AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,33

sur 1014 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1947. Stingo arrive à New-York avec des rêves d'écrivains plein la tête. La vie à Brooklyn n'est pas simple quand on a quelques dollars en poche et que l'on vient du sud profond.
Stingo fraîchement installé au  » palais rose », une sorte de pension de famille va faire la rencontre de Nathan, juif new-yorkais et de Sophie une belle polonaise rescapée d'auschwist.
Entre eux trois une amitié plutôt destructrice va naître. Nathan est atteint de schizophrénie paranoïaque, tantôt aimable et adorable tantôt violent verbalement avec stingo et physiquement avec Sophie.
Au fil des pages Sophie raconte son triste destin face à un stingo de plus en plus amoureux d'elle.
La vie qu'avait Sophie dans une Pologne prise en étau par les psychopathes staliniens à l'est Et les sociopathes nazis à l'ouest. Sophie est née au mauvais endroit au mauvais moment.
Ce n'était Pas vraiment son choix. Des hommes elle en a connu quelques uns, son père, professeur de fac, un anti-semite reconnu, en avance sur son époque,bien avant les lois anti sémites de Nuremberg. Son mari aussi raciste que son beau-père. Une fois encore Sophie n'a pas le choix, elle subit.
Le choix qu'aura Sophie sera un choix funeste et destructeur qu'elle devra faire à auschwist.
Le roman de William Styron « le choix de Sophie «  est un récit lu il y a plus de trente ans.
Je ne me souviens plus des émotions que j'ai eu à l'époque, mais une chose est sûre ma deuxième lecture a été différente et mes émotions également.
« Le choix de Sophie « est un roman âpre, difficile, voir insoutenable parfois mais quel livre.
Comment définit-on ce genre de récit, oeuvre ou chef-d'oeuvre ?
Mon choix est fait, chef-d'oeuvre.

Commenter  J’apprécie          810
Un livre dont le titre a donné naissance à une expression qui traverse le temps est-il forcément un grand livre ? J'aime poser ce genre de grande question qui est pourtant le plus souvent inutile car même si la règle s'imposait, elle comporterait forcément... des exceptions qui la confirmeraient.

Si règle il y a, le roman de Styron ne fait pas exception. C'est un grand roman que ce choix de Sophie... et c'est le choix le plus impossible qui soit que celui qui est proposé à Sophie vers la fin de ce livre, et c'est bien la puissance de cette impossibilité qui a pu donner naissance à l'expression.
On attend tout au long du récit l'arrivée de ce choix, on se dit qu'a de nombreux moments de sa vie Sophie est confrontée à des choix: entre soutenir un père ou le rejeter, entre soutenir la Résistance ou choisir la "lâcheté" pour protéger sa famille, entre rester avec un compagnon violent ou s'enfuir pour se préserver. Ce sont tous des choix difficiles, où la notion même de choix semble injuste parce que les termes ne sont pas égaux, ou parce que le courant de la vie semble diriger dans un chemin sans qu'aucune décision ne soit réellement prononcée. Mais quand arrive LE choix, on ne peut pas le confondre avec les autres: pour le coup jamais termes n'auront été plus égaux que ces deux-là, jamais décision n'aura été aussi nécessaire, vitale. Et c'est pour le coup à cause de cela que le choix devient impossible... tout en étant impossible à refuser.

Je choisis de ne pas révéler sur quoi porte le choix, même si de nombreux résumés ou critiques doivent forcément en parler, parce que j'ai réussi de mon côté à me préserver de le savoir et que la lecture et le moment décisif n'en ont été que plus forts.

