Bacon, juillet 1964

Dans la catégorie biographie et roman-enquête, ce livre est une réussite. Il est d'ailleurs bien plus que cela. Partant d'une émission documentaire phare de la télévision Suisse romande des années 1960 - Continents sans visa -, Sebhan se met en quête de témoins et réussi à retrouver l'instigateur de ces confidences de l'artiste Francis Bacon, recueillies dans son atelier londonien. L'inspirateur de cette rencontre, inattendue, étonnante, rien moins qu'intrigante, n'est pas la personne qui pose les questions, mais le caméraman qui opte pour la technique du cinéma vérité. Les révélations, l'alcool, les cigarettes, les amis aux têtes de petites frappes, la femme en pleurs, la taille réduite de l'atelier - parce que dans le "grand", Bacon ne trouve "pas de place pour le chaos" (!) -, Sebhan s'empare avec soin de chaque détails, les passe à la loupe et assemble ces morceaux de puzzle démesurés pour donner un portrait multiple du peintre Francis Bacon - ce pessimiste qui pouvait se permettre d'être magnifiquement frivole. Splendide.

Très beau livre qui s'inscrit dans la lignée prestigieuse de ceux qui ont magistralement écrit sur Francis Bacon : Leiris, Deleuze... C'est de ce niveau !

Gilles Sebhan prend pour point de départ un documentaire rare (1964) de 21 minutes sur le peintre qu'il décrit, transforme, augmente, transcende pour en faire une sorte d'Odysée (en 128 pages seulement) sur la vie et l'oeuvre du grand peintre anglais. le style est un sorte de flux de conscience avec plusieurs voix, comme un choeur antique et tragique. C'est un livre étincelant autant que sombre sur l'artiste. Pour les amoureux de la peinture.

Un très beau livre sur Bacon, écrit à partir d'un documentaire, qui met en scène l'artiste tel un Icare dont les ailes du désespoir brûlent sous le soleil de l'alcool, de ses amants, et de ses obsessions picturales.
L'écriture de Gilles Sebhan m'a embarqué sur un fleuve de sang dont le delta n'est autre que les peintures de Bacon.
Magnifique et envoûtant.