AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 403 notes
5
57 avis
4
47 avis
3
20 avis
2
6 avis
1
0 avis
Faisant un petit séjour dans les Vosges, ce Jacques Saussey me semblait tout à fait adapté pour accompagner mon voyage. Heureusement pour moi mon séjour ne fut pas aussi tragique.
Je n'ai cessé tout au long de cette lecture de penser au cauchemar dans lesquels je me trouve parfois imbriquée, impliquée.
Ici Marc Torres accueille une bande de jeunes adolescents chez lui pour faire plaisir à son fils Alexandre qui fête son 18ème anniversaire. Cettejournée ne se passe pas comme prévue. Mathilde, une des jeunes filles, se retrouve bien mal en point en pleine nuit. Pour protéger son fils, Marc Torres, va s'embourber dans les mensonges et des actes qui deviennent délirants et irréversibles. Il ne peut plus s'en sortir, l'engrenage de l'enfer est engagé et il n'arrivera plus à s'en sortir. Il ne peut plus contrôler, il semble sous l'emprise de cet engrenage cauchemardesque.
Connaissant bien les Vosges, j'étais curieuse de voir exactement où se trouvaient la ville et le col cités, mais j'ai appris, dans la note de l'auteur, que c'étaient des lieux inventés pour coller à son intrigue.
Il ne faut d'ailleurs pas chercher les failles, les invraissemblances, car il y en a mais il faut se laisser imprégner par l'environnement, l'atmosphère. C'est ce que j'ai fait et j'ai passé un moment, non pas serein ou sympa, mais un moment glaçant.
Commenter  J’apprécie          590
Prenez une grande maison isolée dans un coin (fictif) des Vosges, une quinzaine de jeunes filles et garçons réunis pour fêter les 18 ans d'un "copain" en septembre 1974, alors que la majorité vient tout juste d'être abaissée à 18 ans. Rajoutez un père veuf et écrivain reconnu, mais complètement inapte à la fonction paternelle face à son fils plus que tordu. Saupoudrez le tout d'une tempête de neige historique (je ne me souviens plus de la date exacte, mais il est véridique que cette année-là on a eu droit à des chutes de neige abondantes et exceptionnellement précoces). le décor est planté, le titre de la pièce est accrocheur, je me suis frottée les mains où tous mes doigts étaient bien au complet, j'ai vérifié, et je me suis préparée à passer un très bon moment.

Ca commence très fort, par une tentative de viol d'une fillette de 10 ans par un ado, en 1968, en guise de prologue, bim dans ta gueule ! Puis on saute directement 3 jours avant le fameux anniversaire d'Alexandre, celui-ci étant en pleines négociations avec son paternel, le grand auteur Marc Torres, pour l'organisation de la fête. Papa finit par accorder l'autorisation pour quinze potes, mais attention : ni drogue ni alcool, sinon ça va barder ! Il est naïf, le papounet, surtout étant donné les frasques passées du fiston... Mais bref, le samedi suivant, les invités arrivent, dont la superbe Mathilde qu'Alexandre compte bien "séduire" (comprenez baiser), de gré ou autrement. Mais il n'est pas le seul sur le coup, évidemment. Et c'est là qu'on commence à comprendre les guillemets au mot "copain" ci-dessus. Et oui, l'ado, c'est parfois cruel. Et voilà-t-y pas que la nature s'en mêle, faisant tomber une couche de neige suffisamment épaisse pour bloquer la route menant chez les Torres, avec en prime un camion couché en travers de la route désormais interdite jusqu'à nouvel ordre. Bien sûr, toute la joyeuse bande va devoir dormir sur place, heureusement il y a suffisamment de couchages pour séparer mâles en rut et femelles aguichantes (je ne caricature même pas !), après une soirée qui se termine au coin du feu avec la guitare et tout et tout. Il y aura même de quoi faire un petit déj' pour tout le monde le lendemain matin, le pied, quoi ! (avec tous ses orteils encore, j'ai compté aussi). faut juste aller chercher quelques baguettes au congélo, à côté du garage. Allez, papa Torres s'y colle, une fois toute la jeunesse aux plumes. Et c'est là que....

