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Astrid von Busekist (Traducteur)
EAN : 9782226437204
496 pages
Albin Michel (30/09/2020)
3.97/5   146 notes
Résumé :
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, nazie tout aussi fervente, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, après l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs.
En 1945, après la défaite du Reich, il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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« Une histoire d'amour et de nazi »

Dès les premières pages, j'ai ressenti comme un trouble profond, personnel voire un malaise diffus. Pénétrer l'intimité d'un haut dignitaire nazi, responsable de meurtres de masse et de déportations était, pour moi, une première. Je découvrais un Otto amoureux, non dénué de sentiments : curieuse sensation. Que de contrastes chez ce père de famille, qui pouvait parfaitement, sans état d'âme, conduire le massacre de Bochnia en Pologne tout en conservant une attitude nonchalante au milieu de ses officiers.

Je regarde la photographie de la couverture du livre, Otto et Charlotte avec les enfants, Horst et Liselotte. Comment deviner que cet homme fut un soutien précoce d'Hitler, qu'il participa au coup d'état où fut assassiné le chancelier Dollfuss. Rien ne peut le distinguer de vous et moi si ce n'est l'uniforme. Otto est le portrait parfait du bel aryen. Il aime les femmes qui le lui rendent bien. La rencontre avec Charlotte est décisive. Elle lui offre « Mein Kampf » en mars 1931 où elle écrit sur la page de garde « Dans le combat et l'amour jusqu'à la fin ». Elle rejoint le parti nazi en mai 1931. Ce livre est incroyablement surprenant, on découvre en même temps une passion amoureuse entre deux êtres qui adhèrent aux lois de Nuremberg et aux théories « bidon » de la race aryenne.

Constat déstabilisant : les nazis sont donc à notre image, ils peuvent partager des émotions aux nôtres pareilles. Parce qu'elle aura aimé son Otto, Charlotte, elle aura tout accepté pour lui, tout enduré mais sans jamais renoncer à leur engagement. Femme nazie convaincue, elle est prête à tout pour lui. Elle aura les mêmes problèmes que n'importe quelle femme ou amante : les maternités, l'éducation des enfants, un mari volage, la jalousie et la peur de le perdre. Et quel engagement ! Pas un seul instant, ce couple ne remet en question les décisions du Führer. L'un comme l'autre acceptent aveuglément la méthode Himmler. Lui participe sans état d'âme à la « Judenaktion » qu'elle approuve, ce qui veut dire l'assassinat de milliers d'enfants, de femmes et d'hommes tout en continuant de s'écrire des poèmes, des lettres d'amour. C'est ce qui m'aura le plus troublée dans cette lecture captivante. Comment une mère qui aime et protège ses enfants, une femme amoureuse qui connait donc ce sentiment vif qui incline à vouloir du bien, peut-elle adhérer au nazisme !

Philippe Sands soulève, également, le problème du poids de cet héritage pour les enfants et les petits enfants. Il met en évidence soit le déni, soit la douleur, soit un antisémitisme virulent de toute une famille jusqu'à aujourd'hui mais c'est toujours avec intelligence et subtilité.

J'ai découvert Philippe Sands avec « Retour à Lemberg » où dans un fascinant récit, il relate les circonstances par lesquelles, il a pu lever le voile sur l'histoire ignorée de son grand-père, Léon Buchholz, assassiné à Lemberg avec toute sa famille.

Commence pour lui une quête incessante qui le mène sur la terre de ses origines d'où émergent deux dignitaires nazis Hans Frank, gouverneur de Pologne et Otto von Wächter, Gouverneur de Cracovie pour devenir ensuite gouverneur du district de Galicie, territoire dont Lemberg faisait partie. A partir de cet instant, Philippe Sands a rendez-vous avec son histoire et l'Histoire. Il contacte Niklas Frank, le fils de Hans Frank, qui lui présente Horst von Wächter, le fils d'Otto.

La question des origines est une quête qui ne vous laisse pas beaucoup de répit. Plus tu avances, plus tu veux savoir. C'est une quête qui vous absorbe corps et âme d'autant plus quand elle est sur fond de Shoah. Philippe Sands est, à ce titre, impressionnant de ténacité. Il faut reconnaitre qu'en sa qualité d'avocat franco-britannique de grande renommée, il a pu aussi s'appuyer sur une équipe de chercheurs. Il a le sens du détail, il analyse les preuves, il cherche à étayer les faits, rien ne lui échappe dans cette avalanche de faits historiques.

