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Philippe Poncet (Traducteur)
EAN : 9791097567217
150 pages
Folies d'encre (09/06/2022)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Ferenc, juif hongrois et père de Rachel, est un latiniste cultivé. À la suite de quelques investissements désastreux et contre l'avis de sa femme, il décide d'immigrer au Brésil, grand pays de culture catholique. Dans sa soif de citoyenneté et d'universalité, il pousse le processus d'assimilation jusqu'à s'installer dans la ville de Porto Alegre, non pas dans le quartier juif de Bom Fim, mais au Partenon. Ferenc inscrit sa fille Rachel au collège des Bonnes Soeurs a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ferenc, juif hongrois, a quitté l'Europe après des investissements ratés. Avec femme et enfant, il a choisi le Brésil pour recommencer sa vie. Cultivé et convaincu que l'éducation ouvre toutes les portes, il inscrit sa fille Rachel au collège tenu par des religieuses, catholiques évidemment. Dès lors, l'enfant doit composer entre son héritage juif et la fascination qu'exerce sur elle ce christianisme jusqu'à alors inconnu. Terrifiée par la damnation promise au peuple élu dans le Nouveau Testament, Rachel se bricole une religion qui la sauvera, entre croix rédemptrice et dieux païens.

Le roman est construit autour d'une journée de Rachel, alors âgée de 37 ans. le lecteur la suit dans la canicule alors que ses souvenirs se bousculent et dressent son portrait. le narrateur est JE. C'est un dieu. C'est Dieu, quel que soit le nom qu'on lui donne. « JE l'ai dit. JE suis celui qui compte les heures et les jours. JE suis celui qui décide du temps imparti à chacun. » (p. 105) Il sait tout de l'histoire de cette femme un peu perdue, coupable de tant de trahisons anodines et pourtant tellement pardonnable, qui cherche surtout comment vivre en repoussant l'inéluctabilité de la mort.

J'ai ressenti beaucoup de sympathie pour Rachel. Sans doute parce que j'approche de son âge et que certaines de ses questions sont les miennes. Mais surtout parce que cette môme têtue à l'imagination fertile et à la volonté affirmée est l'enfant que j'aurais aimé être.
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Pendant une journée, nous allons entrer dans la tête de Rachel, trente-sept ans, d'abord à son lever dans sa maison coloniale, puis dans sa voiture. le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est tourmentée.

Ses pensées commencent par le début, sa naissance, ses parents, Ferenc et Maria Szenes, juifs hongrois. Ferenc était issu d'une famille tellement riche que le travail et les études étaient dénigrés. Il a appris le latin en autodidacte et écrit un livre sur l'emploi du génitif, jamais publié. Malheureusement, il a dilapidé son bel héritage avec des investissements désastreux, notamment une École des hautes études des langues latines qu'il a dû fermer faute d'élèves.
Ferenc décide donc d'émigrer d'Hongrie au Brésil (Porto Alegre).
Il s'installe au Parthenon, dans un quartier non juif, espérant pouvoir trouver un emploi comme professeur de latin, et comme il échoue, il ouvre un magasin d'outillage.

Contre l'avis de sa femme, il inscrit sa fille Rachel dans un collège de bonnes soeurs afin qu'elle apprenne le latin.
Rachel, comme juive dans ce milieu catholique, se sent discriminée et est en proie à une angoissante quête d'identité. Elle ne sait pas à quel Dieu se vouer ! Nous allons nous immiscer dans ce cerveau troublé où il est difficile de démêler la part de réalité de mysticisme ou de folie.

C'est un récit très imagé qui démarre par « JE suis celui dont le nom ne peut être prononcé », mise en abime de notre lecture, car ce « JE » sait tout et est omniprésent avec Rachel. Cette dernière sent qu'elle est suivie.

La construction de ce petit livre est linéaire puisqu'elle suit un ordre chronologie mais assez déroutante parce que Rachel passe de petites mesquineries comme truander un pompiste, à l'évocation de sa relation enflammée avec Francisco, à un rêve sur l'éternité en forme de colonne d'acier, au mépris d'Isabel, sa bonne, à sa gestion musclée du magasin d'outillage…

Mon avis est mitigé. J'ai été happée au début par l'originalité de la prose mais j'ai eu du mal à bien entrer dans la tête de Rachel. Quelques fragments m'ont captivée mais l'ensemble me paraît confus et anarchique. Mon désintérêt a débuté avec la colonne d'acier de l'éternité : comment peut-on se représenter l'éternité comme une colonne d'acier ?
Je pense qu'il s'agit d'un livre intéressant mais qui n'est pas à ma portée.
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Ce livre court est admirablement bien écrit. Ses chapitres brefs sont autant de morceaux choisis de la vie de notre héroïne qui dessinent, par touches successives, son destin.

Rachel est la fille unique d'immigrants juifs hongrois qui choisissent de s'installer au Brésil, après que le père eut dilapidé en investissements hasardeux la fortune familiale. le père, grand latiniste reconnu en Hongrie, subit une sorte de déclassement au Brésil.

Le lecteur assiste à son adolescence chaotique, mais pas plus que celle d'une autre, de ses camarades catholiques, par exemple, puis à son entrée dans la vie adulte et à ses joies et à ses douleurs...jusqu'au dénouement. En cours de route Rachel est confrontée aux questions les plus essentielles de la vie : la vie, la mort, le péché, l'éternité, l'infini, le Salut...Je ne divulgâcherai pas davantage.

