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EAN : 9782370670168
521 pages
Plein jour (14/01/2016)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Comment une nation se relève-t-elle de ses propres crimes ? Rassemblant soixante ans d'enquêtes journalistiques et d'expériences personnelles, Gitta Sereny raconte les décennies qui ont suivi la chute du Troisième Reich dans une somme d'une ampleur unique sur l'Allemagne hantée par ses monstres. Du congrès de Nuremberg auquel elle assista enfant, par hasard, au procès Demjanjuk à la fin du siècle, en passant par la découverte, adolescente, à Vienne, des premières pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Difficile de noter ce livre car l'auteure s'y engage entièrement en tant que personne. le noter lui, c'est la noter elle...Et elle me met mal à l'aise, très mal à l'aise, et c'était déjà le cas avec "Une si jolie petite fille".
Ce qui me met mal à l'aise, ce sont d'abord des phrases comme "à la fin de cette soirée il (Albert Speer !!!!!) s'était lié d'amitié avec mon mari." (chapitre sur son interview de Speer, dans sa splendide maison de Heidelberg...Les travailleurs-esclaves des Nazis sont loin )...ou encore " cela se passait avant que je ne finisse par l'apprécier (toujours Speer !!!) mais, à la fin de nos trois premières semaines, je jugeai sincère, et j'aimai, ce sentiment de culpabilité en lui "(pages 370-371)...Non mais cocotte, t'as fumé quoi ??? Tu parles du favori d'Hitler, d'un de ses ministres les plus importants, organisateur du travail forcé dans les camps de concentration, responsable de la mort de milliers (dizaines? centaines ? ) d'entre eux, et qui voulait certes les conserver en vie un peu plus longtemps, mais dans une optique de productivité...voir les articles historiques sur cet aimable individu. Il a nié pendant 20 ans avoir connu la solution finale...Mais finalement, quand il n'a plus risqué d'être pendu, il a dit que oui, finalement, effectivement, "ma principale culpabilité réside dans l'acceptation tacite de la persécution et du meurtre de millions de Juifs" (p 389). le pauvre, il se sent coupable...Sortez les mouchoirs. Et notre Gitta de conlure : "C'est un homme hanté, qui a bataillé pendant trois décennies durant pour reprendre possession de sa dignité perdue" (30 ans c'est pas assez, c'est 3000 ans qu'il faut)."A moins que nous déniions à tous les hommes la capacité à se régénérer (nous la dénions effectivement dans certains cas de génocides), cet homme, je crois" (ferme-la, Gitta, avant de dire une connerie)" doit maintenant avoir droit à la paix" (en enfer avec Attila, Staline, Pol-Pot, son cher ami Hitler, ses autres copains Göring, Goebbels, Himmler, Bohrmann, Heydrich, que du beau monde, grillez bien en paix.)Bon, vous l'aurez compris, le chapitre sur Speer, à mon humble avis, c'est du grand n'importe quoi.
Après, il y a l'interview de Stangl, le commandant du camp d'extermination de Treblinka, qui est exceptionnelle. Pourquoi ? A mon avis, car Stangl n'est pas un grand bourgeois, comme Speer (et Gitta, issue d'une famille très bourgeoise, artiste, cosmopolite, a pu se laisser complètement embobinée par un homme très séduisant et manipulateur, d'un milieu comparable au sien). Pas d'affinités entre eux, pas de séduction, une femme froide à l'écoute. Et là, vraiment, on a un texte extraordinaire. Elle lui laisse l'espace pour parler, et lui, il parle sans doute comme jamais. Dix neuf heures après un des derniers entretiens prévus, il meurt d'une crise cardiaque. Pas de coïncidence, sans doute.
Voilà. de l'exceptionnel, et du délirant. Gitta Sereny peut se faire manipuler. Son éducation, son milieu social très favorisé, l'empêche de voir certains éléments évidents, comme l'argent, dans le cas de Stangl. Elle n'évoque jamais les questions de rémunération, qui ont pourtant dû être un moteur fondamental dans la motivation de ces hommes. Elle vit dans un monde très abstrait, très désincarné, très dénué de sang et de chair. Comme si les morts étaient des idées "crime contre l'humanité, "crimes de guerre", et non des corps empilés dans des fosses, alors, évidemment, c'est plus facile d'être copine avec un Nazi non repenti (François Genoud, pp 313 sqq) "François Genoud, un Suisse d'une scrupuleuse honnêteté qui , au plan idéologique, était resté un nazi, et qui, avec son épouse, furent de bons amis de Don et moi de 1976 à sa mort en 1996. (p 302) Scrupuleuse honnêteté, plan idéologique, nazi, bons amis, pas de souci...Voilà, ça reste des idées...Mais ce ne sont pas des idées, ce sont des faits, des chairs sanglantes, le typhus, des morts de faim et de soifs, des tortures inimaginables... Lire Charlotte Delbo, Primo Levi, le Journal d'Anne Franck SVP...
Enfin bref, vous voyez, c'est bizarre, ce livre. J'ai mis trois étoiles pour les chapitres ahurissants, mais pour certains, c'est zéro pointé.
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Recit boulversant mais quelque peu inquietant quant on prend en compte la position de l'auteur par rapport aux criminels de guerre nazi.
Je pensais que cet ouvrage serait une reflexion quant aux facons dont le peuple allemand s'est accomode ou s'en est sorti avec sa culpabilite quant aux horreurs qui se sont deroulees sous le regne des nazis.
Eh bien non!Grosse deception;il s'agit tout au plus de dialogues et d'analyses journalistiques des dignitaires nazis.Le chapitre Albert Speer et Globonic sont tres révélateurs des sympathies inspirees par ces monstres a l'auteur
Ce livre n'a pas eu la consistance que j'en attendais
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Un livre dense, riche. Enrichissant, surtout. Et pourtant sur un sujet qui a tant fait écrire et dire. Un livre à partir duquel pourrait partir un cours d'histoire pour nos enfants. Quoique, pour le moment je ne sais pas comment sera abordée cette période par les enseignants de mes enfants (bientôt en 5e et bientôt en 6e).
C'est une masse retraçant une vie personnelle et journalistique, sur une période qui semble s'étendre jusqu'à nous, mais composé avec le recul des années et de l'expérience.

