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4,3

sur 1396 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un roman qui décortique avec minutie une relation mère-fils pour le moins dysfonctionnelle. La mère s'exprime sans faux-semblants, ses ambiguïtés face à la maternité sont crûment dévoilées, et font voler en éclat le mythe de l'amour inné qu'est censé ressentir tout parent pour son enfant.

J'ai trouvé ce livre intense : chaque thème abordé l'est de façon puissante, chaque description touche au point sensible, rien n'est tu.

Sans amertume ni colère, la narratrice, et par-là l'auteure, nous demande : peut-on décider rationnellement d'avoir des enfants ? Cela permet-il vraiment de donner un sens à notre vie ? Est-on véritablement encore maîtresse de son propre corps lorsque l'on est enceinte, lorsque l'on porte un enfant conçu à deux ? Et bien sûr, puisqu'il est ici question d'un enfant qui commet une tuerie, quelle est notre part de responsabilité dans les actes de notre progéniture ?

Un livre difficile, difficile à oublier aussi.
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j'adore cette auteure. C'est le troisième roman d'elle que je lis et les écrivains capables de creuser leurs obsessions sans se parodier sont rares: Shriver est de ceux-là. Son roman est d'une intelligence inouïe et laisse le lecteur face à ses propres tâtonnements, et ressentant comme rarement que ce roman parle de lui (même s'il n'a aucun mass-murderer parmi ses enfants).
Donc, il faut qu'on parle de Kevin (et qui est ce "on" sinon vous et moi dans ce dialogue que nous ne pouvons pas ne pas entamer avec Eva Khatchadourian?): il faut en parler pour tenter de comprendre comment il en vient à commettre ce crime atroce. de nombreuses pistes nous sont données dans ce roman extrêmement maîtrisé, que nous suivrons - ou non - avec pour seul bréviaire la noirceur, ou la candeur, de notre âme.
Donc Kevin a tué:
- parce qu'il est un monstre, un monstre qu'il faut tenir caché au nom des mythes sur l'enfance: face à lui, Eva est seule. Personne ne lui propose d'aide (pas un seul psy dans cette histoire pourtant américaine! pas un médecin, pas un prof pour proposer un début de solution). Les enfants difficiles sont le problème des mères et d'elles seules. Qu'elles se débrouillent!
- parce que sa mère n'a pas réussi à l'aimer. Eva est un bon petit soldat de la maternité: elle fait tout ce qu'elle est censée faire. Elle refuse la péridurale, met sa carrière entre parenthèses, nourrit son fils de plats maison, veille sur lui du matin au soir... J'ai repensé au "Dieu caché" de Goldmann sur l'essence du tragique racinien: ses héros, loin d'être monstrueux, font de leur mieux mais Dieu se rit de leurs efforts et les condamne... Quoi qu'ils fassent, ils feront mal.
- parce qu'il est américain: pays des armes en vente libre, des psychotropes, des psychopathes adolescents, du laxisme éducatif et des écrans toujours allumés.
- parce qu'Eva est folle: elle s'est convaincue que son fils est un monstre sans le moindre commencement de preuve. L'histoire est racontée par Eva qui prend bien soin de dénigrer toutes les analyses données par son mari du comportement de Kevin. Mais si c'était Franklin qui avait raison? Si nous reprenons toutes les critiques proférées par Eva, il s'agit à chaque fois de reconstruction ou d'extrapolation. Par exemple, elle accuse Kevin d'avoir été l'instigateur de jets de briques en arguant qu'il ne peut avoir en l'occurrence simplement subi l'influence d'un copain, ce dernier étant trop niais pour pouvoir être un meneur. Or, quand Eva surprend une conversation entre Lenny et Kevin, celui-ci dit "Ce coup-là, tu vas le payer (...). Parce que ton numéro à la con aurait pu sérieusement nuire à ma réputation. J'ai des principes. Tout le monde a des principes (...)". Si je ne m'abuse, ces paroles montrent justement que la version donnée par Kevin à son père n'est pas qu'une excuse habile. Donc Eva a créé de toutes pièces ce personnage de monstre froid, n'aimant son fils que malade ou meurtrier (la fin du livre est particulièrement glaçante quand elle annonce qu'elle veut vivre avec Kevin, jeune adulte libéré après sept ans de prison et repartir avec lui sur de nouvelles bases. Après ce qu'il a fait? On se pince pour le croire.). La tuerie tient alors de la prophétie auto-réalisée: comme Sigismond, le héros de "La vie est un songe", enfermé pour ne pas devenir un assassin et le devenant à la minute où il est libéré, Kevin aime assez sa mère pour devenir celui qu'elle veut...
