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sur 193 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
J'ai fini L'appât. Ouf ! Je l'ai lu finalement plutôt rapidement, car qu'on le veuille ou non, on est pris par cette histoire et ses multiples rebondissements et jusqu'à la fin on va de surprise en surprise en se demandant qui peut bien être le vrai méchant de l'histoire. Un peu comme dans un policier d'Agatha Christie où on attend la révélation finale que fait Hercule Poirot après avoir réuni en cercle tous les suspects, quand le lecteur haletant sait très bien qu'alors même qu'il a soupçonné à peu près tous les personnages qui apparaissent dans l'histoire, il est incapable de se douter de l'identité du coupable. Et çà marche à chaque fois.
Bon, là aussi çà marche. Là aussi, on soupçonne tout le monde, là aussi jusqu'à la fin on ne sait pas vraiment qui est le méchant (il faut dire que c'est assez confus), sauf que là on risque bien d'aboutir à la conclusion que tout le monde est méchant.

Mais rien à faire, je n'ai pas retrouvé le génial auteur de la théorie des cordes, qui reste pour moi le chef-d'oeuvre de Somoza. La clé de l'abîme, je n'en parle même pas tellement c'était une ânerie de première. Daphné disparue est une lecture qui m'a profondément ennuyée et où je n'ai pas compris grand-chose. Clara et la pénombre reste un grand moment de ma vie de lectrice. La dame n°13 est un monument. Ces deux derniers romans plus La théorie des cordes ont ceci de commun que seul un psy peut en être l'auteur. Plus encore qu'un psy : quelqu'un qui a l'habitude de voyager dans les recoins les plus sombres, les plus inavouables, les plus monstrueux, de la conscience humaine. de toutes les consciences ou seulement celles de psychopathes avérés, avides des sensations fortes que seule provoque la souffrance des autres ? A moins que nous ne soyons tous des psychopathes qui nous ignorons.

L'appât ressort de cette veine,un peu, même si Somoza n'a pas retrouvé la verve, l'inventivité, et la capacité à faire croire à son lecteur que tout cela est vrai, qui a guidé sa plume dans La théorie des cordes. Bon, d'accord, je ne me suis pas ennuyée. Mais qu'est-ce que c'est que cette série de délires où l'on découvre des théories que même le plus fous des psys ne saurait imaginer ? Des psynomes, vous savez ce que c'est, vous ? Moi ce n'est qu'au bout d'au moins 250 pages (le livre en comporte 400, et je vous conseille de tenir au moins jusqu'à la page 300 car c'est là que çà s'endiable) que j'ai commencé à comprendre. C'est embêtant de mettre aussi longtemps pour comprendre, car toute l'histoire tourne autour de ce truc. Et ces histoires de philias : pour résumer, on peut être philique de Travail, de Proie, de Négociation, de Sang, de Beauté (voyez, au moins c'est éclectique). Chaque philia correspond vaguement à des masques (pas des masques de carnaval, bien pire, je vous laisse découvrir), à des tenues (des talons noirs, des tops orange fluo, des pantalons en latex pourpre et j'en passe) et le principe c'est qu'il suffit que je lève les bras ou que je fronce un sourcil pour faire déferler en vous des vagues de plaisir telles que vos nuits les plus torrides auront de relents de couvent des clarisses.
Au milieu de tout çà, il y a de fausses putes et des vrais criminels, des enfants maltraités et des professeurs chenus, des flics qui s'ennuient et des médecins ambigus, des mannequins malmenés dans une ferme déserte et des délinquants au milieu d'une zone ravagée par une vieille bombe atomique.
Il y a des crochets, des forets, des lames bien aiguisées que n'aurait pas reniées Sade.
Il y a des inventions futuristes rigolotes, genre montre ordinateur, ordinateur quantique, brouilleur d'image, et des caméras de surveillance absolument partout. Quand on vous appelle au téléphone, ce n'est pas la peine de décrocher un combiné, vous dites « répondre » et grâce aux hauts-parleurs partout dans l'appartement, vous menez votre conversation de la salle de bains à la cuisine (au fait le four à micro-ondes a un écran tactile).

Et puis il y a Shakespeare. Car c'est lui le coupable par lequel tout arrive, l'inventeur des psynomes, des philias et de tout le reste. Qui veut devenir appât s'entraîne sur les bandes enregistrées de ses pièces, et pour qui n'a pas lu toute son oeuvre, ce n'est même pas la peine de candidater à l'emploi d'appât auprès du département de la psychologie criminelle.
Mais à la fin de cette histoire d'une complication inouïe, on ne peut que se dire «Tout çà pour çà ?»
Alors si vous n'avez jamais lu Somoza, lisez plutôt La théorie des Cordes, çà ressemble à quelque chose.
Et au moins, çà m'a donné envie de relire ou de découvrir quelques pièces de Shakespeare.
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Somoza José Carlos – "L'appât " – Actes Sud / Babel Noir, 2011 (ISBN 978-2-330-01877-1) – 534 pages
– traduit de l'espagnol par Marianne Millon, titre et éd en langue originale "El cebo" cop. 2010

Ayant apprécié la lecture de "Clara et la pénombre" publié en 2001 en espagnol (cf recension du 14 octobre 2019), je me suis procuré ce roman, publié en 2010. Quelle déception !

Il y a des romans mauvais en raison des déficiences de leur auteur tout aussi mauvais, il y a des romans ratés car mal calibrés par un auteur disposant de moyens littéraires limités ou ayant besoin de s'assurer rapidement quelque rentrée d'argent, il y a des romans produits à la chaîne pour alimenter le flot incessant de la littérature dite "de gare".
Et puis, il existe une catégorie relativement minoritaire, celle qui réunit les romans idiots, comme c'est le cas ici. L'auteur dispose d'une bonne plume d'écriture (il l'a prouvé avec ses précédents romans), d'un thème plutôt original qu'il connaît bien (ici, l'oeuvre de Shakespeare), et même du talent consistant à glisser des considérations générales dans des scènes concrètes. Malheureusement, tout cela est réduit à néant par une idée ubuesque (imaginer qu'une police forme et utilise des appâts jusqu'à la torture, se basant sur de fumeuses théories psychologiques tirées des pièces de Shakespeare), une grande complaisance envers la mode actuelle de l'étalage de scènes répétitives de violence plus scabreuses les unes que les autres, le recours à un pseudo-féminisme à la Zorro (bien que ligotée depuis plusieurs heures, l'héroïne vous terrase le grand méchant d'une oeillade imparable). C'est à croire que l'auteur cède à des modes au lieu de tirer le meilleur parti d'une originalité certaine.

Quel gâchis ! Poubelle.
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