Dans « La Filière », le projecteur est braqué sur Otto von Watcher. Après avoir relaté les débuts d'Otto von Wätcher et de son épouse, leur environnement familial, leur engagement politique, Philippe Sands nous apprend que ce nazi, recherché pour « meurtres de masse » disparait le 8 mai 1945 pour réapparaître quatre ans et demi plus tard dans un hôpital de Rome, « le Santo Spirito », gravement malade, à l'article de la mort.

Et c'est là que le récit devient addictif, un véritable thriller. Que s'est-il passé entre 1945 et 1949 ? Otto est-il bien décédé à l'hôpital ? Qui est cette femme prussienne qui venait lui rendre visite ? Comment est-il mort, de maladie, suicidé ou assassiné ?

Horst, le fils d'Otto, soutien Philippe Sands dans ses recherches. L'ambition de Horst diffère de celle de Philippe. L'un cherche à innocenter ses parents et les laver de l'opprobre, alors que Philippe cherche à reconstituer le parcours de l'assassin de sa famille. Horst perçoit son père différemment. Il garde le souvenir des propos de sa mère qui n'a eu de cesse de clamer que son père était un homme bien, humain. C'est dans cet objectif qu'Horst demande à Philippe que ce dernier le tienne au courant de ses investigations.

La famille von Wätcher est passée au crible grâce aux archives de Charlotte. Elle a conservé méticuleusement tous les agendas, les courriers, ses cahiers intimes, les photographies qu'elle a légué à Horst. Tous ces documents vont être scannés et transférés à l'équipe de Philippe aux fins d'un documentaire en 2015 « What Our Fathers Did. A Nazi Legacy » sur lequel, la troupe travaillera cinq ans. Ces archives sont conservées au « United States Holocaust Memorial Museum ».

Dans son parcours, l'auteur rencontrera Gérald Steinacher, auteur de « nazis en fuite » (merci Pecosa) ainsi que David Cornwell plus connu sous le nom de John le Carré, jeune second lieutenant, faisant partie d'une équipe de sécurité de terrain dans la zone russe qui débriefait les personnes déplacées. Il sera aussi en contact avec le Centre Simon Wiesenthal. Rien ne sera laissé au hasard jusqu'à la fin de cette quête surprenante, passionnante, émouvante, riche en rebondissements mais qui permettra à Philippe, enfin, de connaître son histoire. Les sources et les documents sont énoncés en fin de livre et c'est impressionnant.

« Les enfants ne sont pas épargnés ; le passé fait son oeuvre. de retour chez elle à Vienne, Magdalena, qui venait de parcourir les lieux de mémoire des Wächter en Autriche avait choisi d'affronter ce passé. Contre la volonté de son père (Horst), elle publia un bref message sur les réseaux sociaux :
Mon grand-père était un meurtrier de masse ».

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Un des livres les plus impressionnants que j'aurais lus en 2017 est incontestablement "Retour à Lemberg" par le même juriste franco-britannique mondialement apprécié Philippe Sands. Dans cet ouvrage, où il était parti à Lemberg, l'actuelle ville de Lviv en Ukraine, à la recherche de son grand-père Leon Buccholz et sa famille juive disparue lors de la dernière guerre mondiale, il a eu le grand mérite de nous présenter 2 bienfaiteurs : les juristes Raphael Lemkin (1900-1959) et Hersch Lauterpacht (1897-1960), qui ont forgé respectivement les termes "génocide" et "crimes contre l'humanité".

Pour "La filière" Philippe Sands est reparti à l'Est et à Lemberg-Lwów-Lviv à la recherche de la réalité concernant un personnage qui se trouve à l'opposé de Lauterpacht et Lemkin : le gouverneur SS de Cracovie en Pologne, puis de la Galicie, dont Lemberg était la capitale, le Standartenführer (général) et baron Otto (von) Wächter, né à Vienne en 1901 et mort à Rome en 1949.