Au delà de cette "révélation", la force du récit est dans sa construction diablement intelligente. L'opposition entre un narrateur maîtrisant parfaitement la langue puisqu'écrivain et l'héroïne polonaise forcément maladroite en anglais est brillante, puisque le récit des aventures du narrateur et les témoignages recueillis auprès de Sophie se répondent et se renforcent du fait de leurs différences de style. La brillante intelligence des propos du narrateur luit encore plus en opposition à la force de la simplicité du récit de Sophie... qui n'en devient lui du coup que plus puissant dans sa nudité stylistique. le choix de l'auteur d'un témoignage morcelé, d'abord cousu de mensonges avoués par Sophie par la suite, puis qui se révèle petit à petit, au fur et à mesure des confessions aidées par l'alcool, tout cela est également superbement intelligent, construit à la manière d'un orfèvre.

La force du roman réside également dans les thématiques abordées. Si on devait donner le thème principal du livre, on ne pourrait que dire Auschwitz et la solution finale... et on se dirait que ce thème est donc forcément l'unique. Mais l'auteur parvient également à y aborder remarquablement des thématiques intemporelles et modernes comme les affres de l'écriture, la question de l'esclavage et de la prise en compte de la minorité noire aux Etats-Unis, la question de la violence conjugale, de la dépendance à l'alcool et à la drogue, des troubles psychiatriques... le tout avec des passages sexuels à la fois crus et sensuels ainsi que des propos sur la religion très provocateurs, cela lui ayant d'ailleurs valu d'être interdit régulièrement dans certaines bibliothèques à l'époque.

Il faut avoir une ambition démesurée pour son livre pour imaginer pouvoir aborder tous ces thèmes à la fois. le choix de Sophie est le dernier roman de Styron et on y sent toute la force et la maîtrise de l'écrivain chevronné. Dans une mise en abyme de sa propre personne et de celle du narrateur, Styron évoque dans le livre ses précédents romans comme les possibles futurs romans du jeune narrateur, romancier en herbe... Cela ne peut que donner envie de s'y plonger pour découvrir comment s'est construite une plume aussi habile.
Commenter  J’apprécie          7223
J'ai lu toutes les critiques "babeliotes" concernant ce chef d'oeuvre et je souhaite simplement ajouter mon grain de sel aux excellents avis que j'ai pu glaner, sans pour autant raconter le roman, ce qui a déjà été fait ici.
Oui, le choix de Sophie exige du lecteur son attention totale. Par son écriture si dense, par sa construction si élaborée, par la noirceur de son propos, par l'intensité de certaines scènes quasiment insoutenables...
Oui, le choix de Sophie exige du lecteur que l'on accepte les digressions de Stingo. Mais ces digressions sont partie intégrante de cet ouvrage et il est vrai que les réjouissantes aventures du jeune homme avec les fausses délurées et vierges folles qu'il rencontre (pauvre Stingo! malheureux puceau !) offrent une bouffée d'air frais à l'atmosphère insupportable de noirceur dans laquelle se débattent les trois protagonistes du "Palais rose" de Yetta.
Car oui, les diverses confrontations entre les trois personnages : Nathan/Sophie, Nathan/Stingo et Sophie/Stingo emmènent le lecteur dans un univers étouffant et de plus en plus noir au fur et à mesure de la conscience prise, en avançant dans le roman, de l'horreur du vécu de Sophie, de l'état mental de Nathan, cet homme si brillant, si intelligent, si chaleureux, mais aussi cet humain totalement désaxé et profondément malade, qui, in fine, ne peut qu'anéantir Sophie, ce dont elle est parfaitement consciente, qu'elle accepte et qu'elle désire même, peut-être !

Le choix de Sophie est un ouvrage absolument magistral qui, à travers le personnage de Sophie, nous plonge dans tout ce que l'esprit humain peut véhiculer d'espoir, de foi, de naïve croyance (due à la jeunesse de Sophie, lorsqu'elle conte ses souvenirs d'adolescente), puis de désespérance lors de sa descente en enfer, lorsqu'elle arrive dans l'abomination sur terre, Auschwitz, dirigée par cet homme, Rudolf Höss, enfin de dégoût de soi et d'un sentiment morbide d'insurmontable culpabilité pour avoir dû faire le choix horrible auquel on l'a forcée, lors de son arrivée au camp. Ce choix que l'on n'apprend qu'à la fin, tant Sophie rechigne à faire remonter au grand jour cet épouvantable épisode de sa vie !

