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sur 4214 notes
LE LISEUR
Il y a des romans, comme celui-là, courts, où lecteur, tu t'en prends une bonne.
Où quand tu as tourné la dernière page imprimée, tu cherches encore, et quand tu tournes les pages blanches « décoratives « avant d'arriver à la couverture, tu rêves de voir quelques caractères imprimés noirs sur le blanc. Et, non, rien, le blanc, le vide. Alors, tu songes, tu imagines la suite, car tu aurais voulu que cette histoire ne prenne pas cette fin implacable, sans appel, tu voudrais reconstruire l'histoire, remettre en route les personnages, leur donner un nouveau souffle.
Pourquoi ce livre est tombé entre mes mains ? Je ne sais plus trop.
Cette histoire, celle de Michael, est à la fois magnifique et atroce. Horriblement belle.
La force de ce roman, de son écriture, est dans son opposition du Beau et du Laid. Dans un contexte historique clair et précis et ô combien sensible.
Je résume, Michaël a 15 ans lorsque, malade, dans la rue, vomissant, il est secouru par une jeune femme de vingt ans son aînée, elle le secourt très délicatement, efficacement et silencieusement. Il retourne chez elle peu après pour la remercier de son aide, et à la faveur d'une image fugace, sensuelle, tombe amoureux, ils s'aiment pendant quelques mois, puis elle disparaît.
Bien plus tard, elle réapparaît, accusée comme criminelle de guerre, nazie. Gardienne de camp. Auschwitz.
Le roman est à la fois historique, très ancré dans ces années 60's où l'Allemagne n'en finissait pas de sa culpabilité. Certes les plus grands criminels, les plus en vus, avaient été éliminés au cours de procès assez médiatisés, mais il en restait, combien de ces petits criminels, des gens comme tout le monde, ou presque « il n'est pire aveugle ». Hanna, l'amante, fait partie de cette seconde charrette, celle des seconds couteaux. Ne se défendant pas, ou très mal, cachant son analphabétisme, qui alors saute aux yeux de Michael. Lui non plus ne savait pas. Elle le cache, elle a honte. Analphabétisme ou aveuglement quant à la propagation telle une gangrène de la barbarie humaine. Est-ce que son analphabétisme n'est pas le nôtre ? Certes, nous savons lire et écrire, au contraire d'Hanna. Mais est-ce que nous avons su lire ? quand il en était temps ?
Etant honnête avec elle-même, elle ne se défend pas et elle prend le maximum en années d'emprisonnement, au contraire de ses petites camarades qui se défaussent.
Bernard Schlink vient alors en découdre avec la justice ou l'injustice qui laisse passer les faussaires qui ont vu clair et qui voient encore clair et qui condamne les « aveugles ».
Il a soin d'aborder la thématique du qui a fait quoi ? qui sait ? qui savait ? qui aurait dû savoir ? Qui faisait quoi en quelle connaissance de cause ?
Toutes ces questions posées aux Allemands dans les années 50, 60 et 70 encore, mais je pense qu'aujourd'hui ce livre a une portée universelle. A quel moment, n'avons-nous pas été nous aussi analphabètes. Car il est vrai, que il est plus simple, en apparence, de ne pas savoir lire que de lire la réalité, ou, la vérité.
Mais le livre ne s'arrête pas là. Michael, l'adolescent devenu adulte, emblème de cette Allemagne moderne qui se reconstruit, veut oublier le passé. Cependant, il garde le contact avec Hanna. Mais un contact impersonnel, symbolique, de ce lien de la honte avec le nazisme. (« je ne peux pas t'ignorer, mais on en reste au stade de la simple connaissance, merci, au revoir »).
Michael a beaucoup de mal avec la culpabilité. Ne veut rien savoir, « je n'y étais pas, j'étais trop jeune. Puis je ne peux fermer ni mes yeux, ni mes oreilles. C'est aussi mon histoire. »
Il en aura fallu des années, et ce roman, pour qu'enfin on passe de la culpabilité à l'ouverture des portes et des fenêtres et un regard juste, clair, limpide sur ce qui a été.
Le court roman de Bernard Schlink fait partie de cette large et salutaire ouverture, ouverture contre la bêtise et sa copine, l'horreur avec autorisation.
Deux citations pour conclure :
« Je renonçais donc à raconter. Si la vérité de ce qu'on dit, c'est ce qu'on fait, on peut aussi bien renoncer à parler ».

