Scenes from Childhood, Op. 15

Liszt répond le 5 juin 1839 dans son français souvent assez peu correct: «Quant aux Kinderszenen je leur dois une des vives jouissances de ma vie. Vous savez ou ne savez pas que j’ai une petite fille de 3 ans que tout le monde s’accorde à trouver angélique (voyez quelle banalité!). Son nom est Blandine-Rachel et son surnom moucheron. Il va sans dire qu’elle a un teint de rose et de lait, et que ses cheveux blonds d’ores lui viennent jusqu’au talon tout comme à une sauvage. C’est de reste l’enfant le plus silencieux, le plus doucement grave, le plus philosophiquement gai du monde. J’ai tout bien d’espérer aussi qu’elle ne sera pas musicienne, si dont la Dieu le garde. Eh bien! mon cher Monsieur Schumann, deux ou trois fois par semaine je lui joue dans la soirée vos Kinderszenen, ce que la ravit et moi bien plus encore comme vous imaginez au point que souvent je lui répète 20 fois la première reprise sans aller plus avant.
Vraiment je crois que vous seriez content de ce succès si vous pouviez en être témoin.».

Les 9 et 10 février 1838, Robert Schumann note dans son journal: «Jusqu’à vendredi, j’ai vécu partagé entre rêveries, travail, bonheur et composition.» Les premières semaines de cette année 1838 sont pour le compositeur une période des plus fécondes.