Mais, penchons-nous un peu sur les rapports que Sophie est très brièvement amenée à entretenir avec Rudolf Höss.
Le commandant du camp s'avère être le parfait représentant de ces nazis, absolument obéissants aux ordres, totalement dénués du moindre esprit de contestation, un homme, même pas monstrueux, au sens où on peut l'entendre d'un esprit malade. Non, Rudolf Höss n'est pas malade, il est simplement complètement et indéfectiblement dévoué à une idéologie dévoyée. Il ne se pose pas de questions. Il accomplit son travail. Il obéit. Est-il taré ou simplement obéissant aux ordres d'une hiérarchie dépravée ? (A lire à ce sujet, ses mémoires ou les souvenirs romancés écrits par Robert Merle, dans "la mort est mon métier".) Ce qui rend cet homme, au demeurant correct et courtois, absolument épouvantable, c'est qu'il agit tout simplement comme un ordinateur qui applique un programme.
Et que peut bien faire Sophie, face à Rudolf Höss ? elle veut, elle essaie de sauver son fils. Son fils, ce garçon blond, aussi aryen que n'importe quel nazi de bonne souche pourrait le souhaiter, elle souhaite, pour le sauver, le faire intégrer au programme du "Lebensborn" (programme inventé par les nazis pour intégrer à la "race des élus" des enfants blonds aux yeux bleus, dignes de représenter la race des seigneurs, c'est à dire eux-mêmes et de répandre à travers le monde les vertus de la race aryenne !).
Alors Sophie tente de sauver son enfant et pour ce faire n'hésite pas à tenter de séduire Rudolf Höss.

Enfin, évoquons brièvement le rapport que Sophie entretient avec la musique qui la préserve de la folie durant la guerre à Varsovie et pendant son incarcération. Cette musique, qui occupe une si grande place lors de sa confrontation avec Rudolf Höss, lorsqu'elle perçoit brièvement quelques notes de la Création de Haydn. Ces notes, pour elles sublimes, lui donnent le courage d'entreprendre sa démarche désespérée auprès du Commandant.
La musique, oui, la musique, seule alternative à la folie. La musique ? elle est née dedans. Elle joue d'un instrument.
Et c'est encore la musique qui la soutient ensuite, après Auschwitz, dans le long parcours de sa réadaptation à la vie. Et ce que Nathan lui offre, entre autres choses importantes, c'est l'accès à la musique, Bach, Mozart et Vivaldi, qu'elle écoute avidement, du matin au soir dans la chambre du Palais Rose....

Bon, je vais m'arrêter là ! Je n'avais pas l'intention d'écrire un aussi long billet et il y a encore tant et tant de choses à dire... une seule encore, une seule, lisez ce livre exceptionnel !

Commenter  J’apprécie          571
Quelle densité dans la forme autant que dans le fond!!! Ce livre est d'une richesse inouïe.

J'ai découvert William Styron avec "Les Confessions de Nat Turner" et je savais que j'y reviendrai...
Pour son style d'abord si dense et foisonneux. L'écriture, jamais pompeuse ni prétentieuse dénote pourtant une érudition de la part de l'auteur devant laquelle parfois, on se sent tout petit.
C'est une lecture qui demande des efforts à plusieurs niveaux. Un bon dictionnaire et l'ami google m'ont été de précieux alliés. le vocabulaire est riche. de nombreuses références littéraires, historiques, musicales.... Bref, une plongée très complète dans une époque, une histoire....

