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Jean-Jacques Pollet (Traducteur)
EAN : 9782080712226
491 pages
Flammarion (13/10/2005)
3.87/5   27 notes
Résumé :

L'Ange à la fenêtre d'Occident, l'ultime roman de Gustav Meyrink, est de ces livres qui, sitôt ouverts, n'en finissent plus de vous hanter. Rédigé peu avant la mort de l'auteur, il est à son œuvre ce que Faust est à celle de Goethe : une " somme ", summa scientia. L'histoire fascinante de John Dee, célèbre alchimiste du XVI° siècle, y est relatée à travers les fragments de son journal, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'Ange à la Fenêtre de l'Occident (Gustav Meyrink, 1927 ; édition française chez Retz, 1975, avec des illustrations d'Isabelle Drouin) est un livre important.
D'abord parce qu'il s'agit d'un véritable roman occulte, écrit par un auteur qui maîtrise parfaitement le symbolisme, les correspondances et les techniques initiatiques. On baigne dans l'alchimie, la réincarnation, le paganisme avec un petit parfum de Hieros Gamos. le fil rouge est bien sûr celui de la recherche de la transcendance et de l'immortalité.
Ensuite parce que l'action se déroule sur deux plans temporels (le XVI ème siècle et le début du XX ème), mais pas à la façon des thrillers ésotériques auxquels nous sommes habitués, à savoir un empilage de tranches de saucisson zébrés de « flash back » . Les deux trames chez Meyrink se chevauchent et finissent par se mélanger de façon convaincante, donnant au récit un ton fluide au service d'une action continue.
Enfin, et peut être surtout, parce qu'il s'agit de la première biographie romancée de John Dee dont les principaux éléments seront par la suite largement recyclés dans toutes les études romantiques qui fleuriront sur le personnage. L'Ange à la Fenêtre de l'Occident est en quelque sorte le vecteur qui introduit John Dee dans les littératures de l'Imaginaire. Lovecraft ne s'y trompera pas, utilisant dès l'année de parution du livre (1927), le personnage du magicien anglais dans son Histoire du Necronomicon : Une traduction anglaise, faite par le Dr. Dee, ne fut jamais imprimée et n'existe qu'à l'état de fragments récupérés à partir du manuscrit original. Il y reviendra l'année suivante (1928) dans L'Abomination de Dunwich : … Or, le personnage principal ne possède que les fragments traduits par John Dee.

Le récit met en scène un certain baron Müller, critique d'art dans le Prague du début du siècle dernier, collectionnant les pièces rares que lui fournit son vieil ami slave, Lipotine. Sa vie va basculer, suite à la réception d'un colis que lui a fait parvenir son cousin, John Rogers, avant de mourir. Un paquet contenant papiers, manuscrits et objets divers provenant de John Dee, un vieil anglais excentrique ancêtre de sa mère. Et de dérouler l'existence d'un personnage multipliant les « ratages » et pour commencer avec un petit stage en prison pour s'être mis à dos la souveraine de l'époque, la Reine Mary. Un ratage compensé par les révélations d'un inquiétant compagnon de cellule, Bartlett Green, qui lui remettra le fameux miroir noir et le mettra sur la piste du trésor exhumé de la tombe de Saint Dunstan, à savoir une boule rouge contenant la materia prima, blanche renfermant de la poudre de projection et un manuscrit faisant office de mode d'emploi. Ratage parce que fondant tous ses espoirs sur la Reine Elisabeth, venant de succéder à Mary et l'ayant élargi, il se fait « balader » par la souveraine sur le thème « je t'aime moi non plus ». Ses projets d'ouvrir une voie maritime par le Groenland échouent alors que ses invocations magiques restent peu convaincantes. C'est la raison pour laquelle il va faire appel à des médiums, et notamment Edward Kelly, pour tenter de passer à la vitesse supérieure. L'or va surgir du fourneau grâce au contenu des deux boules, mais le manuscrit de Saint Dunstan reste indéchiffrable alors qu'il contient la formule pour les « recharger ». L'Ange Vert est évoqué par Kelly, mais lui aussi joue « les allumeuses », promettant sans rien révéler tout en étant de plus en plus exigeant.
La population du village de Dee, Mortlake, se révolte contre les deux compères accusés d'opérations diaboliques, les amenant à s'enfuir à Prague avec la complicité du Prince polonais Larski, tombé sous le charme de Kelly. Ratage à nouveau, car la rencontre avec l'empereur Rodolphe se terminera en queue de poisson, le souverain considérant Dee plus comme un charlatan qu'un véritable mage. Dee demandera du reste conseil à Prague à Rabbi Loew qui tentera, sans succès, de lui indiquer le vrai chemin de la sagesse par l'art de la prière. La fin sera pitoyable : l'Ange Vert ordonne à Dee de « prêter » sa femme Jane à Kelley, laquelle, humiliée, se jettera dans un puits appelé « puits Saint Patrick ». Il rentrera à Mortlake dans son domaine dévasté pour y mourir.

