De même que le sommeil fait disparaître dans le néant les soucis et les inquiétudes de la journée, l'oubli étend un voile sur les expériences fâcheuses de la vie, effaçant ainsi toute une partie du passé.
C'est précisément de l'oubli que vient la force de percevoir quelque chose de nouveau.
Les êtres vivants meurent pour que la vie nouvelle puisse apparaître. La connaissance supra-sensorielle répand une vive lumière sur la belle phrase de Gœthe : "La nature a inventé la mort afin d'avoir beaucoup plus de vie." Il ne pourrait y avoir aucune vie, au sens ordinaire du mot, sans la mort. De même, on ne peut avoir une vraie connaissance du monde visible sans se faire une idée de l'invisible. Toute connaissance du visible doit plonger sans cesse dans l'invisible pour pouvoir se développer. Bien comprise, la connaissance de l'invisible ne nuit jamais à la vie mais la renforce et l'assainit, alors que, laissée à elle-même, celle-ci s'affaiblit et dépérit.
... une propriété de l'âme qui a une importance considérable pour le développement de l'être humain, celle qu'on appelle le sentiment de "vénération" ou de "dévotion". Celui qui cultive ce sentiment ou chez qui il existe comme une heureuse aptitude naturelle possède une base excellente pour les forces de connaissance supra-sensorielles. Si, dès son enfance ou pendant sa jeunesse, on a regardé avec confiance et admiration certaines personnes en qui on voyait un idéal élevé, on a en soi une disposition favorable à l'épanouissement de cette connaissance. Et si plus tard, son jugement ayant mûri, on sait en toute humilité lever les yeux vers le ciel étoilé avec le sentiment qu'on y voit la manifestation de Puissances supérieures, on acquiert ainsi la maturité nécessaire à la connaissance des mondes spirituels. Il en est de même lorsqu'on sait admirer les forces qui sont à l'oeuvre dans la vie humaine. Il n'est pas moins important que, même adulte, on puisse éprouver une profonde vénération pour des hommes dont on pressent ou dont on croit connaître la valeur. Seul celui qui est capable de ces sentiments peut accéder à la vision des mondes supérieurs. Celui qui ne peut éprouver aucun sentiment de vénération n'ira pas loin dans la connaissance. À celui qui ne sait rien admirer, l'essence des choses reste caché.
Il ne faut pourtant pas se laisser entraîner, par ses sentiments de respect et d'admiration, à détruire en soi la saine conscience de ce qu'on est et la confiance en soi ; ça serait pécher contre la loi de mesure et d'équilibre.
Le mot « Science occulte » ou « Occultisme » éveille, suivant les individus, des idées contradictoires. Sur l'un, il exerce une attraction magique, il est l’annonciateur de quelque chose qui émeut les forces intimes de l'âme. Chez l’autre, il provoque le mépris, la risée, l'éloignement, ou parfois un sourire de compassion. Les uns y voient le couronnement de tout savoir; les autres un vagabondage de l’esprit, une rêverie creuse, aussi peu estimable que la superstition. Et ces derniers sont parfois précisément ceux qui s adonnent à ce qu’ils pensent être la science vraie avec le sérieux le plus profond, avec l’amour le plus noble de la vérité.
Aussi le début de l’occultisme consiste-t-il dans les enseignements relatifs aux domaines du monde spirituel. C’est par ces descriptions que commence cet ouvrage. Ce qu’il y a en l’homme de mortel ou d’immortel apparaîtra en pleine lumière, si l’on étudie sa place dans le milieu où il évolue. Nous passerons ensuite aux moyens d’éveiller les facultés latentes qui permettent à l’homme de pénétrer lui-même dans le monde hyperphysique.
RUDOLF STEINER Artiste et enseignant - L'art de la transmission - Céline Gaillard
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=37325 Rudolf Steiner, tout comme Kandinsky, Klee ou encore Beuys furent tout à la foi...