De nombreux thèmes sont ici abordés.
L'écrivain en mal d'inspiration au début du roman, l'éveil de l'impulsion créatrice. Les doutes, l'angoisse de la page "jaune" (oui, William Styron écrivait sur du papier jaune!). L'exaltation des mots trouvés, enfin. de l'histoire qui se dessine. Les allusions au processus d'écriture qui lui auront permis de signer "Un lit de Ténèbres" ou encore "Les Confessions de Nat Turner". Car, oui, on navigue sans cesse,entre roman et autobiographie. Pour, à travers l'histoire de Sophie et Nathan, découvrir l'homme que fut William Styron.

Mais surtout, justement, il y a Sophie, et Nathan. Et le narrateur qui, en contant leur histoire se pose en témoin d'une époque et d'un drame. L'autodestruction, la culpabilité, la toxicomanie, la folie, l'horreur d'Auschwitz, la perversion, le désespoir, la survivance. Et l'amitié comme l'amour, poussés à leur paroxysme. L'indulgence malsaine que l'on accorde à l'autre face à ses mauvais traitements parce que l'on se sent si coupable.... Si indigne de recevoir de l'amour. le pardon si facilement accordé.
Et ici, il s'agit autant de la culpabilité de Sophie et de ce qu'elle a du faire pour survivre que de celle de William Styron qui, originaire du Sud des États-Unis, traîne l'esclavage des Noirs comme un atavisme honteux duquel il essaie désespérément de se libérer.
Mais rien à faire, lui, autant que Sophie qui se sent responsable de l'antisémitisme paternel, se sent coupable des méfaits de ses ancêtres. Tous deux s'en défendent, essaient de rationaliser mais la culpabilité sans cesse les rattrape et les ronge.
Le parallèle entre l'esclavage des Noirs et celui des déportés de la guerre est omniprésent et introduit une notion d'universalité et d'éternel recommencement qui nous glace le sang.

Le personnage de Nathan introduit l'idée d'irresponsabilité. La notion du "bourreau" malade et donc excusable. Mais, et c'est bien là que tout se joue, Sophie aime Nathan et il l'aime aussi. Il devient le contrepied des tortionnaires de Sophie. Car ceux-là, elle ne les a pas aimés même si elle les a
courtisés. Ceux-là, contrairement à Nathan, n'étaient pas "aimables".

Beaucoup d'interrogations. Qui restent sans réponses. Comment, pourquoi l'homme est un jour capable du meilleur et soudain, devient expert pour faire subir aux siens le "mal absolu".
William Styron, sans doute pour se rassurer lui-même nous dépeint toujours des dirigeants Allemands "anesthésiés", comme sous l'emprise d'une force plus puissante qu'eux qui les pousse à agir comme des automates, comme des pantins. Leur antisémitisme est bien réel mais ce qui les poussera à commettre l'odieux les dépassent. Toutefois, à aucun moment William Styron ne les excuse. Et comment le pourrait-on ?

Une des forces du livre, ce qui nous fait basculer petit à petit dans l'horreur sans arriver à s'en éloigner, mais, honteusement en l'attendant presque, c'est la façon dont l'auteur joue avec le temps.
Nous naviguons dans L Histoire au gré du récit de Sophie. Et les nombreuses digressions qui, parfois cassent un peu le rythme du récit, les retours en arrière agaçants, prennent tout leur sens lorsqu'on comprend où il a voulu nous mener.
Nous mener par le bout du nez, car c'est bien ce qu'il fait tout au long de ces 900 pages.

Au final, et malgré ce long billet, j'ai l'impression de ne pas avoir dit la moitié de ce qu'il y a à dire concernant ce "Choix de Sophie".
J'ai pris le parti très rapidement en début de lecture et au vu de la complexité du livre de ne pas m'encombrer l'esprit en prenant des notes ou en notant des citations. Je voulais juste lire sans m'imposer plus de ruptures de rythme que celles voulues par l'auteur.
Mais peut-être tout serait-il résumé par ce passage : " "Un jour je finirai par comprendre Auschwitz".
Propos optimiste mais d'une absurdité débile. Personne ne comprendra jamais Auschwitz."

