Ce livre se présente sous la forme d'une autobiographie imaginaire du grand peintre japonais Hokusaï. Inclassable, n'appartenant à aucune école bien que les ayant toutes pratiqué, Hokusaï su donner du Japon de son temps (1760-1849) une vision d'une prodigieuse diversité. Loin de tout carriérisme, la curiosité sans limite d'Hokusaï se tournait vers tous les domaines du vivant saisi dans son instantanéité et par son coté éphémère. Chez Hokusaï, le cadre n'existe pas: l'oiseau s'est déjà envolé, le dragon a déjà consumé l'espace autour de lui, la vague a déjà englouti la barque des pêcheurs.
Il est fort difficile de restituer l'âme et l'imaginaire d'un aussi grand créateur et c'est en quoi il est possible d'avoir quelque réticence pour ce livre, très honorable pour le reste.
On notera qu'au Japon, Hokusaï, esprit indépendant et frondeur, est généralement fort sous-estimé; pour ces raisons mêmes fort probablement.
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Magnifique roman qui retrace la vie – imaginée en partie –d'Hokusai, le fou de dessin.
Vie d'errance à travers la campagne et les côtes japonaises, vie de souffrance aussi (avec en toile de fond la question de la souffrance comme condition nécessaire à la création) mais vie libre, loin de de toute complaisance pour les puissants, de toute mode et de toute concession qui entrave la création.
L'écriture est superbe, délicate, légère, vivante, tout à l'image de l'oeuvre du peintre.
Quelques longueurs sont parfois à déplorer pour les personnes qui, comme moi, ne s'y connaissent pas en art japonais et l'on se perd parfois dans les références aux différentes écoles. Mais la poésie, la délicatesse et la justesse de l'ensemble font vite oublier ce petit désagrément.
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Cela a été un achat coup de coeur, sans préméditation. La couverture, en premier lieu m'a attirée. le titre lui-même était prometteur.
Mais finalement, le livre me tombe des mains alors que je n'en ai pas atteint la moitié.
Je pense que cet ouvrage est certainement très riche et juste historiquement. Malheureusement, la dimension romanesque y est bien trop maigre à mon goût. On assiste à une succession d'évènements, mais ni les personnages ni leurs relations n'ont de saveur. Ainsi, ne parvenant à m'attacher à eux, je me suis détachée du livre...
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Mais c’est du fond de cette douleur inconnue, sans doute, que j’ai puisé ma capacité illimitée à créer. Parfois, souvent, cette douleur revenait. Elle revient encore à la surface, par moments, comme une brûlure de l’épiderme, et m’envahit d’une mélancolie, d’une nostalgie pour ce qui n’est plus, pour ce qui aurait pu être aussi ma vie, si j’avais accepté de prendre une autre voie, si je m’étais résigné à rester dans le chemin qui m’avait été tracé et dans lequel je m’étais engagé. Mais je ne regrette pas ces écarts, ces bifurcations qui m’ont amené là où je suis maintenant, en cette heure dernière.
Je me promis alors de ne jamais laisser personne me parler sur ce ton, et de rester libre comme l’air, comme les oiseaux sur le rivage, toujours sur le qui-vive et prêts à s’envoler si quelqu’un vient les déranger, libre comme le feuillet qui virevolte au vent. En repensant au feuillet, j’ai dû me dire que c’était la solution : ne pas dépendre d’outils trop lourds, ni de matériaux qu’il faut manipuler dans un atelier, ni des commandes des seigneurs orgueilleux, et que le dessin au fil du pinceau est aussi libre que l’oiseau, si l’on parvient à être le pinceau même.
Le spectacle de ces éléments déchaînés qui semblaient ne jamais vouloir cesser, comme une impulsion de vie pareille à celle qui bat en nous, m’a fortement impressionné ; j’étais moi-même ces vagues qui vont et viennent, et, plus je les observais, plus je m’imaginais que la mer était en moi, que j’étais la mer elle-même, avec cet entêtement, cette obstination, cette obsession à toujours vouloir avancer, toujours recommencer sans se lasser de se heurter au rivage, toujours avoir le désir de dépasser les limites qui nous emprisonnent, enfreindre les interdits et aller au-delà de l’infranchissable.
Il n’y a guère que les bâtonnets d’encre et les brosses à peindre pour savoir reconnaître une ligne tracée par une main de maître. Les pinceaux ne gardent-ils pas un peu de la sensibilité de l’animal dont leurs poils sont faits ? Les peintres leur parlent amicalement, et les encouragent comme des êtres vivants. Si quelqu’un me regarde travailler en cachette, lorsque je murmure des mots doux à mes outils, il doit hocher la tête et se dire que mon surnom n’est pas usurpé : Hokusai, c’est vraiment un fou qui peint.
Le soir, au contraire, à l’heure bleue du crépuscule, la lumière chute brusquement, et c’est la nuit, d’un noir impalpable. Le noir est une teinte tout en nuances : il y a le noir antique, mêlé de rouge ; le noir aux reflets de bleu, plein de fraîcheur ; le noir mat, comme éteint par un mélange de blanc ; le noir brillant, auquel on ajout de l’alcool de riz pour lui donner de l’éclat ; le noir de pleine lumière où scintillent des traces de gris ; et le noir d’ombre, noir dans le noir.