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EAN : 9781027801238
164 pages
Le Castor Astral (17/08/2017)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Jean-Luc Steinmetz sait changer de voix et de voie en explorant la gamme des possibles. Toujours à la recherche de l’instant éblouissant qui l’emporterait, il affirme une écriture porteuse d’une fine connaissance de la poésie tant actuelle qu’inscrite aux siècles précédents. Dans l’infini apprentissage du monde.
Avec Suites et fins, à la fois cendres et semences, de multiples fins encouragent de perpétuels recommencements : ceux de la vie ou de l’écriture. L... >Voir plus
Que lire après Suites et finVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je remercie en premier lieu Babélio dans le cadre de sa dernière opération Masse critique et les éditions « le Castor Astral » pour cette jolie découverte poétique.
La forme :

Une couverture sobre et texturée (nervurée) à laquelle j'adhère, blanche,

agréable au toucher,

information à la discrétion du lecteur : c'est le « 1123 ème ouvrage » publié par Castor Astral,

un marque page joint, une petite attention au lecteur potentiel,

et les encres de Pierre Zanzhucchi qui ornent le recueil de poésie, conférant à l'ensemble une zénitude..

Le fond :

Composé de six parties et hommage certain à une certaine modernité poétique, les petits poèmes en prose en rappellent d'autres,

des séries de vers libres aussi,

pas étonnant pour ce spécialiste de Rimbaud, Mallarmé et Jaccotet.

« Commensemencements

Sur la rive emplie de fantômes
l'instituteur valaisan apparaît
faisant danser « au brumeux horizon » *
tout un poème de Verlaine.
L'heure de la classe s'achève. Je lui demande
(et pour toujours demande)
ce que veulent dire la musique et les vers.
Dans l'entrebâillement de la porte
ou l'embrasure de la fenêtre
pénètre un rayon. Il forme sur le dallage
la réponse
mais personne pour la traduire ce jour-là.Une idée du ressassement, la poésie au service de la mémoire, saisir sur le vif, mais pas dans l'idée de figer l'instant, plus je pense ( mais ça n'engage que moi ) à la manière des résiliences, des échos savamment amenés au rythme des enjambements,

un éternel recommencement,

des blancs.

« Immuables et indifférents.
Quoi veille ?
Quels sont les pluriels et la valeur instinctive du singulier ?

Avec des questions en foule je passe le jour
comme on passe un fleuve.
Chacun ignore ce qu'il en est de l'autre rive.
Je m'abreuve de pensées primaires.
D'autres stagnent au fond de ma voix.
Atteindre est un voeu proféré
maintenant pour plus tard.

Ce qui n'a plus cours court en arrière.
Des arbres environnent les terres.
Le salut qu'ils adressent
répond à plusieurs désirs
informulés ou déformés.

La méditation prend toute la tête
ressort par les narines
comme un souffle exalté.
Au bout des doigts grésille ce moment
les rites usant les rebords de porcelaine
et quelque chose d'un amour que l'on regardera plus tard
parmi les archives filmées. » p.18″
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Tout d'abord merci à Babelio, pour cette Masse Critique car les livres du Castor Astral sont toujours de bons titres et de beaux objets (couverture, qualité du papier, encrages, etc.). Par contre, je tue le suspense "Suites et fins" n'est pas un recueil de poésie pour tous, c'est un recueil pour les amateurs de poésie contemporaine qui en maitrisent bien tous les codes.
En effet, si je salue le sens de la formule de Jean-Luc Steinmetz et les belles images qu'il convoque (surtout lorsqu'il parle de le mer), je suis restée bien extérieure à l'ensemble de l'ouvrage. À force de convoquer des souvenirs et des impressions fugaces, l'auteur m'a perdue dans ses tableaux où je n'ai pas su fixer le fil conducteur. Je suis aussi perplexe quant au lien avec l'actualité des migrants, lien qui m'a semblé déplacé. Un recueil exigeant donc pour les férus de poésie, pour ceux qui veulent se noyer dans des flots d'images, que je vais de ce pas offrir à ma maman qui, elle, j'en suis sure, appréciera à sa juste valeur ce travail soigné.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Commensemencements


Je marche à la suite d'un mince rayon de soleil.
Vers toi il ne conduit qu'en apparence.
Du sol stérile monte la hampe d'une ortie.
Derrière moi je ne sais quel démon manigance
une prochaine descente aux enfers.
Plus qu'elle ne s'écoule, la vie se précipite.
Il sen retient quelques phrases malaisées à saisir
d'autres qui soudain émettent un trait de lumière
un mirage frais et limpide.

p.21
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Commensemencements


Immuables et indifférents.
Quoi veille ?
Quels sont les pluriels et la valeur instinctive du singulier ?

Avec des questions en foule je passe le jour
comme on passe un fleuve.
Chacun ignore ce qu'il en est de l'autre rive.
Je m'abreuve de pensées primaires.
D'autres stagnent au fond de ma voix.
Atteindre est un vœu proféré
maintenant pour plus tard.

Ce qui n'a plus cours court en arrière.
Des arbres environnent les terres.
Le salut qu'ils adressent
répond à plusieurs désirs
informulés ou déformés.

