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sur 202 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Partant du principe que l'on est jamais mieux servi que par soi même, l'inspecteur Léon Sadorski a décidé de forcer le destin. Pour mettre plus rapidement dans son lit sa voisine juive de quinze ans Julie, il a dénoncé sa mère en ajoutant la mention "communiste" à sa fiche. Raïssa Odwak n'est pas prête de sortir de la prison des Tourelles. Jacques Odwak étant déjà interné à Pithiviers, la voie est libre.
Pour l'inspecteur Sadorski, la vie suit donc son cours. Remis de ses blessures (voir L'affaire Léon Sadorski), le chef de brigade de voie publique à la 3e section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux alias "Le Caïd du Rayon juif " enquête sur un attentat survenu Boulevard du Palais Il a bon espoir de résoudre l'affaire, de passer Inspecteur principal et de gâter son épouse Yvette qu'il aime tendrement. Dégainant à tout bout de champ sa carte de police pour obtenir des passe-droits, de la nourriture, violer des femmes, et susciter la terreur, il n'a que deux buts dans la vie. Purifier la France et être bien noté par ses supérieurs. Soignant son réseau d'informateurs, Sadorski a toujours les sens en éveil. Véritable chien de chasse à l'affût des comportements suspects, des mots lâchés à la va-vite contre la politique du maréchal et les forces de l'ordre il remplit sans scrupule ses fiches, et ne dédaigne pas à l'occasion rédiger des lettres de dénonciation pour faire avancer ses petites affaires. La découverte fortuite du cadavre d'une femme à Sucy-en-Brie au cours d'une promenade champêtre va faire saliver Sadorski et lui permettre de faire ce qu'il maîtrise le mieux, secouer l'arbre pour voir ce qu'il en tombe, dénoncer, arrêter, torturer et obtenir la promotion tant convoitée. Qui plus est, nous sommes au printemps 42 et le « vent printanier » s'apprête à souffler sur la France.

Romain Slocombe a donné naissance à une des pires ordures de papier de la littérature française, même s'il s'inspire très largement des parcours de Louis Sadosky et d'autres policiers des Brigades spéciales. Difficile de trouver la moindre étincelle d'humanité chez l'inspecteur qui, dans L'Affaire, comme dans L'Etoile jaune, agit en roue libre en plein bourbier. Pas besoin d'aller chez Ellroy pour trouver des ordures fascinantes et mettre le nez dans la fange. Slocombe est toujours aussi efficace, et travaille la matière historique au corps pour nous offrir un nouveau grand roman noir, une brillante et sordide variation sur la France occupée, le rôle de la police française, les attentats perpétrés contre l'occupant, l'abnégation des résistants, ainsi que les exécutions commises par les communistes sur les traîtres au parti.
ll y a chez Slocombe une clairvoyance qui fait froid dans le dos, un refus du manichéisme, un don pour dépeintre les nuances et les subtilités qui font les individus. Ses romans sont des miroirs désagréables de la vie, qui heureusement nous présentent des portraits de femmes extraordinaires par leur courage et leur obstination. Le plus difficile finalement pour le lecteur est de constater que dans cette Etoile jaune de l'inspecteur Sadorski, tout se joue sans la présence des Allemands. Les boches ne sont que des uniformes qui passent. Il n'y a que des Français comme si cette Occupation était en fait un chèque en blanc pour concrétiser toutes les bassesses et les desseins les plus déguelasses de l'humanité. Un blanc- seing pour se débarrasser d'une ex-femme, d'un rival en affaire, ou d'un voisin. Il suffit d'investir dans une feuille, une enveloppe et un timbre.
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Après l'affaire Léon Sadorski, ce deuxième ouvrage me tendait les bras. Et j'ai reçu une claque!!

Paris sous l'occupation en 1942, est formidablement restitué. L'inspecteur Sadorski est un salaud de la pire espèce; odieux, agressif, opportuniste, pervers, violent et j'en passe, antisémite par nature et policier par vocation, sans scrupules, puisqu'il ne fait «qu'obéir aux ordres!!!!» cette phrase que l'on entendra dans la bouche des tortionnaires de tout poil à la libération. les nazis ont trouvé en lui (et en beaucoup d'autres) le relai parfait de leur politique d'extermination.

