Une journée d'Ivan DenissovitchAlexandre Soljenitsyne (1962)
Les retombées d'
Une Journée d'Ivan Denissovitch qui créa un véritable choc dans le monde des Soviets où tout devint d'un seul coup inéluctable pour ce qui était signe de la mort annoncée du régime, sont en train aujourd'hui de se diluer dans les mains du général oubli, moins en Russie évidemment mais en Occident sûrement. Et on a du mal à mesurer l'effet considérable que la publication de ce petit livre provoqua dans le monde entier. C'est la France qui a permis la publication de cette oeuvre qui diagnostiquait des millions de morts dans les camps sous Staline. On sait que ce terrible chiffre fut porté à la hausse ensuite par une estimation plausible d'environ 20 millions de victimes dues à l'ère stalinienne.
Alexandre Soljenitsyne est l'écrivain russe qui aura de son courage, de son expertise marqué la deuxième partie du 20e siècle grâce à ce premier livre, écrivain russe qui se hisse ainsi dans la lignée des Tolstoï et
Dostoïevski ses illustres aînés lui montrant la voie. Pour qui aime la littérature au plus haut de sa signification, au sens du combat camusien, il faut avoir chez soi Une Mort d'Ivan Denissovitch et le lire bien sûr, l'avoir à tout jamais dans sa mémoire pour savoir ce qu'à fait la bête stalinienne et de quoi elle fut capable.
le réquisitoire cinglant de
Soljenitsyne est sans appel, dès sa publication en Russie autorisée par Khrouchtchev, il se propagea comme la véritable condamnation du régime communiste. Oui le procès de tous les crimes odieux de Staline est là, dans ces feuilles ! C'est lui ! Oui avec du papier et un crayon, le talent de l'écrivain se transforma en coup de maître en ébranlant le monstre totalitaire de l'Est. Complètement déstabilisé Khrouchtchev en donnant son accord à l'écrivain chercha en fait à le manipuler pour que le régime demeure. Ce n'est pas son rapport présenté au XXe congrès le 25 février 1956 qui servit de détonateur pour abattre le communisme assassin : la bête était encore vivante après cela ! Mais après
Soljenitsyne, la bête agonisait, elle était frappée de mort certaine à cause d'un seul homme encore une fois, courageux, méthodique, talentueux qui fut rappelons-le capitaine dans l'armée soviétique et combattit contre l'Allemagne pendant la guerre, puis condamné à huit ans de camp pour propagande antistalinienne : "activité contre-révolutionnaire" exactement. Il savait ce qu'il disait, comme ses illustres aînés : il avait été à bonne école russe le bougre. Il ressembla en cela à
Léon Tolstoï l'intouchable par sa conscience humaine, intouchable par son génie littéraire, dès lors qu'il reçut de l'Académie d'Oslo le prix Nobel de littérature en 1970. Il ressembla à
Dostoïevski avec l'insigne Souvenir de la maison des morts.