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4,3

sur 1398 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
“Il faut qu'on parle”. Voilà bien la phrase que l'on redoute d'entendre quand on vit en couple. Ces quelques mots suffisent généralement à vous signifier que votre vie ne sera plus jamais comme avant.

Pourtant, en voulant parler de Kevin à son mari, Eva ne va rien bouleverser dans la vie de sa famille, son fils s'étant déjà chargé de la pulvériser.

En voulant mettre des mots sur les actes effroyables que son adolescent a commis, Eva ne cherche ni à l'excuser, ni à minimiser sa propre responsabilité. Elle veut juste tenter de comprendre comment le pire a pu se produire pendant que Kevin, du fond de sa cellule, lui refuse toute explication.

A qui d'autre qu'à son mari peut-elle avouer son incompréhension, son incrédulité et son désarroi ? A qui d'autre peut-elle faire part de son malaise face à cet enfant qu'elle n'est jamais parvenue à comprendre ?

Eva a besoin de parler et de vider son sac alors que tout le monde la fuit et c'est à travers des lettres adressées à cet époux absent qu'elle y parvient. Elle ne profite pas de cette communication à sens unique pour s'octroyer le beau rôle et se positionner en victime. Elle est la mère de l'assassin, de ce tueur de masse qui a abattu de sang froid sept de ses camarades, un professeur et un employé se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Elle est et sera jusqu'à la fin de sa vie la mère de Kevin Khatchadourian, la mère du monstre. Elle l'assume, quel autre choix a-t-elle de toute façon ?

En replongeant dans ses souvenirs, Eva met en lumière tous ces instants où la vie auprès de Kevin n'avait rien d'un conte de fée. Elle se rappelle de toutes les fois où son mari lui a reproché sa froideur vis-à-vis de leur fils. Elle se souvient de ces petits incidents qui lui ont glacé le sang pendant que son mari n'y voyait que du feu, aveuglé par un amour paternel débordant. Elle démontre à force d'exemples circonstanciés la singularité des agissements et des réflexions de leur fils. Car non, Kevin n'était pas un enfant comme les autres. Non, ce qui s'est produit n'aurait pas pu arriver à n'importe quelle famille.

C'est avec une précision chirurgicale que cette mère dévastée dresse le portrait d'une famille américaine qui avait tout pour être heureuse jusqu'à l'arrivée de cet enfant pourtant désiré. Elle démontre par ses mots et par ses anecdotes qu'une éducation bienveillante et un cadre de vie privilégié ne représentent pas à coup sûr la recette gagnante pour élever de futurs adultes responsables.

Dans ce roman épistolaire considéré comme le chef d'oeuvre de Lionel Shriver, le lecteur se heurte de plein fouet au pire cauchemar de tout parent : avoir enfanté un monstre. Si certains parents ont fait part de leur malaise à la lecture de ce livre coup de poing en n'y voyant qu'une noirceur plombante, j'y ai vu pour ma part un message étonnamment déculpabilisant. Car finalement, que nous dit l'auteure à part que l'être humain n'est qu'une somme d'inné et d'acquis et que la destinée de chacun ne repose pas uniquement sur les frêles épaules de ses parents ? Quelles que soient vos erreurs, vos manquements, vos attentions et votre amour, ils ne suffiront pas à faire de vos enfants des êtres bons ou mauvais, une part de l'équation est tapie au fond d'eux et vous n'en avez pas la clé. Déculpabilisant mais aussi responsabilisant car, en tant qu'enfant, on ne peut pas non plus se cacher perpétuellement derrière les maux de ses parents pour trouver des excuses à ses propres comportements. C'est donc pour moi un roman éminemment psychologique en plus d'être sociologique puisqu'il traite de l'un des maux majeurs de la société américaine.

Mais quelle que soit la manière dont vous recevrez ce livre, une chose est sûre, vous le fermerez estomaqué. Il faut être allé au bout du supplice de cette mère pour comprendre toute la portée de ce roman. Ca n'est malheureusement pas un livre que l'on peut mettre entre toutes les mains mais si vous vous sentez en capacité de faire face, foncez ! Vous aurez rarement l'occasion dans votre vie de lecteur d'être à ce point marqué par un roman. Vous ne pourrez jamais oublier Kevin et sa famille, ça je vous le garantis !

