Les Sans-culottes parisiens en l'An II : Mouvement populaire et gouvernement révolutionnaire

Le règne de la Sainte-Pique

Qui, mieux, qu'Albert Soboul pour nous raconter les Sans-culottes ?

Pour cela, il va utiliser en plus de ses connaissances, les archives des 48 sections parisiennes. Ces sections eurent obligation, en l'An IV, de remettre l'intégralité de leurs archives aux douze municipalités qui les ont remplacées, puis ces dernières les confièrent aux Archives nationales, mais surtout aux Archives de la Préfecture de police qui, malheureusement, furent détruites par un incendie en mai 1871.

Heureusement pour Albert Soboul, et pour nous, toutes les sections n'avaient pas obéi et cela nous permet de mieux connaître ce que fut ce mouvement de la sans-culotterie qui fut le seul moment, dans notre histoire, où le peuple, associé aux Montagnards, réussit à se faire entendre. Ces derniers se servant d'eux pour mieux éliminer leurs adversaires et les abandonnant ensuite pour revenir à la révolution bourgeoise de 1789.

Le mouvement sans-culotte, d'aspiration sociale, naît d'abord d'un sentiment d'injustice. Ceux qui en sont le corps souhaitent avant tout une meilleure égalité et surtout c'est la faim qui est la cause de tout. Ils veulent que le gouvernement mettre en place le Maximun pour garantir un accès aux denrées pour tous.

Puis viendront d'autres revendications, le droit au travail, à l'instruction, le partage des terres, le droit à la propriété, une volonté de souveraineté populaire, toutes ces grandes idées qui seront reprises plus tard par la Commune de Paris.

Albert Soboul nous présente qui étaient les sans-culottes, trop souvent présentés comme la plèbe de Paris, alors qu'ils n'avaient pas de notion de classe sociale et regroupaient à la fois les commerçants, les artisans ainsi que les ouvriers souvent très proches de ces derniers ainsi que la petite bourgeoisie. L'auteur nous fait vivre les évènements de l'intérieur, à travers les comptes rendus des sections, la presse très nombreuse de l'époque ainsi qu'avec les mémoires que certains d'entre eux ont laissées.

Un ouvrage parfois ardu à lire tant les informations sont nombreuses, foisonnantes mais un ouvrage essentiel par son érudition, sa très grande connaissance de l'histoire de la sans-culotterie.

Un beau livre sur qui étaient les sans-culottes, leur composition sociale et leurs objectifs politiques, mouvants au cours de la Révolution mais toujours mus par le droit de vivre dignement.

Historien proche du PCF, Soboul fait oeuvre d'histoire militante, en analysant très finement les dynamiques de classe entre les différentes couches de révolutionnaires, sans tomber dans la passion un peu aveugle de Robespierre qui est parfois prégnant dans les milieux PC.

Un peu austère dans la forme, mais à lire pour ceux qui veulent comprendre une Révolution en action.