Dans son journal, le grand poète grec Georges Séféris transforme son chagrin de la patrie perdue en une source vive de parole.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Août 1936.
Au fil du temps et des événements, je suis de plus en plus persuadé que nous ne sommes pas en Grèce, que cet assemblage décrit quotidiennement par tant de personnages si divers et si importants n'est pas notre pays, mais un cauchemar éclairé seulement par intermittence, et baignant dans une pesante nostalgie. Y a-t-il plus grande amertume que d'éprouver de la nostalgie pour le pays dans lequel tu vis ? Je pense malgré tout que ce sentiment, consciemment ou non (peu importe), est partagé par tous ceux qui ont laissé une empreinte notable sur le siècle écoulé. Les grands nageurs qui ont lutté tant qu'ils pouvaient à la force de leurs bras pour atteindre ou voir de plus près cette rude île d'Eole, l'autre Grèce. Ils ont tous coulé.
p. 269
Vendredi 13 juin 1941.
Dans le numéro de la revue L'Esprit que m'a prêté Nanis, je tombe par hasard sur ces lignes de Goethe (citées dans une étude de Georges-Philippe Friedman) :
"Soyez certain, dit-il un jour à Eckermann, que l'esprit humain recule ou se dissout quand il cesse de s'occuper du monde extérieur... Notre temps est un temps de décadence : il se détourne de la réalité, il est de plus en plus subjectif. Dans tout effort sérieux, durable, scientifique, il y a un effort de l'âme vers le monde , vous le constaterez à toutes les époques qui ont vraiment marché en avant par leurs oeuvres , elles sont toutes tournées vers le monde extérieur."
p. 554
Jeudi 29 octobre 1942, Le Caire, chez le prince héritier de Grèce et son épouse Frideriki.
A midi, après le déjeuner, Frideriki s'est approchée de moi : "Il paraît que vous êtes le plus grand poète de Grèce." Je me suis senti comme un parfait imbécile. "C'est-à-dire que j'essaie, aussi, de mener à bien ce travail,", ai-je fait remarquer. Elle m'a demandé un volume de poèmes. Quelques jours plus tôt, on me les avait demandés, depuis Londres, via un télégramme crypté ! Sentiment aigu de prostitution intellectuelle. Il faut croire qu'aucune amertume, ici, ne nous sera épargnée.
p. 683
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Parmi les poètes qui ont marqué l'histoire de la Grèce, Cavafy chante l'exil et la nostalgie du pays perdu, Ritsos est le poète militant par excellence qui élève sa voix contre la dictature et Séféris, prix Nobel de littérature en 1963, affirme son appartenance à "l'immense espace spirituel du Grand Hellénisme dans sa continuité ininterrompue".
Le temps d'un spectacle musical, la comédienne Anna Mouglalis lit des poèmes choisis. Comme un écho venu d'ailleurs, le plus grec des journalistes français, Nikos Aliagas, lira les mêmes poèmes en grec. Une lecture sublimée par les chansons de Stavros Siolas, une des stars montantes de la chanson grecque contemporaine. Accompagnement musical par Marios-Ivan Papoulias au violon, Georgios Pappas au luth et à la mandoline et Evangila Mavridou au piano.
Avec le soutien de la Fondation Hellénique pour la Culture, du Centre Culturel Hellénique et de la Fondation Michalski..
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