A partir d'ici, faut lire si vous voulez savoir. Plein de monde va se croiser dans la nuit neigeuse et glaciale, et certains vont y laisser des morceaux. Qui, pourquoi ? Je ne vous dirai rien de plus.
Pour Alexandre, c'était sa première surprise-partie, et c'est sa fêêête, il fait ce qui lui plaiait, ce qui lui plaiait, comme le chantaient Sheila et Richard Anthony au temps des yéyés, pour moi c'était mon premier Saussey. Sans doute pas le dernier, parce que l'histoire et l'ambiance m'ont scotchée, mais je pense que je choisirai soigneusement le prochain, parce certaines choses m'ont quand même dérangées ici. On est en 1974, d'accord, je veux bien croire que les choses se déroulaient différement de maintenant, mais quand même... Je ne veux pas trop en dire pour ne pas déflorer, mais Alexandre aurait dû bénéficier d'un suivi sur des années, surtout après la perte de sa mère. Et que dire des manoeuvres nocturnes d'appelés en pleine tempête dans ce coin-là, c'est juste impossible, d'ailleurs une caserne au milieu de nulle part en montagne, à ma connaissance il n'y en a pas, mais admettons, c'est une fiction après tout. Pour être juste, l'auteur explique en fin de volume certaines des libertés qu'il a prises avec la réalité, d'un point de vue géographique essentiellement, mais j'ai quand même trouvé à certains moments qu'il en faisait trop, trop de découvertes juste au bon moment, trop de coïncidences, trop de trajectoires qui se croisent presque...
Et certains personnages sont plus que déplaisants, ils n'ont aucun bon côtés. En général ça ne me dérange pas trop, mais là, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, à force cela m'a gênée, parce que même les victimes sont antipathiques. D'où ma note un peu mitigée, alors que je pensais vraiment tomber sur une lecture mini 4 étoiles. Je suis sans doute devenue plus exigeante, à force de dévorer des thrillers, beaucoup de babélamis ont vraiment apprécié, donc si vous aimez le genre, ne vous arrêtez pas trop sur mon appréciation. ce roman a quand même beaucoup de qualités, et je ne me suis pas ennuyée un instant.

A tous les babélamis : je vous souhaite un bon réveillon pour tourner le dos à 2022 et comme on dit chez moi "Guete rutsch" en 2023 ! Tous mes voeux vous accompagnent, Champagne !
Commenter  J’apprécie          5332

Rien que le titre fait froid dans le dos.
Cinq doigts sous la neige.
Des multitudes de questions germent aussitôt dans nos esprits retors.
Ces doigts sont-ils éparpillés ou encore attachés à leur main d'origine ? A leur corps d'origine ?
Ou est-ce que ce sont des doigts de pied ?
Ce ou ces corps sont-ils encore en vie ou ou atteints de la rigidité cadavérique post mortem ?
D'ailleurs, est-ce que ce sont les doigts d'une seule personne ou ceux de cinq personnes différentes ?
Sont-ils brûlés, ensanglantés ? Les ongles ont-ils été arrachés ?
Est-ce que ce sont de gros doigts boudinés, tâchés de nicotine ?
Ou de jolis doigts féminins manucurés et vernis de bleu ciel et d'or, avec des paillettes ?
Est-ce que mettre des doigts dans la neige pendant qu'on dort provoque le même réflexe de la vessie que lorsqu'on plonge une main dans l'eau tiède ?
Autant de questions lancinantes qui m'ont poussé à me procurer le nouveau roman de Jacques Saussey et à le lire aussitôt.
Et croyez-le ou non, depuis que j'ai entamé ma lecture, la température a chuté de dix degrés.
Et je ne crois pas aux coïncidences.

Malgré ses quelques rebondissements, je qualifierais davantage Cinq doigts sous la neige de roman noir ou de roman à l'atmosphère pesante que de thriller.
Angoissant à souhait, il peut rappeler au début Shining de Stephen King ou Vertige de Franck Thilliez pour son côté tempête de neige et huis-clos.
Avec une touche d'Inexorable de Claire Favan, tant pour cet engrenage machiavélique qui se met en place que parce que le livre parle notamment de tout ce qu'un père serait capable de faire pour son fils. Jusqu'à quelles extrémités il serait prêt à aller pour le protéger.
Un sujet peut-être discutable en l'occurrence, mais comme vous le verrez protéger son fils n'est pas juste un instinct paternel mais aussi un acte contenant une part d'égoïsme, d'intérêt personnel.