Quelle que soit la raison (et rien n'empêche qu'elles soient toutes justes concomitamment), Lionel Shriver est une moraliste à l'oeil perçant qui nous oblige à affronter notre malheureux tas de petits secrets intimes.
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Ce "roman" épistolaire à sens unique, un seul auteur, un seul destinataire, qui nous décrit avec précision et sans complaisance l'escalade du désastre, est mené comme un thriller dont on croit connaitre la fin. Beaucoup de choses ont été dites sur ce livre. Pour ma part, je n'entrerai pas dans les débats "c'est la faute d'une telle" (Eva, la mère, bien entendu) ou "c'est la faute de personne". J'ai trouvé ce livre très difficile à lire, non pas dans son format (parce que, soyons honnêtes, ce n'est pas vraiment Eva qui écrit à son mari, mais Lionel Shriver qui interpelle son lecteur) ni dans son écriture, mais dans son contenu à la limite du supportable. L'auteur fait voler en éclat le modèle familial américain et évoque sans fausse pudeur ce que l'on trouve sous le tabou de l'ambivalence de la maternité. Elle dissèque les relations familiales et maritales au scalpel d'une sincérité qui n'est, à l'unanimité, jamais bonne à dire.
Ce roman difficile à supporter, malgré quelques tentatives d'humour (noir), semble tenter de trouver une réponse, une issue, au « pourquoi » légitime d'une tuerie dans un lycée. Pour ma part, la question qui m'a hantée tout au long de cette lecture, c'est : « et moi, qu'aurais-je fait dans ce cas-là ? Quand aurais-je tenté d'arrêter cette histoire ? ». Dans les deux cas, bien sûr, il n'y a pas de réponse.
J'ai été beaucoup touchée par la frêle existence de la petite Célia, désabusée par l'attitude du père, et me suis reconnue dans certaines réflexions, certains aveux d'Eva (parce que, ne l'oublions pas, on ne peut jamais « sortir » du rôle de mère). « Il faut qu'on parle de Kevin » est une lecture instructive qui ne peut laisser indifférent, mais que je déconseille fortement aux âmes sensibles !
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Un livre coup de poing, que je ne regrette pas d'avoir lu et qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.
Sans aucun misérabilisme et avec beaucoup de lucidité, une femme essaie de comprendre ce qui a pu conduire son fils de 16 ans à une tuerie de sept de ses camarades de lycée, d'un professeur et d'un employé de la cafétéria.
Toutes ses analyses, aussi bien introspectives que dirigées vers la société américaine se présentent sous forme de lettres adressées à son mari, dont elle est séparée.
La question qui ressort de ce livre est, à mon sens, de savoir si un adolescent tueur nait avec un potentiel de haine qui ne demande qu'à grandir avec l'incompréhension qui se tisse chaque jour dans les liens parents-enfant.
Il me tarde maintenant de pouvoir regarder l'adaptation cinématographique de ce livre.
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Pendant des années, je n'ai pas été attirée par ce livre. Je croyais que c'était le témoignage d'une mère qui cherchait des excuses à son fils. Je pensais que c'était l'histoire vraie d'un adolescent, coupable d'une tuerie de masse dans une université américaine. J'imaginais que c'était le texte d'un parent qui souhaitait donner des circonstances atténuantes à ce meurtrier.


Puis, sur Instagram, j'ai commencé à le voir souvent. Les commentaires étaient élogieux. Ma curiosité a été attisée.


Ma vision d'Il faut qu'on parle de Kevin était erronée. Tout d'abord, c'est une fiction. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Eva, la mère du meurtrier, ne lui cherche pas d'excuses.


Eva écrit à son mari, qu'elle ne voit plus depuis ce JEUDI tragique. Elle retrace la vie familiale, du début de l'histoire d'amour entre Eva et Franklin, jusqu'à ce jour où Kevin a tué neuf personnes de son lycée.


Elle livre tout sans fioritures, sans embellir la réalité. le ton est sec, c'est une véritable autopsie. Il m'a fallu du temps pour rentrer dans l'histoire, mais ensuite, il m'était impossible de le lâcher. Pourtant ce que je lisais me glaçait et je détestais de nombreux passages.


