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EAN : 9782330118198
352 pages
Actes Sud (06/02/2019)
3.29/5   14 notes
Résumé :
1986. Carrie et Meadow, deux amies ayant grandi ensemble sur les collines de Los Angeles, deviennent cinéastes. L’une va se lancer dans des comédies à succès teintées de féminisme, l’autre dans la réalisation de documentaires provocateurs et exigeants. C’est alors qu’entre dans le cadre Jelly Doughnut, une quinquagénaire qui s’est fait une spécialité (non lucrative) de séduire des hommes au téléphone par l’incomparable qualité de son écoute...
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Ancienne assistante de production dans le monde du cinéma, Dana Spiotta a planté l'intrigue de son nouveau roman dans le milieu du cinéma, avec deux réalisatrices, amies d'enfance, Meadow et Carrie, deux jeunes femmes aux destins et à la carrière bien différente.
Alors que l'une- Carrie connait rapidement un certain succès avec des comédies féministes et acessibles, l'autre - Meadoow est restée dans un cinéma du réel, plus radical et plus confidentiel jusqu'au moment où une tierce personne, Jelly, adepte de conversations téléphoniques avec des hommes un peu perdus, va peut- être changer la donne quand Meadow se prend l'envie d'en faire l'objet de son nouveau film.
Ce livre découvert grâce à la dernière Masse critique littérature est une belle découverte. est l'oeuvre d'une auteur peu connue en France mais qui a ses afficionados aux USA.
Dana Spiotta est une romancière que l'on compare parfois à Don de Lillo, qui a cautionné cette filiation, et il faut dire en effet que le style de Dana Spiotta ressemble pas mal à celui de Don DeLillo avec des thèmes et une approche assez semblable..

Les innocents & les autres, est un roman exigeant qui tisse peu à peu sa toile aux ramifications nombreuses et s'avère être belle réflexion sur le processus de la création, et sur les relations amicales ambigües, car elles semblent plus servir à alimenter ses oeuvres que totalement désinteressés .

Un beau roman ambitieux, traversé d'une grande érudition, notamment en matière de culture cinématographique , et une construction exigeante à travers les époques et les points de vue, mais qui n'empêche pas d'être constamment traversé par un vrai souffle romanesque et de passionner le lecteur friand de roman intelligent et profond sur la création artistique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Par sa construction, plutôt alambiquée, ses grandes nuances psychologiques, en ne faisant pas de cadeau à ses personnages et enfin ses thématiques et son intellectualisme, Les innocents et les autres est un roman furieusement américain. Très brillant, quasi conceptuel et un peu enivré de sa propre virtuosité. Dana Spiotta ne cesse de vouloir surprendre son lecteur au détour de chaque début de chapitre, défaisant la chronologie et évoluant d'un personnage à l'autre, ils sont principalement trois et féminins. L'un des grands sujets est celui de la création, en l'occurrence cinématographique avec la question de l'investissement que l'on est prêt (e) à y mettre, quel que soit le prix à payer. Sans compter, dans le cas de documentaires, les éventuels dégâts collatéraux.
Les trois héroïnes de Les innocents et les autres sont chacune à leur façon dysfonctionnelles. Se pose aussi le problème de la responsabilité dans leur travail ou leur vie tout court. Et celui du respect aux autres qui prend une toute autre dimension quand il s'agit d'une amitié au long cours. Bref, il s'agit d'un roman très riche, déstabilisant parfois mais incroyablement maîtrisé, trop sans doute dans le sens où il peut apparaître peu spontané, voire même manipulateur. Les cinéphiles, en tous cas, seront aux anges avec une multitude de références que l'on sent le fruit de choix sincères et très pointus.
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Première question à se poser, où sont les innocents et qui sont-ils ?
Quant aux autres on les croise partout !
car qui donc est totalement et parfaitement innocent ? Pour Dana Spiotta, peu de gens, peut-être même personne !
Meadow par le biais du langage cinématographique se livre à une insatiable quête de vérité, qu'elle entend débusquer par tous les moyens et qu'elle veut démontrer de toutes les façons possibles.
Son but ?
Faire ressortir la magie de la voix isolée de tout support visuel,
Imposer la force de l'image muette,
Aller au coeur de l'être, pénétrer au fond des choses,
Saisir la vérité d'un individu et la faire remonter au grand jour, quelles qu'en soient les conséquences ...

Et en ce cas que peut-on dire de la quête obsessionnelle de Meadow ?
Comment qualifier cette frénésie de vérité ?
Jusqu'où peut-on s'improviser violeur, voleur, d'âme ?
Ne s'agit-il pas de trahison ?
Meadow prendra-t-elle la mesure de son inconséquence, en paiera-telle le prix ?

Et finalement, quel est le but du cinéma ? recherche de vérité à tout prix ou simple distraction destinée à amuser le public, comme le conçoit Carrie, l'amie de Meadow ?

Par le biais d'une construction complexe, par des allers-retours temporels pas toujours évidents, Dana Spiotta amène le lecteur à d'innombrables et inconfortables interrogations...

Il est dommage que la quatrième de couverture en dévoile un peu trop et empêche le lecteur de faire seul ses découvertes !

