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EAN : 9782258162877
304 pages
Presses de la Cité (05/09/2019)
4.05/5   32 notes
Résumé :
À seize ans, Camille part sur les chemins, rejoignant d'autres paysans creusois qui s'en vont jusqu'à Lyon user de leurs bras et de leurs forces pour bâtir des édifices. Quittant sa mère, fuyant la misère, il marche avec, en tête,l'absence de son père... L'ouvrier aux mains d'or mais à la réputation ambiguë a disparu, quatre ans plus tôt, dans la grande crue du Rhône de 1856.
Son fils travaille dur: onze heures par jour, à grimper et dévaler des échelles, à s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Avant tout , qu'il me soit permis de remercier très sincèrement les éditions des " Presses de la cité " et Babelio , bien sûr , pour l'envoi de ce délicieux roman dans le cadre d'une masse critique.
Jean Guy Soumy est un auteur chevronné très attaché à ses terres limousines , auteur de l'extraordinaire trilogie des " moissons délaissées " qui ont marqué le début d'une belle histoire littéraire, originale et sensible et toujours bien documentée .
Le récit débute sur le " plateau de Millevaches " , le plateau des " mille sources " où la famille de Camille vit si chichement que son père doit , chaque année aller " limousiner " à Lyon pour assurer la subsistance des siens. Son décès précipite Camille dans une nouvelle vie qui va lui réserver bien des surprises et le lancer sur un chemin bien difficile , sur les pas d'un père qui n'était peut - être pas celui qu'il connaissait , celui dont il attendait chaque année le retour de " campagne ".
Au cours de cet ouvrage , on va découvrir la vie terriblement difficile des limousinants , cette même vie qui va transformer le jeune garçon , tant sur le plan physique que moral , en homme déterminé .D'étape en étape , le jeune homme va se construire en levant , les uns après les autres , les pans de l'histoire de son pére , en démêlant les mystères qui lui font , pour un temps , perdre ses illusions quant à l'intégrité morale de l'être adoré et brutalement renversé de son piédestal ....La quête sera longue , difficile , les épreuves nombreuses et l'issue incertaine .Camille parviendra - t - il à se construire ? Et à quel prix ? On le suit avec une émotion de plus en plus vive , de plus en plus ancrée en nous .
C'est un roman sensible où les sentiments contradictoires , les illusions et désillusions , n'épargneront ni les personnages , ni les lecteurs .
Comme je vous l'ai déjà dit , Jean - Guy Soumy sait traduire une atmosphère particulière dans chacun de ses livres . Il est vrai que sa connaissance formidable de son terroir et ses perpétuelles et solides recherches lui confèrent une reconnaissance unanime .
Et puis , je vous l'avoue , j'ai le même âge que lui , comme lui je suis creusois , et , comme lui , je suis très attaché à ce Limousin souvent décrié .Et s'il a été professeur à " l'école normale d' Instituteurs " de Guéret , j'y ai été élève- maître.... de là à penser que je manque d'objectivité....Si vous le croyez , lancez- vous à la découverte de ses romans : vous constaterez vite qu'il n'a vraiment pas besoin de soutiens ....
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.
Du plateau des Millevaches en Limousin , les hommes des hautes terres partaient à pied , besace au dos , vers l'est , dans la vallée du Rhône , jusqu'à la frontière italienne ou encore à Paris , partout où les grands chantiers de construction offraient un emploi saisonnier , abandonnant la famille et souvent la ferme pour plusieurs mois .

Ce roman de terroir va s'ancrer dans la période hausmannienne mais aussi retracer les événements historiques liés au traité de Turin de 1860 : la France revoit ses frontières car elle reçoit le comté de Nice et le duché de Savoie .
Voilà donc la toile de fond du récit et on va suivre le périple d'un jeune homme , son évolution .
Camille n'a que 16 ans quand il part " limousiner "avec son oncle vers Lyon . Il va s'instruire , apprendre un métier et construire son avenir tout en recherchant son père disparu .

