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Léo Dilé (Traducteur)
EAN : 9782877302838
420 pages
Editions Picquier (19/05/1998)
4/5   26 notes
Résumé :
Voici, révisée et mise à jour, la célèbre édition de la biographie de Mishima. Henry Scott-Stokes reconstitue la jeunesse de l'homme et la genèse de l'oeuvre

Source : Picquier
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici quelques temps, j'ai fait l'acquisition sur le marché du livre d'occasion de plusieurs romans de Mishima édités en Folio.
Pour compléter cette emplette, j'ai acheté cette biographie.
En effet, il m'a paru utile avant de me lancer à la découverte de la prose de cet auteur de mieux connaitre le personnage.
Cette biograhie est l'oeuvre du journaliste anglais henry Scott Stokes qui fut correspondant au Japon et qui a connu Mishima.
Le choix du titre s'explique par le fait que Scott Stokes commence son livre par le récit du dernier jour de Mishima : un coup d'éclat qui se conclut par le suicide de l'écrivain.
Cet épisode est souvent ce que l'on connait le mieux de Mishima : "Vous savez cet écrivain japonais qui s'est fait Hara-Kiri !"(sepuku, en fait !)
Je dois confesser que c'était mon cas !
J'ai donc pu largement combler mes lacunes concernant Mishima, cette biogaphie est très complète.
Mishima était un homme complexe, très doué mais tourmenté, partagé entre tradition et modernisme, à la fois attiré et repoussé par l'occident.
Cette biographie nous décrit un travailleur acharné et ambitieux, souvent en proie au doute tant dans son travail littéraire que dans sa vie personnelle voire intime.
A la lecture de "Mort et vie de Mishima", nous comprenons le cheminement qui a conduit l'écrivain à mettre fin à ses jours de cette manière ritualisée et spectaculaire.
Me voici prêt, je crois, à m'attaquer à l'oeuvre de cet auteur emblématique du Japon de la transition d'après-guerre.
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Yukio Mishima, de son vrai nom Hiraoka Kimitake a vécu au XXe siècle. Il a connu la défaite japonaise et la reddition de son pays et l'humiliation de l'empereur du Japon lors de la seconde guerre mondiale. Il est difficile de rendre compte d'un auteur que l'on admire, d'un auteur qui vous touche dans son esthétique littéraire. Henry Scott-Stokes qui l'a fréquenté dépeint un homme complexe dès sa tendre enfance, élevé par sa grand-mère paternelle. Il nait en 1925 dans une famille aristocratique par sa mère. Il est pratiquement séquestré par cette grand-mère excentrique qui l'adore. Il ne peut même pas jouer avec sa soeur, née en 1928 et son jeune frère. de cette enfance recluse, il en garde un corps malingre et un esprit discret et attentif. Il retourne auprès de ses parents à la mort de la grand-mère et rejoint les Gakushuin, école destinée aux enfants de riches et à l'aristocratie. Ses talents littéraires se développent avec un goût pour la poésie ce qui lui ouvre des perspectives auprès d'étudiants plus âgés que lui. Sa mère l'encourage à développer ce don qu'il met à contribution dans des revues. Ses pairs découvrent un génie littéraire qui s'intéresse aux romantiques japonais dont le thème principal est la destruction du monde. La terrible guerre 39-45, est idéalisée. Il la vit dans l'attente de son appel et travaille dans une usine de kamikazes. Il raconte dans des textes sa vie quotidienne. C'est à la fin de la guerre qu'il perd son équilibre. le Japon est maudit. Sa soeur, qu'il aime meurt de la typhoïde. Il est auprès d'elle, plongé dans ses manuels de droit. En effet, son père est opposé à une carrière littéraire et en 1947, il obtient un poste au ministère des finances qu'il quittera quelques mois plus tard. Ecrivain reconnu surtout à l'étranger, ses romans, ses nouvelles, ses pièces de théâtre et ses essais sont traduits pour mon plus grand plaisir. Cette reconnaissance lui permet de voyager lui qui est empreint de culture française et anglo-saxonne. D'ailleurs, il épouse le style occidental, vestimentaire, art. Mais il reste profondément attaché à son pays, à son empereur. Il se marie, a deux enfants.
Son intérêt romantique de la mort m'est incompréhensible mais il donne à ses écrits une coloration presque mystique. Son esthétique est d'une efficacité redoutable. La diversité de ses masques complique la lecture de ses ouvrages. C'est un impérialiste romantique, un narcissique homosexuel. Dans les années 60, son mode de vie change. Il mène une vie très disciplinée où le sport (musculation et kendo) est une oeuvre en soi. C'est une sorte d'ascète. Il est sa propre autorité. D'ailleurs, il crée la Tatenokai afin de ressusciter la tradition de l'âme des samouraïs. Il obtient même d'entraîner ses « soldats », des étudiants dans des camps militaires des Jieitai. Son engagement politique est lié à des affaires comme le coup d'Etat des années 1930 et l'affaire Shinpuren de 1877. Il s'agit d'une attaque au sabre par des samouraïs d'une caserne.