Rachel se pose toutes ces questions dans un contexte brésilien, catholique où la tradition religieuse afro-religieuse reste présente ; toutes ces influences se cognent avec la tradition juive dont ses parents sont porteurs mais dont ils s'éloignent ne serait-ce par leur renoncement à habiter dans le quartier juif, ce qui avait été probablement le cas en Hongrie, avant leur départ pour le Brésil

Rachel s'acculture, et développe une sorte de syncrétisme (influence juive, catholique, afro-religieuse) et s'éloigne imperceptiblement de ses racines.

Mais pourra-t-elle garder cet équilibre ? L'intégration, l'assimilation ne l'obligera—t-elle pas à couper le cordon ombilical ? Mais a-t-elle bénéficié d'une transmission efficace de ses parents ? Ont-ils même désiré cette transmission ?La clé est dans les mains d'un personnage double : Miguel. Juif, lui aussi, originaire de Pologne, askhénaze comme la famille de Rachel. Il est littéralement habité par sa judéité, jusqu'à la folie. Mais n'est-il pas dans une relation privilégiée avec Dieu, le Dieu de son peuple ? N'est-il pas le Gardien de Son Temple ? le croit-il simplement ?

Il n'est pas simple de déterminer l'idée, le fil conducteur de ce texte un peu déroutant. C'est à, de mon point, la grande faiblesse de cette ouvrage : la perplexité du lecteur au terme de sa lecture. On ne peut s'empêcher de se demander : Qu'a-t-il voulu nous dire ?

Osons une hypothèse Ce qui suit est donc une conjecture.

Au final, c'est un message désespéré que j'ai perçu dans le texte de Moacyr Scliar. Il semble indiquer qu'il n'y a pas d'alternative autre que l'assimilation ou la préservation de sa culture (inséparable de la religion et vice versa). La première appelle un renoncement et l'enfouissement dans l'intime de tout une partie de ce que les parents ont transmis ; la seconde rend la vie sociale dans le nouvel environnement problématique. L'hybridation est-elle alors un concept pertinent dans une logique d'é- ou immigation ? La co-habitation, la co-existence ne permet pas de garder étanches les différents « caissons » de notre personnalité et de notre culture dans sa pratique et réalité concrète.
La traduction de Philippe Poncet est de qualité ; la mise en français du texte de Moacyr Scliar nous restitue au mieux le texte original. On peut simplement regretter quelques hésitations orthographiques entre Thérèse et Teresa, entre Parthénon et Partenon.
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Tout d'abord merci à Masse critique Babelio de m'avoir adressé ce livre. Lorsque vous êtes lecteur « acharné », il est toujours agréable de recevoir un livre.
Dans un vocabulaire familier je dirais que l'histoire est « complètement barrée ». Moacyr Scliar nous raconte l'histoire de Rachel enfant qui grandit aux côtés d'un père qui n'a d'attention pour le latin (et bien oui c'est possible) et une mère inexistante (en tout cas c'est comme ça que je l'ai perçue). Adulte elle peine à avoir une vie stable.
Si on en croit la quatrième de couverture l'auteur « narre la difficile hybridation culturelle, l'épineux choix entre les dieux… » Je n'y ai vu qu'un méli-mélo excentrique qui ne racontait pas grand-chose d'intéressant. Dans un style très décousu on suit difficilement la vie de Rachel. Des élans mystiques donnent lieu à des digressions religieuses qui n'apportent rien.
Cette Rachel m'a été antipathique du départ, je lui ai trouvé un côté sournois. Chaque fois que l'auteur raconte les déplacements de Rachel en voiture j'avais en tête l'image de Cruella dans le dessin animé de Walt Disney. C'est vous dire si je me suis peu imprégnée du personnage.
Bref je n'ai pas compris, donc pas aimé, ce livre. Dommage car l'objet est joli, de belle qualité.
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Rachel, jeune fille d'origine hongroise, vit à porto Alegre au Brésil avec ses parents, émigrés de fraîche date. Juifs, leurs affaires périclitaient dans leur pays, et le père, Ferenc, latiniste émérite ne vivait que pour les langues anciennes. Il a donc décidé de quitter la hongrie et d'inscrire sa fille dans une école catholique pour qu'elle puisse bénéficier de leur enseignement.
La juxtaposition de ces religions ont fabriqué une Rachel différente, pleine de vie et d'entrain certes, mêlant la Vierge Marie et les principes de sa judéité, bouleversé sa vie et fait choisir des chemins de traverse ; Heureusement Dieu, «  JE » veillait sur elle, « JE » la suivait du regard, mettait ses pas dans ses pas, la sortait de l'embarras où elle se fourrait avec enthousiasme.
Roman fourmillant de mille détails, de personnages improbables, plutôt déroutant mais entraînant. J'ai suivi, approuvé et désapprouvé les choix de cette jeune personne, apprécié le coté un peu déjanté du roman et savouré la fin, inattendue !
Merci à Babelio et aux éditions Folies d'encre pour m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« JE l’ai dit. JE suis celui qui compte les heures et les jours. JE suis celui qui décide du temps imparti à chacun. » (p. 105)
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Video de Moacyr Scliar (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Moacyr Scliar
Depuis le jardin botanique de Rio de Janeiro, Olivier BARROT présente le livre de Moacyr Scliar "Le carnaval des animaux" paru aux éditions du Serpent à plumes.
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