Dès les premières pages du prologue et du premier quart de ce roman, une connexion évidente m'a sauté aux yeux : une affinité incontestable avec la saga Caraval.
Les similitudes entre ces deux oeuvres sont indéniables, et sont susceptibles soit de vous faire apprécier votre lecture, soit de la perturber, selon vos attentes et votre niveau d'exigence. En ce qui me concerne, j'ai observé que, dans son désir manifeste de capturer une ambiance similaire, l'autrice a peut-être quelque peu égarée l'unicité de sa propre histoire. À trop emprunter des tropes et des thématiques communes, le roman lutte pour conserver sa propre identité, et cette comparaison constante avec la saga Caraval lui cause un certain préjudice.
Pendant toute la durée de son séjour au sein de l'établissement, nous allons suivre la quête de Jani cherchant à retrouver Rosa, sa soeur fraichement embauchée comme chanteuse, cachée et gardée prisonnière par maitre des lieux. Son aventure, va prendre une tournure plus préoccupante et dangereuse que ce à quoi elle s'attendait initialement. Au fur et à mesure des pages qui se tournent, cet endroit énigmatique, fascinant les foules, provoque un sentiment d'oppression, l'angoisse devient palpable. L'autrice déchire progressivement la tapisserie chatoyante, gomme les illusions pour dévoiler la putréfaction tapie derrière les murs. L'envers du décor s'avère beaucoup moins clinquant, l'aura de mystère qui enveloppe l'hôtel se dissipe peu à peu, le glamour, les représentations spectaculaires laissent place à l'obscurité et c'était magnifiquement bien réalisé de sa part, de rendre l'écrit aussi atmosphérique.
L'une des principales réussites du récit, réside indubitablement dans la construction et la caractérisation de 2 personnages, Jani et l'antagoniste. Ils se distinguent par leur profondeur et leur ‘semi'-complexité, constituant ainsi à la fois un atout et une potentielle lacune pour l'ouvrage. En effet, si Jani s'avère être un personnage à la fois saisissant et étoffé, les autres protagonistes pâlissent en comparaison, bénéficient de peu de pages pour leur développement. Ils semblent orbités autour de la jeune fille, sans pour autant laisser une empreinte mémorable.
Jani occupe indéniablement le premier plan au sein du récit. Son tempérament pugnace et audacieux, associé à son amour protecteur envers sa soeur, la rend à la fois attachante et par moments, il faut le dire, assez irritante. Les mésaventures auxquelles elle est confrontée lui offrent l'occasion de trouver un équilibre entre son dévouement envers Rosa et son propre bonheur/identité.
J'ai nourri l'attente que la relation sororale, soit mis en avant tout au long du récit. Cependant, ma déception s'est amplifiée au fil du temps, alors que ce lien tant espéré n'occupait qu'une position marginale au sein de l'intrigue, n'étant mis en lumière que dans les cent dernières pages du livre. Un peu à l'image du personnage de Val. Attirant autant par son histoire poignante que par sa personnalité énigmatique, il avait tout le potentiel pour briller, mais l'autrice l'a malheureusement sous-utilisée. Il se retrouve cantonné à un rôle secondaire, n'obtenant qu'une partie congrue de l'attention narrative.
Les brefs passages où Val se confie à Jani au sujet de sa vie, de sa famille et de ses souvenirs oubliés créent un lien privilégié entre les deux personnages, suscitant chez le lecteur le désir d'en apprendre davantage à son sujet. Cette intimité naissante entre eux aurait pu être davantage explorée pour révéler le potentiel complet du jeune homme et de la romance.
En ce qui concerne l'hôtel, ce lieu itinérant qui voyage aux quatre coins du globe. Son exploration, reste quelque peu limitée. Je m'attendais à visiter plus de pièces, en revanche les descriptions riches en détails servent à renforcer l'ambiance mystique qui imprègne les lieux. Cette approche permet à l'univers de prendre vie et de créer une toile de fond ensorcelante pour les événements qui s'y déroulent. Cependant, il est difficile de ne pas reconnaître que malgré cette richesse, l'exécution du schéma narratif est assez répétitive. L'exploration incessante de Jani, bien que fidèle à sa personnalité aventureuse, suit un modèle redondant.
À l'issue de ma lecture, un constat s'impose : à l'instar de nombreux one-shots que j'ai eu l'occasion de lire, le dernier quart de "
Hôtel Magnifique" déconcerte par sa précipitation. Malgré cet élément, ma lecture n'a pas été désagréable. Si vous êtes en quête d'une fantasy légère, sans prétention, elle pourrait vous satisfaire et sera particulièrement propice à accompagner les journées automnales.