Ce livre démontre une fois de plus la responsabilité de la France (l'Etat Français) dans la Shoah.La politique de collaboration a permis à des individus tels que Sadorski de commettre des atrocités sous «couvert» de la loi....

L'auteur a fait un travail d'historien et de mémoire remarquable, c'est très documenté (notamment tout ce qui concerne la rafle du Vél d'Hiv.), la police française sous l'occupation n'en sort pas grandi, une partie de la population non plus...

Ce livre est très «agréable» à lire (malgré le contexte) et superbement écrit. Merci M.Slocombe
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Second volet consacré, par Romain Slocombe, à  l'inspecteur Sadorski. Sinistre personnage, policier zélé, affecté aux Renseignements Généraux dans Paris occupé. 
Ouvertement antisémites,  farouchement anticommuniste,  et, accessoirement,....obsédé sexuel.
Chargé, par sa hiérarchie, d'enquêter sur un attentat commis dans un bistrot où se réunissent ses collègues,  et sur l'assassinat d'une jeune femme dont il a découvert lui-même le cadavre, Sadorski, sous la plume de l'auteur, nous livre une vision criante de vérité sur l'un des épisodes les plus sombres de notre histoire.
Slocombe nous jette à la face cette vérité historique que beaucoup feignent d'ignorer encore de nos jours. Il évoque,  ici, la vie des Juifs sous l'occupation , obligés de porter l'étoile jaune,  persécutés , surveillés, contrôlés,  arrêtés  arbitrairement, les terribles journées de la rafle du Vel' d'Hiv, sous l'oeil d'une population souvent complice par adhésion aux idées nazies,  par intérêt,  par peur, par lâcheté même, rarement révolté. Une complicité que l'on retrouve dans la police sous couvert, comme le dit l'inspecteur lui-même, du "bien faire son métier"...Chez les politiques bien évidemment avec le gouvernement de Vichy, chez les journalistes, toujours prompts à alimenter la propagande. On vit ces heures sombres le ventre noué.
Derrière ce portrait d'un policier aux ordres, chez qui on pense parfois déceler une once d'humanité,  Romain Slocombe nous pousse à réfléchir. Il est trop tard pour faire le procès de ces gens-là, certains furent jugés en leur temps. Mais le lecteur, qui au fil des pages croise tous ces personnages (qui, pour la plupart et y compris ce policier, ont réellement existé) doit se poser des questions :
- Comment une partie de la population en est-elle venue à haïr des hommes, des femmes et des enfants avec qui elle vivait en parfaite harmonie jusqu'à l'arrivée de l'envahisseur ?
 - Et moi, qu'aurai-je fait à leur place ? Ce flic qui est finalement un salaud à nos yeux, à notre regard d'aujourd'hui, l'était-il plus que tous ces gens qui fermaient les yeux et se bouchaient les oreilles ?
Après avoir lu L'affaire Sadorski, jamais je ne pensais lire la suite. Cet ignoble individu me hantait. Et puis j'ai rencontré l'écrivain,  un entretien riche et instructif, sur son travail, ses recherches,  ses motivations. Si le devoir de mémoire doit passer par le roman, je vous le dis, amis lecteurs, L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski en est une parfaite illustration.
Tout au long de ma lecture de L'affaire Sadorski,  j'ai eu des envies de tuer ce personnage, dans les premières pages de L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski,  cette obsession est revenue, mais au fil de ma lecture, mon regard a changé, non pas que j'éprouve une quelconque empathie pour lui, mais parce que, par son écriture,  Romain Slocombe m'a plongé dans la Grande histoire et m'a fait comprendre que son flic n'est qu'un pion sur l'échiquier.
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Paris. 1942.

