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4,64

sur 4694 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Est-il nécessaire de présenter cet album, justement encensé et récompensé en son temps ?
C'est une polémique venue des États-Unis, où certaines écoles ont décidé de le retirer de leurs bibliothèques, qui m'a poussé à le découvrir.
Maus (souris, en allemand) c'est l'histoire de Vladek Spiegelman, son histoire de Juif Polonais au moment de l'invasion allemande, incroyable destinée qui le verra miraculeusement sortir vivant de ces années noires et du camp de concentration d'Auschwitz, notamment.
C'est son fils, Artie (Arthur) qui va recueillir durant plusieurs mois, les confidences de cet homme aigri et en conflit permanent avec ceux qui l'entourent.
L'originalité de ce roman graphique vient de ce que l'auteur a choisi de donner un visage animal aux personnages.
La souris pour les Juifs.
Le chat pour les Allemands.
Le porc pour les Polonais d'autres confessions.
La grenouille pour les Français.
Cela n'enlève rien à la dramaturgie de l'histoire, peut-être même que la lecture en est facilitée et permet d'en élargir le public.
Pour ne pas alourdir son récit, Art Spiegelman ne le relate pas d'une traite, il fait des pauses, il ramène le lecteur dans l'époque contemporaine, chez lui ou chez son père, avec qui les relations sont tendues.
Il lui en faudra de la patience pour recueillir ce témoignage.
Celui d'un père devenu acariâtre, avare, qui passe ses journées à se plaindre et à compter, comme si sa vie aujourd'hui était plus dure que ses années de galère passées.
Roman d'une vie, romans de vies (celle de la mère de l'auteur et de tant de juifs polonais), que je recommande fortement.
Plutôt que de l'interdire dans les écoles, on ferait mieux d'encourager la lecture de Maus...



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Maus fait partie de ces oeuvres qui ont une portée immense à la fois universelle et personnelle. Je viens de finir le roman pour la deuxième fois, le coeur gros. Pour tout dire, je ne me sens pas bien du tout après cette lecture éprouvante et malgré les techniques de distanciation que Spiegelman a mis en place.
J'en ai rêvé toute la nuit, je n'ai pas pu lâcher le bouquin, tout en plongeant sans cesse plus profond dans l'horreur et le subterfuge de transformer les différents personnages en animaux n'a que très peu dilué cette vision des enfers qu'a été la shoah avec ses camps de concentration.
Les intermèdes où Art fait parler son père et l'enregistre ne fait que renforcer l'authenticité du récit et beaucoup de pensées m'ont traversée tout au long de la lecture: comment survivre à ces horreurs inimaginables, pendant et après? La mère de l'auteur, d'ailleurs, n'y est pas parvenue, pauvre femme. Comment ne pas devenir fou? Comment vivre avec le passé des parents qui ont vécu ça? Comment intégrer tout ça à son quotidien, comment recommencer à vivre dans la normalité, comme l'a fait le père d'Art?
J'espère que l'auteur a pu exorciser son passé et celui de sa famille grâce à cette oeuvre incroyablement forte et bouleversante.
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Je me suis replongé avec beaucoup d'émotions dans ce récit, me suis laissé porter par les aller-retours entre les dialogues conflictuels père-fils et les souvenirs de la guerre et des camps.
Je ne pense pas que face à un tel récit, je puis me permettre de lancer une discussion politico-sociale comme d'autres critiques ont pu le faire ni même de jugement sur la valeur esthétique du graphisme ou encore sur le fait de mériter ou non le Pulitzer.
Je ne peux que reconnaître à Spiegelman le mérite de parler de survivants en chair et en os, avec leurs défauts et qualités, leurs croyances et même leur petitesse d'esprit.
Raconter non pas la Shoah mais les survivants avec des propos humains ne peut que nous émouvoir, nous qui parfois avons pu côtoyer un de ceux-là qui est revenu.

