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Ce livre est d'une beauté inouïe : composé de ses belles pastilles d'espace-temps qui s'emboitent parfaitement, concentrés d'odeurs, de clair-obscurs d'intérieurs (presque "hollandais", de tant de picturalité rentrée !), d'échappées belles sur les petites places tranquilles de Liège au début du XXème siècle... D'enfance lointaine. de fêtes de quartier. Un pur monument de vérité.

Et le pas tranquille de Désiré, père du narrateur, rythmant "l'action" lorsqu'il se rend au travail tous les matins — réglé comme une horloge... Les jérémiades de la maman, qui assure le "ravitaillement", le ménage et la lessive... Les vies rendues passionnantes de ceux qu'on appelle — ou appelait — "les petites gens"...

Simenon en est sorti, s'en est "échappé", même (passé des faits divers de "La Gazette de Liège" jusqu'à ce quai de gare qui le mènera à Paris !) et évoque "les siens" — restés "là-bas" — avec tendresse, sans une once de narcissisme ou de niaise complaisance. Un "roman des origines" dédié à son fils Marc...

Un chef d'oeuvre de 1948... Toujours secret, toujours frais et immortel.

Beauté inerte des rues de Liège et des quais de la Meuse, juste troublée par les pluies de l'hiver ! :-)
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Un roman de plus de 600 pages inspiré de très près de l'enfance de Simenon à Liège, depuis sa naissance en 1903 jusqu'à la fin de la Première guerre mondiale. Intéressant tableau de l'environnement dans lequel l'auteur a grandi, mais contrairement à mes autres lectures de Simenon, celle-ci m'a lassé. Si Simenon vous intéresse, mais que vous n'avez la passion d'un expert, je vous conseillerais, disons, de vous limiter à la troisième partie.

Je n'ai lu qu'une trentaine des livres de Simenon, Maigret et autres, ce qui ne représente qu'une petite partie de l'immense production de Georges Simenon. À part pour « Pédigrée », c'était toujours un plaisir. J'apprécie beaucoup la finesse avec laquelle il décrit les personnes et la justesse des ambiances de ses romans.

Par ailleurs, le personnage de Georges Simenon m'intrigue depuis longtemps. J'aimerais parvenir à le cerner davantage. En particulier, j'avais été touché par ses « Mémoires intimes », qu'il avait fait suivre d'un texte dédié à sa fille Marie-Jo, dont le suicide l'avait marqué.

Je me réjouissais donc d'entamer la lecture de « Pédigrée ». En 1940, une dizaine d'années après son premier « Maigret », un radiologue diagnostique une angine de poitrine à Simenon. On saura plus tard que c'était une erreur, mais cela donne à notre auteur l'envie de rédiger « Je me souviens », des souvenirs d'enfance à l'intention de son fils Marc, né en 1939. Ce récit est écrit à la première personne. En 1941, il le réécrit à la troisième personne, suivant la recommandation d'André Gide, avec qui il entretiendra une longue correspondance. Cela constituera la première partie de « Pédigrée », dont les deuxièmes et troisièmes parties seront écrites en 1943, le tout étant publié en 1948.

L'auteur termine sa préface à l'édition de 1958, par cette mise au point: « Je n'en répète pas moins, non par prudence, mais par soucis d'exactitude, que ‘Pédigrée' est un roman, donc une oeuvre où l'imagination et la re-création ont la plus grande part, ce qui ne m'empêche pas de convenir que Roger Mamelin a beaucoup de traits de ressemblance avec l'enfant que j'ai été ». Et en effet, Roger restera fils unique, contrairement à Georges, qui avait un frère de 3 ans plus jeune que lui et qu'il considérait comme le préféré de sa mère.