Ce fils de général de l'armée des Habsbourg de la double monarchie austro-hongroise a rejoint très jeune les nazis et la gestapo. L'auteur a épluché consciencieusement toutes sortes d'archives (publiques et privées) pour retracer l'acheminement de ce petit ambitieux.

Philippe Sands nous raconte également la vie de son épouse Charlotte ("Lotte") Bleckmann (1908-1985) et leurs 6 enfants Otto junior, Liselotte, Traute, Horst, Heidegrund et Sieglinde, nés entre 1933 et 1944. Charlotte a toujours aimé son Otto, bien qu'il était volage et qu'elle ait traversé maints épisodes de jalousie plus ou moins intenses.

Sur la photo de couverture on voit le couple, lui en grand uniforme Feldgrau, elle avec un sourire timide et leurs gosses Traute et Horst. La photo a été prise peu avant la défaite allemande en 1944 près du lac de Zell-am-See en Autriche.

Otto Wächter a donc connu une carrière nazie fulgurante et a pu bénéficier de l'appui des hauts gradés nazis, tels Heinrich Himmler, Odilo Globočnik (gouverneur de Vienne), Ernst Kaltenbrunner (successeur de Reinhard Heydrich à la sécurité du Reich) etc. Il était, par ailleurs, lié d'amitié avec Baldur von Schirach, chef des jeunesses hitlériennes, et Arthur Seyss-Inquart, chancelier d'Autriche et pendant la guerre gouverneur des Pays-Bas. Petite anecdote : ce dernier énergumène était le parrain de baptême du petit Horst Wächter en 1939.

Le chef immédiat de Wächter était Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, qui a été pendu à l'issue du fameux procès des criminels de guerre à Nuremberg en 1946.

Otto Wächter lui, formellement condamné comme criminel de guerre pour les ordres qu'il a signés relatif à la persécution et déportation des Juifs vers les camps de la mort, a réussi à échapper à la justice en prenant la fuite, d'où le titre original "The Ratline" (ou la ligne des rats).

Pour ne pas gêner lectrices et lecteurs, je préfère m'abstenir de commentaires sur la fuite et la mort d'Otto, ainsi que l'existence pénible de Charlottte avec tout son ménage après la fin de la guerre.

Comme j'ai eu l'occasion de le remarquer dans mon billet du 3 octobre 2017, Philippe Sands a beau être un éminent juriste, il est aussi un raconteur-né. Ce talent étonnant d'exposer des faits historiques comme des événements d'un thriller, se voit amplement confirmé dans ce récit.

Écrire un ouvrage de 493 pages à propos d'un héros abject sans que cela ennuie même une seconde, cela relève de l'art !
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Second ouvrage lu de Philippe Sands, avec autant d'intérêt. Une biographie d'Otto von Wätcher, évoquant sa vie de dignitaire hitlérien , de gouverneur de Cracovie puis du district de Galicie, un nazi convaincu ordonnant sans état d'âme des meurtres de masse, puis sa vie de banni , profitant quand même de l'appui du Vatican et de tout un réseau pour mener, certes, une vie discrète mais sans véritable réclusion.
Un récit qui s'appuie sur une abondante documentation, notamment la correspondance échangée entre les époux Wätcher, Otto et Charlotte, mise à disposition de l'auteur par un de ses fils, Horst, sur des voyages in situ pour mieux apprécier l'atmosphère, à la recherche du moindre indice permettant de mettre en exergue la véritable personnalité de ce personnage et le rôle qu'il tint effectivement.
Si certains Nazis furent arrêtés, jugés, condamnés, emprisonnés ou exécutés, lui, comme tant d'autres parvinrent à se soustraire à la justice des hommes, lui n'échappa pas à son destin.
De page en page et jusqu'à la dernière, de nombreux rebondissements, faisant ainsi, de cette réalité historique un puissant thriller.

Ajout, le 07/07/2021 :
Sur France Culture Enquête menée comme un thriller, « La Filière » raconte une histoire d'amour et d'espionnage, de secrets, de cavales et de doubles vies. L'histoire d'une famille de nazis… la famille Wächter.



