Une nouvelle de
Pierre-Henri Simon qui m'a fait bondir dès la première page (il faut préciser qu'elle n'en compte que huit au total) .
Pendant l'occupation, un homme de la France Libre est parachuté depuis Londres sur Hazebrouck. Arrêté sur la route, proche de la gare, par la Feldgendarmerie, il prend la fuite en tuant un Allemand.
Il a reçu une balle dans la cuisse, mais parvient à se cacher dans un wagon de marchandises. Il y restera toute la nuit et la journée du lendemain avant que le train l'emporte vers Lille.
Je n'ai qu'une question : Ils faisaient quoi les Allemands ? Ils se tournaient les pouces ? Assez idiots, des Papa Schultz, pour ne pas penser à regarder dans les wagons ?
Situation invraisemblable que l'on peut gober en regardant un film de Bourvil, mais pas dans un livre qui veut se donner l'apparence du sérieux.
L'auteur ne va pas s'arrêter là.
Ce même parachutiste, qui a trouvé refuge dans une clinique pour y faire soigner sa blessure, va être découvert par un Colonel-médecin Allemand venu en inspection.
Celui-ci devrait soit faire un énorme barouf et embarquer tout le monde, soit faire semblant de ne rien soupçonner car en ce début de l'année 1944 le vent tourne.
Et bien pas du tout ! Il va convoquer le grand patron de la clinique pour se lancer dans un discours philosophique, évoquer le bien et le mal, le sens du devoir, la connerie de la guerre, etc...et comme dans une fable
De La Fontaine, pendant qu'il parle à tort et à travers, en douce l'infirmière en chef organise la fuite du blessé dans une ambulance.
Alors, voyant qu'il vient de se faire rouler dans la farine, le vilain Allemand voit rouge et passe les menottes aux deux courageux patriotes qui sauront se taire si l'on tente de leur faire avouer (ben voyons) où se cache maintenant le parachutiste.
Publié en 1954, je soupçonne que cette nouvelle ait été écrite bien plus tôt, juste après la libération, peut-être au moment où toute la France se découvrait résistante.
Une nouvelle aux airs de réalisme socialiste comme on en faisait à Moscou . Nous y sommes presque.
Heureusement pour moi qu'il n'y avait que huit pages à lire.
J'ai su résister.