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Eva Khatchadourian est reporter auprès d'un magazine de tourisme. Elle aime son mari mais n'éprouve aucune envie de maternité. Pourtant elle met sa vie professionnelle et ses ambitions privées entre parenthèses pour donner naissance à son fils Kévin.
Dès leur première rencontre, leur relation s'avère compliquée. Eva le ressent tout au long de l'enfance et l'adolescence de son fils. Elle en fera part à son mari, par écrit, après l'irréparable qu'il a commis.
En effet, à la veille de ses 16 ans, Kévin tue 9 personnes dans son lycée dont 7 de ses camarades.

Pfff, une vraie claque ce livre car il traite de plusieurs sujets difficiles voire tabous. Il pose notamment la question : naît-on ou devient-on un « monstre » ? Et énonce entre autre la non-rencontre d'une mère avec son fils.
Avec courage et sans jugement, l'auteure arrive, à travers son roman et son personnage féminin, à débattre sur l'acte de Kévin : est-il la conséquence des relations et de l'éducation familiale ou relève-t-il de la psychiatrie ?
Elle donne plusieurs réponses éclectiques à travers la culpabilité de cette mère et dresse un portrait de la société américaine où notamment les armes à feu sont en vente libre.

Ce livre ne laisse en aucun cas indifférent, il est certes dérangeant et laisse une sensation de malaise néanmoins il est intéressant de part sa réflexion sur les relations humaines et sur la société. le style d'écriture est précis, analytique, réaliste et percutant.
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Attention! Chef d'oeuvre. Les lettres d'une femme, d'une mère à son mari qui l'a quittée après un jeudi horrible voici quelques années. Ce jeudi là, leur fils est allé à son école presque comme d'habitude et y a fait un carnage en tuant plusieurs élèves dans un rituel horrible. La famille, l'éducation, l'amour de la mère étaient-ils de "bonne qualité"? La culpabilité de la maman est-elle justifiée? Un tout grand livre qui a vraiment modifié mon point de vue et que j'ai porté en moi durant plusieurs semaines après sa lecture.
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Ce roman est un uppercut pour moi!
Ça ne m'arrive pas souvent mais j'ai dû, à un moment, fermer le livre tant j'étais bouleversée. Je le regardais et je m'interrogeais sur mon envie d'en connaître la suite et celle d'abandonner si proche de l'épilogue. J'y suis retournée après une courte pause et, même si j'avais deviné la fin, je n'ai pas été déçue. Jusqu'au dernier mot, ce récit vous prend aux tripes.

Kévin tue onze personnes la veille de ses seize ans. Parmi les victimes, il y a sept camarades d'école et un professeur.
Eva sa mère, nous raconte, à travers des lettres adressées au père, le chemin parcouru par son fils jusqu'à ce jour fatidique.

Le sujet est grave mais ne verse à aucun moment dans le mélo, il n'y a pas d'apitoiement. Avec souvent un humour caustique, avec une certaine froideur que l'on peut qualifier de lucidité, l'auteur relate les faits à travers les lettres d'Eva. Cette mère qui a ressenti dès la naissance de son fils que sa relation (ou plutôt non relation) avec celui-ci marquerait tragiquement sa vie.
J'ai partagé les doutes, les inquiétudes de cette maman, perdue, seule, avec son mal-être. Une femme tiraillée entre ce que devrait être son rôle de parent et ce qu'elle vit. C'est un véritable jeu du chat et de la souris entre elle et son fils. La tension monte tout au long du récit.
J'ai craint la suite et l'ai devinée en espérant me tromper. Quant au père, Franklin, aveuglé par son amour paternel, par sa descendance mâle, j'ai eu envie de le secouer, de lui dire d'ouvrir les yeux.
Un bon suspens psychologique qui interroge sur les drames récurrents dans les écoles aux États-Unis. Une immersion pédopsychiatrique magistrale!
Il y a une adaptation cinématographique mais je pense attendre un peu avant de la visionner. le temps de me remettre de mes émotions littéraires.
J'avais beaucoup aimé A prendre ou à laisser de Lionel Shriver mais j'avoue que ce titre-ci est inoubliable et un chef d'oeuvre du genre.
Une auteure avec un talent fou, à lire !