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Durant ses recherches pour Retour à Lemberg, son précédent livre, Philippe Sands avait rencontré Niklas Frank, le fils de Hans Frank, l'ancien gouverneur général de la Pologne occupée durant l'annexion nazie. Niklas Frank a indiqué à l'auteur l'existence d'un autre fils de dirigeant nazi, qui serait prêt à parler de ses parents : Horst Wächter, fils de Otto Wächter, ancien gouverneur de Cracovie, puis de la Galicie. Si Niklas Frank condamnait totalement les actes de son géniteur, l'attitude de Horst Wächter était plus ambiguë : il ne niait pas les crimes de guerre, mais estimait que son père était un homme bon, un administrateur respecté des territoires qu'il avait en charge. D'un côté l'administration civile, de l'autre les SS, en quelque sorte.
Sands et Horst Wächter se sont rencontrés à de multiples reprises et Horst a accepté de le laisser consulter les archives familiales, rien d'important n'y étant caché selon lui.
Ce livre est le fruit de ces longues recherches et propose trois thèmes distincts.

Le premier est bien évidemment une biographie de cet Otto Wächter. Ce fils de militaire autrichien a dès ses études universitaires en droit durant les années 20 basculé dans le camp nationaliste et antisémite. Avec quelques amis du Deutsche Klub viennois, dont Arthur Seyss-Inquart ou Ernst Kaltenbrunner, ils adhèrent au NSDAP, puis complotent contre le chancelier autrichien Dollfuss. le 25 juillet 1934, leur tentative de putsch, dont Wächter était l'un des trois chefs principaux, échoue, même si Dollfuss est assassiné. En fuite, Otto Wächter quitte femme et enfants, passe en Allemagne et bien évidemment trouve du travail au sein des services d'Himmler. Cette proximité avec le pouvoir nazi va l'amener à être un des dirigeants de la nouvelle région du Reich qu'est l'Autriche après l'Anschluss. Il licencie ses anciens professeurs de droit (juifs), interdit d'exercer plus des deux tiers des avocats du pays…
La seconde guerre mondiale va être l'opportunité de monter dans la hiérarchie nazie : d'abord comme adjoint de Frank, puis comme gouverneur de Cracovie, avant de devenir gouverneur de Lemberg (Lviv aujourd'hui) en Galicie. Dans ces postes il va montrer son efficacité : représailles contre la population civile lors d'attentats, création du ghetto de Cracovie, élimination des juifs de Galicie…
Avec l'avancée des troupes soviétiques sur le front de l'Est, il va d'abord être responsable de la liaison entre l'armée allemande et le gouvernement de Mussolini à Salo, avant de diriger l'action de troupes étrangères ralliées aux nazis, dont une division SS d'ukrainiens de Galicie.
Avec la fin de la guerre, il n'est plus qu'un criminel de guerre, qui se cache dans les montagnes autrichiennes, ravitaillé à l'occasion par sa femme. Après des années de cache-cache avec les forces d'occupation en Autriche, il va partir pour Rome pour tenter comme beaucoup d'autres de rallier l'Amérique du Sud. Il mourra à Rome en 1949 avant d'avoir pu quitter le pays.

Toute cette partie historique, en grande partie reconstituée grâce aux nombreuses lettres échangées entre Otto Wächter et sa femme Charlotte, est détaillée et montre bien comment l'ambition d'un homme, alliée à un racisme profondément ancré, l'a conduit a être un des rouages importants du nazisme.
Le deuxième thème abordé est donc celui des réactions de Horst Wächter face aux révélations successives sur l'action de son père. Horst, qui n'était qu'un gamin au moment la guerre et n'a quasiment pas connu son père, s'est forgé une image de celui-ci au travers de ce que sa mère Charlotte lui a raconté. Une version idéalisée où Otto Wächter n'était qu'un administrateur, apprécié de ses administrés (ukrainiens notamment). Charlotte a elle-même profité de l'ascension de son mari : des propriétés de luxe leur ont été attribuées après confiscation à leurs propriétaires, elle était entourée de nounous, majordomes et chauffeurs, et a puisé le décor de leur résidence à Cracovie dans le musée local…
Charlotte, amoureuse de son mari jusqu'aux derniers instants a tout fait pour lui, même si lui l'a abondamment trompée. Elle était autant que lui convaincue du projet nazi. Et l'est certainement restée jusqu'à son décès des décennies plus tard.
Sands reconnaît que Horst Wächter a fait montre de transparence, mais on sent que plus la vérité historique se fait jour, plus Horst l'habille et créée d'autres motifs aux actes de son père. Il lui est difficile de mettre en cause sa famille.

