Un père de famille bien tranquille, Bruno Hamel, voit son monde basculer le jour où sa fille de sept ans est enlevée, violée et assassinée. Sa vie simple, banale mais heureuse s'effondre en un coup. Et lorsque la police arrête l'auteur, sa douleur fait place à la haine et il va échafauder un plan machiavélique : kidnapper le monstre qui lui a arraché sa joie de vivre et lui faire endurer les pires souffrances durant 7 jours avant de l'achever…
Dit comme ça, le pitch ressemble à n'importe quel scénario de « torture porn » qui ont inondés la toile depuis « Saw », mais c'était sans compter sur le génie de
Senécal.
Ce livre parle effectivement de vengeance. Aveugle, cruelle, impitoyable… et aux yeux de beaucoup, justifiée. Mais il parle également de rédemption, de pardon. Et c'est entre ces deux thèmes forts que
Senécal nous balance allègrement tout au long du récit.
Son personnage principal n'est pas non plus épargné par cette torture psychologique. Il sait que la Justice des hommes ne fera rien pour lui, ne l'aidera aucunement dans sa douleur, donc se tourner vers la Loi du Talion est LA solution. C'est si facile d'y adhérer… mais au fond de lui, il doute. Il sait qu'il agit pour le mieux… ou bien il essaie à tout prix de s'en persuader. En fait, tout au long du bouquin, ce père de famille , Juge, Bourreau (Dieu ?), oscille sans arrêt entre la certitude du bien fondé de ses actes et la recherche d'une certaine légitimité. Et ce questionnement le fera peu à peu sombrer dans la folie. Une folie sombre, désespérée, triste. Une folie qui l'éloignera de son humanité.
En parallèle, on trouve un policier chargé de l'enquête, Mercure, qui lui aussi a vécu un drame personnel tout aussi traumatisant. Seulement, lui, il a préféré se tourner vers le dialogue plutôt que la violence aveugle pour maîtriser sa haine. Cela donne un personnage tout aussi torturé mais d'une manière plus réfléchie.
Au final on se trouve avec entre les mains un livre dérangeant mais qui nous fait réfléchir tout au long de la lecture. Et c'est ça que j'adore avec
Senécal : il fait se questionner le lecteur sur des sujets graves, prenants, qui divisent immanquablement les êtres humains que nous sommes.
Hamel a-t-il raison d'agir ainsi ? La haine libère-t-elle de la douleur ? En agissant ainsi, ne devient-on pas pire que le monstre que l'on veut punir ? de quelle manière auriez-vous VOUS réagit devant un tel drame ?
Autant de questions qui s'imposent à vous tout au long de votre lecture…
J'ai commencé ce roman sans trop savoir à quoi m'attendre… et je l'ai dévoré en 4 jours ! On ne ressort pas indemne d'une telle histoire et on repose le livre avec un goût étrange dans la bouche. Il n'est d'ailleurs pas à conseiller aux âmes sensibles car les scènes de torture sont brutales, violentes, sans pitié aucune.
Cet auteur est parvenu à me secouer comme rarement un auteur l'a fait.
King m'émerveille même dans son épouvante ;
Clive Barker me fascine dans la noirceur de ses délires ;
Chattam me fait frissonner avec ses descriptions du Mal, mais
Senécal, lui… il me fait froid dans le dos avec ses histoires tirées des plus sordides faits divers que l'on peut lire dans la presse quotidiennement !
Demain je passe chez mon libraire commander ses autres méfaits littéraires, sans faute !
Pour moi un 9/10 sans problème.