J'ai dit deux gros mots en refermant le livre, ce qui est mauvais signe chez moi : )
Soit Sartre a fumé la moquette, soit il est pédant, soit je ne comprends rien et mon cerveau est défaillant.
Bon, j'ai lu une dizaine de livres de philo que j'ai tous appréciés, mais là, non !
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Au début, ça part bien, il définit l'existentialisme comme philosophie où l'existence humaine ( naissance ) précède l'essence ( les projets de l'homme ), alors que pour le coupe-papier, c'est le contraire : on sait à quoi il va servir avant de le façonner.
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Mais après, c'est flou, embrouillé contradictoire, rempli de phrases péremptoires et de certitudes non démontrées, de pirouettes, et il y a trop de « passages du coq à l'âne », c'est-à-dire de manque de transitions, et même d'incohérences.... et je dirais aussi : de mauvaise foi.
Lisez-le, vous me direz si je me trompe ! Ou plutôt, non : il n'en vaut pas la peine.
Un si « grand » bonhomme : c'est triste.
Par exemple, un des nombreux passages flous :
« Nous n'avons jamais discuté le fait que, constamment, l'homme est un objet pour l'homme, mais réciproquement, il faut, pour saisir l'objet comme tel, un sujet qui s'astreigne comme sujet. »
Vous comprenez quelque chose, vous ?
Un exemple de contradiction :
p92 « L'existentialisme n'admet pas la vérité de l'histoire ».
p106 « Les hommes dépendent de l'histoire ».
A la fin, il y a un dialogue avec Pierre Naville, intellectuel communiste et sociologue, donc, quand même pas n'importe qui, et il est capable de lui répondre des petites phrases sèches comme :
« Cela ne veut rien dire »
« Absolument pas »....avant de repartir dans sa nébuleuse, son flou pas artistique.
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Voilà.
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J'avais lu « Le mur » et des nouvelles que je n'avais pas appréciées.
La vie de Sartre me semble aussi brouillonne que ses écrits, et encore plus sa parole qui suit dans le dialogue qui conclut le livre.
Né dans le XVIè, de parents aisés, d'une famille comportant plusieurs polytechniciens, Sartre est un brillant élément, mais un jeune farceur, quelque part surdoué. Il est sur tous les fronts littéraires, roman, théâtre, essais.
Ça ne m'étonne pas qu'il copine avec Boris Vian, après guerre. Deux surdoués qui prennent la vie comme une farce. Celui-ci le met en scène dans « L'écume des jours » sous le nom de Jean Sol Partre.
Bon, « L'existentialisme est un humanisme » est publié à la fin de la guerre.
Sartre crée peut-être « l'existentialisme », inspiré par Descartes et Heidegger, alors que Nietzsche et d'autres parlaient de philosophie existentielle.. JPS est sans doute profondément marqué par l'attitude des collabos, et c'est sans-doute à eux qu'il fait allusion quand il écrit :
« Les uns qui se cacheront, par l'esprit de sérieux ou par des excuses déterministes, leur liberté totale, je les appellerai lâches ; les autres qui essaieront de montrer que leur existence était nécessaire, alors qu'elle est la contingence même de l'apparition de l'homme sur la terre, je les appellerai salauds ».
Phrase pleine de rancune, à mon avis, mais quand même assez floue.
Pour en revenir au livre, je pense qu'il a défini clairement et intelligemment l'existentialisme....
Sa notion prioritaire de « liberté » m'interpelle, me convient .. ; avec certaines limites : on ne peut pas être Bakounine, on ne peut pas tout faire !
Sa notion de « responsabilité » est très intéressante, mais je pense qu'on ne peut pas, comme lui, l'étendre à l'humanité entière quand on fait un choix personnel !
« L'homme se construit », ça aussi, j'adhère...
MAIS...
Bien que dans la pratique, il ait pris fait et cause pour les opprimés, son rattachement à l'humanisme n'est pas évident , car JPS n'est pas démonstratif, lie mal ses assertions, je trouve.
De plus il définit
deux humanismes, le sien et celui d'Auguste Comte qu'il traite pratiquement de fasciste ! Non, on ne peut pas accuser les gens gratuitement comme ça !
Ensuite, il a du mal à situer son mouvement par rapport aux autres lignes philosophiques, proche du marxisme, mais pas dans le matérialisme, ni dans la glorification du futur, loin du déterminisme ( de Zola, dit-il ), car tout n'est pas joué [ ok pour ça ], et enfin loin des chrétiens, même de Jaspers, existentiel chrétien, car celui-ci est dans l'espoir de Dieu, alors que Sartre, athée, pense qu'avec ou sans Dieu, c'est la même chose. C'est pour ça que ses adversaires ont qualifié l'existentialisme sartrien de « pessimiste », ce dont il se défend vigoureusement... sans m'avoir vraiment convaincu.
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Je rajoute mon grain de sel : JPS ne connaissait pas les spirites, mais il est vrai qu'à l'époque, Alan Kardec et ses tables tournantes donnaient l'image de clowns.
Je rajoute deux anecdotes :
-Je me rappelle JPS haranguant les étudiants, sur son tonneau en mai 1968 !
-JPS, perturbé par les cancres au lycée, fut respecté en fin de vie, et en 1980, des dizaines de milliers de personnes ont assisté à son enterrement.
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Désolé pour la longueur de ma critique : )
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Touche finale : bien que j'aie fait un long laïus, preuve que cet auteur m'interpelle, et me rappelle, en plus euphémique, « Blanqui l'insurgé » au siècle précédent,......
...je préfère les belles Lotus de formule 1 « JPS » ( John Player Special ) au JPS sur lequel je viens d'écrire : )
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