J'ai reçu cet étrange roman dans le cadre de la dernière Masse critique.
J'en remercie Babelio et les éditions Actes Sud.
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Meadow et Carrie. Deux jeunes filles qui se rencontrent à l'adolescence, deux antithèses l'une de l'autre, tout les oppose et c'est ce qui scellera leur amitié. de longues décennies durant, Carrie apportera son soutien bienveillant à une Meadow tourmentée mais brillante. Ça ne se résume pas à ça, bien sûr, elles sont loin d'être aussi tranchées ou simples. Mais Meadow est bien la radicale des deux et Carrie la plus aimable. En dehors de leur lien – base solide et tangible de ces trois cent quarante six pages époustouflantes, elles (se) font des films. Unies par leur passion pour le cinéma, elles en explorent chacune plusieurs aspects différents et ce faisant nous offrent quelques sujets absolument passionnants. Je répugne à entrer dans plus de détail car, comme souvent, ne pas savoir où on va et comment on y va participe au grand plaisir de la découverte. Disons qu'une construction originale nous permet d'aborder l'extraordinairement fascinant sujet de la voix, en passant par l'acte de création, tout en réfléchissant au concept de divertissement, en baignant constamment dans l'univers cinématographique. C'est prenant comme tout et ça coule avec une fluidité inouïe alors même que ça nous crucifie constamment par la pertinence absolue à la fois du propos et de la forme. D'une intelligence folle et d'un charme total !
Pour ma part, une rencontre rare, un coup de foudre.
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Meadow et Carrie sont amies depuis l'adolescence et le cinéma est leur passion commune. Toutes les deux veulent en faire leur métier. Meadow s'attache à faire transparaître la vérité dans la réalisation, elle est pointilleuse, soucieuse du son et de mille petits détails. Sa carrière prend son envol tout comme celle de Carrie plus conventionnelle dans ses choix personnels et professionnels.

Tout en alternant des allers-retours dans le temps, ce roman met en scène également un troisième personnage féminin Jelly qui a pour spécialité de téléphoner à des inconnus et de les rendre addictifs à ses appels. Après un départ exigeant, le charme opère suscitant chez le lecteur un mélange de curiosité, d'alchimie troublante avec cette manière habile qu'à l'auteure à de nous intéresser à des aspects techniques et à nous les rendre complètement accessibles. Que ce soit les échanges savoureux entre Carrie et Meadow (même si l'on n'a pas une culture cinématographique étendue), le cheminement de cette dernière et l'exploration du pouvoir de la voix, l'ensemble est totalement ébouriffant.

Sans jamais être indigeste, ce roman nous interroge finement sur le processus de la création, les buts recherchés, la fascination mais aussi la tromperie. Et l'auteure nous entraîne sur le terrain de l'amitié et des relations ambigües. Avec des références cinématographiques et notamment des passages empruntés au script, Dana Spiotta nous garde complètement captifs aux histoires qu'elle déroule. C'est pertinent et brillant, un roman qui offre au lecteur la sensation d'avoir vécu une expérience à part !
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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critiques presse (1)
LeMonde
20 mai 2019
Ce premier récit annonce le projet de l’écrivaine : placer son roman sous le patronage des légendes du 7e art, dans un labyrinthe érudit de références obsessionnellement convoquées et ruminées, entre hommage et fétichisation...
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je conclurai avec ce que Meadow m'a dit un jour sur le fait d'être artiste. C'est en partie une escroquerie. Et en partie de la magie. Mais pour faire quoi que ce soit, il faut être un glaneur. Qu'est-ce qu'un glaneurs? Et bien, c'est un mot élégant qui signifie voleur, sauf que vous prenez ce dont personne ne veut. Non pas simplement les idées ou les choses sortant de l'ordinaire. Vous farfouillez dans la vie courante afin de découvrir ce que tous les autres négligent, ou ignorent, ou jettent.
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Elle ferait de lui son coup de fil dominical.et au fil des semaines, il accepterait ses conditions. Il commencerait à aimer les jours qui le sépareraient du jour suivant.
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Un film est une idée sur le monde. C’était ainsi que Meadow le considérait mais elle était également consciente que les gens savent des choses et que les images ont le pouvoir de surpasser tout le savoir qu’ils détiennent. Le cinéma vérité est trompeur en ce sens. Il est en mesure de dire une chose tout en vous montrant une autre, entièrement différente. Et vous pouvez être sûr qu’en sortant de là, vous partirez en croyant à ce que vous avez vu.
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Mon projet s'appelait : "Une réponse à l'effet que le visionnage multiple des "Lumières de la ville" a eu sur mon réalisateur préféré (De l'émulation à l'extravagance)".
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Il y a quelque chose d'écoeurant dans ce qu'on fait tous. Il y a tellement d'ego, et le reste n'est qu'un vernis qui le dépasse. Une excuse bidon pour faire croire qu'on n'est pas seulement dans la glorification de soi-même. Quand il s'agit en fait de mettre en avant sa propre intelligence et ses propres qualités.
Page 289
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Video de Dana Spiotta (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dana Spiotta
25 oct. 2022 #SyracuseU Acclaimed novelist Dana Spiotta, an associate professor of English, discusses her creative process, her passion for mentoring students and the renowned Creative Writing program at Syracuse University.
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