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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette pièce est célèbre par cette fameuse "livre de chair" qu'Antonio, armateur et "marchand de Venise" s'est étourdiment engagé à payer au juif Shylock s'il ne parvenait pas à lui rembourser dans le temps imparti les 3000 livres qu'il lui avait empruntées. Antonio n'aura la vie sauve que grâce au sang-froid et à l'ingéniosité de Portia, la belle et riche châtelaine que convoite Bassanio, l'ami très cher d'Antonio. Dans cette pièce chorale, Shakespeare nous fait rire et trembler au milieu de tout un faisceau de désirs, d'espoirs, de cupidité et de ruse, le tout épicé d'une kyrielle de jeux de mots.
Et reste évidemment la fameuse tirade de Shylock :
"Il m'a humilié [...], il a méprisé ma nation, [...] et tout ça pourquoi ? Je suis Juif. Est-ce qu'un juif n'a pas d'yeux ? Est-ce qu'un juif n'a pas de mains, des organes, des mensurations, des sens, des affections, des passions ? [...] Si vous nous piquez, est-ce qu'on ne saigne pas ? Si vous nous chatouillez, est-ce qu'on ne rit pas ? Si vous nous empoisonnez, est-ce qu'on ne meurt pas ? ..."
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Considérer le Marchand de Venise comme une diatribe antisémite me semble relever à la fois de l'évidence, de l'anachronisme et de la myopie.
Presque de la même façon qu'on verrait dans La Mégère apprivoisée un pamphlet misogyne … l'anachronisme en moins… quoique...

En effet, à première vue, le Marchand de Venise est un violent réquisitoire contre les Juifs, représentés par Shylock.
A seconde vue et avec une paire de lunettes il se lit plutôt, selon moi ,comme un plaidoyer pour une plus grande justice à leur égard. Doit-on dire que Shakespeare, en ayant la main aussi lourde, a ou n'a pas facilité la tâche de son public, aujourd'hui comme hier?

L'évidence
Elle brille dès le sous-titre, racoleur- il faut bien vivre-: "La très excellente histoire du marchand de Venise - Avec l'extrême cruauté du Juif Shylock envers ledit marchand dans son dessein de couper exactement une livre de sa chair; et l'obtention de Portia par le choix entre trois coffrets".
Prudent, l'auteur amende dans la foulée l'impression fâcheuse que pourrait produire la formule en qualifiant la pièce "histoire comique du marchand de Venise".
On imagine sans peine que la représentation de la cruauté d'un Juif ne peut qu'attirer la foule chrétienne de l'époque et ce d'autant plus qu'on lui promet qu'elle en rira.
L'intrigue se noue dès lors autour du contrat de prêt que Shylock fait signer au marchand Antonio. S'il ne peut rembourser, Antonio s'est engagé à accepter la clause imposée par Shylock stipulant lui prélever une livre de chair. Lorsque l'échéance inéluctablement arrive, il faut la subtile argutie développée par Portia -la chair, mais pas de sang- pour sauver le marchand du charcutage.
L'allusion au "ceci est ma chair, ceci est mon sang", un des points d'accrétion de la divergence entre le judaïsme et le christianisme, me semble évident.
Tout au long de la pièce, les chrétiens sont les bons, le juif est l'affreux. le jeu sur les deux sens du mot "gentil", sens courant de l'adjectif d'une part, dénomination des chrétiens pour les juifs d'autre part- est répété à l'excès dès que l'occasion s'en présente.
Enfin les deux seuls Juifs présents, Shylock et sa fille Jessica, sauvent leur sort mal engagé en se convertissant à la requête et la satisfaction de tous, la disparition de toute diversité religieuse résolvant de fait toute opposition.
Certains s'en amuseront surement. Plus antisémite, tu meurs.

L'anachronisme
Au XVIe siècle , avant et longtemps après, les juifs sont honnis par les chrétiens, probablement tout particulièrement dans le peuple, en tant que déïcides et aussi, probablement tout particulièrement dans la noblesse toujours à court d'argent, comme usuriers..
Le christianisme , après ses débuts difficiles et les persécutions du 1er au 3ème siècle, est devenu religion d'état avec Constantin et s'est imposé partout en Europe. le rapport de forces avec le judaïsme s'est progressivement inversé et les Églises chrétiennes, se vengeant des mauvais traitements subis du fait des Israélites à leur début, en sont venues à quasiment dogmatiser la culpabilité de tous les Juifs dans la mort de Jésus. Autant dire que toute l'Europe chrétienne est antisémite, par constitution et par éducation, sinon par conviction raisonnée. Réagir avec la mentalité d'aujourd'hui à ce qui, très vraisemblablement, apparaissait à l'époque de Shakespeare comme ordinaire et allant de soi, serait un anachronisme.