En effet, Lionel Shriver dépeint deux tabous : celui d'absence d'amour maternel et celui de la méchanceté de certains enfants. Les descriptions de certaines pensées qu'Eva prête à Kevin, lorsqu'il est enfant, m'ont, parfois, mise mal à l'aise. J'ai oscillé entre la colère, la tristesse, l'envie de comprendre, etc.


Deux jours après avoir terminé ce roman, le débat continue de faire rage en moi. le fait de devenir un tueur vient-il de l'inné ou de l'acquis ? Un enfant peut-il être mauvais comme le comportement de Kevin porte à la croire ou le manque d'amour le fera devenir cet être horrible ? Quelle part de responsabilité portent les parents d'un adolescent qui tue ses camarades ? Ce dernier est-il programmé dès la naissance ? L'origine de ses actes vient-elle de son environnement ?


Ce livre dérangeant a bouleversé toutes mes convictions. Je ne sais plus que penser. Aussi, je sais que ce livre va continuer à me marquer et me hanter. Son but n'est pas d'apporter des réponses, il ne le fait absolument pas, mais il provoque une réflexion troublante qui crée un malaise intérieur. Les interrogations perdurent après la lecture. C'est un livre puissant que je souhaiterais ne pas aimer, tant le sujet est perturbant et que, pourtant, je n'ai pas pu lâcher. Je ne ressors pas indemne de cette lecture.

Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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L'implication de son fils dans une tuerie de masse va plonger une femme, mère et ex-épouse dans l'horreur et l'incompréhension. Ce sont ces trois identités qu'elle va questionner dans le livre afin d'essayer de comprendre l'enchaînement des événements qui ont mené au drame. le récit se structure autour de lettres écrites à son ex-mari qui désacralisent la maternité à travers un regard sans concession ni tabou. "Il faut qu'on parle de Kevin" est une introspection maternelle au foisonnement incroyable dont on se demande comment Lionel Shriver s'y est pris pour donner autant d'épaisseur au personnage. le livre ne s'attarde pas sur les faits (il y fait juste allusion) mais transforme un fait divers horrible en un miroir de notre société. Une claque !
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Hébétée, horrifiée, bouleversée et navrée, voilà dans quel état me laisse ce fameux Kevin après quelques heures en sa compagnie.

Kevin est un américain de 15 ans qui va tuer plusieurs de ses camarades de lycée, comme d'autres petits américains l'ont réellement fait aux Etats-Unis, notamment dans le tristement célèbre lycée de Columbine.

Peut-être, comme moi, vous êtes-vous demandé un jour dans quel environnement ces adolescents avaient grandi, comment se sentaient leurs parents après les tueries. Peut-être même, si vous avez des enfants, avez-vous eu cette peur de voir se développer chez eux de la violence, de la méchanceté gratuite, quelque chose d'inquiétant. Peut-être enfin si vous êtes une mère, vous-êtes vous demandé comment ce petit être dans votre ventre sentait votre amour, vos émotions, votre bonheur d'être enceinte...ou non. Sujets tabous s'il en est.

Lionel Shriver va vous plonger dans ces tabous à pieds joints, à travers les lettres d'Eva, la maman de Kevin, écrites à son mari dont elle est séparée. Pour lui et pour nous, Eva se met à nu en tant que femme et mère, et dit tout de l'histoire de son fils, même ce qui fait froid dans le dos. Comment elle s'est sentie piégée. Combien la pression est grande d'avoir l'instinct maternel, et de ressentir immédiatement un bonheur indicible en voyant son bébé pour la première fois. Comment on peut déraper un jour, quand dès le départ l'histoire était biaisée.

Au passage, l'auteure égratigne, et le mot est faible, une société américaine prisonnière de ses clichés d'une vie de famille rose bonbon et paradoxalement adepte d'armes en tous genres. Sois joyeux et tue.

A mes yeux, ce roman est un travail remarquable, très bien écrit, bluffant de réalisme et qui pose des questions intelligentes, au-delà de l'aspect terrible de l'histoire. Alors certes, la lecture est douloureuse, mais elle apporte beaucoup. Un grand coup de coeur, mais qui ne laisse pas indemne.
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
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Ce livre ne peut pas laisser indifférent. Eva, la narratrice, est la mère de Kevin, ce jeune homme qui a commis le massacre. Avec force détails, elle nous raconte la venue au monde de cet enfant qu'elle n'avait eu que pour faire plaisir au père. Elle met en avant ce manque de liens affectifs et maternels. Cette franchise fait voler en éclats tous les clichés de la mère aimante se saignant aux quatre veines pour la chair de sa chair. Elle pousse également le lecteur à se focaliser non pas sur le meurtrier mais bel et bien sur celle qui a engendré ce monstre. Cette froideur, ce détachement, la mettent automatiquement en position d'accusée. Pourtant, lorsque le drame éclate, Eva est divorcée de son mari, un père aimant plus que tout son garçon. C'est elle qui subira le calvaire après la tuerie, rejetée par son fils et par la société qui l'accuse ouvertement.