L'occupation américaine, l'introduction de la civilisation occidentale au Japon aliènent ses concitoyens. Des valeurs sont en train de mourir. L'argent devient le divin. Mishima se sent isolé. Mais, c'est un homme libre, défait de ses illusions.
Cette biographie est un hommage à la mémoire d'un défunt. Il crée une ambiance qui dévoile peu à peu le plan secret et final de cet homme qui mit fin à ses jours de façon spectaculaire en 1970.
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De tous les ouvrages consacrés à Mishima, de toutes les biographies qui ont été écrites sur le romancier, le livre de Henry Scott-Stokes est de loin le plus complet, le mieux écrit, le plus brillant. La biographie précédente, celle de J. Nathan, accordait une place considérable à l'enfance de Mishima. Celle-ci approfondit tous les âges de la vie du romancier.
Il faut dire que l'auteur connaissait Mishima, qu'il avait rencontré quelques années avant son suicide. Allant même jusqu'à suivre la Société du Bouclier lors d'un entraînement sur les flancs du Mont Fuji.
Un livre remarquable qui vous fait partager la vie d'un grand romancier. de sa naissance à sa mort.
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Incontestablement Henry Scott Stokes est un grand spécialiste de la vie, de l'oeuvre et de la mort de Mishima et plus généralement du Japon. Sa biographie très complete englobe toute la vie de l'écrivain des origines jusqu'à la fin. Il fait partie des rares journalistes étrangers à avoir pu rentrer dans l'intimité de Mishima et à connaitre de l'intérieur la milice paramilitaire, le Tatenokai que mis en place Mishima.
Dans ce livre Scott Strokes nous dresse le portrait d'un Mishima artiste exubérant et fantasque et dont le positionnement politique ne serait en fait qu'une posture artistique sans grand fond ni conviction. Je me permet de douter de son analyse car l'auteur, bien que grand admirateur de l'oeuvre de Mishima semble clairement réfractaire et c'est son droit, à tous idées nationalistes et patriotes qu'il qualifierais d'extrême droite assez facilement.
Le portait qu'il nous dresse de Mishima est il le bon ? Ou cherche t'il à nous aiguiller dans une direction qui l'arrange parce qu'il ne voudrait pas voir la vrai nature de la pensée de Mishima, qui lui répugne, malgré son admiration pour l'oeuvre. On peut se poser la question.
J'ajouterais encore quelques critiques. le style n'est past très bon (problème de traductions?), c'est bien un journaliste qui écrit, pas un romancier . La présence de dialogues dans la premiere partie est quand même assez contestable pour quelqu'un qui n'était pas présent, il s'en explique à la fin du livre. Cela dit cela reste une bonne biographie à lire et il l'y en à pas beaucoup sur cet auteur.
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Par ce livre j'ai découvert Mishima
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ma propre attitude envers le suicide de Mishima est ambivalente. Il m'inspirait à la fois une émotion profonde et de la répulsion. Mishima avait été un ami d'un grand charme, d'une grande générosité, de beaucoup d'esprit ; il avait le don de persuader aux gens qu'il rencontrait qu'eux seuls comptaient pour lui ; doté d'une extraordinaire énergie, il donnait à ceux d'entre nous qui ne possédaient qu'une fraction de sa vitalité le sentiment de n'être que de pâles vermisseaux. Son atout majeur était son intelligence. Presque seul parmi les intellectuels japonais modernes, il était familiarisé avec la culture occidentale et avec la culture japonaise classique. Il avait en outre un considérable sens de l'humour. Une soirée en sa compagnie passait comme un rêve, cependant qu'il égrainait les anecdotes sur les événements et les personnalités du Japon. Son trait le plus frappant, d'après ma propre expérience, était sa faculté d'empathie avec autrui, son aptitude à comprendre la pensée d'autrui et à y répondre. Aucun de mes amis japonais ne possédait ne fût-ce qu'un atome de cette étrange adresse à connaître ce qui se passait dans mon esprit. Qu'il eût mis fin à ses jours me parut ensuite, des mois durant, un fait totalement inconcevable, inimaginable. Lorsque enfin, après de multiples tentatives, je parvins à rédiger un compte-rendu de son suicide - qui forme le premier chapitre du présent livre - j'eus un terrible cauchemar. Je rêvai que Mishima venait chez moi, à Glastonbury, en Angleterre, et frappait à la porte. Quand je le vis là debout, je l'abattis à coups de pioche. En réalité son suicide, son meurtre de soi-même, me révolta longtemps ; je ne parvenais pas à voir là-dedans quoi que ce fût de beau. J'aimais Mishima, et j'avais le sentiment d'avoir été trahi par sa mort (il me fallut dominer un tel sentiment avant de pouvoir être assez objectif pour entreprendre les recherches nécessaires à ce livre). Beaucoup de ceux qui le connaissaient eurent des réactions similaires. Son biographe japonais, Takeo Okuno, a rapporté que Mishima lui donna des cauchemars durant deux ou trois cents nuits d'affilée ! Et, de fait, il avait une personnalité d'une force extraordinaire. Sinon, comment eût-il exercé un tel impact sur ceux qui le connaissaient - ou le lisaient ?
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