Le point de départ de cet opuscule est l'essai
Par-delà nature et culture, de
Philippe Descola. Si vous avez un peu de temps, je vous conseillerais plutôt de lire celui-là.
En partant des données de l'ethnologie,
Descola dégageait quatre grandes classes de manière de penser la relation entre l'être humain et la nature : Totémisme, Animisme, Analogisme et Naturalisme, cette dernière étant en principe notre vision « moderne ». Pour une explication, voir ma critique (pub) ou l'interview au bout du lien que je mets à la suite de cette critique.
Serres oublie l'ethnologie, mais reprend ces quatre classes pour les appliquer à notre monde, et notamment aux pensées des écrivains, savants et philosophes du titre. Il s'emploie à détecter quelle pensée est de type totémiste, laquelle est plutôt de type animiste, etc. L'analogisme semble pour lui la voie la plus féconde (avec une grosse incitation à aller découvrir
Leibniz).
Arrivé au Naturalisme, Serres cale. Il n'en voit nulle part. le naturalisme servirait à « ranger » et à « transmettre » les idées, mais n'est en aucun cas une démarche féconde permettant d'en produire. En cela il rejoint, ou fait référence, je pense, à
Bruno Latour et à sa démarche de « purification » (voir ma critique à venir de « nous n‘avons jamais été modernes » : deuxième pub).
A part cela, le tour du monde promis dans le titre n'a pas lieu. Serres parle longuement de lui, de son enfance, et fait de multiples références à ses autres bouquins en supposant qu'on les a lus. Est-ce un effet de la célébrité audiovisuelle ? On dirait presque le dernier livre de Nabilla, une certaine préciosité littéraire en plus, académie française oblige.