Cette correspondance avec son ex-mari, Franklin, nous laisse également entrevoir la famille américaine, la violence dans la société... tout un système à revoir. Il s'agit d'un récit épistolaire qui déconcerte par sa simplicité et sa force. Il touche moralement car l'éthique est bafouée.
On ne parle pas assez de ce livre à mon goût.
Lien : http://livresetmanuscrits.e-..
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Il faut qu'on parle de Kevin est un livre incroyable, bouleversant. Comme d'habitude, c'est sur Babelio que je l'ai découvert et les nombreuses critiques positives m'ont donné très envie de le lire, de même que le thème de cette histoire, même s'il s'agit quand même d'un sujet terrible : les adolescents auteurs de tueries de masse.

Dans ce livre, on suit l'introspection d'Eva, dont le fils Kevin, 16 ans, est en prison après avoir tué plusieurs élèves, une professeure et un employé de la cafétéria de son lycée. A travers les lettres qu'elle écrit régulièrement au père de son fils, elle retrace la vie de Kevin, depuis sa conception jusqu'à ce fameux JEUDI. On apprend beaucoup de choses sur ce garçon qui n'a donc pas très bien fini, c'est le moins qu'on puisse dire...

Ce roman pose beaucoup de questions – du moins je m'en suis beaucoup posé en le lisant. Et j'ai eu tout le loisir de m'interroger puisque c'est un joli pavé de plus de 600 pages. Parmi ces nombreuses questions, il y en a quelques-unes qui sont revenues plusieurs fois : qu'est-ce qu'être parent/mère (question pas trop compliquée) ? qu'est-ce qu'être un bon parent/une bonne mère (là, ça devient tout de suite beaucoup moins simple) ? Naît-on fondamentalement bon ou mauvais ? Qu'est-ce qui fait qu'un jour tout bascule ? Pourquoi est-il possible de ne pas aimer son enfant/parent ? La liste des questions n'est pas exhaustive, bien sûr. Et c'est la raison pour laquelle j'ai aimé ce livre. C'est très subjectif, évidemment, mais pour moi, Il faut qu'on parle de Kevin est un très bon livre. Il permet de s'interroger – personnellement en tant que maman – et de se pencher sur le phénomène des tueries de masse. Pour les besoins de son roman épistolaire, Lionel Shriver fait référence à des tueries de masse en milieu scolaire réelles, dont Columbine, et l'on se rend compte que le phénomène n'est malheureusement pas si rare. J'en ai découvert bien d'autres dont je n'avais jamais entendu parler. La notion de culpabilisation est aussi beaucoup abordée, notamment du côté de la mère. Eva culpabilise, mais elle est également très culpabilisée : dans quelle mesure l'éducation que Kevin a reçue a fait de lui un tueur de masse ? Que de questions ! Mais je le dis encore : ce livre est extraordinaire.

Il paraît que l'adaptation du roman par Lynne Ramsay est excellente. J'ai très envie de la découvrir pour retrouver un peu les observations et réflexions d'Eva qui sont toujours très profondes et, malgré la difficulté du sujet, enrichissantes.
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Une mère essaie de comprendre, comment son fils de 16 ans a pu franchir la barrière solide et infranchissable du passage à l'acte, en tuant des adolescents de son lycée. A travers les lettres adressées à son mari, elle relate la progression de son fils dans le monde de la méchanceté, son rejet de tout amour, son dégout pour quelque passion que ce soit. Les paroles de cette mère sont dures et choquantes, mais elles sont aussi à la hauteur des actes et de l'état d'esprit de son petit garçon . Cette mère ose dire qu'elle n'aime pas son enfant , mais est- elle pour autant responsable de la perversité de son fils, n'est -il tout simplement pas mauvais par lui même?
C'est effectivement un livre "coup de poing", bouleversant et qui laisse une question en suspens; POURQUOI?
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