Chloé, navigatrice australienne, boucle un tour du monde en solitaire quand son bateau croise celui d'un certain Neal. A la dérive et démâté, le voilier est en piteux état et l'homme demande assistance. A contrecoeur, Chloé le prend à bord.
Seulement Neal n'accoste pas les mains vides : dans ses bagages sont entassés les petites coupures de plusieurs millions de Dollars, Euros, Yens et d'autres monnaies…
D'où vient ce magot ? le type est-il employé dans une grande firme de la finance comme il le prétend ?
Menotté au bastingage, le petit new-yorkais propre sur lui va devoir s'expliquer. S'ensuit l'histoire incroyable et complètement déjantée d'un trader malin comme un singe parti dans les Caïman poser ses dix valises de biftons, avant d'être poursuivi par Neal, rendu dépressif par une récente rupture, sa splendide et très froide collègue surdouée, un privé noir, sexy et atteint d'achondroplasie, et son copain flic bedonnant.
Avec un humour décalé, Haskell Smith malmène tout ce petit monde entre scènes de sexe très cru, portraits déjantés, cavalcades, coup de poings et dialogues surréalistes.
Tout est saugrenu, jusqu'au casting, complètement improbable : une asiatique asperger, un homosexuel dépressif, un tombeur black de petite taille, comme une grosse blague sur les quotas hollywoodiens. Mais ne voyez pas là de parodie grossière, les personnages ne sont pas singés malgré un humour plutôt féroce. Même les scènes de violence, et il y en a pas mal, sont subtilement amenées, dans un style pince-sans-rire à l'accent British (Le coup du coquillage m'a fait tellement rire !) renversé à la page suivante par des scènes de sexe provoquantes et totalement incongrues…
Haskell Smith convoque en fait toutes les images cinématographiques que la culture hollywoodienne a incrusté dans votre cerveau depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui.
Finalement, c'est peut-être là qu'il réussi son coup : en passant en revue, à la manière d'un
Tarantino littéraire, tous les genres cinématographiques dont il est certainement un amateur. de cet amalgame ressort une sorte d'ovni littéraire quelque part entre le polar de série B, le thriller judiciaire, le film de gangster et le western spaghetti.
Du
John Grisham à la sauce Pulp Fiction, survitaminé et que j'ai trouvé très marrant.