L'auteure britannique, Anne Sebba-Rubinstein, m'avait déjà favorablement impressionné par son récit de l'exécution sur la chaise électrique de l'innocente Ethel Rosenberg en 1953 (voir mon billet du 28 juillet dernier), avec "Les Parisiennes" de 2016 (2018 pour la version française) elle "récidive", si je peux m'exprimer ainsi.
Cet ouvrage est un véritable monument sur le sort des femmes en temps de tuerie générale, comme en 1940-1945. Elle commence par une liste de 85 femmes, parmi lesquelles des actrices (Arletty,
Corinne Luchaire,
Simone Signoret) ; des écrivaines (Colette,
Simone de Beauvoir,
Violette Leduc,
Irène Némirovsky) ; des chanteuses (Édith Piaf) ; des couturières et femmes de la mode (Coco Chanel, Catherine Dior, Jeanne Lanvin,
Elsa Schiaparelli, Rachel van Cleef) ; des figures du Tout-Paris (Lisette de Brinon, Béatrice de Camondo,
Dora Maar, Élisabeth de Rothschild) ; des réfugiées (Rosa Liwarrak) ; des collaboratrices avec l'ennemi (Josée Laval, Violette Morris, Hélène de Portes), et des résistantes (
Lucie Aubrac,
Geneviève de Gaulle-Anthonioz,
Noor Inayat Khan, Violette Szabo,
Rose Valland). Parmi cette dernière catégorie, j'ai pu relever exactement 28 noms, dont la plupart figurent également dans ma longue liste "Hommage aux héroïnes de guerre".
Cette énumération de ma part n'est ni exhaustive, ni objective. J'avoue qu'en mentionnant le nom de certaines "Parisiennes" j'ai voulu stimuler la curiosité des lectrices et lecteurs.
Cet ouvrage ambitieux, mais solidement documenté avec ses 19 pages de notes, et qui couvre la période de 1939 à 1949, constitue en fait une oeuvre de référence à garder près de la main, pour consultation et vérification de faits et événements précis pendant cette époque terrible de notre histoire.
Pour celles et ceux curieux d'en apprendre davantage, l'auteure ajoute, en fin de volume, une bibliographie de 7 pages de titres d'ouvrages et d'articles spécifiques.
En plus, le nombre de personnes avec qui elle a eu des entretiens est vraiment considérable. À peu près 4 pages de noms, que l'on retrouve dans ses remerciements, également en fin de volume. Des critiques professionnells ont baptisé cette façon intensive de préparation : la "Méthode Sebba".
Toutes mes énumérations des qualités de l'ouvrage, ne devraient surtout pas donner l'impression qu'il s'agit d'un ouvrage académique ennuyeux à lire. Au contraire, le style direct et relativement simple ensemble avec les événements racontés et les Parisiennes retenues en font un livre émouvant et captivant.
Déjà la toute première phrase du prologue, à la page 19 (dans l'édition de poche), marque le ton : "N'écrivez pas qu'on nous a < donné > le droit de vote après la guerre... Nous nous sommes battues pour l'obtenir."
Un sage conseil de la résistante Cécile Rol-Tanguy (1919-2020), Grand-croix de l'ordre national du Mérite et Grand officier de la Légion d'honneur, dans un entretien avec l'auteure du 20 janvier 2014.
Il marque le ton pour les 450 pages qui suivent : un fait historique précis, un témoignage tout aussi précis et le tout dans un contexte rigoureusement correct et vérifié.
La conclusion finale d'Anne Sebba, à la page 472, va d'ailleurs dans le même sens : "Afin de survivre dans le Paris occupé, beaucoup de femmes durent prendre des décisions et statuer sur la manière dont elle pouvait s'accommoder de la présence des Allemands. Ce n'est pas à nous de les juger, au moins, avec un peu d'imagination, peut-on essayer de comprendre les choix que nous aurions pu faire, tout en rendant hommage à celles qui ont refusé le moindre accommodement."