Si l'histoire contée est plutôt classique pour le genre , elle offre surtout de l'intérêt par son côté documentaire : on revisite certaines facettes de la construction de notre pays tout en mesurant le sacrifice humain .
Beau travail d'investigation . Un hommage à la noblesse des artisans , des artistes qui nous ont laissé des chefs -d'oeuvre .
Et , bien sûr , c'est aussi un roman social .
De lecture agréable , il est servi par une belle écriture , simple et fluide et agrémenté d'histoires d'amour teintées d'un peu de mystère . Il en faut !

Alors , j'ai bien aimé remonter le temps , aller par les chemins, les villages , la montagne et rencontrer des personnages intéressants .

Merci à l'équipe de Masse Critique et aux Editions des Presses de la Cité qui , par ce roman de la collection " Terre de France " m'a permis de découvrir l'oeuvre de Jean-Guy Soumy .







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Voici un roman historique du terroir passionnant comme sait les écrire cet auteur découvert avec bonheur il y a peu grâce à un ami de Babelio .

Comme d'habitude , JEAN GUY . S , très attaché à sa Creuse natale, a réalisé un énorme travail de documentation.

1860 : À seize ans Camille quitte sa mère pour rejoindre les «  limousinants » , ces paysans creusois courageux, itinérants et durs au mal : du plateau des Mille Vaches en Limousin , les hommes des «  hautes terres » partaient à pied, baluchon sur le dos vers l'est et la vallée du Rhône , vers la frontière italienne parfois et même jusqu'à Paris .

Ils quittaient leur petite ferme pauvre , leurs femmes et leurs enfants plusieurs mois , partout , en cette période hausmannienne , transformation et modernisation , d'immenses chantiers de construction leur offraient un emploi saisonnier , autant de prestigieux ouvrages que des tunnels : ils devenaient maçons , couvreurs, bâtisseurs …..

L'auteur se penche avec attention sur la vie de ces paysans creusois qui pouvaient passer onze heures par jour sur les chantiers , de six heures du matin à 19 heures sans se plaindre .
Dur apprentissage pour Camille «  Monter et descendre » sans relâche » , participer à ces chantiers auprès de son oncle le dos couvert de pisé dans le panier en osier renversé par maladresse sur les barreaux de l'échelle , courir tout le temps , le mâchefer et la chaux lui brûlent la nuque , souvent un voile noir passe devant ses yeux . ……

Mais la seule chose qui intéresse vraiment Camille et le motive , c'est suivre les traces de son père, il est loin de se douter de la vérité .

Je n'en dirai pas plus….

Le livre est riche d'enseignements: corporation des marchands, métiers de la construction, il dit : la douleur, le danger , l'obstination , le travail et le courage, l'ombre maléfique d'un secret de famille , le déchirement , la révolte, puis l'acceptation et le pardon tardif …

Une itinérance initiatique émaillée de révélations, de rencontres ,de mensonges , de jalousie ,de manques , d'oublis, au détour d'un très long voyage , histoire émouvante, riche , originale et magnifiquement documentée !
La plume de l'auteur est fluide , sensible et forte à la fois, poétique , descriptive et imagée.
Je rends hommage à son travail documentaire et à son immense talent de conteur .
Un ouvrage facile à lire mais prenant !
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Appelé Jean par sa mère mais, à sa naissance, déclaré Camille par son père, ce sera donc Camille qui devra quitter son petit coin de Creuse, les Bois d'en Haut, près de Gentioux.
Une ferme trop modeste pour nourrir Camille et sa mère, un père disparu voilà quatre ans, emporté par la crue du Rhône à Lyon. Ce père allait limousiner les trois quarts de l'année. Avec d'autres paysans creusois, il partait se vendre comme maçon sur les chantiers des quartiers de Lyon alors en pleine transformation haussmannienne.
A seize ans, en 1860, on est presque un homme et c'est ainsi qu'armé d'un bâton et d'un baluchon, Camille part rejoindre Lyon, à pied, avec son oncle et quelques autres. Une migration dès le printemps pour couper la misère.

