaite faire passer l'auteur. Nous ouvrir les yeux sur notre aveuglement volontaire à certaines catastrophe ? Nous montrer notre déni face à certaines situations ?
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Une épidémie d'aveuglement, voilà un point de départ peu banal pour un récit.
Les deux tiers du livre se déroulent en huis clos, il n'y a pas de temps mort pour nous laisser reprendre notre souffle. Un démarrage immédiat et intense, une montée en tension lors de l'enfermement jusqu'au paroxysme de l'innommable. L'enfermement qui renvoie les hommes civilisés à l'état de bêtes sauvages. Les femmes se défendent mieux sur le terrain de la compassion et de l'abnégation mais pour quel destin...
Une lecture très forte, qui remue les tripes et questionne.
Merci
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