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EAN : 9782021323672
480 pages
Seuil (15/03/2018)
3.97/5   15 notes
Résumé :
4° de couverture, extraits.
Comment l'élan démocratique de 1789 a-t-il pu donner naissance à la violence terroriste de 1793 ? (...) Timothy Tackett n'instruit pas le procès de la Révolution, il décrit le processus révolutionnaire. Dans un livre très neuf, s'appuyant sur les correspondances pour la plupart inédites, des acteurs des journées révolutionnaires, le grand historien américain restitue le sens des événements et des engagements, au plus près de la man... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A peine deux ans après sa publication aux Etats-Unis, "Anatomie de la Terreur" de Timothy Tackett se trouve traduit, publié, chroniqué et encensé en France. On souhaiterait pareil sort à de meilleurs livres étrangers, qui attendent dix, vingt ou trente ans qu'un éditeur et un traducteur français daignent se pencher sur eux. C'est que la Terreur et la Révolution sont des sujets d'actualité en France : actualité historiographique, car nous avons une tradition de débat sur la Terreur remontant au XIX°s ; actualité politique, car le jugement sur ces années 1793-1794 joue un grand rôle dans l'identité de certains partis : on sait que le PCF fournit longtemps à l'Université de brillants spécialistes de la Révolution Française, que les exploits russes en la matière avaient enthousiasmés, et que les intellectuels anti-totalitaires ont commencé à penser la Terreur comme la première des tyrannies idéologiques modernes. Actualité encore plus brûlante en ces années qui sont les nôtres, puisque la Terreur (islamique) est un instrument politique dans la guerre qui nous est livrée.

Ces conditions ne rendent pas facile une lecture dépassionnée de l'ouvrage. A longueur de page, on trouvera ce refrain de gauche qui consiste à accuser les morts et à excuser leurs assassins, au bout d'une enquête historique apparemment objective, mais non sans ruses et petites entourloupes. Voir faire de l'histoire comme Taubira rendait la justice est usant pour les nerfs, et il faut prendre sur soi pour terminer le livre. Bien sûr, les lecteurs de Libération (et d'autres, même le Figaro-Histoire) vont adorer.

