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EAN : 9782351200599
366 pages
Editions Complicités (24/08/2017)
4.66/5   16 notes
Résumé :
Dans le village d’Auvers-sur-Oise, où le peintre Vincent van Gogh trouva la mort, Céleste vit seule dans la maison de sa mère.
Grosse et laide, jardinière dans l’âme, elle mène une vie recluse, tandis que sa sœur jumelle est mannequin à Paris.
Un jeune homme, un jour, la voit se baigner nue dans l’Oise. Il en tombe amoureux fou. Une idylle romantique naît. Lorsque reparaît la belle Anna…
Les deux sœurs, que tout oppose, vont alors se livrer une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Qu'est ce que la beauté ? Faut-il être une autre que soi pour être belle ? Faut-il se confronter à un modèle qui change sans cesse ?
Ce livre est un livre sur la beauté et sur la jalousie poussée au maximum entre des jumelles.

Annabelle et Céleste, orphelines, sont des jumelles qui ont chacune pris un chemin de vie différent.
Tandis que Anna est belle, riche, racée, une carrière de mannequin, mais aussi vaniteuse et blessante, Céleste est aimable, solitaire, grosse, empotée. Elle s'enlaidit volontairement pour se différencier de sa soeur qui a toujours eu le dessus sur elle.
Voici que Hugo, jeune professeur de lettres qui n'a jamais été attiré par les femmes bien enveloppée, voit un jour Céleste se baignant nue dans l'Oise. Il en tombe amoureux fou, en la trouvant belle comme les Baigneuses de Renoir. Céleste accueille cet amour paisiblement, avec sa belle âme .
Mais Anna s'aperçoit que sa vie de célébrité ne la fait pas rêver et que, malgré ses 21 ans, elle devient dépassée dans le monde cruel de la mode. Elle décide de revenir dans la maison familiale à Auvers-sur-Oise pour s'installer avec sa soeur.
Lorsqu'elle voit que Céleste est en paix avec elle-même, qu'elle se suffit de peu de choses, qu'elle est heureuse en amour, Annabelle s'aperçoit que sa grande beauté n'est rien. Elle n'est que représentation alors que Céleste est plein de paix. Elle jalouse alors sa "grosse dinde de soeur", comme elle se plaît à l'appeler, et va tout faire pour lui faire perdre sa paix et son rayonnement.
Mais jusqu'où peut aller cette jalousie ? Ce mal être?
Peut-elle basculer dans la folie ?

Merci aux Éditions Complicités pour ce très beau livre ! C'est le second livre de cette maison d'éditions que je lis (que je ne connaissais pas jusque là ) et je trouve qu'ils ont été sélectionnés avec soin ! Une maison d'éditions à suivre !

Si je le conseille ? Oui ! Un grand oui ! Ce drame sur la jalousie poussée à l'extrême est très bien raconté. L'étude psychologie sur des jumelles est admirablement décrite. L'auteure raconte tellement bien qu'on ne sait plus dans quelle époque nous sommes. Ce roman complexe est un hommage à la nature, à l'amour malgré tout, malgré la folie et le déchirement des soeurs, malgré la noirceur de ce roman. Un questionnement sur la véritable beauté et sur le regard de notre société .
Une belle écriture riche et dense. Une lecture qui se savoure, toute en poésie. Un livre baigné de peintures et de poèmes.
Un grand bravo à Danièle Séraphin pour son écriture magnifique ! du grand art !

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Superbe, profond et émouvant roman.
Lu en voyage (difficulté supplémentaire), je n'ai pas pu le lâcher, même je l'ai relu à mon retour.
Ce roman m'a emportée comme une grande vague, et c'est rare.
Du romantisme, du sentiment, une étude pointue de la psychologie des personnages, tout cela est servi par une plume rare et délicate, et pleine de poésie.
Passé le 1er chapitre, où la qualité du style peut dérouter, (l'écriture journalistique d'aujourd'hui nous habitue à la phrase insipide et sèche) j'ai été rapidement prise par le charme de l'écriture justement, et par l'histoire aussi originale que poignante, de ces deux soeurs jumelles. Avec elles, on palpite d'émotions, alternativement.
Certains passages sont à relire, tant ils tombent juste.
Chapitre après chapitre ( chacun est décoré d'un titre en harmonie avec le reste du roman; ambiance 19e siècle, impressionniste, pourtant l'histoire se passe aujourd'hui) on suit avec émotion, effroi, horreur, et bonheur aussi, le combat intime que se livre ici Céleste et Annabelle.
Hugo, l'amoureux est tiraillé entre les deux jeunes femmes (la bonté de l'une / la beauté de l'autre). Il va à sa manière, tenter de réparer leurs carences de personnalité, face à la vie, à l'amour, à leur féminité, à leur douleur éternelle d'enfants curieusement aimées (père disparu, mère absente). La fin, tragi-logique , débouche sur une interrogation sociétale.
(J'ai aimé aussi l'écho avec la vie et la correspondance de van Gogh à Auvers sur Oise; l'insertion des citations et des liens est très réussie).
Un très grand roman à tous points de vue. Je le recommande.