L'histoire se déroule en septembre 1974, dans les Vosges.
Valérie Giscard d'Estaing avait fixé deux mois plus tôt la date de la majorité en France à dix-huit ans.
Jacques Saussey a volontairement choisi une date lointaine, quand la police ne disposait pas des mêmes moyens qu'aujourd'hui.

Marc Torres est un écrivain de science-fiction de renommée internationale, extrêmement riche.
Extrêmement veuf également, même si le fantôme de feu son épouse Véronique semble hanter sa villa, donnant une dimension parfois surnaturelle et même macabre au roman.
"Une terreur sourde, palpable, aussi tangible et étanche qu'un couvercle de cocotte-minute."
Son fils Alexandre souhaite inviter quelques camarades de classe chez eux afin de célébrer son anniversaire. le père finit par céder mais à une condition : Pas de drogue ni d'alcool.
Alexandre, qui avait envie de s'arracher la tête, insiste. Et son père finit par céder : plusieurs bouteilles de Mister Cocktail, parce que sans alcool la fête est plus folle.
Le jour J ses petits camarades sont conduits un à un par leurs parents. Michelle Morange déposera sa fille Mathilde, aussi jolie que manipulatrice. Jonathan Keller emmènera son fils Romain. Citons également l'inquiétant Pierre, mauvaise fréquentation ou Henri le fils du maire.
En tout dix garçons et cinq filles libres de leurs mouvements tandis que Marc écrit, inspiré, à l'intérieur.
Mais ces jeunes vont-ils pouvoir se contenter d'une fête sage sans qu'un joint ou une bonne bouteille ne circulent entre eux ? Sans que certaines libidos ne se réveillent ?
D'autant qu'une brusque tempête de neige vient perturber la soirée, que les flocons viennent inonder les routes menant chez les Torres, et qu'aucun chasse neige ne passera ce soir pour dégager ces routes devenues impraticables.
"Les milliards de queues de lapin qui tombent du ciel sans discontinuer commencent à recouvrir les traces qu'il a creusées dans le tapis immaculé."
"Les flocons, lourds comme des morceaux de coton congelé, s'abattaient avec une densité qu'il n'avait jamais vu depuis qu'ils étaient venus habiter dans le secteur."

Ce qui se passera exactement cette nuit-là, je vous laisse le soin de le découvrir.
Sachez simplement que Jacques Saussey va doucement placer ses pions tout au long de ses très courts chapitres.
Si le roman est raconté majoritairement par Marc Torres, les narrateurs sont très nombreux et nous permettent de voir progressivement comment des histoires sans lien apparent entre elles finiront par se rejoindre.
Et bien sûr d'avoir les points de vue des différents protagonistes.
Mais seul le lecteur sait ce qui s'est réellement passé.
Par contre il ne sait pas tout non plus, sinon ça ne serait pas rigolo.

Si la dernière partie permet un final en apothéose jusqu'à l'épilogue amoral à souhait, on ne peut pas dire des trois autres qu'elles disposent d'un suspense à couper au couteau.
Leur qualité réside davantage dans leur tension progressive.
Une angoisse sourde, insidieuse, parce que le lecteur est déjà dans l'anticipation de ce qui risque de se passer.
Parce que le décor ( l'isolement, la nuit, les immenses forêts, cette température polaire et son manteau de neige ) se prête tout particulièrement à cette oppression.
Et parce que la peur de certains personnages piégés, qu'ils soient attachants ou non, est communicative. Qu'on la ressent, qu'on se met à leur place si inconfortable soit-elle.

Cinq doigts sous la neige ...
Une ancienne marque de gants qui a fait faillite ?
Des doigts humains, de primates ?
L'un d'eux avait-il un ongle incarné, une verrue, de l'arthrite ?
Sont-ils décomposés ou leur linceul de glace a-t-il permis de les préserver ?
Est ce que seul le majeur pointe tandis que tous les autres doigts sont repliés ?
Pour avoir les réponses à ces questions qui vous taraudent à votre tour, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
En prime vous lirez un excellent roman sombre, où le malaise doucement distillé finira par vous envahir.
Seuls certains choix de personnages principaux ou secondaires m'ont parus extrêmes et peut-être discutables.
Ce qui n'a pas entaché mon plaisir pour autant.