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Des témoignages sur l'holocauste, il y en a eu beaucoup. Et heureusement, tant il est essentiel pour nous comme pour les générations futures de préserver la mémoire de ces événements, aussi douloureux qu'ils puissent être. Parmi ceux que j'ai eu l'occasion de découvrir, aucun ne m'aura toutefois autant remué que celui rapporté ici par Art Spiegelman. « Maus », c'est d'abord l'histoire d'un homme pris dans la tourmente nazie et tentant tant bien que mal de survivre et de veiller sur les siens. C'est aussi l'histoire de l'auteur lui-même et de sa relation avec ce père avec lequel il a toujours eu du mal à communiquer et qu'il redécouvre par le biais de son récit. L'entrelacement des deux récits est tout bonnement bouleversant et permet de livrer un témoignage original de l'enfer vécu par le peuple juif tout au long de la Seconde Guerre mondiale. le premier tome couvre la période des années 1930 à l'hiver 1944 et relate la montée progressive du nazisme et, avec lui, la rapide dégradation des conditions de vie des Juifs de Pologne. Ce sont d'abord des pogroms au cours desquels ils sont nombreux à trouver la mort. Puis arrivent les lois et décrets leur interdisant de tenir un commerce et les obligeant à quitter leur logement pour s'installer dans des ghettos où les conditions de vie sont déplorables. Et puis c'est finalement l'épuration, inexorable et impitoyable : les Juifs âgés de plus de 70 ans sont les premiers à être déportés, puis c'est au tour des invalides, des familles nombreuses, des enfants et puis finalement de tous ceux qui restent. Les quelques Juifs ayant réussi à échapper aux rafles en sont réduis à se terrer comme des rats, ou plutôt ici des souris, pris au piège de leur félin tortionnaire.

On reste complètement hébété devant l'accumulation de tant d'horreurs que l'on souhaiterait de tout coeur n'être que le fruit de l'imagination morbide de l'auteur tout en sachant pertinemment qu'il n'en est rien. le témoignage livré ici est accablant et rendu d'autant plus insupportable par un fait rapidement confirmé par le père du narrateur : ils savaient. Dès le début des années 1940, les Juifs savaient ce qu'il se passait à Auschwitz et savaient qu'on les envoyait à la mort. Mais comment lutter face à l'efficacité et implacabilité de la machine de guerre nazie ? Après des années passées à se terrer, à voir disparaître un à un tous les êtres qui leur étaient chers, Vladek et Anja finissent par eux aussi rejoindre la file des déportés. C'est à ces quelques mois passés à Auschwitz par les parents de l'auteur qu'est consacré le deuxième tome, une expérience à laquelle tous deux survivront miraculeusement, échappant non seulement aux chambres à gaz mais aussi aux mauvais traitements, à la maladie et aux marches de la mort. Pour contrebalancer l'horreur du récit, l'auteur intercale tout au long de l'ouvrage de nombreux passages dans lesquels il se met lui-même en scène en train de construire son livre et de renouer avec son père. Un père pour lequel on éprouve évidemment beaucoup de compassion tout en ne pouvant s'empêcher de le trouver insupportable dans ses vieux jours. Les dessins quant à eux pourront au premier abord rebuter (surtout de jeunes lecteurs, ce qui est bien dommage) mais servent parfaitement le propos, la représentation des personnages en animaux n'atténuant en rien le choc ressenti par le lecteur.

Avec « Maus », Art Spiegelman signe une très grande oeuvre proposant une vision novatrice et plus bouleversante encore de l'histoire des Juifs de Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. A lire et à faire lire pour ne pas oublier et surtout ne plus jamais recommencer.
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Une critique qui sera difficile, compliquée… Peut-on réellement écrire sur un livre comme celui-ci alors que tout ce qui nous vient est juste une immense tristesse teintée d'incrédulité et de profond respect pour tous ces êtres qui ont souffert ?

Essayons tout de même : dessin simple, noir et blanc, très épuré mais ces souris rendent très bien les émotions. C'est beau, c'est à pleurer ! J'ai également aimé les différents animaux pour représenter les différentes nationalités.

C'est un livre sur la Shoah, les horreurs qui ont eu lieu, le mot est faible. Presque à chaque page tournée, à chaque événement, il me fallait un moment pour me rendre compte, réaliser que cette folie a existé. En même temps, peut-on vraiment en prendre toute la mesure ? Je ne le crois pas. La Shoah donc, oui, mais pas que. C'est un livre sur les persécutions avant la déportation, un aspect que j'avais peu lu. C'est un livre sur ce que l'on devient lorsqu'on revient, ce que les survivants ne font jamais vraiment (revenir…). Enfin c'est un livre sur la mémoire, le traumatisme qui se transmet aux générations futures, l'écriture du témoignage. Assurément c'est un livre qu'il faut avoir lu !