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J'ai eu un gros, très gros coup de coeur pour ce roman. Avec "Le Bal des Canotiers", nous entrons dans un huis-clos tourmenté et passionné entre deux soeurs jumelles que tout sépare. Les affres de la jalousie s'empare de la première, Annabelle, pourtant mannequin, mais qui ne supportera pas que sous son déguisement de Peau d'âne sa jeune soeur ait su trouver l'épanouissement et la sérénité. Féminité abimée par les canons de la beauté idéale que nous imposent les magazines et la publicité, Annabelle est le reflet de nous-mêmes, femmes d'aujourd'hui capables de détruire notre santé pour être un peu plus belles, un peu plus sexy... Céleste, le personnage de la jeune soeur, est au contraire l'essence même de la féminité, par l'acceptation de ses défauts et le rayonnement naturel de son être soustrait aux diktats de la beauté qui ont détruits sa soeur. L'analyse psychologique est d'une grande finesse, et l'écriture d'une sensualité magistrale. Je ne pensais pas en achetant ce roman que je tomberai sur un véritable petit chef d'oeuvre littéraire.
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Roman absolument MAGISTRAL. Un style magnifique pour une histoire admirablement enchevêtrée, entre correspondance des frères Van Gogh avec et duel psychologique de deux soeurs jumelles, partagées entre l'être et le paraître, et que deux chemins de vie opposent. Danièle Séraphin jongle admirablement avec les mots et les époques, au point de nous faire ressentir comme ancienne cette histoire contemporaine, ou très actuelle cette étude psychologique remarquable de personnages éternels. Un traitement magnifique de l'a narration, par petites touches, à la façon impressionniste, des descriptions sublimes des paysages d'Auvers-sur-Oise, et presque un cas d'école sur la mise en scène de la gémellité, thème qui continue d'inspirer les philosophes comme les psychanalystes. Vraiment un grand roman, à ne pas manquer.
Lien : https://www.editions-complic..
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J'avoue avoir acheté ce livre à la lecture des avis précédents. Comme pour les films qu'on nous a trop vantés, je m'attendais à quelques déceptions.
Du grand art !
Danièle Séraphin nous embarque dans un double voyage de l'âme féminine, dans une écriture sensorielle, sensuelle, furieusement émouvante. Par son histoire, deux soeurs aux prises avec l'être et le paraître, elle sait nous révéler la quintessence d'une psychanalyse qui ne dit jamais son nom. le style est flamboyant et épuré à la fois. L'intrigue profonde et super documentée (écho à la vie de van Gogh). Un auteur à suivre, sans conteste.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— T’es à croquer, miss glamour ! disait-elle après l’avoir maquillée. Tiens, dans le dernier ELLE y a Scarlett Johansson. Avant, trop petite, trop ronde, une fat girl quoi, eh bien regarde-la maintenant : lentilles de contact, régime, lipo, injections, implants, elle est juste sublime, non ?
Anna y revenait. Céleste se contentait de sourire.
Elle n’était pas idiote. Elle savait comment le monde fonctionnait. Par miracle elle avait échappé à l’industrialisation de la féminité, qui par tous les moyens invitait à se choisir un idéal, à tout faire pour l’atteindre, à dépenser beaucoup d’argent pour y correspondre. Il fallait donc qu’un manque soit créé, pour vendre et donner l’illusion de pouvoir le combler. Il fallait que les femmes soient en manque d’elles-mêmes, pour acheter de quoi y suppléer. Et il fallait que ce manque soit un modèle de manque, pour être fabriqué à la chaîne et désiré par toutes. Ainsi naissaient des petites filles joyeuses et dissemblables, qui se changeaient en adolescentes creuses et inquiètes, liseuses de presse féminine et dévoreuses de publicité, pour devenir des femmes achevées dans le sentiment qu’il leur fallait être une autre pour être belle, qu’il leur fallait être pareilles aux autres pour être elles-mêmes. De fait, étaient levées par milliers des troupes de combattantes de la beauté, ennemies d’elles-mêmes et alliées des cosmétiques, de plus en plus saignées par la frappe chirurgicale, et conquérantes automates d’un marché toujours plus vaste.
Dans son enclos monastique, sans télé, sans magazine, sans publicité, Céleste avait grandi prémunie de la propagande des images. Sans aucune gêne, elle avait su peser sur la terre avec son corps lourd et doué de sensations, un corps qui la contenait de la plus ample manière, où son âme était logée comme en un palais. Céleste n’avait pas besoin de se sentir femme, puisque femme elle l’était par nature.
— Je n’ai pas envie d’être sublime, Anna.
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Les arbres attachés à leur reflet dans l’eau se débattent entre deux rives.
Deux sœurs sont sous l’emprise d’une tourmente inconciliable.
La barque poussée par le courant vire d’un bord à l’autre.
« Tu es une personne méchante, assène encore la cadette. Depuis toute petite, Anna, je te subis. Sans me plaindre. Sans te blâmer. J’étais ta sœur. Ta petite sœur. Et tu n’as pas été la seule à être abandonnée. »
Face au vent, la clownesse est effrayante de calme. La quille de son chignon basculé en arrière lui emporte la figure comme un lifting raté. Céleste à l’opposé a les boucles de ses cheveux dénoués qui lui dansent devant la bouche.
« Moi aussi, j’ai été la fille de cette mère-là, continue-t-elle. Et aussi la fille de ce père-là. On a la même histoire, Anna. Sauf que moi, j’ai pris le sourire, cette courtoisie des tristes, et la bonté, pour tenter de contrer ta méchanceté. »
Dans sa laideur minérale, le teint de craie de la clownesse se craquelle de plus en plus. Les plis de sa culotte noire reçoivent les brisures de sa figure.
Sans rien céder à l’immobilité, le masque abominable se décompose.
« Tu n’es pas la sœur dont j’aurais rêvé, Anna. Tu as fait de moi ta jumelle souffre-douleur. Tu as opté pour cette facilité. Compenser sur moi tes déficiences, au lieu de les braver pour t’en guérir. »
Sur l’Oise macabre, la ronde des flots entraîne la barque d’une berge à l’autre. Des fleurs arrachées du sous-bois tournoient comme des couronnes mortuaires sur l’eau sombre.
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Anna ne gémit pas. Elle regarde l’homme travailler son plaisir dans son ventre, hargneux, fougueux, dément. Hugo est dans une fureur à posséder ce qui le possède. C’est un duel buté avec lui-même. Dans le ventre coriace et infamant de cette femme, il brutalise le désir, il l’injurie, cherchant, aveugle, à décharger la haine, enfouir sa souillure au plus profond des chairs. Il copule avec la volonté d’en finir. Un flacon de verre tombe. Se casse au sol. Anna radieuse, aux anges, comblée par la violence qu’elle dé-clenche, se laisse déchirer du dedans, labourée comme une catin, toute-puissante, elle est au centre des fulgurances, inspiratrice des sévices et des vices…
Brusquement sous la poussée du vent, la fenêtre de la salle de bain s’ouvre en grand. Elle bat, cogne, et se ferme. Se rouvre, claque, et se croise, crachant sur le corps des amants les glaires trempées de sa colère…
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- Chapitre "Vénéneuse" -