Arrivé à Lyon, il pense loger dans le garni qui avait dû accueillir son père avant lui, mais les silences et la gêne de la propriétaire, l'attendrissante Edmonde, lui révèlent une tout autre vérité.
Il veut savoir, pose son regard sur les lieux que son père a foulé et laisse la colère l'envahir. Colère du mensonge et de la trahison. Dans les eaux du Rhône se reflète la perte de ce père, perte ou abandon programmé ? Il ne peut laisser dormir ce passé et partira sur ses traces pour apaiser sa blessure.

Sur les chantiers, les conditions sont dures : des échelles en lieu et place des échafaudages par mesure d'économies, la lourdeur des charges de mâchefer dans les paniers en osier, la fatigue des onze heures harassantes à monter et descendre les échelles.

Jean-Guy Soumy a une écriture concise. Quelques mots, des phrases brèves, suffisent à évoquer la saison, l'environnement, les pensées, les interrogations, les douleurs, la tristesse. Tout est précis et choisi dans le but de véhiculer images et sentiments en les mêlant intimement.
Les chapitres sont courts. Certains donnent directement la parole à Camille et nous font partager plus étroitement ses ressentis et son évolution.
En parallèle des constructions immobilières, c'est la reconstruction de ce jeune paysan creusois face à son passé floué, bafoué par la trahison de son père, qui nous émeut.
Que ce soient les différentes étapes de la construction des nouveaux faubourgs de Lyon ou plus loin, le tracé de la nouvelle frontière italienne, le contexte historique enrichit ce douloureux cheminement.
Ce roman interroge également sur l'appartenance régionale ou nationale et valorise des métiers manuels. Il joue sur le mensonge mais refoule le ressentiment pour se tourner vers l'avenir.

J'ai aimé accompagner Camille et je remercie Masse Critique et Les Presses de la Cité pour ce beau chemin parcouru avec intérêt et émotion.
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***,*

Camille est un jeune limousin des Bois d'en Haut. Comme beaucoup d'hommes, il se rend à pieds à Lyon, travailler comme manoeuvre sur les grands chantiers de cette ville nouvelle. Mais il part surtout à la recherche des derniers pas de son père, mort lors de la grande crue du Rhône quelques années plus tôt. Il va se découvrir au fil des rencontres, grandir et devenir l'homme qu'il veut être...

C'est grâce à Babelio que j'ai découvert Jean-Guy-Soumy. le soldat fantôme m'a généreusement été offert il y a quelques années et je suis tombée sous le charme de l'écriture de cet auteur.

Le voyageur des Bois d'en Haut est tout aussi attendrissant et enrichissant que les précédents romans. Solidement documenté, Jean-Guy Soumy nous conte l'histoire de Camille, ce jeune homme en perpétuel questionnement, et nous entraîne sur les pas des ces limousins partis faire les saisons sur les chantiers. de maçons, ils redevenaient paysans le temps d'un hiver. Auprès de leur femme et de leurs enfants, ils retrouvaient la quiétude de leur foyer.
Mais si ce roman est touchant, c'est avant tout pour la douceur des mots posés sur une blessure profonde : celle de l'abandon d'un père, de sa fuite, et de la douleur des vérités.

Camille devra affronter ce qu'il trouvera sur son chemin, accepter et pardonner. Et enfin, suivre sa propre voie, faire ses choix et quitter le monde de l'enfance.