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Il s'agit d'un roman épistolaire dans lequel une une femme écrit à son époux pour parler de leur fils Kévin qui a fait quelque chose de terrible.
Le livre est dur dans son thème et parfois dans la lecture car certains décryptages psychologiques peuvent être difficiles à comprendre.
C'est une oeuvre ambitieuse sur la maternité, le féminisme, la société américaine, le sens de la vie. le pendant de la difficulté de lecture est que certains passages sont éblouissants d'intelligence avec une analyse psychologique ou sociologique qui peut être virtuose.
Si vous avez le courage d'aller au bout, c'est une claque. Ça fait donc mal mais on en sort plus éveillé.
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Le jeudi 8 avril 1999, Kevin Katchadourian, presque 16 ans, devient célèbre pour avoir massacré 11 personnes dans son lycée. Deux ans après le drame, sa mère, Eva, s'interroge toujours : elle écrit de longues lettres à Franklin, son mari dont elle est séparée, dans lesquelles elle retrace le fil de sa vie de femme, d'épouse et de mère pour tenter désespérément de comprendre pourquoi il est en arrivé à cet acte horrible, comment ce JEUDI a pu se produire.

Le roman de Lionel Shriver m'a complètement retourné les tripes et le coeur ! Pas une seule seconde je n'ai eu envie de le lâcher et pourtant il nous plonge au coeur d'un drame familial et humain cruel et parfois à la limite du supportable. Et tellement réaliste… malheureusement… Il y a un réel suspense entretenu par les confidences d'Eva dont on reconstruit la vie pas à pas et, plus j'avançais dans la lecture, plus je me sentais saisie d'horreur en voyant poindre le dénouement, caché dans l'implicite et les sous-entendus de cette mère meurtrie.

L'écriture de Lionel Shriver, sous forme de lettres qui tiennent surtout du journal intime, est poignante. Eva est sincère quand elle évoque ses souvenirs, ses actes, ses pensées, ses sentiments même si ses propos sont parfois difficiles à encaisser.

Car, dans cette fiction, il n'est pas seulement question pour l'auteur de se centrer sur la problématique des massacres récurrents dans les lycées et du port d'armes aux Etats-Unis. Il est surtout question du sentiment de culpabilité et de la remise en question d'une mère face à l'acte horrible de son fils. Et de tout un tas de questions corolaires : le désir d'être mère, l'attachement, la dépression, l'incompréhension face à un enfant qui ne correspond pas exactement à l'idée que l'on se faisait de lui avant qu'il ne naisse, la cruauté, la violence psychologique, l'amour et le pardon.

Je ne m'attendais absolument pas à me retrouver face à une lecture si poignante qui m'a émue aux larmes tout en me laissant en même temps un goût amer. Sincèrement, le roman de Lionel Shriver est dur, il me faudra un peu de temps pour le digérer mais il vaut clairement le détour.
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Il faut qu'on parle de KevinLionel Shriver

À la veille de ses seize ans, Kévin Khatchadourian a tué sept de ses camarades de lycée, un employé de cafétéria et un professeur. Dans des lettres adressées au père dont elle est séparée, Eva sa mère, retrace l'itinéraire meurtrier de son fils. (Synopsis)

Et pour ce faire, Eva remontera aux origines, avant même la conception de Kevin.
Ce qui l'a amené à vouloir un enfant puis ne plus le vouloir, la grossesse, la naissance, l'enfance de Kevin puis l'adolescence jusqu'au drame. Elle décortiquera en profondeur sa famille, analysera sa relation complexe avec son fils. Kevin était-il mauvais dès sa naissance, est-elle coupable des agissements de son fils ?

