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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un samedi, le bus qui va vers Montluçon embarque un jeune homme sans bagage. Au milieu de ses paniers, la veuve Couderc le remarque immédiatement. Ces deux-là n'ont certainement rien de commun, si ce n'est une solitude trop lourde à porter. Et quand la veuve descend du bus, l'homme la suit. Il s'appelle Jean, il a 28 ans, il sort de prison. La veuve Couderc a 45 ans et elle tient seule la maison où elle est entrée gamine comme servante. Après la mort de son époux, le fils de la maison, elle a continué à travailler et à s'occuper de tout, notamment du vieux Couderc.

Sans hésiter, la veuve Couderc, que tout le monde appelle Tati, fait entrer Jean chez elle et lui confie de l'ouvrage. Elle lui ouvre aussi son lit. « Elle l'enveloppait de son regard. Elle prenait possession de lui. Elle n'avait pas peur. Elle tenait à lui faire comprendre qu'elle n'avait pas peur de lui. » Tati n'a pas froid aux yeux et elle sait défendre ses intérêts contre les filles de la maison. Bien que mariées et installées ailleurs, elles crèvent de rage de voir une étrangère régner sur la propriété familiale. Mais Tati a gagné ce droit à force de labeur. Amélie et Françoise, ses belles-soeurs, ont affaire à plus forte partie qu'elles.

Tati n'a peur de rien. « Ce n'est pas un homme qui capable de me faire peur… » Pas un homme, non. Mais une femme peut-être, ou plutôt une fille, presque une gamine. Félicie, sa nièce, est trop jolie et trop peu farouche. Tati se sait vieille, plutôt laide, mais elle veut croire que Jean ne partira pas et qu'il ne touchera pas à la fille. Et comme les oeufs mis en couveuse au grenier, il y a quelque chose qui se prépare sourdement à mesure que Jean est rattrapé par ses souvenirs et par une terreur certaine de la justice.

Une fois n'est pas coutume, je suis venue à ce livre par le film de Pierre Granier-Deferre avec Simone Signoret et Alain Delon dans les rôles principaux. L'adaptation est bien éloignée du roman puisque Jean est présenté comme un fugitif qui se cache des forces de l'ordre. La fin est également différente puisque la mort n'est pas octroyée de la même main (et je n'en dirai pas plus !) Georges Simenon présente un personnage masculin rêveur et détaché qui m'a rappelé le Meursault de Camus. le roman comme le film sont deux très beaux morceaux noirs sur fond de paysannerie avare.
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Un car rouge qui cahote sur une route de campagne écrasée de lumière, une veuve en noir, une ferme à l'écart du village, les poules et le hangar à foin, un broc émaillé dans une cuisine sombre, un homme sans bagages. Des non-dits, des envies, des frustrations, des haines familiales sous-jacentes... Et page après page, la tension qui monte, jusqu'au drame inéluctable.
On reste collé à ce roman d'atmosphère pesant, poisseux, vaguement malsain. L'univers de Simenon ne m'est pas familier, mais si ses romans savent créer au-delà de l'intrigue policière une réalité et des personnages tangibles comme dans celui-ci, nul doute que j'y replongerai avec plaisir.
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On a tous vu le film....mais sans doute sommes moins nombreux à avoir lu le livre... c'était mon cas...j'avais oublié l'histoire pour être honnête et donc aucun souvenir de cette montée en tension progressive car on sent bien que cette histoire va mal finir...tout y est, les histoires de famille , le quotidien de la campagne et le rêve des cités, les tourments de personnages qui doivent coexister sans trop savoir pourquoi.
un beau livre écrit en 1940
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« La veuve Couderc » est un grand roman, à la fois huis clos et drame campagnard dans lequel les personnages les personnages de Jean et de Tatie demeurent fascinants.

Outre la trame narrative réellement passionnante laissant continuellement planer l'ombre du péché et du crime, les descriptions de Simenon de la vie d'une ferme du Cher en 1940 sont absolument magnifiques.