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Presse de la Cité pour leur confiance.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Cinq soirs par semaine, Camille reste travailler à la cantine. Il s'est acheté du papier, un crayon, une règle et une gomme. Dupuit lui a prêté une équerre et sa boîte à compas. Malgré la fatigue, la difficulté des leçons, la faiblesse de ses connaissances, Camille ne se décourage pas. Il accède à cette forme de sérénité que procure le bonheur, peu à peu, de comprendre.
Tard dans la nuit, lorsque les lignes se brouillent devant ses yeux, lorsqu'il est incapable de se souvenir de la dernière phrase lue, lorsque les figures géométriques ou les chiffres se mettent à danser, alors il souffle sur la flamme de la lampe. Il reste un moment immobile dans l'obscurité, attendant que son esprit recouvre un peu de calme.
Et puis il sort dans le grand silence de la nuit.
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J'ai encore quelque chose à lui dire et ça ne peut être que ce premier soir. Sous ce ciel de nuit d'été qui nous prépare à la grande séparation. En fait, ma décision est prise depuis longtemps. Et ce que j'ai entrevu de la vie aux Bois d'en Haut et de ce qui m'attend sur les chantiers parisiens de l'entreprise Bussière m'a conforté dans l'idée que je n'ai plus ma place ici. Tout à coup, mon pays d'enfance me tient en disgrâce. Quelque chose s'est brisé. Peut-être le mensonge de mon père a-t-il tout empoisonné ici.
- Je vais repartir, maman….
...Nous restons silencieux au milieu des étoiles. Respirant d'un même souffle, pris dans le même silence.
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Malgré tout ce que nous avions appris sur les ravages causés par la crue centennale à Lyon, une idée nous obsédait ma mère et moi. Puisque aucun vivant ne lui avait fermé les yeux, mon père n'était peut-être pas mort. Cette pensée, que nous n'exprimions jamais, nous causait beaucoup de souffrance. Elle nous empêchait de recoudre notre peine et de l'ensevelir.
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- Son corps n'a pas été retrouvé, monsieur le commissaire. Il a été emporté par le Rhône.
- Emporté par le Rhône! Comme ça!
Il a un geste de marionnettiste.
- Evaporé! Bien sûr...Il y a toujours un problème avec vous les Auvergnats. Vous vous évaporez facilement.
- Alors, pas de corps? Pas de tombe, pas de certificat d'inhumation signé par le curé. Pas de trace de sa présence sur terre en somme...Il vivait où, cet homme discret?
- A la Guillotière
- La Guillotière, évidemment!
Le commissaire se lève...Il poursuit :
- La Guillotière, vois-tu, c'est un lieu particulier. On croit savoir où vivent les gens. On consulte les registres des garnis. On va taper à leur porte. Et les voisins te jurent que personne n'habite plus là depuis des années. Comme par hasard, c'est dans cet arrondissement que vivait ton père. Au milieu des Italiens, des maçons, des Auvergnats. Et de toute cette racaille qui afflue de partout. Des étrangers qui prétendent venir de là et qui arrivent en réalité de là! Et de là encore!
Son index frappe à toute vitesse différents points. Au nord, au sud, en Italie...
- Des étrangers irréguliers! Voilà ce que vous êtes. rien ne vous attache ici. Vous venez vous remplir les poches dans notre ville et vous repartez. Où ? On n'en sait trop rien. Alors tu peux imaginer que cela fait longtemps que je ne crois plus ce qu'il y a marqué la-dessus.
- Tiens ! je vais te faire une confidence : lorsque j'ai un de ces gaillards devant moi, je doute de son existence. Je veux parler de son existence réelle, administrative. Alors quand il s'agit d'un corps qui vogue dans le courant, permets-moi de te dire que cela relève d'un effort que je n'envisage pas.
- Il y a des témoins qui habitaient l'immeuble où il vivait, monsieur le commissaire.
- Quels témoins ? Des Auvergnats, des Piémontais! Rien, tu m'entends! Rien qui pourrait me pousser à rédiger un certificat et y apposer un coup de tampon. Allez, Fous-moi le camp!
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Pendant des mois, ma mère s'est opposée à mon départ. Et puis le printemps, tout de pluie et de gel mêlés, a ruiné nos semailles. C'est la misère qui l'a fait céder.
Elle qui, si souvent, avait répété aux voisins : " Jean n'ira pas travailler à Lyon. Je ne me le laisserai pas voler comme Pierre."
Ma mère pense que la mort est une voleuse.
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