Barroco est sans doute l'essai le plus ambitieux et le plus réputé du cubain
Severo Sarduy. Dans ce livre, l'auteur détermine le concept de néo baroque selon des paramètres esthétiques, culturels et politiques, analyse qu'il poursuivra tout au long de sa carrière de critique d'art.
Sarduy débute sur un constat : la Renaissance et sa révolution copernicienne abandonnent le système ptolémaïque pour le remplacer par l'héliocentrisme, ce qui implique pour Sarduy que les lois géométriques mesurant la terre sont identiques aux lois qui régissent le mouvement des astres.
La notion d'espace se déplace du rôle central de Dieu vers un nouvel axe révolutionnaire qui est l'être humain. L'humanisme est donc, selon lui, une idéologie rationnelle qui s'articule dans une géométrie circulaire parfaite où les sciences s'introduisent dans les disciplines artistiques (perspective dans la peinture, mathématiques dans l'architecture…) et où l'humain est au centre de tout.
Severo Sarduy accompagne ce constat d'une thèse audacieuse intimant que le baroque n'est pas un dispositif artistique conservateur mais révolutionnaire, et un modèle de réflexion sur les changements et les crises, y compris actuelles. Il détermine ensuite le canon néo baroque comme une renaissance du baroque historique exhumé, mais aussi comme modèle d'analyse et d'exécution des oeuvres de la modernité.