Surtout si l'on admet que comprendre, c'est accepter. Mais Sophie, par son parcours, le récit de ses doutes, de ses regrets et de sa culpabilité a un peu éclairé L Histoire. Sans légitimer quoi que ce soit, elle nous oblige et William Styron à travers elle, à se demander inlassablement : " et moi, qu'aurais-je fait ?". le courage et la lâcheté intimement liés. L'atavisme comme croix à porter.
L'amitié ou l'amour pour nous en délivrer. Oui, mais voilà...
Ca ne suffit pas toujours....

Une oeuvre forte, qui nous habite longtemps encore après avoir fermé le livre....





Commenter  J’apprécie          393
Ce pavé publié en français en 1981 était dans ma PAL depuis des lustres, il était dans la bibliothèque de mes parents, c'est dire. Je ne regrette pas de l'avoir finalement lu, même si ce fut une lecture par moments… difficile. le style de Styron ! si dense, détaillé, lent, avec son vocabulaire érudit et de si longues phrases et des anecdotes dans l'anecdote... 'il faut que vous sachiez, pour bien comprendre la suite'... des scènes qui mettent chacune un long chapitre à se mettre en place. On se croirait presque… chez Dostoïevski!
Notre narrateur Stingo, la jeune vingtaine, quitte en 1947 sa Virginie natale, espérant réaliser à New York son rêve de devenir un romancier à succès. Il se retrouve très seul à Brooklyn dans une maison de chambres, avant d'y rencontrer Sophie et Nathan, un magnifique et excentrique jeune couple, lui brillant Juif New-Yorkais biologiste oeuvrant avec succès chez Pfizer, elle une superbe Polonaise (non-Juive) … rescapée d'Auschwitz.
Stingo se prend d'amour pour Sophie et d'une grande amitié pour ce couple, cependant il s'aperçoit vite de la toxicité de leur relation, Nathan étant sujet à des crises de violence et de paranoïa et Sophie endurant tout, dans une dépendance qui frôle le masochisme. Sophie se confie à petites doses à Stingo de son passé concentrationnaire… l'horreur est toute récente et Sophie encore en choc post-traumatique…
Cette histoire n'a rien de gaie … (et son auteur a d'ailleurs sombré dans une profonde dépression dont il témoigne dans Face aux Ténèbres). Amateurs de feel-good, fuyez ! Ce roman est très dur, et même douloureux, il est poignant, bouleversant, … et il vaut vraiment la peine d'être lu.
Commenter  J’apprécie          387
Relecture bouleversée et éblouie de ce gros et grand roman américain, marqué par le personnage inoubliable de Sophie.
Roman dense et touffu qui prend le temps de mener plusieurs récits en parallèle et de suivre plusieurs chemins de vie, en particulier les trois personnages centraux qui vont se rencontrer et mêler leurs destins dans une danse à la fois ébouriffante et macabre, entre Eros et Thanatos.

D'abord le jeune narrateur, fraîchement débarqué à Brooklyn de son Sud profond, alourdi du poids d'un héritage esclavagiste et gorgé d'une sève juvénile qu'il se languit de faire jaillir; Nathan ensuite, l'amant magnifique et terrifiant de Sophie pour qui il est à la fois une planche de salut, le miroir de ses peurs et le grand inquisiteur. Sophie enfin, si fragile et si troublante, si tragique et si complexe, à l'image du propos de ce roman qui casse les idées reçues et chamboule les facilités de pensée.

Rien n'est simple en effet chez Sophie, ni évident. Rescapée d'Auschwitz, Sophie n'est pas juive. Polonaise, elle hait sa famille antisémite. Epouse et mère, elle prend un amant. Revenue de l'enfer, elle s'adonne avec Nathan au sexe le plus débridé. Et tant d'autres choses que l'on attend pas de la figure stéréotypée d'une rescapée.