Le troisième thème abordé est celui qui donne son nom au titre : les réseaux d'évasions des nazis après guerre. Rome en 1949 est un vrai nid d'espions. L'opposition Est-Ouest commence. La CIA paye des indicateurs dans tous les milieux. le rôle d'une partie de l'église catholique est ambigu, surtout s'agissant de l'évêque Hudal, un autrichien proche des nazis, qui a contribué au passage en Argentine de nombreux criminels de guerre, avant de devoir abandonner son poste quand ses liens avec… Otto Wächter sont apparus lors du décès de celui-ci.
Cette partie du livre est labyrinthique, complexe, et parfois déroutante. Il en ressort que les Américains ont très vite su que Wächter, qui figurait parmi les criminels de guerre réclamés par la Pologne nouvellement communiste, était présent à Rome, mais n'ont rien fait pour empêcher son projet d'exil sud-américain.
Sands durant son enquête va aussi découvrir des secrets de famille, qu'il va s'empresser de révéler (de son propre chef) à des personnes qui des décennies après les faits en ignoraient tout.

La filière est un récit historique parfaitement documenté (au plus prés des intervenants), impressionnant en ce qu'il montre de la vanité humaine et de l'absence d'humanité de certains. Mais l'ouvrage perd un peu de sa force dans une trop longue partie finale qui ressasse un peu toujours les mêmes arguments.
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Dans son livre précédent, "Retour à Lemberg", l'auteur partait sur les traces de son grand-père Léon, victime des nazis. Ici c'est à l'un d'entre eux qu'il s'intéresse : Otto von Wächter qui fut l'un des responsables de la « solution finale », principalement à Lemberg (aujourd'hui Lviv). Pour ce faire Sands s'appuie en partie sur les souvenirs de Horst, le fils d'Otto.
Otto von Wächter, autrichien de naissance, nazi dès sa jeunesse, devient SS, grimpe dans la hiérarchie nazie, participe à l'Anschluss, avant d'être affecté en Pologne et en Ukraine pour exercer sa sale besogne. A la fin de la guerre il fera tout pour échapper au procès et tentera de fuir à l'étranger via la « filière » installée en Italie avec l'appui de l'Église catholique. Sa mort, mystérieuse, surviendra avant qu'il ait pu s'expatrier.
Le sujet du livre ne se limite pas là : il est aussi dans l'attitude de déni de son fils Horst, acharné à déresponsabiliser son père. de ce point de vue c'est une étude sur la psychologie de « ces gens-là ».
Comme le livre précédent, l'auteur s'appuie sur des sources multiples et une immense bibliographie qui nous sont livrées en notes. C'est un superbe travail d'enquête dont l'intérêt historique est évident. On ne retrouve cependant pas la sensibilité de "Retour à Lemberg".
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critiques presse (4)
LesEchos
23 octobre 2020
Trois ans après « Retour à Lemberg », best-seller aux nombreux prix prestigieux, Philippe Sands publie « La Filière ». Suivant l'ascension et le parcours d'Otto von Wächter, haut dignitaire nazi, il poursuit ainsi un chemin entamé il y a plusieurs années, mêlant l'intime et le collectif, le passé et le temps présent. Une enquête magistrale, un récit haletant et sensible.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LesEchos
19 octobre 2020
Une enquête extrêmement bien documentée qui nous mène sur les pas d'Otto Wächter, l'un des hauts dignitaires nazis. Un livre passionnant, haletant. Et sensible.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
08 octobre 2020
Pas de révélation, pas de coup de théâtre, dans La Filière, mais l’étude époustouflante des tribulations d’une famille autrichienne happée par la grande machinerie nazie et la description pleine de surprises de ce grand maelstrom que fut l’Europe de l’après-guerre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
01 octobre 2020
De "retour de Lamberg", Philippe Sands nous plonge dans les filières d'évasions sulfureuses d?après-1945.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un correspondant de Bolzano - probablement Gü - lui donna de l'espoir. Lui-même partait. Il lui transmit un passeport de la Croix-Rouge et un visa pour l'Argentine qu'Otto devait renvoyer à Fräulein Luise. Un de ses contacts pensait que la Croix-Rouge ne délivrerait plus de passeports après la fin du mois de mai et que le Vatican prendrait ensuite la relève.
Un autre pensait que les documents du Vatican auraient "moins d'impacts" ; "Detering" était d'un avis contraire.
Un troisième lui apprit que des documents de voyage ne seraient donnés qu'à ceux pouvant prouver qu'ils étaient "apatrides". Ils pouvaient être obtenus auprès de "Hu" mais seulement avec le nom véritable du demandeur.
Un homme dont le nom n'est pas mentionné apprit à Otto que "l'option embarco libre" (un droit à l'embarquement gratuit) avait été suspendue. La meilleure manière de fuir était un visa de touriste, un passeport de la Croix-Rouge et des espèces (environ 150 000 lires).
Un groupe de candidats pour L'Argentine informèrent Otto qu'ils avaient changé de destination : ce serait le Brésil.