J'ai souvent des difficultés à situer des artistes sur une ligne du temps. En particulier, ce roman m'a permis de réaliser que Simenon avait passé une partie de son enfance pendant la Première guerre mondiale, dans une maison où l'on s'éclairait encore au gaz ! J'ai pris plaisir à découvrir le tableau de Liège à cette époque-là, où la Belgique avait encore une Garde civique. La description de « L'innovation » rappelle « Au bonheur des dames », paru vingt ans plus tôt.

Cet aspect-là était plaisant. Par contre, dans les deux premières parties, le caractère dépressif d'Élise, la mère de Roger, plombe le récit d'une chape de grisaille qui a vite fait de me lasser. Autant le brouillard qui enveloppe de nombreux « Maigret » ne me dérange nullement, autant les préoccupations et les angoisses d'Élise m'ont rendu la lecture pénible. de plus, le récit ne comporte pas la moindre intrigue qui pourrait servir de fil conducteur et donner un poil de rythme qui m'aurait tenu en éveil. Mais d'autres lecteurs que moi trouveront sans doute du plaisir à découvrir la description de Liège ou des personnages de l'époque, faisant passer les lamentations d'Élise au second plan.

Par contre, la troisième partie, qui commence au début de la guerre, est davantage centrée sur Roger ; j'en ai trouvé la lecture bien plus agréable. Nous y suivons Roger de 11 à 16 ans. On l'y voit découvrir les filles à 12 ans (ben oui… Simenon…) et devenir peu à peu un mauvais garçon fort préoccupé par son apparence. À plusieurs reprises, j'avoue avoir été perturbé par les préoccupations ou les actes de Roger, que j'aurais imaginés être ceux d'un garçon plus âgé. Autre époque, sans doute.

Bref, Simenon reste à mes yeux un auteur majeur, qui mérite assurément d'être lu. « Pédigrée » est précieux pour découvrir l'univers de l'enfance de Simenon, qui influencera sa vie et son oeuvre. Mais pour une lecture qui vous apportera à la fois de l'intérêt et du plaisir de lecture, je vous suggère de vous limiter à la troisième partie.

À chacun sa sensibilité, bien entendu… N'hésitez pas à poster des commentaires pour nuancer ma perception.
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Simenon nous raconte l'histoire de son enfance de 1903 à 1918 (armistice). Les portraits de son entourage familial sont décrits comme des peintures. Chaque lieu, chaque personnage pourrait devenir un tableau impressionniste. Son père, le grand Désiré, si calme, si enjoué, taiseux mais prenant soin de sa famille et notamment de son épouse en gardant pour lui certain secret pour ne pas lui ajouter de tracas. Sa mère, Elise, d'origine flamande, est plus retorse, moins limpide, plus geignarde, les nerfs à vif mais néanmoins, travailleuse et prête à rendre service aux membres de la famille. C'est elle qui mène la barque. En lisant Pedigree, on plonge au coeur de la vie liégeoise. Liège est un personnage de l'histoire, son tram, ses ruelles, la Meuse, ses ponts, ses églises, ses collèges,... et pour qui connaît la ville, on se balade avec les personnages avec beaucoup de plaisir. Simenon a l'art de raconter la vie, une autre vie, un autre temps. le roman est d'une certaine lenteur mais c'est à nous lecteurs, de ralentir le rythme pour profiter pleinement de ce roman. 4/5 car il m'a fallu quelques pages avant de rentrer complètement dans l'histoire, sans doute voulais-je aussi aller trop vite. A découvrir pour la plume de Simenon. Dommage qu'il n'existe pas de suite....
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Que cache ce titre ? eh bien tout simplement l'histoire de la famille Simenon et accessoirement l'enfance et l'adolescence du jeune Georges et ce depuis la naissance de ce dernier jusqu'à sa seizième année.
Le tout déguisé sous des noms d'emprunt.
Exacte biographie, ce texte ? souvenirs de familles plus ou moins recréés, fantasmés, embellis par l'imagination fertile de l'écrivain Simenon ? Peu importe.
On se plonge avec délices dans la vie foisonnante de Liège, au début du vingtième siècle. On en arpente les rues, en compagnie de Désiré aux longues jambes et d'Elise, les parents du jeune Roger, à peine né, en visite chez l'un ou l'autre des membres de leur nombreuse parentèle. On compatit aux malheurs des uns et des autres. On s'énerve de voir Elise pleurnicher pour un rien et on se rend compte peu à peu qu'elle s'en fait une force qui va lui permettre d'aller juste là où elle voulait aller, la maligne !
Quant au grand Désiré, lui, du moment qu'on le laisse tranquille avec son journal, tout va bien, la vie est belle !