Commenter  J’apprécie          537
La Boum, 3 - avec Safi(lle) Morceaux.
♪♫ Nightmares are my reality...
There was something merdic in the air... ♪♫
En vrac, pour ne rien dévoiler de l'intrigue : viol (premières pages), groupes d'ados et caïds, hormones en ébullition, première surprise-party ♪♫, légionnaire connard, maris volages, mensonges & quiproquos, morts à gogo (autant que de doigts dans la neige ? je ne sais plus, j'ai arrêté de compter).
.
Depuis son terrible 'Enfermé.e' (2018), j'étais restée sur l'équation :
Saussey = valeur sûre
J'aurais dû relire mon billet sur 'Du poison dans la tête' avant de me jeter sur ce dernier thriller de l'auteur. Et me souvenir qu'il était de la même famille d'écriture que Claire Favan.
Pour la nuance et la crédibilité, on repassera.
Pour une adaptation en téléfilm sur TF1 (en 2 parties), c'est jouable ; ça semble même écrit pour.
.
Je n'aime pas les machos crétins, ni les ambiances anxiogènes avec marche interminable dans la neige & la nuit jusqu'à en crever.
Je me suis maudite de ce choix (dernière Masse critique Mauvais genre), j'ai perdu un WE de lecture, ça en dit long sur mon humeur, en ce dimanche soir.
Point positif : je me méfierai désormais de cet auteur et de ses intrigues too much.
Je n'ose même pas le faire tourner dans mon circuit habituel, ce polar formaté & relou.
.
Merci à Babelio et à Cosmopolis.
Commenter  J’apprécie          457
Le mot neige dans le titre m'a attirée et un polar de temps en temps ça fait du bien. Bon démarrage avec cet écrivain qui vit en autarcie avec son fils qui lui demande d'inviter une quinzaine de jeunes pour ses dix-huit ans. On se doute que ça va vite mal tourner quand l'auteur de science-fiction découvre la fille la plus jolie de la bande amorphe dans son garage. Il pense que c'est son fils qui a fait le coup et décide de faire disparaître Mathilde. Nuit de tempête de neige où se trouvera aussi autour du col un militaire et un trousseur de jupons. Tous les personnages sont liés d'une façon ou d'une autre donnant l'impression que cette bourgade, qui semble pourtant grande, n'a que quelques habitants. La suite semble improbable ou alors on est tous des assassins en puissance ! Seul point positif : ça a fait tomber la neige en vrai !
Commenter  J’apprécie          413
Une vallée, source d'inspiration qui dernièrement aura inspiré Franck Thilliez avec « Il était deux fois », Franck Bouysse avec « Buveurs de vent », Bernard Minier et « La vallée », sert cette fois de décor au nouveau roman de Jacques Saussey « Cinq doigts sous la neige » un one-shot. Jacques place donc son angoissante intrigue au coeur des Vosges. Des lacs, des routes non praticables, des maisons isolées, le passé d'un des personnages, raconté en prologue, des adolescents subissant les effets de leurs hormones, et une galerie de personnage sont les ingrédients que le Jacques Saussey tel un chef étoilé incorpore pile au bon moment et juste dans la quantité qu'il faut pour nous régaler.
Ouvrir ce roman, à l'image ses protagonistes, vous coupera du monde. Acheté le vendredi aux alentours de 15 heures, je l'ai terminé dans la nuit. Une nuit blanche (en partie) de nouveau causée par un thriller de l'excellente maison d'édition Cosmopolis, chez qui je l'espère de tout coeur, Jacques aura toute la reconnaissance qu'il mérite pour son talent et sa gentillesse, surtout après le triste épisode FP.
L'auteur nous prouve également ici une nouvelle fois qu'il s'éclate en sortant de la très bonne série Magne-Heslin et que sa plume ne le limite pas à être l'un des meilleurs romanciers polars en France. le thriller à suspense lui va à ravir.
Nous y retrouvons d'ailleurs sa patte dans les relations entre ses personnages, ici, l'amour d'un père pour son fils, qui le pousse à faire des choses irrationnelles, est le moteur principal de cette histoire.
Cette histoire, justement, revenons y. Marc Torres, écrivain à succès vit avec son fils avec lequel la relation est difficile depuis le décès des suites d'une longue maladie de Véronique, leur épouse et mère. Voulant tout faire pour faire plaisir à Alexandre, Marc accepte pour son dix-huitième anniversaire qu'il invite une quinzaine de copains et copines dans leur maison engoncée dans la vallée. Seulement la nuit, la neige et un accident de camion les coupes de tout contact avec l'extérieur. Nous sommes dans les années 70, où il n'y a pas les moyens de communications actuels. Alexandre est fragile, Marc est inquiet. Il devra le protéger des autres, mais surtout de lui-même.
Non pas un, mais plusieurs des personnages seront aspirés dans une tornade dévastatrice.