Il y est question de monstruosité (s), de doute (s), de culpabilité (s), de honte (s), de dégoût. de transfert d'une multitude de sentiments de génération en génération. Une sorte de fardeau à transmettre, tout en s'allégeant peu à peu, imperceptiblement. Sentiments qui nous touchent tous, à différents niveaux. Je suis encore d'une génération (je suis née en 1975), en France, à laquelle les parents, publiquement, demandaient de chercher à comprendre par tous les moyens, mais aussi une génération à laquelle ces mêmes-parents, dans le privé, « répétaient que de bonnes notes, de bons résultats aux examens et la chance de pouvoir poursuivre une éducation supérieure dépendait aussi de leur capacité à éviter de développer une pensée indépendante et, plus encore, à éviter d'en faire part à leurs enseignants. ». C'est sur cette capacité à atteindre et à transmettre l'indépendance d'esprit, de réflexion, de compréhension que se joue l'incidence sournoise de ces transferts de sentiments.
Sentiments indicibles et diffus qui atteignent encore directement ceux de ma génération à travers ceux que portent leurs parents qu'ils portaient eux même de leurs grand-parents. Et quand je parle de « parents », c'est au sens large atteignant les frères, les oncles, les cousins..., masculins et féminins. Ces sentiments se retrouvent partout, en Allemagne, dans le monde occidental, en Europe et aussi en France où la Résistance est portée quasiment par tous comme un flambeau national. Mais pourtant, tout le monde n'était pas soit résistant soit collabo, soit noir soit blanc. Il y avait une grande masse de gris, pluriels et complexes, tout comme les noirs et les blancs étaient eux aussi complexes et pluriels.
C'est cette pluralité et cette complexité qui font le terreau sans cesse renouvelé de ces sentiments intergénérationnels. Et c'est justement là-dessus que s'appuie le travail de Madame Sereny. C'est ce qui en fait sa richesse.

Dans ce livre, il est donc question d'héritage culturel et émotionnel. le tout est traité par une immense journaliste, avec tout le recul qui lui était possible, avec ce désir de comprendre et de transmettre la compréhension de l'impensable, de l'innommable.

Je recommande chaudement cette lecture. Ce livre prend du temps à lire, à intégrer, à digérer. Et à relire. Mais le travail en vaut le coup. Vraiment.
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Cet ouvrage est un recueil d'articles parus entre 1967 et 1999 -parfois accompagnés de préfaces rédigées à l'occasion de la parution du livre- et traitant de l'héritage du nazisme. L'auteure présente d'abord quelques éléments autobiographiques : sa jeunesse à Vienne, sa réaction à l'Anschluss, son engagement à 24 ans, au lendemain de la guerre, comme volontaire de l'UNRRA (Administration des Nations Unies pour le Secours et la Reconstruction) chargée de rechercher des enfants polonais volés par les nazis et confiés à l'adoption en Allemagne, pour les rendre à leurs familles. Cela permet de comprendre ce qui a motivé son engagement au service de la vérité sur le nazisme.

