Quand j'ai vu dans la dernière Opération Masse Critique de Babélio qu'il y avait ce recueil d'
Annie Saumont "
Florilège", j'ai de suite demandé à le recevoir.
Annie Saumont, j'ai eu le bonheur de la découvrir vraiment grâce à l'animation "Passerelles du Samedi" que nos bibliothécaires lui ont consacré il y a quelques mois. J'avais lu deux recueils à ce moment-là et étais restée sous le charme, complètement conquise par cette écriture absolument incroyable et cette maîtrise exceptionnelle de cet art littéraire que cette grande nouvelliste manifeste à chaque fois. Lire
Annie Saumont, lire ses nouvelles, est un pur bonheur de lecture. Alors un "
Florilège", vous pensez!...
Ce recueil réunit à lui seul quelque 43 nouvelles signées
Annie Saumont, soit un condensé de sa bibliographie qui, je l'imagine aisément, n'a pas dû être facile à composer. En témoigne
Josyane Savigneau dans la préface qu'elle a rédigé spécialement pour ce "
Florilège".
Je ne peux par conséquent pas vous parler de chacune de ces 43 nouvelles. C'est pourquoi j'en ai sélectionné une "Une année avec papa". Non pas parce qu'elle serait la meilleure. A mes yeux, elles sont toutes d'égales valeurs. Mais simplement parce que celle-ci m'a peut-être un peu plus émue que les autres, parce qu'elle me correspond peut-être davantage, que j'y ai trouvé quelques, oh! légères, similitudes avec mon parcours mais des similitudes bien réelles cependant.
"Une année avec papa" se présente comme un calendrier avec chaque mois qui s'écoule, d'octobre à juillet. Celle qui parle, c'est une jeune fille, lycéenne. Elle vit dans un appartement, en ville, entre sa mère, 40 ans, prof de physique, sérieuse, stricte, un peu sévère, du moins aux yeux de sa fille. Et son père, plus jeune que son épouse, beau, avec qui elle partage seule, chaque année, des vacances inoubliables à la montagne. Son père qui a vécu mai 68, qui en a gardé le souvenir de son gros orteil cassé par un pavé reçu dessus pendant le mouvement étudiant. Son père, doux rêveur, qui aurait aimé vivre à la campagne, de ses propres cultures et élevages, et qui aujourd'hui se retrouve statisticien dans une grosse entreprise.
Chaque mois qui défile l'un
après l'autre, la jeune narratrice évoque une anecdote, un doux moment de complicité partagée avec son père, ses notes, bonnes, au lycée, son travail de lycéenne sur lequel sa mère veille, attentive, ses vacances à la montagne et les randonnées faites avec son père pour aller voir haut, toujours plus haut, de manière à être au plus près de ce ciel, bleu azur et toucher les nuages. Ce ciel qu'il a fini par rejoindre, lui qui n'est plus
à présent qu'un chiffre supplémentaire dans les statistiques de la Sécurité routière...
Je n'en dirai pas plus si ce n'est la puissance des sentiments exprimés, et surtout la force des émotions qui s'exprime en quelques mots, deux trois phrases tout au plus, sur la fin de cette nouvelle.
Et ce style imparable, cette maîtrise de cet art ô combien difficile, se retrouve à chaque fois tout au long de ce recueil qui nous parle la vie telle qu'elle est, comme elle est, et que les éditions Julliard ont choisi d'éditer en hommage à cette talentueuse et merveilleuse nouvelliste,
Annie Saumont, disparue en janvier dernier.
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