Autant de questions qui soulèveront des sujets sensibles que sont le non-désir de maternité et le désamour maternel.
Mais aussi le poids de la culpabilité des mères, cette culpabilité que la société nous impose :

« C'est toujours la faute des mères […] ce gamin a mal tourné parce que sa mère elle est alcoolo, oui ou accro à la drogue. Elle le laisse à l'abandon, elle lui apprend pas la différence entre le bien et le mal. Elle est jamais à la maison quand il rentre de l'école. Personne ne va jamais dire que le père est un poivrot, ou qu'il est pas à la maison quand il revient de l'école. Et personne ne va jamais dire qu'il y a des enfants qu'ont la méchanceté. »

Un peu désarçonnée au départ par le style épistolaire de ce roman, je l'avais mis en pause. Pourtant, il était toujours là dans un coin de ma tête, il m'appelait. Et que j'ai bien fait de le reprendre car quelle erreur ça aurait été de passer à côté de cette pépite qui s'est révélée être une lecture intense, éprouvante et ô combien excellente !

Encore un roman qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Coup de foudre pour « Il faut qu'on parle de Kevin », roman d'une noirceur implacable.
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Cinq étoiles parce que définitivement ce livre m'aura marquée...
Et pourtant, j'ai mis du temps à rentrer dedans, les cinquante premières m'ont déroutée, voir agacée, et puis peu à peu, j'ai été happée.
Une lecture difficile, voire pénible, parce qu'elle nous confronte à nos pires cauchemars.
Comment ne pas se mettre à la place de cette mère qui essaie de comprendre l'incompréhensible?
Un livre qui claque comme une gifle et dont l'écho résonne longtemps après avoir tourné la dernière page.
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Inoubliable !

Au départ, je trouvais ce roman trop "bavard", je trouvais que malgré un style hyper maitrisé et agréable, c'était trop détaillé, trop complet, "trop" quoi.
Puis, je me suis habituée, et j'ai été rapidement prise par l'histoire, et surtout le ton employé par la narratrice. Quel coup de poing, effectivement !
Certains passages m'ont littéralement laissée pantoise !
Ils sont vraiment très très rares, les romans à me laisser une telle impression !
Il me reste un tout petit chapitre à lire, mais je vais avoir du mal : je n'ai pas envie de le terminer.

Je ne peux que vous le conseiller, mais attention, ce n'est pas une histoire facile.

Je suis admirative de l'écriture de l'auteure (oui, Lionel Shriver est une femme) qui est incroyable. Elle raconte des atrocités avec une facilité, un recul, qui sont bien plus impressionnants que des superlatifs en cascade.

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Ce livre interroge l'instinct maternel, et particulièrement son absence, la violence meurtrière adolescente mais aussi l'aveuglement d'un père et, par son inaction, sa certaine complaisance au (x)crime(s).
L'histoire est extrêmement bien écrite. de la plume d'un homme pour raconter les sentiments, les ressentiments et l'histoire d'une femme et d'une famille. L'amour qu'Eva ressent pour son mari est intense, un dévouement qui expliquerait qu'elle renonce à sa carrière professionnelle pour faire plaisir à son mari en lui offrant sa paternité.
Une femme indépendante qui pourtant se soumet au souhait de son mari adoré,basculant ainsi leur vie de couple dans une sorte d'affrontement permanent au sujet de leur fils.
On se demande qui de l'oeuf (un enfant haineux) ou de la poule (le rejet de son fils par une mère) est arrivé le premier.

Les mots sont choisis avec soin, cela fait du bien de lire un livre avec un vocabulaire recherché et une syntaxe travaillée et complexe.
J'ai beaucoup aimé cette histoire même elle me glace du point de vue de la mère et du rejet qu'elle ressent vis à vis de son enfant, son incapacité à communiquer avec son mari et qui si elle avait pu exprimer son point de vue aurait peut être permis d'éviter la naissance de son fils ou encore l'issue fatale.

Deux bémols : le récit traîne un peu en longueur autour et après la naissance de Célia.
La teneur des lettres et leur précision entachent un peu le réalisme de l'histoire.
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