La méditation prend toute la tête
ressort par les narines
comme un souffle exalté.
Au bout des doigts grésille ce moment
les rites usant les rebords de porcelaine
et quelque chose d'un amour que l'on regardera plus tard
parmi les archives filmées.

p.18
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Commensemencements


Sur la rive emplie de fantômes
l'instituteur valaisan apparaît
faisant danser « au brumeux horizon » *
tout un poème de Verlaine.
L'heure de la classe s'achève. Je lui demande
(et pour toujours demande)
ce que veulent dire la musique et les vers.
Dans l'entrebâillement de la porte
ou l'embrasure de la fenêtre
pénètre un rayon. Il forme sur le dallage
la réponse
mais personne pour la traduire ce jour-là.

p.28


* Rappel de ce délicat poème saturnien
VI/L'heure du berger

La lune est rouge au brumeux horizon ;
Dans un brouillard qui danse, la prairie
S'endort fumeuse, et la grenouille crie
Par les joncs verts où circule un frisson ;

Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
Des peupliers profilent aux lointains,
Droits et serrés, leur spectres incertains ;
Vers les buissons errent les lucioles ;

Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit
Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,
Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.
Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.
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Commensemencements


Ambitieuse leçon
de la vie, des vies.
Près de l'exit – le plexiglas
qu'un coup de poing étoile –
je m'abreuve d'une lampée d'air.
Elle tombe au fond de moi, me traverse
touche au passage des paysages inachevés.

La tentation vient de se retourner
pour retrouver la clarté, même celle de l'ombre,
surtout les après-midi quand là tout devant
beaucoup de temps s'étendait pour vivre
sans profils de guerriers
ni rigoles de sang.

Tour à tour on se penche, on se redresse
vers des signes méconnaissables
qui voudraient coïncider avec le plus lointain amour.
D'eux naîtrait un nouveau regard
capable d'affronter
ou bien l'accueil qui s'ouvre
rend les mains pures et les yeux sans larmes.

p.20
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Commensemencements


À partir de quelques mots je reprends pied.
C'est comme un dernier germe de vie.
Le regard tournant assure
que ce qui doit venir se lèvera bientôt.
La continuité des saisons
les feuilles arrachées à l'éphéméride,
formes successives bon gré mal gré.
L'Ensemble se refait
auquel je n'accède que par images.
Le cours imprévu des choses monte.
Sur ce treillis
à moi de placer mes pas, de poser mes mains
et de saisir l'ambiguïté de la démarche humaine.

p.33
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Videos de Jean-Luc Steinmetz (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Luc Steinmetz
« Il y a quelque chose d'inéluctablement malheureux dans le personnage de Verlaine (1844-1896) […]. Lui-même eut beau se compter au nombre des poètes maudits, nous avons tendance à lui refuser une telle malédiction gratifiante pour ne le doter que d'un chagrin doux-amer et d'un coeur (mot dont significativement il abusa) gros de larmes presque savoureuses. […] Plus néfaste que la brève cohabitation de Gauguin avec Van Gogh, celle qui le rapprochera de Rimbaud se terminera sur l'éclat d'un coup de feu […]. Les suites sont connues : […] Verlaine est condamné à deux ans de prison. […] En mai 1874, il apprend que le jugement en séparation de corps et de biens réclamé par Mathilde vient d'être prononcé. Il en ressent une profonde tristesse et songe à se tourner vers les secours de la religion. […] le 15 août, Verlaine, enfin admis à la Sainte Table, communie. de cette période de conversion témoigneront dans le futur “Cellulairement” […]. […] Les années suivantes, Verlaine continuera de disperser le matériau poétique accumulé durant sa détention ; treize poésies se retrouveront dans Jadis et Naguère (1884), huit autres dans Parallèlement (1889). Sans doute ne souhaitait-il pas refaire surface dans le monde littéraire par un livre évoquant son passé de droit commun, fût-ce sous les apparences du “journal d'une âme”. Il rappellerait ces temps mauvais dans Mes Prisons en 1883, mais, pour l'heure, c'est en proposant une image apaisée de lui qu'il tente, après bien des atermoiements (sept ans de silence), son retour de poète avec Sagesse où il espère que “nulle dissonance n'ira choquer la délicatesse d'une âme catholique”. […] Cellulairement […] occupe […] la place indéniable de “chaînon manquant” entre les Romances sans paroles et Sagesse et […] il montre Verlaine dans son authenticité de prisonnier, de poète et, sur la fin, de pécheur converti. […] Cellulairement restitue un temps de vie passé, usé au jour le jour, dans ce tournis à demeure où se perçoit l'identité même, toujours flottante, de Verlaine, non pas fadeur […], mais limite de l'écoeurement devant le mélange de fiel et de miel que tend l'existence en sa coupe. […] Verlaine adresse le murmure d'une voix inquiète, presque égarée, même quand sa foi nouvelle tend à la raffermir. Gardons-nous de ne voir que complaisances là où se dit, non sans humour parfois, quelque réalité aussi maligne que la pure et simple “condition humaine” illuminée d'un faible espoir et fraternelle dans sa détresse ?» (Jean-Luc Steinmetz)
« Au Lecteur
[…]
Vous lirez ce libelle tel quel, Tout ainsi que vous feriez d'un autre, Ce voeu bien modeste est le seul nôtre, N'étant guère après tout criminel.
[…]
J'ai perdu ma vie et je sais bien Que tout blâme sur moi s'en va fondre : À cela je ne puis que répondre Que je suis vraiment né Saturnien. »
Paul Verlaine Bruxelles, juillet 1873
0:00 - Berceuse 0:30 - Almanach pour l'année passée III 1:18 - L'art poétique 3:00 - Générique
Référence bibliographique : Paul Verlaine, Cellulairement, Éditions le Castor Astral, 1992
Image d'illustration : http://www.heliotricity.com/poetryverlaine.html
Bande sonore originale : Kai Engel - Somewhere Else Somewhere Else by Kai Engel is licensed under a Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site : https://www.freemusicarchive.org/music/Kai_Engel/lesicia/somewhere-else
#PaulVerlaine #Cellulairement #PoésieFrançaise
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