La myopie
Pour autant, les esprits éclairés ont existé de tout temps.
Il ne fait pas de doute, et le Marchand de Venise en est une claire illustration, que Shakespeare appartient à cette catégorie.
Si en Shylock il caricature le Juif selon les canons encore utilisés aujourd'hui, c'est peut-être parce que, pour vivre, il lui faut s'assurer que le public viendra nombreux et appréciera le spectacle. C'est surtout pour le besoin de sa démonstration.
Car il ne renonce nullement assurer une défense des Juifs, qu'on pourrait qualifier de "neutre au pire", en revendiquant pour eux le droit d'être considérés comme les autres, c'est-à-dire ni mieux ni pire que la foule des chrétiens. C'est en somme exactement l'argumentation de Shylock pour exposer et justifier sa position (I, III et IV, I).
La géniale trouvaille -l'extrême cruauté- de la livre de chair due donne évidemment dans l'excessif et pue la caricature mais elle est à mettre en balance avec la cruauté sociale extrême dont pâtissait les Juifs. Elle n'est que l'image réfléchie par le miroir du théâtre de l'inhumanité dont les chrétiens européens faisaient preuve dans leurs rapports quotidiens avec les juifs.
Moins antisémite, tu non-existes.
Je ressens une parenté avec Montaigne, se tenant toujours loin à la fois des buts grandioses et des troubles du discernement et s'appliquant à rétablir ce que lui dicte son amitié pour l'humanité considéré par le bon bout de sa raison.
Le prisme du théâtre corrige la myopie, n'est-il pas là pour ça?

Shakespeare a aussi voulu distinguer un second thème important de la pièce par la mise en exergue dans le sous-titre rappelé plus haut de "l'obtention de Portia par le choix entre trois coffrets".
Si on ne peut exclure que l'intention soit d'alimenter la curiosité du public avec une histoire de coffrets (qui s'avèreront montrer le principal, mais cacher l'essentiel) , il semble toutefois qu'à cette fin la livre de chair eût pu largement suffire. Je suis tenté de voir dans cette proximité voulue le rapprochement malicieux de deux conditions alors malmenées, dans des registres certes différents mais pas sans certains points communs, la condition des Juifs et celle des femmes. Là encore, le moyen utilisé par l'intrigue - la mise en loterie de Portia par son père- ne fait pas dans la dentelle. le parallélisme des destins -Shylock converti chrétien, Portia mariée à celui dont le premier acte posé fut de renier l'engagement pris auprès d'elle la veille ne laisse pas de pointer un parallélisme de combats, guerre des religions, guerre des sexes.

"Histoire comique" a-t-il cru bon de préciser. Merci Willy, c'eut été trop bête de commettre par inattention une grossière erreur de classification posthume.
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Les forces de l'amour contre celles de la haine, leurs ressorts à tous deux, la générosité contre l'usure, le don de soi face à l'avarice, la Pitié confrontée à la Justice, mais aussi l'humanité irréductible des méchants : tels sont les thèmes fort peu frivoles de cette fable où l'on retrouve tout ce qui fait la saveur des comédies de Shakespeare.
Le mélange de poésie et de bouffonnerie, de tragédie et d'humour. Les sentiments magnifiés. le jeu sur les apparences, le goût du travestissement, les duperies qui disent le vrai, bien mieux que ne saurait le défendre un visage découvert.
Et de beaux personnages : Antonio, l'amour sacrifié, Portia, l'amour combattant, et Shylock, le plus ambigu de tous, odieux, implacable, sensible pourtant à sa manière orgueilleuse, et qu'on ne saurait entièrement détester.
En tout point délicieux !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Comédie bien enlevée, mais qui peint à traits tellement grossiers l'usurier juif, que l'auteur, s'il l'écrivait aujourd'hui, serait taxé immanquablement d'antisémitisme.

Un grand classique à avoir lu au moins une fois si l'on n'a pas la chance de le voir jouer au théâtre.
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Une pièce de William Shakespeare est toujours un moment exaltant. Je suis donc allée voir "Le marchand de Venise" au théâtre de l'épée de bois à la cartoucherie de Vincennes, lieu propice à une excellente mise en scène.
Comme je le fais habituellement j'ai lu la pièce après et j'ai bien fait car je me suis rendue compte que l'acte V a été supprimé.
Je trouve cette proposition intéressante car cela permet de terminer sur le procès et minimise la comédie par rapport au drame.

