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EAN : 9782130633877
240 pages
Presses Universitaires de France (10/01/2018)
4.07/5   7 notes
Résumé :
L'histoire du roman noir peut être abordée comme un enchaînement de scènes, depuis la rupture inaugurale de Dashiell Hammett jusqu'à ses formes les plus contemporaines. Le magazine pulp des années 1920, le roman de gangsters, le hardboiled hollywoodien, le roman de la crise, le roman d'outlaw, le récit antifasciste, le « noir » de la guerre froide, les « livres de poche originaux » des années 1950, les mobilisations afro-américaines et homosexuelles, et enfin les em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Benoit Tardié passe au crible un siècle de polar américain
et il s'en sort haut les mains !
Faut dire que l'expert universitaire est bien armé...
il connaît à fond la petite la musique des romans noirs,
jongle avec les citations des auteurs, les anecdotes
et maîtrise le contexte historique et politique sur le bout des doigts ...
C'est érudit mais en même temps, c'est vivant !
J'ai révisé mes classiques, la série Black Mask
fait un petit tour d'horizon des pulps, des mainstreams,
des paperbacks et j'en passe...
J'ai ensuite moissonné des extraits de la moisson rouge d' Hammet
rencontré des tas de durs à cuir, des hard-boiled, pas d'bol !
pas manqué de respect à Little Caesar de Burnett...pas osé,
tracé la route et quelques pages avec les hobos d' Edward Anderson,
sombré quelques instants avec David Goodis,
stoppé sur le bord d'une page par les flics pourris de Thompson.
Pris une leçon de cinéma avec Chandler en Californie.
Visité Harlem avec Chester Himes, fréquenté la marge avec Hansen,
trainé dans Amsterdam avenue avec Clarence Cooper et flippé avec Ellroy.
J'ai oublié quelques dangereuses escapades que je vous laisse découvrir...
Mine de rien, Tardié retrace tous les genres du polar américain en un tour de main.
Fan de polar ou simple curieux, le front criminel est une référence qui se laisse descendre facilement.
Je remercie, au passage, Babelio, Masse critique et les éditions PUF pour cette très bonne découverte.
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Quel essai passionnant ! Il n'est pas seulement question de polar ici mais aussi de civilisation américaine. Car en étudiant l'histoire du polar américain de 1919 à nos jours, c'est bien l'histoire des États-Unis qui défile sous nos yeux.

Tout commence vraiment en 1922 dans le pulp Black Mask, lorsque quelques auteurs choisissent de se démarquer du roman à énigmes britannique en donnant à voir un détective luttant contre une ville pourrie, corrompue jusqu'à la moelle. Car la ville est alors un personnage à part entière (New-York et Chicago principalement).
Par la suite, le hard-boiled glisse lentement vers le roman de gangster et substitue (petite révolution) le criminel au détective comme personnage principal. Les gangs sont alors "le symptôme de la désorganisation générale liée au développement économique rapide et à l'ingestion de travailleurs étrangers".

Dans les années 30, le cinéma révolutionne la culture américaine. La littérature, et notamment le polar, est dépossédée de ses auteurs ; les oeuvres devenant adaptables, elles doivent donc se standardiser.
Puis le roman prolétarien fait son entrée et donne une vision de la violence criminelle liée au système capitaliste.

Avec la montée du racisme en Europe c'est le roman antifasciste qui avance sur la scène littéraire américaine, et notamment dans le polar, avant de laisser la parole aux traumatismes des soldats. Le peuple est encore en résistance face à la vision normalisée du vétéran imposée par l'État.

Je ne vais pas reprendre l'ensemble de ce qui figure dans cet essai car il y aurait encore beaucoup à dire sur le western noir, le polar métaphysique, ou encore le polar qui met en scène les minorités que représentent les Noirs et les homosexuels dans les années 70/80. On retrouve encore a cette époque ce qui fait l'essence du roman noir américain : une promesse démocratique aux prises avec la réalité sociale, les "ratés du melting-pot américain" qui tentent de donner du sens à un univers absurde.

Mais le renouveau culturel des années 60 marque une rupture dans cette longue histoire. Le lecteur se diversifie et se mondialise, les romans s'allongent, se standardisent et les séries deviennent la norme. L'utopie a mal tourné (le guerre du Vietnam est passée par là), l'Amérique est désabusée, la promesse démocratique est morte.

Cet essai, érudit mais accessible, montre comment l'évolution du polar américain est intimement lié à l'évolution de la société américaine. De nombreuses références et citations agrémentent les propos de l'auteur et les rendent très dynamiques et concrets.
Je regrette juste les (trop nombreuses) notes de bas de pages qui coupent régulièrement la lecture et le fait que seuls les titres originaux des oeuvres soient cités (on retrouve la traduction française en fin d'ouvrage tout de même). Deux tout petits points négatifs pour une oeuvre magistrale.
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PUF PUF qui voilà ? le Polar bien sûr !