Après un passage par la Gestapo à Berlin, où il a connu des heures, des jours, difficiles, l'inspecteur Sadorski est de retour à Paris, toujours aussi désireux de débarrasser la France des juifs à qui il reproche tout et n'importe quoi… Comme beaucoup de « bons »et « vrais » Français à la même époque…
Il déteste tous les juifs, mais pas nécessairement toutes les juives lorsqu'elles sont jeunes et jolies. Tenez, par exemple, notre « brave » policier est obsédé par sa jeune voisine juive, Julie Odwak, une lycéenne dont il a fait interner la mère pour balayer les obstacles qui pourraient l'empêcher de la glisser dans son lit. Quant au père, cela fait un bail qu'il a été déporté. Pourtant, Sadorski est marié et se livre matin et soir à des parties de jambes en l'air avec sa charmante épouse. Qu'à cela ne tienne, il faut que Julie vienne habiter chez lui sous prétexte d'échapper aux rafles… auxquelles Sadorski participe en manifestant beaucoup de zèle.

Le 29 mai 1942 explose une bombe dans un café assidument fréquenté par les Brigades spéciales. Voilà qui ne saurait rester impuni. Sadorski, en bon flic, va suivre l'affaire de très près.
Prenant un congé, dans un cadre bucolique en compagnie de son épouse, notre poulet va tomber sur le cadavre d'une femme complètement dépouillée, assassinée par balles. Notre fin limier tient à résoudre cette énigme…

Critique :

Toujours aussi bien documenté, Romain Slocombe entraîne le lecteur de suspense en suspense, se basant sur des faits historiques dont il donne les sources à la fin de l'ouvrage. Il dépeint une société française largement antisémite, où seul un petit nombre de citoyens, de policiers et de gendarmes montre de la compassion pour ces femmes, ces hommes et ces enfants juifs traités de façon innommable par les autorités françaises, aux ordres de Pétain, Laval et Bousquet, qui vont bien au-delà des exigences allemandes.
L'inhumanité des traitements subis par les juifs, mais aussi par les résistants, est décrite de façon qui pourrait paraître excessive à certains et qui, pourtant, est corroborée par bien des témoignages de survivants. Les pulsions sadiques de crapules patentées officiant dans les « forces de l'ordre » en viennent même parfois à dégoûter un Léon Sadorski qui n'a rien d'un enfant de coeur.
L'écrivain nous donne à voir un être des plus odieux à qui il arrive quelquefois de se montrer compatissant. le lecteur en viendrait presque à éprouver de la sympathie pour cet infâme cloporte qu'est Léon Sadorski. J'ai dit presque ! Car très vite notre inspecteur principal nous prouve à quel point il est haïssable, toujours prêt à commettre les actes les plus vils pour satisfaire ses pulsions, tout en faisant preuve d'une hypocrisie digne des plus grands faux-culs. Remarquez qu'une confession suivie de quelques « Pater noster » et « Ave Maria » suffisent à apaiser sa conscience.
La description que Romain Slocombe donne du Vél' d'Hiv est bien plus réaliste que les images dont on dispose.
Le rôle du parti communiste français est aussi bien évoqué rappelant qu'il a fait ami-ami avec les Nazis au début de la guerre jusqu'à ce que l'Allemagne envahisse l'URSS… Des rivalités qui n'avaient pas grand-chose à voir avec la politique ont aussi amené des « camarades » à commettre des actes détestables… entre eux !
Un immense roman qui donne un excellent aperçu de ce que pouvait être la vie à Paris en 1942, année où l'on compte encore beaucoup d'admirateurs français de Monsieur Hitler et des Nazis.
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C'est en se basant sur l'histoire vraie de l'inspecteur principal adjoint Louis Sadosky que Romain Slocombe nous offre un roman historique très bien documenté (la bibliographie est d'ailleurs impressionnante).
L'auteur brosse un portrait réaliste de ce qu'était la France sous l'Occupation : traque des communistes et des juifs avec notamment le malheureux épisode du Vel d'Hiv, collaboration, histoire interne du parti communiste, mode de vie, etc...