Il y a deux intrigues entrecroisées dans cette pièce qui date de 1598 dans laquelle Shakespeare questionne les intolérances des chrétiens et des juifs de Venise. Ça c'est pour la partie dramatique, quant à la comédie qui se passe à Belmont, elle concerne l'amour et le mariage de Bassanio, gentilhomme désargenté. Il est amoureux de la belle et riche Portia qui l'aime en retour mais qui est dans l'obligation de lui faire passer une épreuve que le testament de son père impose à tous ses prétendants : trouver son portrait dans un des trois coffrets d'or, d'argent ou de plomb.
On n'a pas besoin de beaucoup se forcer pour savoir où il est et de connaître le gagnant.
Il faut dire qu'à cette étape les moqueries vont bon train mais je n'ai pas aimé l'insistance sur la couleur de peau du prince du Maroc qui le rend hideux aux yeux de la belle.
Pour obtenir la main de Portia, Bassanio fait appel à Antonio, marchand chrétien, qui va emprunter à Shylock, usurier juif, l'argent nécessaire. Il signe un contrat avec celui qu'il méprise qui stipule qu'en cas de non remboursement, Antonio devra donner à Shylock une livre de sa propre chair.
Évidemment cela va arriver et le Doge de Venise va devoir présider un procès pour que le contrat soit appliqué.

Alors qu'il est parfois critiqué pour se moquer des juifs, je trouve que Shakespeare au contraire se moque de tous les puritains. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre et son message dit qu'au-delà de nos différences culturelles, nous partageons tous les défauts et les qualités de l'âme humaine qui nous est commune.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Temps modernes 2023
Challenge ABC 2023-2024
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Challenge Solidaire2021 Gwen21# lecture 19

Une pièce de théâtre brillante. Une lecture très accessible même si c'est du Shakespeare.

Antonio, un marchand prospère de Venise, contracte un prêt auprès de Shylock, un usurier juif, pour aider son ami Bassanio à épouser la belle et riche Portia. le juif exige d'écrire l'emprunt sur un billet pour le moins étrange : si Antonio n'honore pas sa dette, il la paiera avec une livre de sa chair coupée à l'endroit ou le Juif voudra !!!
Les 2 hommes ne s'aiment pas. Antonio considère le juif comme une personne impitoyable, sans aucun scrupule ; il a souvent arraché à ses griffes des débiteurs insolvables venus implorer son secours.
Shylock déteste Antonio, un rival pour ses affaires, qui n'hésite pas à l'humilier en plein public et le maltraiter parce que c'est un juif.
Pour son malheur, Antonio sera incapable de payer sa dette à temps. Shylock s'acharne à ce que justice soit rendue, le billet honoré. Il réclame avec véhémence la livre de chair. Il refuse de faire preuve de clémence, comme le lui demande le Duc de la ville.
Le juif Shylock n'est-il qu'un méchant ? Cette méchanceté n'est-elle qu'une une réaction à l'antisémitisme très courant à cette époque là ?
La normalité de l'antisémitisme de l'époque où cela a été écrit ne passerait pas aujourd'hui.
Nonobstant cette réserve, cette pièce reste une belle histoire où se mêlent amour, camaraderie, loyauté, tragédie et comédie.
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Un grand plaisir à lire et relire le marchand de Venise. Une comédie pleine d'entrain où l'antisémitisme côtoie la légèreté, la lourdeur masculine et le dynamisme et la ruse féminine. Il y a bien sûr le débat sur la livre de chair, mais j'ai plus apprécié les trois coffras et leurs messages. J'avais un peu peur de me perdre dans tous ces personnages aux noms assez similaires, mais c'est une comédie bien ficelée et je m'y suis retrouvé facilement.
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Simple a lire , histoire courte mais prenante dans le Venise de la renaissance italienne , inattendue , romantique et sans pitié , je vous conseille fortement le film avec Pacino qui représente à merveille cette pièce de théâtre , on adore 👌👌👌
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J'ai lu cette pièce après avoir vu le film avec Al Pacino et Jeremy Irons. Moi aussi ces multi interpretations m'ont un peu troublées, mais après grande reflexion, je ne pense pas qu'il y est un message anti-sémite dans l'oeuvre de Shakespeare. Il a voulu dépeindre la société Venitienne de l'époque, sans trop choquer le lecteur, en donnant à Shylock le rôle du méchant. Mais Shylock n'est pas méchant, c'est un homme poussé à bout qui va aller trop loin selon moi. Après il est vrai que la fin aurait pu être plus attenuée, je trouve cruel de la part d'Antonio d'ordonner au juif de se convertir. Mais en même temps, si Shakespeare avait été anti-sémite, il n'aurait pas écrit ce monologue superbe de Shylock je pense... J'ai beaucoup aimé le personnage de Portia, voilà une héroine de Shakespeare très intelligente, c'est e que j'aime chez Shakespeare.
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