« En même temps, j'étais triste pour elle, triste de sa vie, retardée et ratée, triste des regards et des ratages de la vie en général. Je songeai que quand on a laissé passer le bon moment, quand on a trop longtemps refusé quelque chose ou que quelque chose vous a trop longtemps été refusé, cela vient trop tard, même lorsqu'on l'affronte avec force et qu'on le reçoit avec joie. A moins que le « trop tard » n'existe pas, qu'il n'y ait que le « tard » et que ce « tard » soit mieux que « jamais » ? Je ne sais pas » »
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Petit pincement au coeur lorsque la dernière page du livre a été tourné… J'en aurais voulu encore et encore tellement cette histoire est parfaite. Michael tombe rapidement amoureux de la belle Madame Schmid. Amoureux avec un grand A, une première histoire d'amour pour lui et il pense que c'est la femme de sa vie jusqu'au jour ou les évènements en décident autrement. J'ai eu un énorme coup de coeur pour la 2ème partie du livre car il évoque la guerre (un de mes thèmes préférés). L'histoire de cette dame est assez bouleversante. Michael, par les évènements, se revoit refaire sa vie ce qui n'a pas du être facile pour lui.
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C'est un livre poignant et au-delà de l'histoire forte entre Hannah et le narrateur, il y a une réflexion profonde et intéressante sur la façon dont a été perçu par la jeune génération allemande ( années 1960 environ) le comportement de leurs parents pendant l'époque nazie: participation active au régime ou passivité, politique de l'autruche.Le narrateur est sans cesse déchiré entre les beaux souvenirs amoureux de ses quinze ans, de sa liaison avec une femme de trente-six ans et ce qu'il découvrira d'elle, sous un aspect tellement peu tolérable, lors d'un procès: celui d'une ancienne surveillante SS.Il aura aussi une autre révélation, qui lui fera comprendre pourquoi Hannah était fascinée par la lecture à haute voix que lui faisait son " liseur"...
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A quinze ans, Michaël tombe amoureux d'Hannah, une inconnue de vingt ans son aînée. Pendant quelques mois, le jeune garçon fait la lecture à sa maîtresse, avant que celle-ci ne disparaisse brutalement sans laisser d'adresse. Quelques années plus tard, c'est dans un tribunal dans lequel se tient le procès de cinq femmes criminelles de guerre que Michaël reconnaît Hannah, sur le banc des accusées.

Clairement, ce roman m'a posé un problème de rythme: trop lent à mon goût dans la première partie, il s'accélère brusquement au moment du procès, quand j'aurais eu besoin de plus de temps pour pouvoir suivre toutes les pistes de réflexion proposées: la culpabilité, le pardon, l'oubli, la rédemption, le poids du premier amour... J'ai dû parfois m'accrocher et relire plusieurs fois la même phrase pour bien la comprendre (par exemple: "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hannah soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres?" ).

Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages non plus, trop mystérieux ou trop loin de moi...
L'usage du "je" est un peu troublant: fréquemment, j'ai eu plus l'impression de lire une biographie se transformant en essai historique sur les séquelles du nazisme chez les générations allemandes qui l'ont suivi, plutôt qu'un roman.

Pourtant, je garderai de ce texte le souvenir d'un récit puissant, fort et violent, qui aborde en particulier la question de la culpabilité, ou du sentiment de culpabilité, du peuple allemand face au nazisme du point de vue de l'intérieur. Pour ma part, il nécessiterait volontiers une relecture de sa deuxième partie pour que je puisse profiter pleinement des pistes de réflexion qui sont proposées, sans qu'aucune réponse toute faite ne soit apportée!...
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Michael, adolescent tombe amoureux d'Hanna, une jeune femme de 35 ans, puis, leurs chemins se séparent et ne se rencontrent à nouveau que lors d'un procès, où Hannah est accusée et Michaël observateur dans le cadre de son cursus universitaire. Une réflexion sur la culpabilité, la justice, la réparation, l'amour. Un récit juste et émouvant.
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J'ai découvert "Le liseur" un peu par hasard, connaissant de nom sans en connaître le résumé. Avec un récit profond et des personnages touchants, ce roman frôle le coup de coeur !

Ce livre possède une dimension philosophique qui rend par moment la lecture parfois difficile ; certains passages tiennent plus de l'essai philosophique que du roman. de plus, j'ai trouvé les premières pages un peu confuses dans la mesure où je n'ai pas tout de suite compris où et quand se déroulait le récit. Je me suis d'abord cru en Suisse dans les années 1960 avant de comprendre que j'étais dans l'Allemagne d'après guerre.

La première partie traite surtout de la liaison entre Michaël, un ado de quinze ans et Hannah, une femme célibataire de trente cinq ans. En dépit de leur différence d'âge, leur histoire est passionnée, mais Hannah reste imprévisible et secrète.
Elle disparaît brutalement de la vie de Michaël, et réapparaît de façon aussi inattendue quelques années plus tard : elle est jugée avec d'autres femmes pour répondre de ses actes commis à Auschwitz, lorsqu'elle était surveillante du camp. Ce procès occupe donc la seconde partie du livre, procès dans lequel Michaël commence à comprendre le comportement de son amante. Michaël tente de faire la part des choses entre le jugement, Hannah méritant punition pour ses crimes, et la compréhension, les éléments qui s'acharnent contre elle et à défaut de les excuser, explique ses actes.

Ce livre se lit très rapidement, d'abord parce qu'il est court mais aussi parce qu'il est réellement prenant et émouvant, et qu'il est difficile à lâcher une fois ouvert. Il soulève des questions auxquelles l'auteur cherche à répondre sans pouvoir apporter une réponse unique et définitive.
Le jugement d'Hannah devient le jugement d'une génération, où les parents sont jugés par leurs enfants nés après ou pendant la guerre. Pourquoi n'ont-ils pas résisté ? Comment justifient-ils leur collaboration, active ou passive ?