L'inspecteur représente bien une certaine frange de la police, avec toutes ses compromissions et sa collaboration intensive avec l'occupant nazi.
Par ailleurs, je regrette un peu le nombre d'épisodes à caractère sexuel. Cela ne me gêne pas en soi mais ça n'apporte rien au récit.
L'écriture est agréable bien que certains épisodes soient un peu trop riches en détails.
Je ne savais pas qu'il s'agit de la suite de L'affaire Léon Sadorsky mais ça ne m'a pas gênée dans ma lecture. Je compte d'ailleurs le lire aussi prochainement.
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Où l'on retrouve l'IPA Sadorski, qui donne de plus en plus envie de vomir (si cela était encore possible après l'Affaire Sadorski) au fur et à mesure que la furie et la folie se déchaînent contre les Juifs et contre les communistes. On assiste à toute l'horreur de la rafle du Vel' d'Hiv' et aux premiers départs massifs de femmes et d'enfants vers les camps de concentration et la mort assurée.
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Ce deuxième opus des aventures de l'inspecteur Sadorski n'a d'égal que le premier.
Rappelons que le personnage principal est un abominable policier parisien exerçant pendant l'occupation : profiteur, antisémite, violent, obsédé sexuel, arrogant, bref toutes les qualités pour plaire à l'esprit du moment.
Même s'il n'est pas le narrateur, tout est présenté de son point de vue, et en préface, on peut lire ceci : « Ni l'auteur, ni l'éditeur ne cautionnent les propos tenus par le personnage principal de ce livre. Mais ils sont le reflet de son époque (…) ».
Nous sommes au printemps 1942 et le sujet historique principal du roman est la rafle du Vel d'Hiv survenue le 16 juillet. L'auteur ne nous épargne aucun détail des horreurs commises par la police française et celles subies par les familles juives (ou non du reste) à l'occasion de cet événement de grande envergure.
Même si l'on connaît le sujet par coeur, certains passages sont très difficiles. Ils l'ont été d'autant plus que certains se déroulent dans des lieux dont je connais très bien la topographie pour y avoir vécu. Dans ces moments-là, l'auteur fait preuve d'un grand talent car on sent bien qu'il reprend la direction du récit, que l'exposé des faits n'est pas filtré par le prisme de l'inspecteur Sadorski mais est malheureusement une suite factuelle de comportements indignes.
A ce titre, le dernier chapitre est glaçant.
Ce roman reste très intéressant à lire car il incorpore des documents authentiques (comme la liste absurde et incohérente des règles concernant les personnes à arrêter) et est illustré par une série d'anecdotes de la vie parisienne au temps de l'occupation.
Ce roman est donc riche sur le plan du style et représente également un document historique. La personnalité du personnage principal permet de rappeler à chaque instant combien dans cette période troublée, il était difficile de faire la part entre les bons et les méchants.
J'attends la suite avec impatience.
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Dans ce second tome de la trilogie Sadorski, Romain Slocombe nous invite à poursuivre les aventures de Léon Sardorski, « le Caïd du Rayon juif « .
Chef de brigade de voie publique à la 3e section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux, Sardorski est un policier français qui ne se pose pas de questions, il fait son boulot c'est tout. Certains diront avec un peu trop de zèle mais bon c'est l'époque qui veut ça. C'est vrai qu'il use et abuse souvent de ses prérogatives. Comme quand il fait interner sa voisine Raïssa Odwak en l'accusant de communisme comme si ça ne suffisait pas d'être juive. En l'envoyant à la prison des des Tourelles, il laisse seule à sa merci, la jeune Julie. Surtout que Jacques son père lui est déjà interné à Pithiviers. Mais là encore Sadorski ne fait que son taf même s'il a des vues sur la demoiselle Odwad.