Quelles sont enfin les qualités de l'ouvrage ? Abstraction faite du ton et des écarts de plume, on appréciera le recours à certains documents privés, correspondance, journaux intimes, la description frappante des rumeurs, des paniques collectives, des mouvements de foule de ces années où s'invente une nouvelle manière de faire de la politique. L'analyse de la peur du complot qui saisit les plus forts -- ceux qui ont les clés des prisons -- épouvantés par la menace qu'ils projettent sur les plus faibles (les détenus), est frappante. Plusieurs fois revient l'antienne du "complot des prisons", autorisant le massacre général de leurs détenus et permettant un nouveau remplissage. C'est une bonne étude du processus révolutionnaire comme lynchage de masse. Mais pour la synthèse et le commentaire des choses, rien ne remplace François Furet, surtout pas ce pauvre ouvrage politiquement correct.
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1789 n'a pas fini de diviser et de démontrer via ce que l'on en retient que la distinction Droite / Gauche a encore quelque réalité. Soit on souligne l'espoir soulevé par 1789, l'invraisemblable chamboulement d'un système que l'on pensait immuable, on est alors de gauche (et politiquement correct). Soit on ne conçoit la révolution que comme une machine à broyer, à éliminer, on est alors de Droite (et politiquement incorrect).
L'émancipation de l'homme ou la Terreur.
Timothy Tackett est américain. Un peu à la manière d'un Robert Paxton, il peut se mettre en retrait de la fièvre hexagonale, il peut essayer tout du moins.
Il va ainsi tenter tout du long de son livre de s'en tenir à un ton dépassionné, s'attacher à comprendre comment l'on passe de révolutionnaire humaniste à terroriste acharné.
Bien sûr, Tackett ne peut s'exonérer de choisir un camp, il n'est pas neutre et il ne s'en cache pas. Il assume, dans son introduction, sa sympathie envers ces hommes et femmes qui vont effondrer un édifice divin, un ancien régime inique mais où tout était mieux rangé. Nous sommes un poil fascinés par ces hommes et femmes qui osent défier un ordre divin. Et l'on se remémore, ému, à la lecture de ce bouquin, les avancées phénoménales qui surgiront de cette déflagration inouïe.
C'est bien pourquoi la Terreur désole, interpelle. La Révolution qui finit par dévorer ses propres enfants.
Au delà d'un rappel précis, factuel et enlevé des événements, Tackett s'attache à éplucher les journaux intimes, les correspondances de l'époque. Il s'évertue à saisir la mentalité de ces temps troublés. Des esprits surchauffés qui voyaient des complots partout, des conspirations réactionnaires à chaque coin de rue, sous chaque pavé. La psychose est l'une des récurrences qui se répètent dans chaque révolution. C'est dans la démonstration du mécanisme de la rumeur qui enfle, qui obscurcit les synapses, que Tackett est le plus convaincant.
Alors bien sûr...
Certains esprits chagrins pourront se réclamer encore et toujours de Furet "l'indépassable", s'indigner en toute mauvaise foi d'une exonération imaginaire du processus de la Terreur dans ce livre. Nous n'avons pas lu le même. Tackett n'excuse rien, n'absout personne, mais il échoue.
La Terreur, finalement, reste une énigme.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Timothy Tackett, écrivain américain, nous fait le recit de la révolution de 1789 à travers des documents privés:correspondances, journaux intimes. Il nous décrit les rumeurs, les paniques ,les mouvements de révoltes du peuple en ces années troubles, la peur de complots qui saisit les dirigeants les poussent à utiliser à outrance la guillotine. Ils canalisent les gens du peuple en leurs livrant des coupables tous désignés que sont les nobles, le clergé, les détenus des prisons . C'est dans ce contexte trouble que commence la Grande Terreur à laquelle se trouve mêlé Robespierre ou il trouve la mort après une courte carrière politique. Malgré une bonne vision d'un monde nouveau:la démocratie, la justice sociale et civique qu'il appelle de tous ses voeux.A la mort de Robespierre les exécutions de membres de la commune continuent à un rythme très soutenu. Les régimes suivants le directoire, le consulat, , l'empireont tous recours à la répression violente et exécution.
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En utilisant des sources inédites, notamment des correspondances, l'auteur restitue très clairement le déroulement des événements depuis le Serment du de paume jusqu'à la loi de Prairial an II, qui accentue la Terreur.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Comme pour la classe moyenne de l'Ancien Régime, une multitude d'appellations s'appliquaient aux couches inférieures de la société : "la populace", "les vulgaires", "le bas-tiers", et parfois simplement "le peuple". Quel que fût le vocabulaire utilisé, les révolutionnaires étaient très conscients des différences en termes de conditions économiques, de niveau de vie et de culture qui les séparaient de la grande masse des roturiers. Ces derniers vivaient, en grande partie, à la campagne – les paysans représentaient environ 80 % de toute la population et le royaume comptait plus de 40 000 villages et hameaux. D'une région à une autre, il y avait d'énormes variations dans les modes d'agriculture, dans les types et la répartition de l'habitat, dans les langues et les dialectes et dans les mœurs. Alors que la plupart des révolutionnaires avaient au moins un lien (d'ascendance) avec la paysannerie, les occasions de rencontre étaient très rares. Les élites politiques, après tout, vivaient en ville, et pendant toute la Révolution, elles allaient éprouver les plus grandes difficultés à comprendre les motivations et le comportement des ruraux.
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Passant par Paris au début de septembre 1792, un patriote de Bretagne commentait la curieuse atmosphère qui régnait dans la capitale : "Chaque jour offre ici les tableaux les plus variés. La joie la plus bruyante, la tristesse la plus sombre, le bonheur et le malheur se touchant de si près et se succédant si rapidement." C'était là un autre exemple des contradictions et des incongruités de la Révolution que les sentiments contrastés de cet été là, quand la suspicion et la brutalité allaient de pair avec les sentiments de fraternité, le plus intense patriotisme et la propension à l'autosacrifice.
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Si 1789 a été exaltée comme "l'année de la liberté", on l'a aussi décrite comme "une année terrible". Elle avait commencé avec l'hiver le plus rigoureux dont on pouvait se souvenir. Ensuite, il y avait eu des centaines d'émeutes de subsistance et des milliers de morts de faim, puis avait suivi un été de violence et de chaos dans Paris et dans les provinces, et une panique terrifiante dans une grande partie du pays – "l'année de la peur", comme les individus s'en rappelleront encore au milieu du XIXe siècle. Les événements de ces mois préfiguraient et annonçaient beaucoup des problèmes qui affecteraient la Révolution les années suivantes : l'évolution rapide de la vacance du pouvoir, l'émergence d'une contre-révolution opposée aux nouveaux idéaux, la montée des divisions parmi les patriotes et l'explosion périodique de la violence populaire.
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Rosalie Jullien admettait volontiers dans une lettre à son fils que certaines personnes avaient été arrêtées par erreur. Elle évoquait le cas d'un ami qui avait été jeté en prison, croyait-elle, simplement parce qu'il était originaire de Lyon. "L'irritation contre Lyon fait un crime d'être lyonnais." Mais elle semblait se résigner à la situation : "Ces arrestations donnent des affaires et des sollicitudes à tout le monde. Cependant, elles sont si nécessaires à la chose publique que ceux-mêmes qui en sont les victimes ne peuvent pas s'en plaindre s'ils sont vraiment républicains." Le nombre des prisonniers dans Paris augmenta rapidement durant cette période, doublant entre la fin août et la fin octobre (1793).

p. 325. La résignation de Rosalie Jullien est admirable.
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Timothy Tackett - Anatomie de la Terreur : le processus révolutionnaire : 1787-1793
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