De façon curieuse, les différents éléments de cette saga vont rejaillir sur le Baron qui rentre en possession du miroir noir et des deux boules. Et puis tout se mélange, jusque dans les personnages : il embauche une nouvelle gouvernante qui se souvient d'avoir été Jane dans une autre vie. Il rencontre, par le biais de Lipotine, une inquiétante princesse russe, la princesse Chotokalugine, créature ambiguë qui qui symbolise la tentation et les forces du mal ; c'est Isaïs la noire, grande prêtresse du tantrisme. Elle collectionne d'étonnants artefacts (la lance du destin, le bouclier de Roland de Roncevaux… !) et recherche désespérément la pointe de la lance de John Dee. le Baron résistera à toutes les tentations qui se multiplieront au cours de ses propres invocations à l'aide d'un restant de « poudre rouge ». Sa maison sera détruite par un incendie, Jane se suicidera avec la princesse, et il se retrouvera de l'autre côté du miroir, au domaine d'Elsbethstein où il retrouvera la Reine Elisabeth. Il aura réussi le parcours initiatique que John Dee avait raté et deviendra un Immortel.

A l'exception du manuscrit du Saint, il est peu question de livres dans ce roman, encore moins de bibliothèque. Sauf le journal intime transmis par John Rogers, les propres écrits de John Dee ne sont pas évoqués.

La critique de wikipédia (version anglaise), si elle considère ce roman comme une oeuvre majeure, le qualifie pourtant de confus et compliqué. Avis que je ne partage absolument pas. Quand on a compris que le Baron Müller va reprendre la queste ratée de son aïeul et la réussir, les différents éléments du récit s'emboitent parfaitement et offrent au lecteur une vision saisissante de l'Initiation.
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Livre très intéressant par son aspect initiatique, surtout ce que les Anciens appelaient finalement les petits mystères, un ouvrage que je qualifierai de spirituel voire théosophique sans dire que Meyrink est un théosophe.

Le rationalisme est mis à mal par bien des descriptions hallucinatoires, m'est de goût de lire des descriptions d'objet d'art antique sur fond de danse érotico-mondaine.


Les personnages n'en sont pas ou très peu, à la Tintin on sent qu'ils incarnent autre chose qu'une condition de mortel ainsi les dialogues détonent par certains contenus philosophiques.


Quelques procédés d'écriture sont redondants c'est à dire que les scène sont toujours amenées de manière univoque : suivantes une description littéraire d'un lieu d'un personnage ou d'un état d'être similaire à la précédente, car l'auteur y décrit le monde avec un regard polarisé sur sa quête et donc butte sur des impressions de déjà vu, oui comme un retour du même c'est l'impression que laisse le style de Meyrink, mais c'est là encore un caillou du Poucet initiatique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Qu’est-il advenu du trône de Grœnland et de ces États de l’Ouest qui portent aujourd’hui le nom d’un matelot râpé, Amerigo Vespucci ?
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Videos de Gustav Meyrink (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gustav Meyrink
Gustav Meyrink : Le Golem (France Culture / Samedi noir). Diffusion sur France Culture le 29 octobre 2016. Dans le ghetto de Prague, le parcours d’un homme amnésique se mêle aux apparitions du Golem qui sème la terreur tous les 33 ans. Traduction et adaptation : Davis Zane Mairowitz. Réalisation : Michel Sidoroff. Conseillère littéraire : Caroline Ouazana. “Le Golem” (en allemand “Der Golem”) est le premier et le plus célèbre roman de l'écrivain autrichien Gustav Meyrink, publié en 1915. Il s'agit d'un roman fantastique fortement marqué par l'influence de la Kabbale, dont l'intrigue se déroule dans le quartier juif de Prague. Le roman suit les traces d'Athanasius Pernath, un tailleur de pierres précieuses vivant dans le ghetto de Prague, qui a perdu tout souvenir de son passé. Sa vie paisible et discrète est perturbée le jour où une femme, Angelina, qu'il aurait connue quand il était enfant, l'implore de l'aider. Ainsi se trouve-t-il plongé dans une intrigue complexe au cours de laquelle il va rencontrer des personnages hauts en couleurs dont les motivations et les intentions sont aussi obscures qu'inquiétantes. Au début du récit, Pernath reçoit la visite d'un inconnu qui lui apporte un livre à restaurer, le livre “Ibbour”. Il s'agit pour Pernath du début d'une aventure initiatique, parallèle à l'intrigue principale, au cours de laquelle, guidé par l'archiviste Hillel versé dans la Kabbale, et sa fille Mirjam, il va retrouver ses souvenirs enfouis depuis des années, découvrant alors des pans ignorés de sa personnalité.
Avec :
Olivier Peigné : Pernath Sandrine Le Berre : Mirjam Audrey Meulle : Angélina Mouss Zouheyri : Laponder Thibault Vinçon : Charousek Jean-Gabriel Nordmann : Hillel François Siener : Wassertrum Jean O’Cottrell : Zwakh Daniel Krellenstein : Prokop Nina Paloma Polly : Rosina la Rouge Pierre Puy : le juge d'instruction Franck Kronovsek : le fonctionnaire Slimane Yefsah : le cocher Gérard Boucaron : le passeur Cécile Arnaud : la domestique
Et les voix de :
Zelda Perez, Gwenaëlle Simon, Élodie Vincent, Christophe Chêne et Antoine Sastre
Bruitage : Patrick Martinache. Prise de son et mixage : Bernard Lagnel. Assistance technique et montage : Manon Houssin. Assistante à la réalisation : Laure-Hélène Planchet
Sources : France Culture et Wikipedia
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