page 222 - Otto caché à Rome dans un monastère -

NdeL : Je savais que la Croix-Rouge en visitant les camps n'avait pas vu de juifs mais j'ignorais que celle-ci avait fourni des milliers de passeports à plein de gens sans faire aucune enquête d'où le passeport d'Eichmann
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Au début de la nouvelle année 1937, Otto, qui avait été nommé
SS-Obersturmbannführer, pris les initiatives nécessaires pour s'assurer l'accès au premier rang des puissants. J'ai pu lire, dans son dossier personnel de la SS, une lettre datant d'avril où il se voue entièrement au service du Führer - "Je déclare par la présente que j'ai quitté l'Eglise catholique romaine le 15 mars de cette année" - et signe "Heil Hitler! Wächter". Il se déclara "gottbläubig" (croyant en Dieu) et s'engagea à vivre une vie de piété et de moralité mais sans affiliation à une Eglise formellement reconnue. Initiée par Heinrich Himmler, une telle démarche exprimait le dévouement total aux idées de la SD, de la SS et du Führer.

page 75 - Impressionnant!
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Le CIC a été officiellement créé en 1942, mais ses origines remontent à la Première Guerre. Responsable de tous les aspects liés aux renseignements militaires, aux Etats-Unis et à l'étranger, il a été chargé, en 1945, de la capture de nazis en Europe. Le CIC a ainsi joué un rôle essentiel dans la dénazification et dans la transformation d'anciens nazis en citoyens honorables. Or, dans sa lutte contre une hypothétique menace de l'Union soviétique, il a recruté d'anciens nazis, des nazis gradés qui avaient de l'expérience dans le renseignement, des SS et d'autres officiers qui connaissaient l'ennemi communiste.
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Printemps 1943. Michael Katz avait quitté Lemberg ; la "Grosse Aktion" était terminée. Friedrich Katzmann – dont la coopération si efficace avec Otto avait été louée par Himmler – rédigea son "Rapport final sur la solution de la question juive dans le district de Galicie". Il nota que le district était entièrement "Judenfrei" (libéré des Juifs) et qu'un total de 434 329 Juifs avaient été « évacués ». La ville était nettoyée, avec un bonus en prime : 20 952 alliances en or, 343 100 boîtes à cigarettes en argent, 1257 montres en or, 7 collections de timbres ainsi qu'une valise rempli de stylos plume.
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" Il est plus important de comprendre le bourreau que la victime. "

Javier Cercas

(page 9).
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Vidéo de Philippe Sands
Avocat, professeur de droit et auteur du best-seller "Retour à Lemberg" adapté aujourd'hui en BD, Philippe Sands a participé à la création de la Cour pénale internationale et plaidé dans plusieurs affaires concernant l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Invité de Guillaume Erner, il revient sur l'origine des concepts de "crime contre l'humanité" et de "génocide" et analyse les conflits qui déchirent le monde et les opinions.
Visuel de la vignette : Tribunal de Nuremberg / AFP archives + portrait de Philippe Sands / Samuel Kirszenbaum, Albin Michel
#génocide #justice #gaza #ukraine
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