Et Sophie parle, beaucoup, à notre narrateur. Elle raconte, en cercles concentriques de plus en plus hésitants à mesure qu'elle approche du centre, comment elle est arrivée au camp, ce qu'elle a vécu, les remords qui continuent de la ronger comment de l'acide : son histoire familiale, son passé, sa faiblesse, son choix...

Un roman parcouru de mort et de désir, éprouvant mais magnifique!
Commenter  J’apprécie          281
LE CHOIX DE SOPHIE de WILLIAM STYRON
1947, Brooklyn, Stingo enfant du sud se sent perdu au milieu du royaume des Juifs. Il écrit des rapports chez l'éditeur Mcgrawhill, dont il se fait virer. Son père lui envoie quelques centaines de $ et il s'installe chez Yetta Zimmerman. Au dessus de sa chambre il fait la connaissance de Sophie, magnifique polonaise et rapidement de Nathan son fougueux amant, chercheur chez Pfizer, un Golem selon Morris, autre voisin. La relation avec Nathan est initialement tendue car il critique en permanence les gens du Sud qu'il assimile à des nazis. Stingo note de violentes sautes d'humeur chez lui qui s'accompagnent de coups sur Sophie. Néanmoins les trois vont développer une profonde complicité et passent toutes leurs soirées ensemble. Quand Nathan s'absente Sophie raconte son enfance à Stingo, combien elle avait des parents bienveillants et un mari qui l'aimait. Stingo de son côté enchaine les relations insatisfaisantes et il est toujours puceau! Il commence à écrire, se servant des souvenirs de Sophie qui a été détenue à Auschwitz pour une affaire de trafic de viande pour sa mère malade. Les crises de Nathan se multiplient, Larry, son frère va demander à Stingo de l'aider et lui parle de la schizophrènie paranoïaque diagnostiquée chez son frère ainsi que de son travail au laboratoire. Se voyant de plus en plus régulièrement seuls, Sophie va progressivement modifier le contenu de son récit d'enfance et de détention à Auschwitz.
Un très grand livre, dont l'adaptation cinématographique a grandement contribué à le faire connaître. Sophie, Nathan et Stingo sont des héros torturés, déchirés, broyés par leur souffrance, leur maladie et leur culpabilité. Styron, par ailleurs auteur du non moins remarquable « les confessions de Nat Turner », a habilement brouillé les pistes en mettant Sophie, polonaise catholique, enfermée à Auschwitz au milieu des juifs, maîtresse d'un Nathan, juif non pratiquant avec un Stingo, héritier du Sud ségrégationniste et esclavagiste. Ce prix national Book Award 1980 est un grand classique intemporel qui va bien au delà du choix qu'a dû faire Sophie à Auschwitz.
Commenter  J’apprécie          272
Le mal et la culpabilité au coeur d'un récit bouleversant !
1947, Stingo, le narrateur, jeune écrivain fraichement débarqué du Sud à New-York, se lie d'amitié avec un couple étonnant : Nathan et Sophie. Dans ce New-York de la fin des années 40, nous suivons ce trio, tantôt flamboyant et tantôt pitoyable, entre alcool, désir sexuel frénétique et violence. Subjugué par la beauté de Sophie, Stingo recueillera peu à peu ses confidences. Sophie se livre, délivre au compte- goutte son passé, son histoire, ses mensonges, ses contradictions. L'enfance à Cracovie, la jeunesse à Varsovie, l'enfer à Auschwitz ...

Et si Sophie n'était parvenue à sortir d'un enfer que pour entrer dans un autre enfer ?