Vous l'aurez compris, Romain Slocombe nous offre là un salaud magnifique. Un salaud donc il fait le héros de sa trilogie. Il fallait oser. Mais notre auteur n'en ai pas à son coup d'essai il nous avait déjà fait le coup dans Monsieur le commandant (dont je vous recommande fort la lecture tellement ce petit livre est bouleversant et dérangeant). Oui il nous brosse le portrait d'un français ordinaire sous l'occupation. Léon Sadorski, est-il un antisémite convaincu ou alors un opportuniste de première ? Ce qui est certain c'est qu'il a bien compris le pouvoir que sa carte de police peut lui procurer en ses temps troubles où la France a basculé dans l'horreur et où la chasse aux juifs, aux cocos et aux parias de tous bords est devenue un sport national.
Pour autant Romain Slocombe ne fait pas ici l'apologie du régime de Vichy. Non il se pose là et nous donne à voir ce que l'humain porte en lui de pire dés que les conditions historiques, politiques, économiques voire sociales sont réunies. Si il a choisi un sale type pour héros, il ne le juge pas, il le laisse vivre dans son époque.
Une époque que notre auteur reconstitue à merveille. le Paris de l'occupation comme si nous y étions. Il appuie son propos à grande aide de documentations historiques qui vient étayer et étoffer son intrigue. Slocombe fait ici oeuvre d'historien, mais il fait aussi un travail de mémoire salutaire. Car si aujourd'hui avec mon oeil aiguisé de femme française du 21e siècle je lis ce livre en éprouvant fort dégoût pour les protagonistes de cette histoire qu'on aurait-il était si j'avais moi même vécu l'occupation. Aurais-je baissé ou fermé les yeux devant les exactions de tous poils. Je ne suis pas certaine d'avoir pu avoir une once d'héroïsme ou d'abnégation tels ses résistants prêts à sacrifier leur vie pour combattre la barbarie. Alors oui j'ai détesté Léon Sardowski et les gens de son espèce. J'ai condamné les exactions commissent par la police française, j'ai été indigné face aux humiliations que l'on faisait vivre aux juifs quotidiennement sans parler de la peur qu'on leur a fait subir. Oui je ne comprends pas la population parisienne qui ne s'est pas révoltée lors des rafles. Mais qui suis-je pour tous les juger.
Juste peut-être puis-je essayer de faire en sorte que de telles atrocités ne soient plus possible et que l'ignominie ne passe pas en France et partout en Europe. Mais là je doute quand je vois la montée des populismes et autres extrémistes autour de nous.
Alors lisez ce livre, lisez cette trilogie, c'est vraiment pour moi une énorme coup de coeur et une lecture salutaire.
Lien : https://collectifpolar.com/
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C'est absolument excellent. La reconstitution de l'époque de l'Occupation est remarquable. Par exemple, la narration / description de la rafle du Vel d'Hiv est saisissante de réalisme. L'intrigue, touffue, est très bien menée et passionnante. le personnage de Sadorski acquiert encore plus d'épaisseur que dans le volume précédent. le premier tome était déjà magnifique, celui-ci l'est encore davantage.
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L étoile jaune de l'inspecteur Sadorski
Paris 29 mai 1942, une bombe explose dans un café proche du palais de justice ou viennent boire un verre les policiers du service des brigades spéciales entre deux séances de tortures sur des juifs, des communistes et toutes personnes qualifiées dans cette période de terroristes. Cette explosion se révélera précipitée, mais en entendant dans les hautes sphères de cette police aux ordres de Vichy l'on veut du résultat. Peu importe les méthodes, les violences, ce qui compte c'est que les terroristes parlent. Lors de cet attentat plusieurs blessés sont relevés et deux morts. L'inspecteur Sadorski revenant de vacances est désigné comme enquêteur. Quelques jours plus tard faisant une escapade à vélo avec son épouse , il se retrouve dans l'orée d'un petit bois tombe sur le cadavre d'une femme totalement dénudée, la tête fracassée. Il mettra un bon moment à relier toutes ces histoires entre-elles. Outre ces deux affaires qui vont s'entrechoquer, il participe en tant qu'inspecteur à la grande rafle du Vel d'Hiv exigée par les Allemands et mis en oeuvre avec beaucoup de pugnacité par la police Française. « A l'instigation des nazis et au nom de l'État français, une action mémorable qui se gravera dans les esprits sous le nom insolite de rafle du Vel'd'Hiv. On en parlera encore des décennies plus tard et même au siècle suivant. 