Lien : https://imaginoire.fr/2020/0..
Commenter  J’apprécie          411
Avec un titre qui donne le topo d'entrée, "Cinq doigts sous la neige", Jacques Saussey nous livre un excellent thriller où la panique fait pleinement des siennes. de nombreux rebondissements, de multiples illusions et faux-semblants pour le lecteur rendent le récit autant angoissant que captivant et l'intrigue encore plus brillante.

L'histoire est celle d'un romancier, veuf qui accepte que son fils tout juste majeur organise au domicile une soirée d'anniversaire avec ses amis, sans alcool et sans drogue. Sauf que, rien ne va se passer comme prévu ... Tout comme une soudaine tempête de neige, l'alcool et la drogue vont pointer le bout de leur nez avec leurs effets secondaires, mais surtout la soirée qui se voulait festive et joyeuse va se métamorphoser en un cauchemar sinon une véritable spirale infernale pour l'écrivain en raison de décisions prises dans l'action. Quand le tragique est lancé, plus rien ne peut l'arrêter et chacun va en faire les frais ...
Commenter  J’apprécie          324
C'est certainement la chronique la plus difficile à écrire cette année, et sûrement celle que je ne m'attendais pas à devoir écrire… Tout d'abord, parce qu'entre les éditions Cosmopolis et moi, c'est une grande histoire d'amour depuis le début : j'ai une très grosse partie de leurs publications dans ma bibliothèque. Ensuite, parce que si vous me suivez, vous savez que j'ai lu le tout premier tome de la série Daniel Magne/Lisa Heslin cet été (« Colère noire ») parce que j'avais adoré « Du poison dans la tête » et que je voulais absolument connaître la genèse de cette rencontre. Par ces deux romans de Jacques Saussey, j'ai été conquise… Tellement conquise que j'ai acheté toute la série mettant en scène ces deux protagonistes.

« Cinq doigts sous la neige » est un one-shot, il ne reprend donc pas ces personnages récurrents. Mais c'était le dernier Saussey, et c'était la nouvelle sortie de Cosmopolis, donc j'y suis allée les yeux fermés, presque en courant pour l'acheter le jour J. Cette chronique n'est que le reflet de mon propre ressenti de lecture, elle n'engage que moi, inutile de sortir le panier de tomates ou de m'attendre au coin de la rue avec une batte de base-ball. D'autres blogueurs en parlent également et de manière très positive, évoquant l'atmosphère anxiogène de ce roman, puisqu'il se passe lors d'une tempête de neige, dans une maison coupée du monde.

Je ne vais pas tourner autour du pot trop longtemps : je n'ai strictement rien aimé dans ce récit. D'abord, je n'ai pas retrouvé l'écriture de Jacques Saussey dans sa délicatesse et son élégance. J'ai même été très surprise par la vulgarité de certaines phrases. Ensuite, je n'ai pas trouvé le message fort qu'il y avait par exemple dans « Du poison dans la tête », qui traitait des violences morales faites aux femmes. J'ai été excédée au possible de retrouver encore un écrivain comme personnage central, déballant les affres de son métier par le menu, sa façon de travailler, ses angoisses et ses innombrables succès. Je n'incombe pas cet état de fait à Jacques Saussey, sans doute une erreur de programmation dans une époque où tout le monde a l'air de vouloir parler de la même chose au même moment.