Simenon écrit comme on respire, sans effort, naturellement... comme une évidence et le lecteur se coule avec délices dans le moule de cette prose qui enchante par sa fluidité, sa fausse simplicité, sa qualité d'évocation, son aptitude à restituer les émotions, le bruit et la fureur de la vie.
Que le lecteur soit transporté dans les rues de Liège au moment de la Saint-Nicolas, dans les cimetières à la Toussaint, avec la foule les jours de ducasse, ou tout simplement dans la maison Mamelin avec Elise s'activant à son ménage et s'occupant de ses pensionnaires, il déguste avec gourmandise toutes les délectables tranches de vie que Simenon lui sert sans compter, y compris les émois du jeune Roger.

Un texte magnifique remarquablement servi par le talent bouillonnant de Georges Simenon qui fait mouche avec son sens du mot juste, de la phrase percutante et l'aisance sidérante avec laquelle il conduit son récit tambour battant.

Une oeuvre à ne surtout pas laisser sombrer dans les oubliettes de la littérature !
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Pedigree est un roman qui se distingue dans l'oeuvre de Georges Simenon. Tout d'abord par sa pagination, environ le triple d'un roman habituel de l'auteur. Et puis par son caractère autobiographique. Et même si l'auteur en a signé plusieurs versions et a finalement fictionnalisé le récit (suite à deux procès), il n'en apparaît pas moins que la plupart des éléments y sont réels.
Un roman centré sur l'enfance de Georges Simenon et non sur l'enfant Simenon (appelé ici Roger Mamelin). Et dont les personnages principaux sont les parents du petit Roger, autant dissemblables qu'ils semblent être liés. le père, agent d'assurances sans réelle ambition professionnelle, est un homme qui se laisse vivre, issu d'une famille nombreuse soudée et sachant profiter des petits bonheurs de la vie. La mère, issue elle-même d'une famille nombreuse, voit la vie tout à fait autrement : tout est danger et l'ambition première de la dame est de retrouver un statut social perdu par la génération précédente. Pour cela, elle manigance: elle obtient de son mari de déménager pour héberger des locataires, économise sou par sou rognant sur les moindres dépenses, envoie son fils à l'école privée pour qu'il ne fréquente pas les voyous des quartiers populaires. Quant à ses relations avec ses frères et soeurs, elles se résument à des contacts sporadiques et souvent intéressés.
D'un côté, prendre la vie du bon côté, de l'autre une vie où tout est source d'angoisse et de contraintes. L'enfant sera constamment partagé entre la fidélité à sa mère et l'attirance envers un père moins souvent présent mais qui représente une vision plus hédoniste et festive de la vie. Tout cela se passe dans une société belge du début du XXe siècle corsetée et dirigée par la morale chrétienne.
Ce roman parle des seize premières années de la vie d'un jeune homme et normalement aurait dû connaître une suite mais Georges Simenon ne l'a jamais écrite. Une enfance qui sans être malheureuse ne fut pas non plus un long fleuve tranquille.
Un récit touchant, émouvant qui dévoile une autre facette de Georges Simenon.
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"Il tasse du doigt les cendres de sa pipe, crache comme les gens du peuple, traîne ses sabots comme eux et, sous le ciel qui pâlit toujours, il regarde avec dégoût le monde sans joie qui l'entoure et qu'il sent à son image."

Archives du Nord...