La suite combine journalisme d'investigation et entretiens.

Journalisme d'investigation : elle enquête sur les révisionnistes et leurs procédés. Elle retrace plus particulièrement son travail pour débusquer les commanditaires des faux carnets d'Hitler, apparus en 1983 (il me semble me souvenir qu'en France, c'est Paris Match qui en avait proposé des extraits). C'est de l'investigation de haute qualité, à mon avis. Elle n'a pas pu aller jusqu'au bout parce qu'à un moment son journal a dit halte aux frais mais elle a acquis la conviction qu'il s'agissait d'innocenter Hitler du crime de génocide.

Elle suit les procès de John Demjanjuk, soupçonné d'être Ivan le Terrible, gardien sadique de Treblinka.

Entretiens : elle rencontre des anonymes et des personnes plus célèbres ; de jeunes lycéens allemands avec qui elle débat de la responsabilité de la génération précédente et plusieurs anciens nazis qu'elle essaie d'amener à admettre cette responsabilité. Elle s'est entretenue ainsi avec Franz Stangl, commandant de Treblinka. le chapitre qui en traite apporte quelques éléments complémentaires par rapport à Au fond des ténèbres. Elle a rencontré aussi Leni Riefenstahl, Kurt Waldheim et Albert Speer. Je vois qu'elle a écrit sur ce dernier un livre que je lirai sans doute.

Après ce que j'avais déjà lu de Gitta Sereny, cet ouvrage passionnant me convainc qu'il s'agissait d'une femme intelligente et d'une journaliste de premier plan. Je suis admirative de son travail.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Gitta SERENY, ne sais pas se positionner, ou ne veut pas, là est la question : elle est à la fois choquée et admirative.
Bon sang cette partie de notre histoire nous a révélé bien des crimes pour que notre jugement ne nous fasse pas défaut.
Concernant ses enquêtes, Gitta SERENY, aurai du s'attacher aux faits et être plus rigoureuse. On sent comme une compassion dans ses échanges avec les personnages, elles se laisse influencer, presque manipuler.
Mise à part mes réflexions, j'ai eu plaisir à lire son livre, bien qu'il ne me renseigne pas plus de ce que j'aurai aimé.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le « journalisme d'investigation » n'est pas, ou ne devrait jamais être, la mission d'une seule personne. C'est un travail de détective, qui nécessite un échange d'informations, une permanente remise en question, par tous, des découvertes de chacun.
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Videos de Gitta Sereny (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gitta Sereny
Dans la famille Holleeder, il y a d'abord le père : alcoolique et violent qui détruit tout sur son passage, rabaisse femme et enfants et fait régner un climat de terreur dans son foyer. Ouvrier chez Heineken, il se soûle en rentrant de l'usine, distribue raclées et insultes sous l'effet de l'alcool et de la frustration. Il y a la mère, être fragile et docile qui tente tant bien que mal de protéger ses enfants. Il y a Willem, le fils aîné, seul à tenir tête à son père et qui finit par le dépasser en devenant l'un des plus grands criminels des Pays-Bas, le célèbre "Neus" (le Nez). Avec comme premier haut fait d'armes, l'enlèvement en 1983, à vingt-cinq ans, du patron d'Heineken, Freddy Heineken et son chauffeur, Ab Doderer. Fort de cette réputation et tout en purgeant une peine de prison, Willem Holleeder va se transformer en chef de gang, prêt à tout pour régner sur un monde mafieux qu'il va contribuer à bâtir.
De prisons en prisons, la petite frappe va se muer en meurtrier assoiffé de sang et de pouvoir, "Scarface" hollandais, sans scrupule, soupçonné d'avoir commandité le meurtre de son meilleur ami et beau-frère, Cor. Et puis il y a Sonja et Astrid Holleeder, les deux soeurs, deux femmes qui un jour vont trouver le courage de dénoncer ce frère qu'elles ne reconnaissent plus, monstre de cruauté. Témoignages, enregistrements clandestins, les soeurs vont se faire Judas et envoyer leur cher frère en prison.
Ce thriller du réel, entre Roberto Saviano et Gitta Sereny, nous plonge au coeur d'une histoire de trahison, de crime, de haine et d'amour qui n'a rien à envier aux tragédies grecques ni au "Parrain".
Traduction de Brigitte Zwerver-Berret et Yvonne Pétrequin
Pour en savoir plus : https://bit.ly/2OwrxbW
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