On voit Michaël évoluer d'un bout à l'autre du roman ; d'un jeune adolescent candide et passionné, il devient un adulte plus terre-à-terre et presque blasé. Il est impossible de ne pas être interpellé et même ému par Hannah ; en dépit de son passé, on la voit autant comme une coupable qu'une victime.

Ce livre est à lire par quiconque s'intéresse à la Seconde Guerre mondiale ; il a la particularité de se dérouler après 1945, et de traiter d'un aspect moins souvent évoqué en littérature : les procès des criminels nazis et les marques laissées sur la population allemande par le génocide.
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Un roman bouleversant, qui a le mérite d'adopter un angle de vue différent et original parmi tout ce qui a pu être écrit autour de la seconde guerre mondiale et des situations qu'elle a pu générer. le personnage d'Hanna est poignant dans ce qu'il a d'incompréhensible et pourtant de tellement humain. Quant à Michaël, sa quête de la vérité est autant celle de la confrontation d'une génération avec son passé nazi que la volonté de trouver une explication (une justification) à l'amour éprouvé pour cette femme, à présent considérée comme un monstre. Bernard Schlink traite ces sujets difficiles avec une réelle finesse qui permet au lecteur de s'interroger tout au long du livre. Un roman magistral, dont on se souvient longtemps, un de ceux qui apportent leur pierre dans la construction de sa propre culture, de ses propres idées.
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Un de mes livres majeurs. le cinéma me l'a fait lire. J'ai aimé les deux.
La narration en "Je" vous insère dans la tête du jeune homme puis de l'homme mûr. Quel que soit l'âge, le questionnement demeure. Sur l'obstination à taire son handicap; sur la justice implacable ; sur l'impossibilité de réparer ou d'effacer le destin; sur la brusquerie de l'amour.
Lu ensuite un recueil de nouvelles "Mensonges d'été." Et puis, plus rien de cet auteur, ancien magistrat et homme politique. le liseur m'avait comblé.
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Comment résumer ce magnifique livre le Liseur de Bernhard Schlink sans entacher son intensité ?
Michael Berg est un jeune homme de 15 ans, atteint de la jaunisse. Un jour qu'il connait un malaise dans la rue, Hanna, une femme de 36 ans lui vient en aide. Une relation s'installe entre eux. Une relation particulière qui les amène à un rituel peu commun – avant de faire l'amour, Hanna réclame à Michael la lecture de quelques pages d'une oeuvre littéraire. Michael s'y adonne avec joie, fier d'être unique aux yeux de quelqu'un. Cette relation va durer quelques mois. Elle va donner une grande confiance à ce jeune homme.
Mais « cet été là fut la descente en vol plané de notre amour ». Michael passe en seconde et se fait de nouveaux amis.
Et…un jour, Hanna disparait.
Dans la seconde partie, Michael retrouve Hanna sur le banc des accusés alors qu'il est étudiant en droit. Ce procès va lui permettre de percer la personnalité d'Hanna. Ça va lui permettre aussi de percer son secret et de se sentir un peu responsable de cette femme indépendante qui cache sa souffrance.
Dans la troisième partie, Michael essaye de venir en aide à Hanna. Mais peut-on vraiment aider l'autre ?
Le livre est truffé de questions sans réponse et cela lui donne une intensité remarquable.
Bernard Schlink aborde plusieurs thèmes dans ce livre : l'amour (l'amour a-t-il un âge ?), l'échelle sociale, la honte, le nazisme (condamnations rétroactives), la culpabilité.
Le narrateur Michael Berg, le jeune homme, analyse avec finesse et interrogation cet attachement.
Ce livre a une place de choix parmi mes livres.
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Le narrateur est un adolescent allemand qui rencontre fortuitement une femme plus âgée, Hanna. Troublé, le jeune homme se rend chez elle, et, très vite, une relation intime se noue entre eux, sans que les parents de Michael ne semblent alertés par les escapades de leur fils, dont la santé est pourtant fragile. Au fil de leurs rendez-vous, Michael prend l'habitude de faire la lecture à la jeune femme, qui découvre ainsi, grâce à la voix envoûtante de son jeune amant, de grands auteurs .
Mais Hanna garde ses distances, malgré la folle histoire d'amour qu'elle vit avec Michael, l'espace d'un été. Puis elle disparaît, ce qui ajoute au mystère qui entoure sa vie...
Des années plus tard, Michael est devenu un brillant étudiant en droit , et c'est à l'occasion d'un procès auquel il assiste dans le cadre de ses études d'avocat, qu'il découvre, sous les traits d'une des accusées ... Hanna, celle-là même dont il fut le "liseur", et qui a totalement disparu de sa vie .
Ce roman, dont je ne vous révèlerai pas la fin, est passionnant, dans la mesure où l'on y découvre un personnage (Hanna) emportée par l'histoire, présumée coupable, sans doute en partie coupable, mais dont la présence sur le banc des accusés doit beaucoup à des circonstances tragiques.
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