~ challenge XXème siècle
~ pioché dans ma pal par Herchalex
Lien : https://lecturesdeflo.fr/202..
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Cette BD mérite largement tous les honneurs et distinctions qui lui ont été décernés ! Une pièce majeure du genre, qui nous raconte l'horreur de l'Allemagne nazie et les conditions inhumaines des camps de concentration. Cette histoire est troublante, touchante, déchirante et fait office de legs au Monde, pour ne jamais oublier, pour se souvenir, toujours et ne pas reproduire. Et au-delà du récit d'un Juif qui a eu la chance de s'en tirer, c'est aussi un beau témoignage d'amour d'un fils pour son père... dont la relation n'est pas toujours évidente. Une histoire de survie, de mémoire, de résilience, d'empreintes à l'âme et le désir fou de vivre après avoir connu le pire. Un album à se mettre dans les mains.
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Quand la bestialité et l'inhumanité sont à leurs paroxysmes, les mots ne suffisent plus et la représentation anthropomorphique s'impose. Malheureusement au jeu macabre du chat et de la souris, on sait qui gagne. A moins que…
Plus qu'un témoignage sur la Shoah, Maus est l'histoire d'un difficile partage entre l'auteur et un père taiseux, maniaque et avare. Sa sombre histoire va cependant révéler les raisons d'une telle personnalité. Spoliation, traque, cache, promiscuité, faim, internement, confrontations perpétuelles à la mort, son témoignage pragmatique est glaçant. La seule façon pour survivre est d'être débrouillard et de prendre des risques mais quand le seul moyen de sortir d'un camp c'est par une cheminée, on n'hésite plus. La culpabilité est cependant profonde pour ce père survivant et pour ce fils qui ne peut qu'imaginer l'horreur qu'a vécu sa famille. On se sent, comme l'auteur, tout petit face à ce récit bouleversant. le graphisme en noir et blanc, les traits hachés rajoutent de l'intensité à un texte déjà magistral. La première partie s'appelle « mon père saigne l'histoire » et moi je pleure en découvrant la sienne.
Un brillant hommage aux victimes de l'Holocauste.
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Encore un grand classique de la BD que je n'avais pas dans mon rayonnage...

Cet ouvrage est un véritable témoignage !
Un livre merveilleux de mémoire qui nous rappelle à quel point l'humanité peut être "stupide et effrayante" en suivant une idéologie à l'extrême.

Ce livre est un véritable document "historique" que tout humain raisonnable doit connaître, voire posséder.



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Lecture sans surprise mais tellement bouleversante! Il était temps que je comble cette lacune culturelle!

J'ai beaucoup aimé cette biographie mémorielle sur la vie de Vladek Spiegelman. Mon côté prof d'histoire voit déjà comment utiliser une telle oeuvre dans ses cours, tellement tout y est : persécutions, ghettos, déportation, Auschwitz, Dachau, etc. La lecture se fait rapidement et est extrêmement bien documenté, ce qui est d'autant plus difficile qu'il ne s'agit pas là de description mais de dessin...

Maus c'est aussi et surtout le devoir de mémoire entre un père qui a vécu l'horreur et en reste imprégné et son fils, né après la Shoah, qui veut comprendre.

Enfin, c'est aussi une histoire d'amour, celle de Vladek et Anja, qui a survécu à cette Shoah. Emouvant!

L'histoire est palpable de part les scénettes du quotidien entre le caractère impossible de Vladek, les antagonismes qui l'oppose à son fils, l'anglais "mal maîtrisé" quand il raconte, ...

Une lecture bien entendu que je recommande.
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De nouveau conseillée par mon beau-frère (oui, dès que vous voyez une lecture BD, ( ou maintenant on dit aussi roman graphique) c'est grâce/à cause de lui).
Et pour le moment, ça n'a été que de bons conseils. Pour les romans, je l'écoute moins :))

Ce n'est pas vraiment un thème qui m'attire car trop triste, douloureux, difficile.
De plus, je pensais avoir du mal à entrer dans l'histoire avec ce parti pris d'avoir dessiné des animaux à la place des personnages.
Mais quand on te dit que c'est à lire, quand en plus, les étoiles babeliotes sont si nombreuses et bien, ma curiosité est la plus forte.

Et mes réticences se sont envolées.

Quelle intelligence pour décrire ces horribles années.
Pour cela, l'auteur s'est lui-même mis en scène. Pour montrer ce qu'a vécu son père, faire de ce qui était intime et privé un devoir de mémoire, il n'hésite pas à dévoiler les défauts de chacun. Ce va et vient entre les moments personnels lors des interviews avec son père, cette sincérité de ne rien cacher de la difficile relation père/fils, cette quête pour avoir des réponses au sujet de sa mère, les interrogations qu'il a pu se poser à différents moments d'écriture, de dessins nous touchent encore plus.
On ne voit plus des personnages mais des personnes avec leur force, leur faiblesse, leurs qualités, leurs défauts essayant de vivre malgré tout.
Et cette culpabilité qui dure, persiste d'avoir survécu.

Alors oui, bien sûr, triste, difficile, horrible mais en fait, essentiel de lire, et de ne pas oublier.
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