En dilatant espace et temps (Liège éployée comme une immense carte aux trésors), Georges Simenon revient sur ses premières années en nous offrant une autobiographie déguisée, celle de son alias Roger Mamelin : préférer le "il" au "je" permet en outre à l'écrivain de se décentrer et, à l'instar de ses romans durs, de mettre à distance sentiments et émotions.

Triptyque intime, ces massives confessions courent de 1903 à 1918. Dans la première partie, elles relatent concomitamment les débuts dans leur vie de couple d'Élise et Désiré Mamelin, la naissance de leur fils, Roger, et la fuite, après un attentat à la bombe, d'un jeune anarchiste, Félix Marette, en rupture de ban avec sa famille et la société. Simenon évoque ensuite les années d'école de son besson de papier et les pensionnaires de sa mère qui, pour arrondir sa pelote, prend désormais des locataires. La dernière partie, âpre et grise, remémore pendant les années d'occupation de la Belgique une adolescence frustrée dans ses ambitions et ses pulsions.

Malgré l'ampleur du projet -son magnum opus-, Simenon amenuise ses réminiscences de jeunesse en les patinant de mesquinerie et de médiocrité, et règle, comme sans y toucher, ses comptes avec parents, lignages et milieu sclérosants.

Exposant froidement le sordide de vies étroites, travaillé d'une pudeur émouvante, il retient ses élans, étouffe ses affections en une stase lacrymale qu'on devine douloureuse. Ainsi il efface son père, vilipende sa mère et désintègre son alter ego.

De Désiré, il esquisse une silhouette certes bienveillante et optimiste mais comme absente au monde (un topique simenonien) avec sa régularité de métronome et son indulgence bonhomme. Élise, on le comprend rapidement, ne bénéficiera pas du même traitement : geignarde, lésineuse, hypocrite, elle paie un atavisme chargé (alcool et violences, canaux et brume). Dévouée à son unique enfant (ce que ne sera jamais son modèle, Henriette Brüll qui dénigrera son aîné au profit d'un cadet dévoyé), tout est calcul et insatisfaction chez cette petite femme arc boutée sur ses rancoeurs. L'auteur s'amuse à ses dépens quand il convoque le souvenir de ses divers pensionnaires : ladres, tyranniques ou dédaigneux, ils battent systématiquement en brèche les simagrées de leur propriétaire.

Enfin, pour suggérer l'adolescent qu'il fut, Simenon fragmente son récit comme un miroir brisé, mêlant les époques, jetant le lecteur in media res dans un souvenir puis dans un autre, s'autorisant ellipses et raccourcis. Son Roger Mamelin se brouille, tantôt indigne ou honteux, tantôt estimable et prometteur... La véracité de cet autoportrait bigarré en est d'autant plus touchante.

Simenon, immense styliste, répugne à l'épate. Pedigree est le condensé accompli de toute son oeuvre ; on y retrouve toutes ses obsessions (le sexe des femmes, les envies d'ailleurs ou les silences éloquents,...), y déniche des récurrences (les fenêtres, le rouge, les poêles, la pipe, les ombres...) et en admire l'humble écriture, toujours au bord de l'évanescence mais pourtant si précieusement précise.

Porte d'entrée ou parachèvement à toute l'oeuvre du romancier, Pedigree vous pénètre aussi sûrement que la drache wallonne.

Imposant !
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
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Une ambiance, une enfance puis une adolescence....
Lien : http://bibliothequeouillon.o..
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Un beau livre bien détaillé plus long que la moyenne de ceux de Simenon mais sans longueur neanmoins: une reussite a decouvrir !
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J'aime bien Simenon, mais là j'ai laissé tomber au bout de 250 pages, car il ne se passe strictement rien dans ce récit. C'est long, ennuyeux, c'a rabâche toujours les mêmes choses. D'accord, c'est très bien écrit, mais toutes ces histoires de famille finissent par lasser.
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