Tout d'abord un sincère et grand Merci à Babelio et aux Editions ARTHAUD, j'ai pris un plaisir énorme à lire ce livre. D'ailleurs j'ai pris mon temps, je l'ai lu, relu, c'est du condensé de plaisir.
Je pensais vous parlez du découpage du livre, des différentes parties, physiologie, personnalité et intelligence développées par l'auteur mais c'est impossible. Tout est tellement admirable, incroyable, foisonnant d'informations que mon billet ferait quinze pages et j'aurais beau faire je ne serai jamais aussi passionnante que l'auteur. Alors bon je vais tout de même vous citer quelques exemples parmi ceux qui m'ont le plus marqué :
- ATTENTION à ne pas lire si vous désirez lire le livre, rendez-vous au dernier paragraphe. -
Les étourneaux sansonnets : Il y a en dans nos jardins, on aurait tendance à les prendre en grippe tant ils sont nombreux à se poser sur nos pelouses et pourtant... L'auteur s'attaque au mystère des grandes nuées d'étourneaux qui ont mis au défi de nombreux scientifiques. Andrea Cavagna, un physicien italien et son équipe sont parvenus à modéliser le vol de ces nuées et ont démontré qu'il s'agissait d'un modèle "mathématiquement équivalent à un célèbre modèle de systèmes magnétiques critiques connu sous le nom de modèle Heisenberg, qui utilise la mécanique quantique pour décrire les orientations magnétiques." Et oui, rien de moins, de quoi vous laisser pantois non ?
Le cassenoix : Alors celui-là c'est un de mes préférés. L'auteur démontre en s'appuyant sur les différentes expériences réalisées que cet oiseau de l'espèce des corvidés et vivant dans les montagnes Rocheuses est capable de mémoriser pas moins de cinq mille localisations différentes (où il cache ses petites réserves de nourriture) avec une exactitude quasi complète. Extrapolé à l'être humain, il semblerait que sa technique soit comparable à celle du Palais de la Mémoire. L'auteur nous explique cette technique à travers un chapitre passionnant sur les incroyables capacités de la mémoire humaine et il conclut par cette phrase à retenir pour nous tous "si vous ne voulez pas perdre la tête, utilisez votre tête."
La pie : Je l'admire depuis bien longtemps ce bel oiseau aux reflets bleus irisés et je savais que c'était un oiseau intelligent puisqu'il fait partie des corvidés. Ce qui surprend le plus ici, c'est que la pie est le premier oiseau a passer le fameux test du miroir. Tandis que certains oiseaux tels le rouge gorge continuent indéfiniment à se battre contre leur reflet, la pie, elle, se reconnaît dans le miroir. Noah Strycker confirme aussi que la pie observe des rites funéraires, rite auquel j'ai eu le grand privilège d'assister dans mon modeste jardin (à l'époque je ne comprenais pas à quel point ce que je voyais était exceptionnel) et qui suppose des capacités émotives d'habitude associées aux seuls humains. Cette probable conscience de soi de la pie associée à un caractère bien particulier et à son comportement social ressemble à s'y méprendre à une intelligence réelle et souvent mésestimée.
Un petit dernier pour la route ?
L'oiseau jardinier : Il construit de magnifiques palais pour séduire SES belles (bah oui, il passe dix mois de l'année à les construire, il faut amortir, comprenons-le) et à l'instar des tableaux peints par des animaux, certains témoins de ces incroyables édifices ont cru y voir la patte de l'Homme, preuve que l'Art, supériorité humaine par excellence est peut-être plus universel qu'on ne le pense.
Sous ses dehors amusants, ce livre est extrêmement sérieux. Chaque constatation sur les facultés extraordinaires de certains oiseaux est prouvée, expériences et démonstrations mathématiques à l'appui et les conclusions sont d'une grande honnêteté car l'échelle de valeurs utilisée étant humaine, il est parfois impossible d'obtenir des certitudes.
Il paraît clair cependant, si l'on s'intéresse aux espèces aviaires et aux autres mammifères, que l'homme n'a pas l'apanage de toutes les qualités dont il se pare, et que rien, définitivement rien, ne nous autorise à nous considérer comme une espèce supérieure. La seule chose certaine, au vu de la destruction de notre environnement, est que nous sommes définitivement le plus grand prédateur de l'Histoire de la Vie.
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Les manchots, comme nous, ont une horloge biologique réglée sur le soleil.
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Leur organisme est pourtant capable de fonctionner vingt-quatre heures par jour. Dans le jour continu de l'été, ils abandonnent leur rythme circadien. Ils entreprennent des voyages alimentaires de plusieurs jours. Alors que j'avais besoin d'un réveil pour garder un rythme sur vingt-quatre heures, je remarquai que les manchots étaient tout aussi actifs à minuit qu'à midi et qu'ils faisaient une sieste lorsqu'ils étaient fatigués, se blottissant les uns contre les autres sur un bloc de glace confortable à toute heure du jour ou de la nuit. New York a été détrônée : la vraie ville qui ne dort jamais est la métropole des manchots du cap Crozier en été.
Prenez n'importe quel animal de la création, multipliez sa vitesse métabolique par son espérance de vie et vous obtiendrez un résultat étonnant : son cœur bat invariablement un milliard de fois au cours de l'existence, quelle que soit sa taille et sous quelque latitude qu'il vive. Ce chiffre peut être multiplié par deux ou trois chez l'homme, sans doute du fait des progrès de la médecine depuis deux siècles.
Que se passerait-il si les oiseaux nous étudiaient ? Quels caractères humains capteraient leur intérêt ? Comment s'y prendraient-ils pour tirer des conclusions ?
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II leur faudrait bien entendu envoyer des équipes de techniciens sur le terrain pour recueillir les données. Imaginez sortir un beau jour de chez vous et vous retrouver empêtré dans un filet invisible, cerné par une troupe de jeunes rouges-gorges efficaces, armés de règles graduées et de balances.
Comme la liberté, les extraordinaires capacités du cerveau ne s'usent que si l'on ne s'en sert pas. Dans un cerveau humain normal, la taille de l'hippocampe s'atrophie de 1% à 2% par an (et jusqu'à 5% chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer), et un hippocampe qui n'est pas suffisamment sollicité peut diminuer plus vite encore de volume.
L'étourneau est un oiseau joyeux, quelque peu fantasque, et c'est surtout un chanteur hors pair capable d'imiter le chant d'une vingtaine d'autres oiseaux.
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Mozart garda pendant trois ans auprès de lui un sansonnet auquel il apprenait à gazouiller des phrases musicales de ses partitions. Quand l'oiseau mourut, il l'enterra dans son jardin et lui dédia un poème.
Birding Without Borders | Noah Strycker | TEDxSalem