Le titre se traduit par le « Talon de Magellan ». Voici tout d'abord, dans ma traduction, ce que déclare le poète à propos du présent recueil. « À 15 ans, je voulais être Magellan et j'aimais à la folie les embarcations. Je ne suis point devenu Magellan, mais j'ai toutefois eu l'occasion de voyager. Bien entendu pas avec une embarcation, ni même avec les bateaux. À pied, en train, en bus ou en avion. Et de battre le pavé de plusieurs capitales européennes ; flâner dans les coquettes ruelles de Kensington et boire un bon café dans la City ; admirer les cathédrales gothiques de France et passer une nuit de pleine lune sur les Champs-Élysées ; chercher à travers Berlin, quelque part à proximité de Tiergarten, les traces d'Aubrey de Vere. J'ai eu l'occasion de visiter les cimetières de Vienne et de Graz ; de descendre dans la grotte de Vilenica. de m'empoisonner avec les charmes de Baltchik. D'entrer dans la brasserie le Tigre d'or à Prague, où jadis s'enivrait
Bohumil Hrabal. C'est ainsi qu'est né le présent livre. Mais il est surtout né du sentiment que j'ai moi aussi, à l'instar du célèbre talon de l'Iliade, un point vulnérable : celui de n'avoir jamais été auparavant Magellan et de n'avoir jamais touché la roue d'un timon. »
Dans le poème d'introduction, intitulé Autoportrait, la femme reproche au poète d'être en si bonne santé et de n'écrire que sur la tristesse. Si en effet, sa poésie est empreinte de grande tristesse, elle n'est pas moins radieuse dans sa simplicité narrative et symbolique. C'est un grand voyage plus ou moins imaginaire, plus ou moins initiatique que nous accomplissons en compagnie de ce Magellan du vers et où nous croisons aussi des légendes vivantes de la littérature roumaine. J'ai nommé Daniel Vighi,
Mircea Cartarescu, Valeriu Mircea Popa, Dinu Abăluță.
Je termine par une mention spéciale pour le poème (p. 101-102) à rime dédié à Anca Parghel.