9 000 courageux fonctionnaires, policiers, gendarmes solidement armés et équipés pour faire la guerre à des femmes, des vieillards, des adolescents, des alités, des nourrissons, des opérés de la veille, arrachés de leurs lits et même quelques cadavres de juifs morts de maladie » qui seront conduits en bus réquisitionné dans des lieux de rétention avant leur départ vers d'autres destinations et pour beaucoup les chambres à gaz . Il faut lire la description de cette journée dans le chapitre intitulé « La Chasse au Juif » ou l'on ressent la brutalité, la bestialité de ces fonctionnaires qui auront pour ceux que la justice des hommes rattrapera à la fin de la Guerre l'excuse «  que nous n'avons fait que d'obéir à des ordres. »
L'inspecteur Sadorski, au fil de cette histoire se décrivant lui même comme pétainiste, anticommuniste notoire anti-juif, mérite cent fois que sa vie s'arrête là, brutalement par deux balles 7,65 ou de 6,35 . On le souhaiterait ! Cet individu est un spécimen de la pire espèce, imbu de sa personne, jouant avec sa « brème » carte tricolore, pour piller abuser de ses fonctions, piller ,
de violer des femmes juives en leur faisant miroiter la clémence d'une libération. En liant le destin tragique d'une jeune fille mineure Julie Odwak qu'il convoite à ce lui de sa mère internée par ses directives apposant sur la carte d'arrestation la mention communiste ce qui lui augure un traitement particulier de la police Française avant d'être remise aux autorités allemandes pour être déportée on arrive au comble du cynisme. Sadorski se fait également plaisir en arrêtant des crânes , en dénonçant par un écrit anonyme aux Allemands le comportement de différentes personnes répertoriées comme étant un danger pour l'ordre public, résistants, réfractaires aux ordonnances éditées.
En lisant page après page ce livre de Romain Slocombe, nous nous retrouvons témoins des actes abominables de Sadorski et ses sbires, des gestes désespérés de femmes se jetant par la fenêtre de leur immeuble lors de cette rafle, entraînant dans la mort leurs enfants, en étant témoin de scène de tortures infligées à coup de nerf de boeuf et autres spécialités de cette brigade spéciale ou l'abjection est à son paroxysme.
Romain Slocombe, nous présente un récit très détaillé, parfaitement documenté.Il suffit de prendre connaissance des ses notes biographiques .Romain Scolombe fait ici oeuvre d'historien. Ce qui nous amène à une expression encore plus forte de dégoût lorsque l'on apprend que l'histoire de Sadosrki, n'est pas sans rapport réel avec les activités réelles de l'IPA Louis Sadosky, retrouvé dans les archives de la préfecture de police en consultant les dossiers d'épuration des policiers.
Ce récit nous permet de revenir sur un passé que certains préfèrent oublier. Il nous ouvre les yeux sur une période ou la police française a permis l'arrestation de milliers d'hommes, de femmes, d'enfant dans le seul but de répondre aux exigences du IIIe Reich, qui n'en demandait pas autant.
Mon parcours professionnel, m'a conduit dans une caserne ayant été utilisée lors des rafles à Drancy, puis cette époque pas si lointaine en 1974 à Compiègne au Camp de Royallieu : ( La caserne de Royallieu a été construite en 1913 et regroupe 25 bâtiments sur une surface de 16 hectares. de 1941 à 1944, elle fut transformée par l'armée allemande en l'un des principaux camps de transit de France. Près de 45 000 personnes y ont été acheminées : internés politiques, résistants, pour beaucoup communistes, civils russes ou américains et juifs. (Source mémorial de l'internement et de la déportation). Mon régiment c' était installé dans les lieux mêmes ou ont transité toutes ces personnes en partance vers les camps de la mort ! Puis je me suis retrouvé à Berlin.
L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski est plus qu'un roman c'est un morceau d'histoire de France. Merci M. Romain Slocombe.
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