Le thème de la vengeance n'est pas toujours facile à aborder, c'est tellement subjectif, ça dépend de la philosophie de chacun, de ses principes, de son vécu… Et ici,
L. P. Sicard fait du très bon boulot. Il nous montre plusieurs aspects de cette sombre motivation que nous avons tous connue à un moment ou un autre – même si ce n'était que le désir de se venger d'un camarade de classe nous ayant volé notre goûter. Dans «
Hymne à la vengeance » le problème n'est pas un simple repas dérobé, c'est une vie, plusieurs vies. Un ministre et sa fille sont enlevés et torturés et c'est à nous de faire nos choix. J'aime beaucoup cet aspect – c'est ce qui m'a le plus attirée dans ce livre – et je ne suis pas déçue. On a droit à plusieurs chemins assez différents selon nos choix, avec des fins différentes, et surtout : on a vraiment un bon nombre de choix, on écrit vraiment le scénario qu'on préfère. Pour avoir fait tous les chemins (et lu le chapitre 13) je trouve que ce livre est vraiment bien monté et écrit. L'auteur nous embarque dans une histoire haletante, angoissante et addictive. J'ai aimé chaque chemin choisi, même ceux qui n'étaient que des choix par défaut pour lire tout le livre.
Je vais tout de même m'arrêter un instant sur la vengeance dans ce livre. On lit du point de vue du ministre, donc on a un point de vue subjectif, toutefois, on reste libres de penser. Je n'ai eu aucun mal à adhérer au désir de punir le bourreau, pour moi, au vu de ses actes, c'était justifié – je parle ici de punir le bourreau, pas de la punition exacte. Punir l'avocat qui l'a défendu… j'ai déjà plus de mal. Pour moi, l'avocat fait son travail, ce n'est pas sa faute si la justice est pourrie… pour rester polie. La justice comporte nombre de failles et c'est le travail de l'avocat de les connaître et les exploiter à son avantage. Donc, pour moi, même si je comprends totalement la rancoeur à son égard, je ne pense pas que la punition soit justifiée. Enfin, la gamine, un grand et immense non. Je ne vois pas dans quel monde ça pourrait être juste de punir une gamine innocente pour un crime qu'on impute à son père ! Je veux bien reconnaître la colère et la douleur des familles des victimes, je veux bien qu'elles veuillent voir le bourreau souffrir comme ses victimes, mais pas une gamine innocente ! Elle n'avait rien demandé, rien fait, c'était un acte gratuit et cruel. Bon après, je ne suis pas dans la situation des victimes, je ne peux donc pas réellement juger, mais actuellement je ne peux pas adhérer. Ce qui me fait dire que dans les fins où les « clientes » sont punies, j'ai été plutôt satisfaite. Après, c'est le serpent qui se mord la queue, à partir du moment où il y a vengeance une autre vengeance s'enclenche et c'est sans fin. Ce que nous montre parfaitement ce livre.
Au final, le pardon est le plus dur mais le plus sain. Une très belle morale, une lecture très divertissante, avec son lot d'angoisse, de violence et de douleur. Un livre qui se lit vite, mais pour un public averti, les détails ne nous sont pas épargnés.