Loin du récit linéaire, l'auteur nous livre peu à peu des éléments, qui s'ils semblent épars, s'assemblent par la suite : le passé esclavagiste du Sud, l'antisémitisme viscéral en Pologne, la déshumanisation des êtres dans les camps, la religion, l'homme, l'amour, le sexe ... Grâce à une construction magistrale et sur un rythme effréné, le lecteur est à la fois porté par le texte et conduit dans les derniers retranchements de la pensée sur lui-même. Grandiose assurément.
Commenter  J’apprécie          270
Ce livre est d'une beauté stupéfiante. C'est comme une secousse sismique au fond de soi, un déferlement d'émotions comme rarement je l'ai vécu. A la fin, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps et il m'a fallu plusieurs jours pour m'en remettre. A l'heure où je vous écris, ces personnages me hantent encore et continueront à le faire quelque part dans ma mémoire.
Pourtant, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire. le premier chapitre raconte les débuts malheureux de Stingo dans une maison d'édition. C'est avec une ironie mordante qu'il décrit ses conditions de vie. Puis l'auteur change de décor et fait entrer en scène Sophie et Nathan. Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, l'histoire devient de plus en plus prenante. On découvre la passion amoureuse et destructrice qui lie Sophie et Nathan, les multiples frustrations que vit Stingo par rapport à sa sexualité inassouvie mais aussi les confessions de Sophie sur son passé en Pologne.
C'est un roman qui emmène le lecteur dans un tourbillon de sentiments : on sourit devant les tribulations de Stingo dans sa vie amoureuse ; on reste un peu effrayé devant l'inertie de Sophie face à la violence des sentiments de Nathan. Je me suis bêtement dit « c'est son choix après tout ». Mais quand les secrets les plus profonds sortent enfin du néant, tout s'explique. Je suis restée tétanisée, en larmes. J'ai enfin compris pourquoi ils se comportaient ainsi. J'ai eu honte d'avoir jugé Sophie et Nathan, mais vraiment honte ! La seule leçon que je peux tirer c'est qu'on ne peut juger personne car on ne sait pas quelles épreuves elle a affronté auparavant.
Les personnages sont extrêmement bien construits, avec une analyse psychologique des plus fines et des plus intéressantes. Suivre Stingo, c'est entrer dans la jeunesse, le manque d'expérience et l'apprentissage de la vie. Suivre Nathan, c'est frôler les méandres de la folie. Suivre Sophie, c'est plonger dans un destin tragique et insoutenable, où l'ironie est cruelle car elle n'est fautive que d'une peccadille qui la conduira en enfer. J'ai tremblé devant certaines scènes, devant cette horreur décrite sur les conditions de vie dans le camp d'Auschwitz. Voici d'ailleurs une citation qui m'a intensément émue.
« La déclaration la plus pertinente faite jusqu'à ce jour sur Auschwitz n'était pas une déclaration mais une réponse :
La question : « A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ? »
Et la réponse : « Où était l'homme ? »
Le style d'écriture est superbe, magnifique et dense. Il nécessite du temps et une vraie disponibilité d'esprit car il vous dévore en entier et ne vous laisse pas indemne. Un roman EXCEPTIONNEL, INOUBLIABLE, MAGISTRAL à découvrir !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
Commenter  J’apprécie          185
Un gros moreau... plus de 900 pages... autant vous dire qu'il faut vouloir le lire.
Une découverte vraiment faite au hasard, je ne connaissais pas du tout le film, l'histoire m'avait cependant bien tenté, même si c'est un sujet très délicat qui y est traité... la seconde guerre mondial, les camps de concentrations, le racisme, l'esclavage... mais aussi une rencontre entre Stingo, jeune écrivain et Sophie, rescapée polonaise des camps de la morts. Un roman auquel on ne peut pas rester insensible, qui nous remue de l'intérieur en nous ramenant durement sur le passé...
Très bien écrit, et une fois que l'on a commencé, on n'y retourne pour lire la suite et rien à voir avec se que l'on a déjà pu lire auparavant... tout simplement excellent.

Commenter  J’apprécie          170




Lecteurs (2922) Voir plus



Quiz Voir plus

le choix de sophie

Quelle actrice connue d'hollywood a reprit dans un film le rôle de sophie ?

marylin Monroe
cameron diaz
jodie Foster
meryl Streep

6 questions
115 lecteurs ont répondu
Thème : Le choix de Sophie de William StyronCréer un quiz sur ce livre

{* *}