Hugo, lui, n’est qu’un amant. Peut-être est-il même un obstacle à la pliure nocturne de la gémellité, à l’inclinaison naturelle d’une tendresse primitive… Dans les draps émus, Hugo se sent de trop. Mais c’est alors que brille la lame de rasoir.
Dans la main droite d’Anna, un petit rectangle d’acier tremblote d’un reflet de lune…
Pantois, glacé, perplexe, Hugo s’interroge entre ses cils. À quoi assiste-t-il en réalité ? Attentif, il est prêt pour la gifle. Anna se penche vers le visage de sa sœur. Insensible et lent, c’est un rapprochement étrange, un raccourcissement ténu de l’attention, un rattachement, et c’est tout près maintenant, vingt centimètres à peine entre les figures, si près que l’aînée semble au bord de donner un baiser… Mais Anna se redresse. La lame de rasoir s’est à nouveau éclipsée dans la pénombre. Puis elle réapparaît.
L’aînée se penche une fois encore, et se recule, et se repenche, dans un va-et-vient élastique de l’attention, une aimantation des contradictions… Et en un éclair, la lame de rasoir se décide : elle balafre la joue rose de Céleste.
Nonnette a bondi.
Au bord du lit, fulgurante, hérissée, la chatte crache et fixe celle qui est démasquée. Hugo a couvert de son bras le visage de la victime qui n’a rien. Le fil de la lame a manqué sa cible. Céleste ne s’est même pas réveillée.
Mais le méfait est cimenté. Anna n’ose plus bouger. Statufiée dans l’armature des silences.
Le cœur bat dans un mortier d’effroi.
Hugo qui a remué paraît dormir. Dans l’air paralysé, Anna évalue ses chances d’impunité. Seule la chatte assise en sentinelle au bord du lit, veille et la juge. La lame de rasoir toujours au bout des doigts, hésite. Puis renonce.
Anna rompt sa fixité. Ses longues pattes anguleuses se rétractent. Sa figure luisante comme un abdomen laiteux s’éloigne et diminue dans l’ombre. Et derrière le chambranle de la porte se replie et disparaît la noire tarentule d’une préméditation…
Et ce fut ainsi que, patiente et enlaidie, Annabelle entra en folie.
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