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Dominique Grandmont (Traducteur)
EAN : 9782070416530
408 pages
Gallimard (24/01/2001)
4.32/5   14 notes
Résumé :
Le choix de poèmes ici proposé entend restituer Yannis Ritsos en sa totale et exacte intégrité poétique.
Que lire après Le mur dans le miroir et autres poèmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quatre poètes grecs modernes découverts en un an, quatre souffles distincts. Finir par lequel ? Lequel me donnerait le coup de grâce intellectuel fulgurant ? Ce fut, c'est Ritsos qui par hasard arriva au bas de ma pile. Et c'est bien ainsi même si Cavafis, Seféris, Elỳtis ont su illuminer mes soirées de lecture.
Yannis Ritzos c'est de l'humain plein les poches, rien d'autre, ni regrets, ni pleurs, ni éloge, ni discours, ni symboles, ni envolée lyrique. Quelques poignées d'humanité, ce qu'il en reste après tout ce que l'homme peut vivre et perdre avec le temps et la déchéance politique ou physique, voilà ses rimes, sa prosodie.
Un ressenti omniprésent, en vers simples, une façon d'habilement peindre le réel de la teinte discrète de son vécu, une capacité de se regarder, de décrire son geste d'écriture sans pourtant exprimer ses émotions, en ne faisant que dessiner ce qui émeut.
Ainsi ce rare symbole dans sa poésie que ces statues qui se promènent un peu partout à la fois échos de l'antiquité et objets de désir, mouvantes mais imperturbables.
L'autre face de son art d'ailleurs consiste à considérer le mythe, l'éternel à l'aune de sa vie et vice et versa. Dans Ismène p.ex., il se réapproprie le mythe d'Antigone dans un présent vécu où l'histoire contemporaine et la biographie du poète sont les remparts modestes d'une prose au verbe fort. La mythologie éclaire l'implacable destin d'une Grèce aux prises avec les démons de la guerre mondiale, la guerre civile, la dictature.
Mais c'est en vivant et décrivant chacun des jours vécus, traversés de sa tendre lucidité que le mythe et l'histoire contemporaine prendront toute leur signification.
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L'INVENTION DU CENTRE de Yannis Ritsos est un poème écrit après QUATRE années de détention et démontre qu'en lui subsiste une lumière intacte et inextinguible.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
la Révolution m'entraîne bras dessus bras dessous nous sortons tous les deux faire un tour sur les boulevards illuminés
tard dans la nuit deux heures après la poésie tandis que veillent encore infatigables les communistes en train d'étudier Lénine
j'essaie de ne pas déchoir d'un millimètre au-dessous de ma propre joie
je fais le fier c'est vrai & je me sens dans mon droit de dire
la raison pour laquelle mille mouchards m'épient derrière les troncs d'arbre
pourquoi me craignent généraux dictateurs rois colonels & juges des tribunaux militaires
bien que je n'aie pas de revolver dans ma poche arrière
ni poing américain
même pas un canif pour couper mon pain
ni gourdin ni faucon
rien rien
qu'un sourire tremblant devant le monde prodigieux que préparent les vrais révolutionnaires
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car il faut le savoir la naissance est une chose étrange dont on ne vient jamais à bout
ou qu’on oublie en cours de route & te voici qui recommences comme si rien ne s’était passé
voici qu’en plein été le souffle de la terre te frappe à nouveau les narines
& tu éprouves du regret pour toutes les morts
& tu serres bien ta ceinture & les lacets de tes chaussures
& tout est exaltant & incompréhensible comme des carottes fraîches
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Non pas tant, effondrement - ces choses n'ayant pas où ni d'où tomber
mais quelque chose de suspendu, et qui n'est suspendu à rien,
quelque chose avec des ailes, si vous préférez, comme les oiseaux, par exemple,
qui montent et descendent, immobiles entre leurs ailes.
Je dirais
un grand vol immobile dans la futilité absolue,
un équilibre extrême –une extrême légèreté
de toute la matière -et par là même de la mort.
C'est pourquoi vous me voyez si heureuse -
si cela s'appelle la joie : l'absence de toute arrière-pensée,
de toute ambition - une délicieuse torpeur hivernale
avec la pleine conscience du froid, et bien sûr je reste de cœur
avec ceux qui souffrent du froid, qui s'interpellent au sujet du froid,
qui s'emmitouflent dans tout un tas de flanelles, de pardessus, de couvertures pour s'en préserver. Etrange souci que celui de se préserver -
se préserver toujours, se préserver du froid, du chaud, de la faim, de la soif,
de la maladie, de l'erreur, de la mort. Et il ne nous vient même pas à l'idée
que le froid monte de nous-mêmes, ni qu'on ne peut en fin de compte y échapper.
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Mais à quoi bon mentir? - comme disait aussi votre père. Dans ce corps amolli que je dis,
une chose demeure intacte, dure, opiniâtre, c'est le désir, et ce sentiment
d'un injustifiable retard. Et cela n'est pas concevable. Souvent les femmes, à de tels moments,
prennent les statues dans leurs bras, les embrassent sur leur bouche de pierre –elles rêvent
qu'elles passent la nuit avec elles. S'il vous est arrivé jamais de voir les lèvres
des statues humides, c'est de la salive des femmes délaissées.
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PERPLEXITÉS


Il se mit debout sur le toit. «Maintenant, je vais sauter », cria-t-il.
Les gens en bas, immobiles, retenaient leur respiration.
Il fit un geste élégant — préparation au saut —, se ravisa,
descendit tranquillement, le dos tourné à l’escalier.
Pendant quelques secondes, ne sachant pas quel parti prendre,
les gens rirent, s’irritèrent.
Finalement ils applaudirent.
Deux femmes seulement regardaient ailleurs.
La troisième manquait.
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Videos de Yannis Ritsos (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yannis Ritsos
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
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