Parlons justement de ce personnage, Marc Torres, reclus dans son chalet vosgien, surveillant contraint d'une bande d'adolescents en pleine crise d'hormones qui ne pense qu'à picoler ou à se droguer. Aucune des réactions, des paroles ou des actes de Torres ne m'ont semblé crédibles. À aucun moment, je n'ai pu m'attacher à ce personnage ni croire une seconde à ses décisions prises en dépit du bon sens. Je n'ai pas adhéré non plus au fait de laisser supposer que, sous la proie d'un stress intense, on puisse faire autant d'âneries en une seule nuit. Pour un écrivain, j'ai envie de dire que le personnage de Marc Torres a deux neurones et une absence totale de discernement et de réflexion. D'ailleurs, sa relative sévérité à l'encontre de son fils en début de roman prouve bien qu'un câble a littéralement grillé dans son cerveau cette nuit-là. Je n'ai ressenti aucune émotion, ni pour l'écrivain, ni pour les ados, ni pour les parents venus récupérer leur progéniture le lendemain de la fameuse nuit quand l'un manquait à l'appel. Je n'ai pas compris non plus ce que venaient faire là les chapitres consacrés aux militaires crapahutant dans la neige sous la direction d'un type givré du cerveau qui ne fonctionne qu'à la haine gratuite, à part peut-être pour lancer un débat sur le monde militaire. La place accordée à la présence de ces militaires n'est pas suffisamment développée pour avoir pu prendre la mesure de l'utilité de ces scènes dans le roman. L'atmosphère supposée anxiogène n'est pas arrivée jusqu'à moi, je n'ai éprouvé ni peur ni angoisse. Même la fin n'a eu aucun effet puisque je l'ai vue venir à des kilomètres.

Alors que dire ? Rendez-vous raté pour « Cinq doigts sous la neige », mais rendez-vous maintenu pour les suivants. Même si la magie n'a pas opéré cette fois-ci, cela ne veut en aucun cas dire qu'elle n'opérera plus, ou qu'elle n'opérera pas pour vous. Je vous conseille, comme d'habitude, de le lire pour vous faire votre propre avis.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          2313

Une grande maison sur un promontoire, habitée par un écrivain célèbre. Sa femme est décédée et leur fils adolescent lui pose quelques soucis.
Il l'autorise néanmoins à inviter ses camarades pour fêter son anniversaire. Une soudaine et intense chute de neige, les cloîtrera loin de tout pour la nuit.
C'est alors que le drame survient.
Ce qui est original est la période dans laquelle se déroule le récit, le milieu des années 1970 : pour téléphoner à ses amis, il faut passer par les parents ; pour écrire un roman, il faut taper à la machine ; pour survivre, un criminel doit échapper à la peine de mort.
Il est vrai que lorsque le téléphone portable et Internet sont sortis de l'équation, les thrillers gagnent en possibilités notamment en matière de huis-clos.
Quelques personnages gravitent autour de cette maison et vont poser leurs pierres à l'édifice du suspens.
Mais voilà, si tous les ingrédients sont réunis, la sauce ne prend pas. À mon sens, cela est dû à la platitude du style qui m'a laissée au bord du chemin, regardant tout ce petit monde s'agiter sans susciter mon intérêt.
J'avais gardé un très bon souvenir de Principes mortels. Il est vrai qu'Enfermé.e m'avait laissée perplexe mais ici c'est une vraie déception.
Commenter  J’apprécie          202
Jacques Saussey est, pour moi, un des meilleurs auteurs français de polars contemporain. Il parvient à se renouveler et changer d'univers à chaque roman, ce que je trouve très fort.
Cette fois-ci, l'action se passe en 1974 dans les Vosges.
Marc Torres est un écrivain à succès qui a acheté une grande maison dans une vallée isolée et y vit seul avec son fils depuis le décès de sa femme.
Alexandre à 18 ans et des problèmes scolaires et relationnels. Son père s'inquiète beaucoup pour lui car il est assez incontrôlable. Pour lui faire plaisir, il accepte d'organiser une fête pour son anniversaire. Alexandre invite donc 14 élèves de sa classe. Mais la tempête de neige arrive et force les ados à rester dormir dans la maison de Marc Torres car les routes sont impraticables. Au cours de la nuit, Marc va trouver la jeune Mathilde en état d'overdose. Il pense d'abord à la sauver puis pensant que son fils est peut-être responsable de son état, il va être amené à prendre des décisions radicales et irrationnelles pour protéger Alexandre.
Le suspense est très efficace grâce au huis-clos, à la situation climatique nocturne.
J'ai lu ce roman très vite tellement je voulais connaître la suite. Les rebondissements et les personnages secondaires sont nombreux. Chacun a ses secrets, ses parts d'ombre.
Un excellent thriller.
Commenter  J’apprécie          170




Lecteurs (959) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Colère noire" de Jacques Saussey.

Quel est le prénom du nom de Heslin qui aide Magne dans son enquête ?

Lise
Lisa
Lisy

10 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : Colère noire de Jacques SausseyCréer un quiz sur ce livre

{* *}