Sans doute la 1ère fois de ma vie que lis un livre de professeur, mon Dieu !
Bon j'ai peut-être lu mon cahier de correspondance, une fois ou plutôt pas qu'une, avant de le faire signer à mes parents.
je commence par ce que je n'ai pas aimé :
- un livre universitaire n'a pas d'âme (jetez moi des dico si vous voulez) et donc c'est long et fastidieux à lire
- le découpage du livre est pénible aux yeux : chapitres coupés par des paragraphes et ce parfois sur deux pages
- le titre annonce l'histoire du polar de 1919 à nos jours, en étant honnête c'est plus de 1919 à 1980, et pour l'époque contemporaine des listes d'auteurs
Ce que j'ai aimé :
- L'auteur s'y connait bon en même temps c'est son boulot
- Les citations d'auteurs (certaines sont vraiment excellentes)
- Ce qui se passe aux USA et ce qui est utilisé par les bouquins
- L'évolution du polar, sur le fond et la forme
et pour le grand final : au dernier chapitre il n'y en a que pratiquement pour James Ellroy, j'ai bu ça comme du petit lait il est dit notamment :
"Peu d'écrivains parviennent encore à concilier expérimentation esthétique et succès commercial, à l'exception de quelques figures à part comme James Ellroy. "
Ce que je propose :
- les schémas ou tableaux c'est vachement bien, je vous rappelle que dans les types d'apprenants, il y a les visuels, les télékinésiques et les auditifs (ca y est je me prends pour un universitaire).
Sans blague un petit tableau à 2/3 colonnes avec les faits historiques, le type de bouquin et les auteurs, c'est un bon truc, une petite frise chronologique
- Benoit Tadié dites-le que vous aimez les polars, dites-nous que c'est un pan énorme de la culture américaine, souvent mal considéré, parlez-nous de la qualité et de la quantité, faites-nous rêver quoi !
- Si vous voulez en vendre, va falloir ratisser plus large, vous parlez un peu de Tarantino, par exemple, faites un chapitre polar et cinéma plus vendeur, les interprètes célèbres de gangsters ou de policiers, la différence entre Côte Ouest et Côte Est etc etc
Mon impression, un livre froid, énumérant les lieux, les dates, sans sentiments, un livre universitaire quoi, mes seulement 3 étoiles sont dues au fait que je n'ai pas réellement biché pendant la lecture, en partie à cause du découpage des chapitres.

Et voici quelques auteurs que ce livre m'a donné envie de lire et là le livre re-rempli son office : !LIRE ! : Chandler , Westlake, Thompson

Merci encore à Masse Critique et aux PUF et spécial bonjour à Nina de là-bas !
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critiques presse (1)
LeMonde
11 avril 2018
L’universitaire Benoît Tadié offre, avec « Front criminel », une histoire littéraire et politique du polar américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En fin de compte, ce qui a fait de "Little Caesar" l'énorme succès, la gifle au visage que l'on sait, c'est qu'il s'agissait du monde vu par les yeux d'un gangster. C'est un lieu commun maintenant, mais ça n'avait jamais été fait avant cette époque. Il y avait des histoires criminelles mais toujours vues par les yeux de la société. Le criminel était seulement un fils de pute qui avait tué quelqu'un et on allait les [sic] flinguer. Je les ai traités comme des êtres humains. Eh bien, que sont-ils d'autres ?
W. R. Burnett
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Une rupture marque l'histoire du polar entre le début et la fin des années 60, fermant la période qui va du premier Hammett au dernier Himes, définissant a posteriori un corpus et un âge classiques du genre. Même si elle ne se manifeste pas sur le même terrain, elle n'est pas étrangère à la coupure postmoderne qui met fin à un siècle de mouvements avant-gardistes dans le domaine de l'architecture et de l'art, ni à des discontinuités similaires affectant l'histoire de la gauche américaine, le cinéma et le jazz. Comparé aux premières décennies du hard-boiled, le demi-siècle qui suit relève d'un nouveau régime culturel : flottant dans une sorte d'achronie, on n'y sent plus la succession rapide des générations, ni la pression d'un mouvement social, d'une aventure littéraire collective ou d'un projet éditorial se développant contre le mainstream.
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Des pseudonymes comme Alan Farley (ou Joe Rayter, Michael Venning, Charles L. Leonard), des noms androgynes comme Dana Lyon, Craig Rice ou Leigh Brackett, une identité sexuelle souvent masquée par des initiales, nous rappellent que la représentation et la visibilité des femmes n'allaient pas de soi dans une culture où la domination masculine était telle que même les petites filles apprenaient à lire en s'identifiant à des personnages masculins. Le rôle joué par les femmes rédactrices en chef et auteurs dans l'histoire du polar n'en est que plus intéressant à analyser, s'affirmant contre la posture "macho" dominante et les représentations de personnages féminins à la sexualité simulée, morbide ou dévorante.
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Ce qui est vrai de la culture mainstream l'est également pour la culture pulp. Pendant l'entre-deux-guerres, on ne trouve guère de représentation de l'homosexualité dans le polar américain qui ne soit caricaturale ou phobique. Qu'on pense à Wilmer Cook et Joel Cairo dans The Maltese Falcon (1929) de Hammett, à Winston Hawes dans Serenade (1937) de James M. Cain, à Arthur Geiger dans The Big Sleep (1939) de Chandler : mignons sadiques, criminels efféminés, manipulateurs méphistophéliques, trafiquants de photos pornographiques et maîtres chanteurs. Preuve que des auteurs progressistes sur le plan politique ou racial pouvaient être réactionnaires quand il s'agissait d'orientation sexuelle.
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Le dédoublement Hammett/Peter Collision reflète la stratification des magazines aux États-Unis. Hammett avait cherché à entrer dans la littérature en frappant à la porte de l'élite, celle du Smart Set, puis à la porte du peuple, celle du Black Mask : la première se ferma vite mais la second s'ouvrit grand devant lui. La collaboration de Hammett avec Black Mask dura huit ans et révolutionna le récit criminel.Entre-temps, « Peter Collinson » sombra dans l'oubli.

L'âge des pulps. Chapitre 1. « Dynamite », p. 37
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Benoît Tadié - Front criminel : une histoire du polar américain de 1919 à nos jours
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