Encore un chef d'oeuvre pour le prolifique génie belge et aucun étonnement donc à ce qu'Alain Delon et Simone Signoret aient incarné ses personnages à l'écran en 1971.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Mes premiers contacts avec Simenon ont d'abord eu lieu par le biais des adaptations cinématographiques dont certains de ses écrits ont fait l'objet. La curiosité m'a naturellement poussé vers la découverte du matériau d'origine.
"La veuve Couderc" restera toujours gravé en moi comme la rencontre à l'écran de qui vous savez.
Ce qui frappe immédiatement le lecteur habitué au très "sage" film de Granier-Deferre, c'est la présence d'une sexualité moite et sourde entre les personnages principaux.
Cela peut sembler "annexe", mais je trouve que l'atmosphère générale de ce roman campagnard prend une tonalité bien plus troublante.
C'est principalement d'un roman d'atmosphère qu'il est question ici : le passage du temps scandé par les travaux de la ferme, les jours qui passent et se ressemblent, la restitution discrètement poétique de la rosée et des brumes matinales, du vent dans les arbres, de la pluie qui irise l'eau du canal, des odeurs de caves, de greniers, d'étables et de clapiers. Et puis bien sûr, la peinture très contrastée que fait Simenon de ces gens de la campagne, avec des vécus intelligemment esquissés, que tiraillent de triviaux enjeux qui nous amènent jusqu'au drame final et inéluctable.
Ne cherchez pas dans ce Simenon là, l'élucidation de meurtres avec policiers et enquêtes.
Il y est question d'êtres simples empêtrés dans des destinées vouées au tragique avec, en toile de fond, la belle restitution de la France profonde d'antan.
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Un village près de Saint-Amand, le long du canal du Berry. On saura rapidement que Jean, qui erre le long de la route de Montluçon, sort de la prison de Fontrevault. Après avoir aidé Tati à la descente du car à porter une couveuse achetée au marché, celle-ci l'engage comme valet de ferme. Tati, c'est la veuve Couderc, qui prend soin de son vieux beau-père, le « cochon », sous les yeux de ses belles-soeurs qui lorgnent sur la ferme et comptent bien récupérer leur dû.
L'histoire de la veuve Couderc, c'est un simple fait divers qu'on trouverait dans un quotidien régional : une femme à forte poigne qui mène son monde, un homme sorti de prison un peu trop docile, une héritage en jeu qui vaut moins pour le prix de la terre et du bâti que pour le principe, une sexualité très présente, un peu honteuse (la nièce Félicie qui a eu un enfant dont on ne connaît pas le père), un peu utilitaire (comment Tati s'assure de la loyauté de son beau-père avec une coucherie occasionnelle).
L'ensemble de l'intrigue est lancée dès les premiers chapitres, et son évolution repose sur le basculement des rapports de force. Tati mène son monde avec efficacité et se sent légitime à occuper la ferme familiale par son travail acharné, c'est pourtant elle qui fait entrer le loup dans la bergerie, le gravier qui fera dérailler la machine bien huilée.
L'ambiance déjà pesante dans la scène d'ouverture sur le bord de la route, à l'arrêt de car, continue à s'alourdir à travers les descriptions des journées de travail à la ferme, rude et silencieux. Et plus Jean s'installe dans le quotidien de la ferme, s'inscrit dans ce décor de manière aussi saugrenue qu'un coucou, plus on a accès à ses pensées pour s'apercevoir qu'elles tournent autour de deux obsessions : son crime passé, et Félicie. Dès que Tati se retrouve immobilisée au lit, alors même qu'elle a besoin du mouvement et de la parole pour maintenir son existence et sa place, on devine que le temps lui est compté.
Comme dans tous les romans de Simenon, il n'est jamais question de jugement moral sur les actions des personnages, personnages au demeurant tous antipathiques, et qui semblent peu à peu devenir comme étranger à eux-mêmes. Chaque acte, imperceptible ou éclatant, mène au dénouement dramatique, et leur enchaînement est exemplaire. le décor de cette campagne, en bord de canal avec écluses et mariniers, où chacun épie son voisin depuis le chemin de halage ou chez le boucher, finit d'achever l'oeuvre.
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Intime, sensible, inquiétant, quotidien, humain, sombre, triste, fatal. Puissant.
Avec un petit goût amer quand on referme le livre. Ce genre de goût qui ne nous a pas quitté, lorsqu'on repense à cette lecture, plusieurs années après.
Merci, Georges.
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Georges Simenon était un bourreau de travail. 196 romans, 158 nouvelles sous son nom, et plusieurs autres centaines d'oeuvres, livres, nouvelles, articles sous 27 pseudos différents… Au total, 550 millions d'exemplaires tirés. Cet homme écrivait avec le corps, avec le temps. Il « ficelait » ses romans selon des calendriers de sept jours, de neuf jours... Ses livres sont ainsi, ils s'incarnent dans le temps, racontent des histoires de corps, et ce temps qui s'écoule trop vite ou au goutte à goutte meurtrit les gens. La Veuve Couderc, servie au cinéma par des acteurs de talent, est une quintessence d'émotions, de passions, de jalousie et d'envie physique. Posséder, être, avoir, devenir, l'action parfois se fige au fil de cette eau et de ces écluses, mais aussi de ces femmes si présentes chez Simenon, pour s'achever comme un trait du destin. Inéluctable, la vie en à peine plus de 200 pages.
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